Texte intégral
Je tiens cette conférence de presse au moment où notre pays sort d'une
épreuve grave.
Notre débat national doit être d'autant plus serein, exemplaire, tout
entier consacré à l'amélioration de la vie des Français et au service
de l'intérêt général :
* Nous avons besoin d'action : nous devons refuser l'impuissance
publique et trouver des solutions aux problèmes des Français.
* Nous avons également besoin de respect : nous devons nous rassembler
autour des valeurs républicaines. La fraternité doit vivre dans nos
paroles comme dans nos actes.
Nous avons devant nous une vraie opportunité :
* La crise que nous venons de connaître révèle des faiblesses et des
insuffisances, mais elle nous permet de prendre conscience des progrès,
nombreux, qu'il nous faut accomplir.
* Les derniers résultats économiques et sociaux montrent que la France
a des atouts considérables et que les efforts des Français sont
payants.
Le chômage baisse : 20 000 demandeurs d'emploi en moins, soit un taux
de chômage de 9,7 % pour le mois de novembre contre 10,2 % en avril.
Cela fait 130 000 demandeurs d'emploi en moins. Cette nouvelle baisse
est pour moi un encouragement à aller plus vite et plus loin :
j'annoncerai donc, dans le courant du mois de janvier, de nouvelles
mesures pour renforcer notre dispositif.
La mobilisation du service public de l'emploi est totale : j'ai pu en
juger directement sur le terrain. Après les 57.000 jeunes chômeurs de
longue durée, 174 000 titulaires de l'allocation de solidarité
spécifique ont bénéficié d'un entretien personnalisé. Plus de 80.000
jeunes sont accompagnés par les missions locales dans le cadre du
CIVIS.
La croissance commence à revenir : avec 0,7 % au troisième trimestre,
c'est l'une des croissances les plus fortes de la zone euro.
L'urgence aujourd'hui, c'est de faire de l'égalité des chances une
réalité pour tous, avec deux leviers : l'emploi et l'éducation.
L'égalité des chances, elle se construit d'abord par l'emploi.
1. Dans les quartiers sensibles, le taux de chômage est en moyenne deux
fois plus élevé que dans les autres territoires de la République.
Pour répondre à ce défi, le gouvernement a pris, avec Jean-Louis
BORLOO, trois décisions :
* Comme je m'y étais engagé, tous les jeunes demandeurs d'emploi des
zones urbaines sensibles seront reçus par les services de l'ANPE et les
missions locales : ils leur proposeront dans les trois mois un stage,
une offre d'emploi ou encore un contrat aidé.
* Ensuite, il existe aujourd'hui un contrat jeune en entreprise sans
aucune charge sociale, réservé aux jeunes qui ont le baccalauréat. Dans
les zones urbaines sensibles, ce contrat sera ouvert à tous les jeunes,
quel que soit leur niveau de diplôme. J'annoncerai aussi la semaine
prochaine une initiative avec les partenaires sociaux pour construire
des parcours professionnels adaptés à la situation de chaque jeune.
* Enfin, je rappelle que nous mettrons en place, conformément à la
volonté exprimé par le Président de la République, un service civil
volontaire, qui offrira un encadrement aux jeunes et un accompagnement
vers l'emploi ou la formation, lorsque cela est nécessaire. Il
s'appuiera en particulier sur le dispositif Deuxième chance mis en
oeuvre par Michèle ALLIOT-MARIE et qui se révèle très prometteur.
Ces mesures doivent s'accompagner d'une véritable prise de conscience
des discriminations à l'embauche, mais aussi dans la vie quotidienne,
qui appellent une réponse ferme et constante de la part de chacun
d'entre nous. La citoyenneté française ne se divise pas : elle est la
même pour tous, avec ses droits, avec ses devoirs, et le Gouvernement a
donc pris trois décisions :
* Nous donnerons valeur législative aux vérifications à l'improviste,
qui permettent de s'assurer, effectivement, que les entreprises, les
boîtes de nuit, les agences immobilières n'ont pas de pratiques
discriminatoires.
* Nous donnerons à la Haute Autorité de Lutte contre les
Discriminations et pour l'Egalité, présidée par Louis SCHWEITZER, le
pouvoir de sanctionner les discriminations par des amendes pouvant
aller jusqu'à 25 000 euros.
* Les partenaires sociaux ont décidé de négocier un accord sur la
diversité. Je souhaite qu'ils étudient les expérimentations sur le CV
anonyme. Les entreprises et les établissements du secteur public
devront négocier eux aussi ce type d'expérimentations. Je demande enfin
à Christian JACOB d'étudier la question de la diversité dans la
fonction publique avec les organisations syndicales.
2. Je souhaite aussi soutenir l'activité dans des quartiers qui
aujourd'hui manquent d'entreprises, de commerces de proximité, de
services et de lieux de vie. Mon objectif, avec Thierry BRETON, c'est
de créer davantage d'activité et davantage d'emplois.
L'Etat prendra toute sa part dans cette mobilisation :
* J'ai annoncé la création de quinze nouvelles zones franches
urbaines, qui offrent un cadre fiscal favorable à l'activité et à
l'emploi : j'ai pu en voir les résultats positifs à Meaux, dans le
quartier de la Pierre Collinet, chez Jean-François COPE. Nous étudions
actuellement l'extension du périmètre des zones actuelles, la
prorogation et le renforcement des dispositifs de zones franches qui
prennent fin en 2007.
* J'ai également décidé que les moyens publics consacrés à la création
d'entreprises, par exemple les prêts et les garanties publiques, seront
augmentés en cas de création d'entreprise dans les zones franches
urbaines.
Enfin j'ai demandé à Thierry BRETON de réunir très rapidement les
banques pour développer le micro crédit.
Mais nous avons besoin de l'effort de tous, en particulier des grandes
entreprises privées. Je rencontrerai le 13 décembre celles qui sont
aujourd'hui les plus impliquées dans la promotion des jeunes dans les
quartiers en difficulté. Elles ont déjà mis en place des outils
efficaces dont nous devons nous inspirer : je compte sur elles pour me
faire des propositions concrètes dans les prochains jours.
* D'ores et déjà, je souhaite mettre sur pied un véritable partenariat
d'entreprise en faveur des PME des zones franches urbaines.
* Les grandes entreprises pourront déduire de leurs impôts sur les
sociétés 50% des sommes investies dans le capital de ces PME.
* En retour, elles devront s'engager à accompagner la croissance de
l'entreprise qu'elles parrainent.
Enfin nous devons revitaliser tous les commerces dans les quartiers
difficiles :
* Les petits commerces bien sûr : le fonds d'intervention en faveur du
petit commerce pourra intervenir plus facilement dans les zones
franches urbaines.
* Les galeries commerciales également : un effort public de
réhabilitation des galeries situées dans les zones urbaines sensibles
sera engagé. L'Etat s'engage à réhabiliter chaque année trente galeries
alors qu'aujourd'hui, ils n'en réhabilitent que six.
* Les surfaces commerciales et les multiplexes devront également être
revitalisés : nous devons simplifier les réglementations et les
procédures existantes dans la mesure où elles brident l'attractivité et
le dynamisme commercial de ces zones.
3. Pour soutenir et mettre en ?uvre ces mesures, nous devons disposer
de nouveaux relais d'action.
Nous allons créer l'Agence de la Cohésion Sociale et de l'Egalité des
Chances :
* Plutôt que d'avoir des moyens dispersés, sans lisibilité pour les
habitants des quartiers, et souvent sans continuité ni cohérence, nous
disposerons désormais d'un instrument de pilotage unique, proche des
réalités du terrain et capables d'évaluer les besoins réels.
* L'Agence regroupera l'ensemble des financements des politiques de la
Ville et de l'Intégration. Elle travaillera naturellement en étroite
concertation avec les élus locaux, et je demande à Catherine VAUTRIN de
préparer rapidement un Comité interministériel de la Ville.
Les pouvoirs des maires seront parallèlement renforcés :
* Ils seront désormais chargés de la coordination en matière de
prévention de la délinquance.
* Les compétences des polices municipales seront élargies, notamment
pour constater les infractions qui troublent la vie quotidienne des
quartiers.
* Les maires disposeront enfin d'une véritable autorité pour exiger la
réparation de la part des délinquants.
Au c?ur de l'égalité des chances, il y a aussi l'éducation.
Pour chacun d'entre nous, elle représente un rendez-vous républicain
essentiel. Notre responsabilité, c'est de la renforcer sans cesse et de
lui donner les moyens de s'adapter aux exigences modernes, non
seulement dans les zones d'éducation prioritaire, mais dans toutes les
écoles, dans tous les collèges, dans tous les lycées et sur l'ensemble
du territoire.
1. Au cours des dernières semaines, j'ai rencontré des enseignants,
j'ai rencontré des chefs d'établissement, des parents d'élèves, des
éducateurs, l'ensemble des équipes éducatives.
Tous veulent que leurs élèves réussissent, tous veulent leur
transmettre un savoir et des valeurs pour qu'ils partent avec les
meilleures chances dans la vie.
Leur esprit de mission est la base la plus solide de notre école. Il
explique ses succès, sa capacité à former et à éduquer des générations
entières d'enfants.
2. Mais notre système éducatif doit aussi relever de nouveaux défis,
auxquels il n'est pas forcément aujourd'hui préparé :
Le premier défi : beaucoup d'élèves sont confrontés très tôt à des
difficultés lourdes, difficultés qu'ils ne parviennent pas à surmonter
au cours de leur scolarité. Ils entrent alors dans une spirale de
l'échec, sans avoir les moyens de s'en sortir : 15 000 enfants sont
déscolarisés en France, 150 000 sortent sans diplôme. Ce sont des
réalités inacceptables pour l'école républicaine. Nous devons regarder
ces réalités en face.
Le deuxième défi : trop de jeunes sont mal informés des débouchés
professionnels de leur filière ; ils ne savent pas quelle spécialité
choisir, ils arrivent à l'université dans de mauvaises conditions et en
sortent, pour près de la moitié d'entre eux, sans diplôme, ou avec un
diplôme peu valorisé sur le marché de l'emploi. Il y a là un gâchis
d'espoir et de talents auquel je sais que les universités veulent
apporter des solutions.
Le troisième défi : les inégalités face aux études persistent, et même
s'aggravent dans certains cas. Il y a aujourd'hui davantage d'enfants
d'ouvriers et d'employés qui peuvent entrer à l'université, il y en a
de moins en moins qui peuvent prétendre à entrer dans une grande école.
Alors, posons-nous deux questions : quel est l'intérêt de l'enfant ?
Qu'est-ce que les Français attendent aujourd'hui de leur école et de
notre système de formation en général ?
Ils veulent que chaque enfant reçoive le même enseignement et la même
culture de base, qui lui serviront tout au long de sa vie : la lecture,
l'écriture, le calcul, la citoyenneté, la maîtrise d'une langue
étrangère, mais aussi l'éducation artistique qui est un élément décisif
de l'éveil d'une personnalité.
Ils veulent aussi que l'enseignement prenne mieux en compte les
réalités du monde du travail et débouche sur un emploi.
Ils veulent enfin que leurs enfants puissent bénéficier, tout au long
de leur scolarité d'un soutien adapté, pour leur permettre de surmonter
d'éventuelles difficultés. Nous devons donc faire un effort pour
individualiser les parcours, permettre à chacun d'accéder au plus haut
niveau en fonction de ses capacités propres. Il ne s'agit pas de
réduire nos ambitions pour l'école, mais de les traduire le plus
possible dans la réalité.
Pour répondre à ces attentes, nous disposons déjà de la loi sur l'école
: ce sera bien entendu le cadre dans lequel nous inscrirons notre
action. Il n'y aura pas de nouvelle loi, mais des mesures concrètes et
immédiatement opérationnelles. Je sais que je peux compter sur
l'engagement, le sens du dialogue et les qualités humaines de Gille de
ROBIEN pour mener cette tâche à bien
Je veux donc ouvrir cinq chantiers qui reposent chacun sur une garantie
: l'accompagnement personnalisé, avec des rendez-vous à chaque étape.
Car c'est en accompagnant très tôt les enfants qui rencontrent le plus
de difficultés scolaires, c'est en prévoyant les mesures et les moyens
nécessaires au bon moment, pour les élèves, pour les professeurs, pour
les parents, que nous permettrons à chacun de réussir. Et j'insiste sur
l'importance de cet accompagnement personnalisé, qui est une clé de
l'exigence républicaine. C'est ce que nous faisons dans le domaine de
l'emploi ; c'est ce que nous voulons faire davantage en matière
sociale, notamment pour accompagner ceux qui ont le plus de
difficultés, et c'est aussi la clé de notre action sur l'école. Vous
voyez bien que c'est le fil directeur de l'action gouvernementale :
fidélité aux principes républicains pour tous, mais souci de chacun
pour ne laisser personne au bord du chemin.
Le premier chantier, ce sera l'évaluation en CE1 de la maîtrise de la
lecture et de l'écriture par les enfants.
Aujourd'hui, plus de 10 % des élèves qui entrent en sixième ne savent
pas lire et écrire correctement. Dans les zones d'éducation
prioritaire, c'est près de 30%. C'est à la fois une injustice et un
handicap majeur, que les élèves concernés subissent tout au long de
leur scolarité et de leur vie professionnelle.
Nous devons donc être plus exigeants sur l'acquisition de la lecture et
de l'écriture en CE1, qui est l'étape majeure dans les apprentissages
fondamentaux, avant le passage à l'approfondissement des connaissances
: avec Gilles de ROBIEN, nous allons étudier la mise en place d'une
évaluation rigoureuse de tous les élèves, qui permettra de repérer les
difficultés que rencontrent certains d'entre eux.
Ceux-ci devront alors bénéficier d'un programme personnalisé de
réussite éducative en lecture et en écriture, dans le cadre de groupes
de moins de dix élèves. Cet accompagnement personnalisé sera poursuivi
en dehors de l'école, grâce à la multiplication par deux des équipes de
réussite éducative.
Gilles de ROBIEN réfléchira aussi, avec les enseignants et les
spécialistes de pédagogie, à l'évolution nécessaire des méthodes de
lecture, en particulier les méthodes globales ou assimilées, en ayant
le souci de leur efficacité. Je souhaite avoir des propositions d'ici
la fin de l'année.
Le deuxième chantier, c'est la responsabilité des parents dans les cas
d'absentéisme scolaire ou de difficultés graves de l'enfant.
Les enseignants ne peuvent faire face seuls aux situations scolaires
les plus difficiles : les parents ont aussi un rôle déterminant à
jouer.
Des solutions radicales ont été essayées, comme la suppression pure et
simple des allocations familiales : cette mesure est à la fois injuste
et inefficace. Injuste, parce qu'elle pénalise exclusivement les
familles avec plus de deux enfants. Inefficace, parce qu'elle concerne
des familles qui sont parfois bénéficiaires d'allocations de solidarité
compensatoires : lorsque vous supprimez les allocations familiales, le
montant du RMI augmente d'autant.
Pour autant, il ne s'agit pas de renoncer à responsabiliser les
parents. Pour les aider à exercer leur autorité - car ce que nous
voulons, c'est bien sûr un résultat, c'est cela, l'objectif - je
propose deux choses :
* D'abord de renforcer l'aide aux parents en difficulté, notamment
pour la maîtrise du français. L'école sera ainsi en mesure de remplir
pleinement son rôle de creuset républicain. L'école est aujourd'hui le
principal creuset républicain, compte tenu de l'évolution de notre
société moderne.
* Je propose ensuite de mettre en place un contrat de responsabilité
parentale : l'initiative de ce contrat reviendra aux chefs
d'établissement scolaire, aux travailleurs sociaux départementaux ainsi
qu'aux maires. Il ne concernera pas seulement les cas d'absentéisme
scolaire, mais toutes les situations où l'enfant est en difficulté en
raison d'une défaillance ou d'une insuffisance manifeste de l'autorité
parentale. Il offrira aux parents un soutien et un accompagnement
social. Il leur rappellera également leurs droits et leurs devoirs au
regard de la loi. La conclusion et le respect de ce contrat seront
obligatoires sous peine d'amendes, prévues par la loi de 2004 sur
l'absentéisme scolaire, d'une mise sous tutelle des allocations
familiales ou bien encore d'une suspension du versement des allocations
familiales, placées dans un compte bloqué en attente d'une
régularisation de la situation. Le Président du Conseil Général, à
travers les services sociaux du département, sera responsable de la
mise en ?uvre de ces décisions.
Le troisième chantier, c'est la diversification des parcours scolaires.
Il n'y a pas qu'une seule voie de réussite, qui passerait
nécessairement par la filière générale et l'université. Le Président de
la République a demandé que les universités développent des formations
par apprentissage : ce travail est déjà engagé. Nous devons aussi
permettre aux jeunes qui le souhaitent de s'orienter vers des filières
professionnelles, qui débouchent plus facilement sur un emploi.
Pour répondre à ces exigences, le gouvernement a pris deux décisions :
D'abord l'apprentissage à 14 ans : il s'agit, sans remettre en cause
l'obligation de scolarité jusqu'à 16 ans, qui est un droit, de donner
la possibilité à des jeunes qui ne s'épanouissent pas à l'école de
s'engager dans des parcours différents. Gérard LARCHER a déjà eu de
premières consultations avec les partenaires sociaux et les
collectivités locales. Elles seront poursuivies afin de préciser les
modalités de ce projet, dont je veux vous rappeler les grandes lignes :
* Ce nouvel apprentissage junior sera mis en ?uvre dès la rentrée
2006.
* La première année doit permettre aux jeunes de découvrir les métiers
dans l'entreprise, tout en consolidant l'acquisition du socle commun
des connaissances.
* A partir de 15 ans, ils pourront bénéficier d'un véritable contrat
de travail.
* L'apprentissage junior sera ouvert aux jeunes qui le souhaitent :
ils pourront retrouver à tout moment le collège s'ils le désirent.
La deuxième décision, c'est le développement des BTS. Aujourd'hui, il y
a aujourd'hui près de 2000 classes de BTS en France. Dans beaucoup
d'endroits c'est insuffisant pour répondre à la demande des élèves.
* Gilles de ROBIEN préparera donc une nouvelle carte nationale des BTS
qui tiendra compte, notamment, des autres enseignements post-bac
professionnalisés qui se trouvent dans les mêmes académies.
* Les BTS doivent pouvoir déboucher directement sur des licences
professionnelles.
* En tout état de cause, je souhaite que chaque ZEP, chaque zone
d'éducation prioritaire, offre un accès au BTS soit directement, soit
par convention avec un autre lycée.
Le quatrième chantier ; c'est la création d'un service public de
l'orientation.
Il existe aujourd'hui, certes, de multiples dispositifs d'aide à
l'orientation, mais aucun service public cohérent, capable de regrouper
l'ensemble des informations disponibles pour les offrir en temps utile
aux élèves et aux étudiants : si bien que plus de 40% des étudiants
sortent de l'université sans aucun diplôme.
Notre objectif, c'est de faire de l'université une voie de succès pour
tous ceux qui s'y destinent.
Un service public de l'orientation est donc aujourd'hui indispensable.
Il devra obéir à un certain nombre de règles :
* D'abord, la transparence : toutes les informations sur les débouchés
des filières et sur les taux de réussite des étudiants en fonction de
leur bac d'origine doivent être disponibles sur internet. Chaque
université devra disposer d'un service de l'emploi et des stages ouvert
aux élèves de l'enseignement secondaire et aux étudiants.
* Deuxième règle, la collégialité : les lycées, les universités, les
grandes écoles, mais aussi les entreprises, les chambres de commerce et
les collectivités locales devront être partenaires de ce projet.
* Troisième règle, c'est la disponibilité : le service public de
l'orientation devra être accessible en tout point du territoire et à
chaque moment de la scolarité. Le gouvernement désignera donc un
délégué interministériel à l'orientation et à l'insertion
professionnelle, qui pourra s'appuyer, à l'échelle régionale, sur des
comités régionaux de l'orientation et de la formation, pilotés par les
recteurs, avec l'aide des services de l'Etat. Une première
expérimentation aura lieu dans les académies de Versailles, Bordeaux,
Caen et Strasbourg dans le courant de l'année scolaire 2005-2006.
Le cinquième chantier, c'est le renforcement de l'aide aux zones
d'éducation prioritaires.
Les ZEP accueillent aujourd'hui un élève sur cinq : elles représentent
une somme d'expérience, une aide apportée par des hommes et des femmes
au service de milliers d'enfants qui, pour certains, rencontrent des
difficultés particulières.
Est-ce suffisant ? Non : il faut donc changer d'échelle, accroître et
diversifier nos moyens d'action :
* Un premier axe de travail, c'est la remise à plat de la carte des
ZEP, en relation avec l'ensemble des acteurs du système éducatif : les
chefs d'établissement, les enseignants, les parents, les élus locaux,
les partenaires économiques et sociaux. Notre objectif doit être de
concentrer les moyens sur les établissements où les difficultés sont
plus lourdes - donc, un meilleur ciblage.
* Un deuxième axe, c'est la réforme de la formation des enseignants de
ZEP, afin qu'ils aient une meilleure connaissance des publics scolaires
et les méthodes de travail appropriées, en particulier pour
l'apprentissage de la langue française, lorsqu'il s'agit de s'adresser
à des enfants de familles non francophones. Ces enseignants devront
également bénéficier de meilleures conditions de rémunérations et de
carrière. Notre objectif est de valoriser l'enseignement en ZEP et de
créer des équipes pédagogiques stables, alors que, trop souvent, ces
enseignants tournent rapidement.
* Un troisième axe est la reconnaissance du mérite et l'aide que nous
devons apporter aux élèves qui réussissent dans les lycées des
quartiers difficiles : la plupart ignorent les perspectives qui leur
sont offertes ou se heurtent à des procédures de sélection trop
rigides.
* Les internats d'excellence sont une solution : il y en aura deux
fois plus à la rentrée 2006. Les bourses au mérite sont une autre
solution : j'ai décidé d'en ouvrir 100 000 l'année prochaine, au lieu
de 28 000 cette année.
* Mais je souhaite aussi que l'ensemble des grandes écoles et des
universités s'engagent, avant la rentrée 2006, sur la mise en place de
systèmes de tutorat en faveur des élèves les plus méritants des ZEP ou
sur la mise en place d'un dispositif d'accès adapté.
* Dans le cadre de la loi sur l'école, d'autres expérimentations
pourraient être lancées : je pense en particulier à un accompagnement
personnalisé dans des classes d'accueil, pour permettre aux élèves
issus des ZEP d'entrer dans de bonnes conditions dans les meilleures
classes préparatoires. Le lycée Henri IV à Paris sera pilote de ce
projet : 30 élèves seront accueillis dans ce dispositif et logés dès la
rentrée 2006. Je pense aussi à la proposition de Richard DESCOINGS
d'ouverture d'un lycée expérimental en Seine-Saint-Denis, qui permettra
d'ouvrir de nouvelles pistes pédagogiques.
* Enfin l'administration doit, elle aussi, donner l'exemple : nous
ouvrirons des modules de préparation aux concours administratifs dans
un certain nombre de lycées et ce, sur l'ensemble du territoire.
* Sur toutes ces mesures, Gilles de ROBIEN me remettra ses
propositions de mise en oeuvre dans les quinze prochains jours.
Avec les chefs d'établissement, directeurs d'école, principaux de
collège, proviseurs de lycée, c'est sur les enseignants que repose le
succès de tout ce que nous pourrons entreprendre pour l'éducation de
nos enfants.
Je sais que je peux compter sur leur dévouement exceptionnel et sur
leur amour du métier.
Je sais aussi qu'ils veulent être mieux formés et mieux préparés à ce
métier.
Avant la fin de l'année scolaire, un cahier des charges de la formation
des maîtres sera défini.
Notre ambition commune, c'est que chacun trouve sa véritable place dans
notre République. Nous devons tendre la main à chacun et ne laisser
personne au bord de la route.
L'année 2006 sera l'année de l'égalité des chances, comme grande cause
nationale. Azouz BEGAG me fera des propositions dès la fin du mois de
décembre.(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 décembre 2005)
épreuve grave.
Notre débat national doit être d'autant plus serein, exemplaire, tout
entier consacré à l'amélioration de la vie des Français et au service
de l'intérêt général :
* Nous avons besoin d'action : nous devons refuser l'impuissance
publique et trouver des solutions aux problèmes des Français.
* Nous avons également besoin de respect : nous devons nous rassembler
autour des valeurs républicaines. La fraternité doit vivre dans nos
paroles comme dans nos actes.
Nous avons devant nous une vraie opportunité :
* La crise que nous venons de connaître révèle des faiblesses et des
insuffisances, mais elle nous permet de prendre conscience des progrès,
nombreux, qu'il nous faut accomplir.
* Les derniers résultats économiques et sociaux montrent que la France
a des atouts considérables et que les efforts des Français sont
payants.
Le chômage baisse : 20 000 demandeurs d'emploi en moins, soit un taux
de chômage de 9,7 % pour le mois de novembre contre 10,2 % en avril.
Cela fait 130 000 demandeurs d'emploi en moins. Cette nouvelle baisse
est pour moi un encouragement à aller plus vite et plus loin :
j'annoncerai donc, dans le courant du mois de janvier, de nouvelles
mesures pour renforcer notre dispositif.
La mobilisation du service public de l'emploi est totale : j'ai pu en
juger directement sur le terrain. Après les 57.000 jeunes chômeurs de
longue durée, 174 000 titulaires de l'allocation de solidarité
spécifique ont bénéficié d'un entretien personnalisé. Plus de 80.000
jeunes sont accompagnés par les missions locales dans le cadre du
CIVIS.
La croissance commence à revenir : avec 0,7 % au troisième trimestre,
c'est l'une des croissances les plus fortes de la zone euro.
L'urgence aujourd'hui, c'est de faire de l'égalité des chances une
réalité pour tous, avec deux leviers : l'emploi et l'éducation.
L'égalité des chances, elle se construit d'abord par l'emploi.
1. Dans les quartiers sensibles, le taux de chômage est en moyenne deux
fois plus élevé que dans les autres territoires de la République.
Pour répondre à ce défi, le gouvernement a pris, avec Jean-Louis
BORLOO, trois décisions :
* Comme je m'y étais engagé, tous les jeunes demandeurs d'emploi des
zones urbaines sensibles seront reçus par les services de l'ANPE et les
missions locales : ils leur proposeront dans les trois mois un stage,
une offre d'emploi ou encore un contrat aidé.
* Ensuite, il existe aujourd'hui un contrat jeune en entreprise sans
aucune charge sociale, réservé aux jeunes qui ont le baccalauréat. Dans
les zones urbaines sensibles, ce contrat sera ouvert à tous les jeunes,
quel que soit leur niveau de diplôme. J'annoncerai aussi la semaine
prochaine une initiative avec les partenaires sociaux pour construire
des parcours professionnels adaptés à la situation de chaque jeune.
* Enfin, je rappelle que nous mettrons en place, conformément à la
volonté exprimé par le Président de la République, un service civil
volontaire, qui offrira un encadrement aux jeunes et un accompagnement
vers l'emploi ou la formation, lorsque cela est nécessaire. Il
s'appuiera en particulier sur le dispositif Deuxième chance mis en
oeuvre par Michèle ALLIOT-MARIE et qui se révèle très prometteur.
Ces mesures doivent s'accompagner d'une véritable prise de conscience
des discriminations à l'embauche, mais aussi dans la vie quotidienne,
qui appellent une réponse ferme et constante de la part de chacun
d'entre nous. La citoyenneté française ne se divise pas : elle est la
même pour tous, avec ses droits, avec ses devoirs, et le Gouvernement a
donc pris trois décisions :
* Nous donnerons valeur législative aux vérifications à l'improviste,
qui permettent de s'assurer, effectivement, que les entreprises, les
boîtes de nuit, les agences immobilières n'ont pas de pratiques
discriminatoires.
* Nous donnerons à la Haute Autorité de Lutte contre les
Discriminations et pour l'Egalité, présidée par Louis SCHWEITZER, le
pouvoir de sanctionner les discriminations par des amendes pouvant
aller jusqu'à 25 000 euros.
* Les partenaires sociaux ont décidé de négocier un accord sur la
diversité. Je souhaite qu'ils étudient les expérimentations sur le CV
anonyme. Les entreprises et les établissements du secteur public
devront négocier eux aussi ce type d'expérimentations. Je demande enfin
à Christian JACOB d'étudier la question de la diversité dans la
fonction publique avec les organisations syndicales.
2. Je souhaite aussi soutenir l'activité dans des quartiers qui
aujourd'hui manquent d'entreprises, de commerces de proximité, de
services et de lieux de vie. Mon objectif, avec Thierry BRETON, c'est
de créer davantage d'activité et davantage d'emplois.
L'Etat prendra toute sa part dans cette mobilisation :
* J'ai annoncé la création de quinze nouvelles zones franches
urbaines, qui offrent un cadre fiscal favorable à l'activité et à
l'emploi : j'ai pu en voir les résultats positifs à Meaux, dans le
quartier de la Pierre Collinet, chez Jean-François COPE. Nous étudions
actuellement l'extension du périmètre des zones actuelles, la
prorogation et le renforcement des dispositifs de zones franches qui
prennent fin en 2007.
* J'ai également décidé que les moyens publics consacrés à la création
d'entreprises, par exemple les prêts et les garanties publiques, seront
augmentés en cas de création d'entreprise dans les zones franches
urbaines.
Enfin j'ai demandé à Thierry BRETON de réunir très rapidement les
banques pour développer le micro crédit.
Mais nous avons besoin de l'effort de tous, en particulier des grandes
entreprises privées. Je rencontrerai le 13 décembre celles qui sont
aujourd'hui les plus impliquées dans la promotion des jeunes dans les
quartiers en difficulté. Elles ont déjà mis en place des outils
efficaces dont nous devons nous inspirer : je compte sur elles pour me
faire des propositions concrètes dans les prochains jours.
* D'ores et déjà, je souhaite mettre sur pied un véritable partenariat
d'entreprise en faveur des PME des zones franches urbaines.
* Les grandes entreprises pourront déduire de leurs impôts sur les
sociétés 50% des sommes investies dans le capital de ces PME.
* En retour, elles devront s'engager à accompagner la croissance de
l'entreprise qu'elles parrainent.
Enfin nous devons revitaliser tous les commerces dans les quartiers
difficiles :
* Les petits commerces bien sûr : le fonds d'intervention en faveur du
petit commerce pourra intervenir plus facilement dans les zones
franches urbaines.
* Les galeries commerciales également : un effort public de
réhabilitation des galeries situées dans les zones urbaines sensibles
sera engagé. L'Etat s'engage à réhabiliter chaque année trente galeries
alors qu'aujourd'hui, ils n'en réhabilitent que six.
* Les surfaces commerciales et les multiplexes devront également être
revitalisés : nous devons simplifier les réglementations et les
procédures existantes dans la mesure où elles brident l'attractivité et
le dynamisme commercial de ces zones.
3. Pour soutenir et mettre en ?uvre ces mesures, nous devons disposer
de nouveaux relais d'action.
Nous allons créer l'Agence de la Cohésion Sociale et de l'Egalité des
Chances :
* Plutôt que d'avoir des moyens dispersés, sans lisibilité pour les
habitants des quartiers, et souvent sans continuité ni cohérence, nous
disposerons désormais d'un instrument de pilotage unique, proche des
réalités du terrain et capables d'évaluer les besoins réels.
* L'Agence regroupera l'ensemble des financements des politiques de la
Ville et de l'Intégration. Elle travaillera naturellement en étroite
concertation avec les élus locaux, et je demande à Catherine VAUTRIN de
préparer rapidement un Comité interministériel de la Ville.
Les pouvoirs des maires seront parallèlement renforcés :
* Ils seront désormais chargés de la coordination en matière de
prévention de la délinquance.
* Les compétences des polices municipales seront élargies, notamment
pour constater les infractions qui troublent la vie quotidienne des
quartiers.
* Les maires disposeront enfin d'une véritable autorité pour exiger la
réparation de la part des délinquants.
Au c?ur de l'égalité des chances, il y a aussi l'éducation.
Pour chacun d'entre nous, elle représente un rendez-vous républicain
essentiel. Notre responsabilité, c'est de la renforcer sans cesse et de
lui donner les moyens de s'adapter aux exigences modernes, non
seulement dans les zones d'éducation prioritaire, mais dans toutes les
écoles, dans tous les collèges, dans tous les lycées et sur l'ensemble
du territoire.
1. Au cours des dernières semaines, j'ai rencontré des enseignants,
j'ai rencontré des chefs d'établissement, des parents d'élèves, des
éducateurs, l'ensemble des équipes éducatives.
Tous veulent que leurs élèves réussissent, tous veulent leur
transmettre un savoir et des valeurs pour qu'ils partent avec les
meilleures chances dans la vie.
Leur esprit de mission est la base la plus solide de notre école. Il
explique ses succès, sa capacité à former et à éduquer des générations
entières d'enfants.
2. Mais notre système éducatif doit aussi relever de nouveaux défis,
auxquels il n'est pas forcément aujourd'hui préparé :
Le premier défi : beaucoup d'élèves sont confrontés très tôt à des
difficultés lourdes, difficultés qu'ils ne parviennent pas à surmonter
au cours de leur scolarité. Ils entrent alors dans une spirale de
l'échec, sans avoir les moyens de s'en sortir : 15 000 enfants sont
déscolarisés en France, 150 000 sortent sans diplôme. Ce sont des
réalités inacceptables pour l'école républicaine. Nous devons regarder
ces réalités en face.
Le deuxième défi : trop de jeunes sont mal informés des débouchés
professionnels de leur filière ; ils ne savent pas quelle spécialité
choisir, ils arrivent à l'université dans de mauvaises conditions et en
sortent, pour près de la moitié d'entre eux, sans diplôme, ou avec un
diplôme peu valorisé sur le marché de l'emploi. Il y a là un gâchis
d'espoir et de talents auquel je sais que les universités veulent
apporter des solutions.
Le troisième défi : les inégalités face aux études persistent, et même
s'aggravent dans certains cas. Il y a aujourd'hui davantage d'enfants
d'ouvriers et d'employés qui peuvent entrer à l'université, il y en a
de moins en moins qui peuvent prétendre à entrer dans une grande école.
Alors, posons-nous deux questions : quel est l'intérêt de l'enfant ?
Qu'est-ce que les Français attendent aujourd'hui de leur école et de
notre système de formation en général ?
Ils veulent que chaque enfant reçoive le même enseignement et la même
culture de base, qui lui serviront tout au long de sa vie : la lecture,
l'écriture, le calcul, la citoyenneté, la maîtrise d'une langue
étrangère, mais aussi l'éducation artistique qui est un élément décisif
de l'éveil d'une personnalité.
Ils veulent aussi que l'enseignement prenne mieux en compte les
réalités du monde du travail et débouche sur un emploi.
Ils veulent enfin que leurs enfants puissent bénéficier, tout au long
de leur scolarité d'un soutien adapté, pour leur permettre de surmonter
d'éventuelles difficultés. Nous devons donc faire un effort pour
individualiser les parcours, permettre à chacun d'accéder au plus haut
niveau en fonction de ses capacités propres. Il ne s'agit pas de
réduire nos ambitions pour l'école, mais de les traduire le plus
possible dans la réalité.
Pour répondre à ces attentes, nous disposons déjà de la loi sur l'école
: ce sera bien entendu le cadre dans lequel nous inscrirons notre
action. Il n'y aura pas de nouvelle loi, mais des mesures concrètes et
immédiatement opérationnelles. Je sais que je peux compter sur
l'engagement, le sens du dialogue et les qualités humaines de Gille de
ROBIEN pour mener cette tâche à bien
Je veux donc ouvrir cinq chantiers qui reposent chacun sur une garantie
: l'accompagnement personnalisé, avec des rendez-vous à chaque étape.
Car c'est en accompagnant très tôt les enfants qui rencontrent le plus
de difficultés scolaires, c'est en prévoyant les mesures et les moyens
nécessaires au bon moment, pour les élèves, pour les professeurs, pour
les parents, que nous permettrons à chacun de réussir. Et j'insiste sur
l'importance de cet accompagnement personnalisé, qui est une clé de
l'exigence républicaine. C'est ce que nous faisons dans le domaine de
l'emploi ; c'est ce que nous voulons faire davantage en matière
sociale, notamment pour accompagner ceux qui ont le plus de
difficultés, et c'est aussi la clé de notre action sur l'école. Vous
voyez bien que c'est le fil directeur de l'action gouvernementale :
fidélité aux principes républicains pour tous, mais souci de chacun
pour ne laisser personne au bord du chemin.
Le premier chantier, ce sera l'évaluation en CE1 de la maîtrise de la
lecture et de l'écriture par les enfants.
Aujourd'hui, plus de 10 % des élèves qui entrent en sixième ne savent
pas lire et écrire correctement. Dans les zones d'éducation
prioritaire, c'est près de 30%. C'est à la fois une injustice et un
handicap majeur, que les élèves concernés subissent tout au long de
leur scolarité et de leur vie professionnelle.
Nous devons donc être plus exigeants sur l'acquisition de la lecture et
de l'écriture en CE1, qui est l'étape majeure dans les apprentissages
fondamentaux, avant le passage à l'approfondissement des connaissances
: avec Gilles de ROBIEN, nous allons étudier la mise en place d'une
évaluation rigoureuse de tous les élèves, qui permettra de repérer les
difficultés que rencontrent certains d'entre eux.
Ceux-ci devront alors bénéficier d'un programme personnalisé de
réussite éducative en lecture et en écriture, dans le cadre de groupes
de moins de dix élèves. Cet accompagnement personnalisé sera poursuivi
en dehors de l'école, grâce à la multiplication par deux des équipes de
réussite éducative.
Gilles de ROBIEN réfléchira aussi, avec les enseignants et les
spécialistes de pédagogie, à l'évolution nécessaire des méthodes de
lecture, en particulier les méthodes globales ou assimilées, en ayant
le souci de leur efficacité. Je souhaite avoir des propositions d'ici
la fin de l'année.
Le deuxième chantier, c'est la responsabilité des parents dans les cas
d'absentéisme scolaire ou de difficultés graves de l'enfant.
Les enseignants ne peuvent faire face seuls aux situations scolaires
les plus difficiles : les parents ont aussi un rôle déterminant à
jouer.
Des solutions radicales ont été essayées, comme la suppression pure et
simple des allocations familiales : cette mesure est à la fois injuste
et inefficace. Injuste, parce qu'elle pénalise exclusivement les
familles avec plus de deux enfants. Inefficace, parce qu'elle concerne
des familles qui sont parfois bénéficiaires d'allocations de solidarité
compensatoires : lorsque vous supprimez les allocations familiales, le
montant du RMI augmente d'autant.
Pour autant, il ne s'agit pas de renoncer à responsabiliser les
parents. Pour les aider à exercer leur autorité - car ce que nous
voulons, c'est bien sûr un résultat, c'est cela, l'objectif - je
propose deux choses :
* D'abord de renforcer l'aide aux parents en difficulté, notamment
pour la maîtrise du français. L'école sera ainsi en mesure de remplir
pleinement son rôle de creuset républicain. L'école est aujourd'hui le
principal creuset républicain, compte tenu de l'évolution de notre
société moderne.
* Je propose ensuite de mettre en place un contrat de responsabilité
parentale : l'initiative de ce contrat reviendra aux chefs
d'établissement scolaire, aux travailleurs sociaux départementaux ainsi
qu'aux maires. Il ne concernera pas seulement les cas d'absentéisme
scolaire, mais toutes les situations où l'enfant est en difficulté en
raison d'une défaillance ou d'une insuffisance manifeste de l'autorité
parentale. Il offrira aux parents un soutien et un accompagnement
social. Il leur rappellera également leurs droits et leurs devoirs au
regard de la loi. La conclusion et le respect de ce contrat seront
obligatoires sous peine d'amendes, prévues par la loi de 2004 sur
l'absentéisme scolaire, d'une mise sous tutelle des allocations
familiales ou bien encore d'une suspension du versement des allocations
familiales, placées dans un compte bloqué en attente d'une
régularisation de la situation. Le Président du Conseil Général, à
travers les services sociaux du département, sera responsable de la
mise en ?uvre de ces décisions.
Le troisième chantier, c'est la diversification des parcours scolaires.
Il n'y a pas qu'une seule voie de réussite, qui passerait
nécessairement par la filière générale et l'université. Le Président de
la République a demandé que les universités développent des formations
par apprentissage : ce travail est déjà engagé. Nous devons aussi
permettre aux jeunes qui le souhaitent de s'orienter vers des filières
professionnelles, qui débouchent plus facilement sur un emploi.
Pour répondre à ces exigences, le gouvernement a pris deux décisions :
D'abord l'apprentissage à 14 ans : il s'agit, sans remettre en cause
l'obligation de scolarité jusqu'à 16 ans, qui est un droit, de donner
la possibilité à des jeunes qui ne s'épanouissent pas à l'école de
s'engager dans des parcours différents. Gérard LARCHER a déjà eu de
premières consultations avec les partenaires sociaux et les
collectivités locales. Elles seront poursuivies afin de préciser les
modalités de ce projet, dont je veux vous rappeler les grandes lignes :
* Ce nouvel apprentissage junior sera mis en ?uvre dès la rentrée
2006.
* La première année doit permettre aux jeunes de découvrir les métiers
dans l'entreprise, tout en consolidant l'acquisition du socle commun
des connaissances.
* A partir de 15 ans, ils pourront bénéficier d'un véritable contrat
de travail.
* L'apprentissage junior sera ouvert aux jeunes qui le souhaitent :
ils pourront retrouver à tout moment le collège s'ils le désirent.
La deuxième décision, c'est le développement des BTS. Aujourd'hui, il y
a aujourd'hui près de 2000 classes de BTS en France. Dans beaucoup
d'endroits c'est insuffisant pour répondre à la demande des élèves.
* Gilles de ROBIEN préparera donc une nouvelle carte nationale des BTS
qui tiendra compte, notamment, des autres enseignements post-bac
professionnalisés qui se trouvent dans les mêmes académies.
* Les BTS doivent pouvoir déboucher directement sur des licences
professionnelles.
* En tout état de cause, je souhaite que chaque ZEP, chaque zone
d'éducation prioritaire, offre un accès au BTS soit directement, soit
par convention avec un autre lycée.
Le quatrième chantier ; c'est la création d'un service public de
l'orientation.
Il existe aujourd'hui, certes, de multiples dispositifs d'aide à
l'orientation, mais aucun service public cohérent, capable de regrouper
l'ensemble des informations disponibles pour les offrir en temps utile
aux élèves et aux étudiants : si bien que plus de 40% des étudiants
sortent de l'université sans aucun diplôme.
Notre objectif, c'est de faire de l'université une voie de succès pour
tous ceux qui s'y destinent.
Un service public de l'orientation est donc aujourd'hui indispensable.
Il devra obéir à un certain nombre de règles :
* D'abord, la transparence : toutes les informations sur les débouchés
des filières et sur les taux de réussite des étudiants en fonction de
leur bac d'origine doivent être disponibles sur internet. Chaque
université devra disposer d'un service de l'emploi et des stages ouvert
aux élèves de l'enseignement secondaire et aux étudiants.
* Deuxième règle, la collégialité : les lycées, les universités, les
grandes écoles, mais aussi les entreprises, les chambres de commerce et
les collectivités locales devront être partenaires de ce projet.
* Troisième règle, c'est la disponibilité : le service public de
l'orientation devra être accessible en tout point du territoire et à
chaque moment de la scolarité. Le gouvernement désignera donc un
délégué interministériel à l'orientation et à l'insertion
professionnelle, qui pourra s'appuyer, à l'échelle régionale, sur des
comités régionaux de l'orientation et de la formation, pilotés par les
recteurs, avec l'aide des services de l'Etat. Une première
expérimentation aura lieu dans les académies de Versailles, Bordeaux,
Caen et Strasbourg dans le courant de l'année scolaire 2005-2006.
Le cinquième chantier, c'est le renforcement de l'aide aux zones
d'éducation prioritaires.
Les ZEP accueillent aujourd'hui un élève sur cinq : elles représentent
une somme d'expérience, une aide apportée par des hommes et des femmes
au service de milliers d'enfants qui, pour certains, rencontrent des
difficultés particulières.
Est-ce suffisant ? Non : il faut donc changer d'échelle, accroître et
diversifier nos moyens d'action :
* Un premier axe de travail, c'est la remise à plat de la carte des
ZEP, en relation avec l'ensemble des acteurs du système éducatif : les
chefs d'établissement, les enseignants, les parents, les élus locaux,
les partenaires économiques et sociaux. Notre objectif doit être de
concentrer les moyens sur les établissements où les difficultés sont
plus lourdes - donc, un meilleur ciblage.
* Un deuxième axe, c'est la réforme de la formation des enseignants de
ZEP, afin qu'ils aient une meilleure connaissance des publics scolaires
et les méthodes de travail appropriées, en particulier pour
l'apprentissage de la langue française, lorsqu'il s'agit de s'adresser
à des enfants de familles non francophones. Ces enseignants devront
également bénéficier de meilleures conditions de rémunérations et de
carrière. Notre objectif est de valoriser l'enseignement en ZEP et de
créer des équipes pédagogiques stables, alors que, trop souvent, ces
enseignants tournent rapidement.
* Un troisième axe est la reconnaissance du mérite et l'aide que nous
devons apporter aux élèves qui réussissent dans les lycées des
quartiers difficiles : la plupart ignorent les perspectives qui leur
sont offertes ou se heurtent à des procédures de sélection trop
rigides.
* Les internats d'excellence sont une solution : il y en aura deux
fois plus à la rentrée 2006. Les bourses au mérite sont une autre
solution : j'ai décidé d'en ouvrir 100 000 l'année prochaine, au lieu
de 28 000 cette année.
* Mais je souhaite aussi que l'ensemble des grandes écoles et des
universités s'engagent, avant la rentrée 2006, sur la mise en place de
systèmes de tutorat en faveur des élèves les plus méritants des ZEP ou
sur la mise en place d'un dispositif d'accès adapté.
* Dans le cadre de la loi sur l'école, d'autres expérimentations
pourraient être lancées : je pense en particulier à un accompagnement
personnalisé dans des classes d'accueil, pour permettre aux élèves
issus des ZEP d'entrer dans de bonnes conditions dans les meilleures
classes préparatoires. Le lycée Henri IV à Paris sera pilote de ce
projet : 30 élèves seront accueillis dans ce dispositif et logés dès la
rentrée 2006. Je pense aussi à la proposition de Richard DESCOINGS
d'ouverture d'un lycée expérimental en Seine-Saint-Denis, qui permettra
d'ouvrir de nouvelles pistes pédagogiques.
* Enfin l'administration doit, elle aussi, donner l'exemple : nous
ouvrirons des modules de préparation aux concours administratifs dans
un certain nombre de lycées et ce, sur l'ensemble du territoire.
* Sur toutes ces mesures, Gilles de ROBIEN me remettra ses
propositions de mise en oeuvre dans les quinze prochains jours.
Avec les chefs d'établissement, directeurs d'école, principaux de
collège, proviseurs de lycée, c'est sur les enseignants que repose le
succès de tout ce que nous pourrons entreprendre pour l'éducation de
nos enfants.
Je sais que je peux compter sur leur dévouement exceptionnel et sur
leur amour du métier.
Je sais aussi qu'ils veulent être mieux formés et mieux préparés à ce
métier.
Avant la fin de l'année scolaire, un cahier des charges de la formation
des maîtres sera défini.
Notre ambition commune, c'est que chacun trouve sa véritable place dans
notre République. Nous devons tendre la main à chacun et ne laisser
personne au bord de la route.
L'année 2006 sera l'année de l'égalité des chances, comme grande cause
nationale. Azouz BEGAG me fera des propositions dès la fin du mois de
décembre.(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 décembre 2005)