Point de presse de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le partenariat franco-irakien et l'appui de la France aux efforts de reconstruction et au processus politique et électoral en cours en Irak, et sur la position française concernant le déroulement du procès de Saddam Hussein, Paris le 28 novembre 2005.

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Circonstance : Visite en France du ministre irakien des affaires étrangères Hoshyar Zebari : rencontre avec P. Douste-Blazy le 28 novembre 2005 à Paris

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Merci d'être restés un peu tard au Quai d'Orsay.
C'est avec plaisir que je retrouve aujourd'hui à Paris mon homologue irakien, M. Zebari, que j'avais rencontré à Bruxelles le 22 juin dernier, que je viens de rencontrer à Barcelone et qui vient donc, aujourd'hui nous voir ici, pour une réunion bilatérale.
D'abord, je lui ai redit toute l'importance que nous attachons à un dialogue régulier entre l'Irak et la France.
Je lui ai aussi réitéré notre volonté d'apporter notre concours aux efforts de reconstruction de son pays et d'appuyer le processus politique en cours en Irak.
Comme vous le savez, ce processus connaît en ce moment des développements majeurs. D'abord, l'adoption de la Constitution par référendum, le 15 octobre 2005, la réunion au Caire de très nombreuses personnalités politiques irakiennes ainsi que les nouvelles élections générales, le 15 décembre prochain, constituent autant d'étapes, qui conditionnent la suite de la transition.
C'est pourquoi il importe que la mobilisation de l'électorat, constatée lors du référendum constitutionnel, puisse se poursuive pour ces élections législatives de décembre. Il faut que tous les Irakiens puissent voter lors de ces élections du 15 décembre 2005.
A cet égard, l'initiative de la réunion du Caire, prise par la Ligue arabe, qui a permis un dialogue constructif entre des personnalités irakiennes de toutes tendances, est porteuse d'espoir. La France s'en félicite, car elle s'inscrit dans la logique de rassemblement et de souveraineté qu'elle n'a cessé de promouvoir. La France tient à la souveraineté territoriale plus que tout.
Conserver l'impulsion donnée par la réunion du Caire est essentiel. Aussi invitons-nous tous les participants à mettre en ?uvre ses conclusions, afin que la conférence d'entente nationale, prévue fin février, début mars 2006, produise des résultats concrets et dégage surtout, un consensus sur les nouvelles institutions de l'Irak.
Nous souhaitons que tous les participants qui étaient au Caire se retrouvent autour de la Ligue arabe à l'occasion d'une conférence d'entente nationale. La France pousse à cela.
Le Parlement élu en décembre aura à cet égard, sur les plans constitutionnel et législatif, un rôle déterminant pour élaborer les termes d'un équilibre institutionnel dans lequel tous les Irakiens doivent se reconnaître. C'est la condition du retour à la paix et à la stabilité en Irak.
Q ? Les propositions françaises de partenariat semblent ne pas recevoir un bon écho à Bagdad. Pourriez-vous nous dire s'il y a des progrès aujourd'hui ?
R - Au contraire, j'ai envie de dire que la venue de mon homologue ici prouve à quel point nous pouvons travailler ensemble dans ce secteur. La participation de la France à la reconstruction de l'Irak est importante. Globalement, si nous additionnons les crédits de coopération, plus de 500 stagiaires irakiens accueillis, les interventions à caractère humanitaire et notre contribution à l'aide de l'Union européenne - 34 millions d'euros -, celle-ci avoisine en tout 50 millions d'euros en 2005.
J'ajoute que l'accord bilatéral, qui permettra la mise en ?uvre de l'accord de réduction de la dette irakienne dont le ministre vient de parler à l'instant, conclu au Club de Paris l'an dernier, devrait être signé très prochainement. Le traitement de la dette publique irakienne, qui aboutit à une réduction d'ici à 2008 de 80 % des créances, représente pour la France un effort très important de l'ordre de 4 milliards d'euros.
Voilà le travail qui est fait. Je pourrais y ajouter, bien sûr, qu'avec les Européens, nous avons accueilli en juillet 40 responsables irakiens dans le cadre du Programme "EUJUST-LEX", et que nous sommes prêts à organiser un cycle de formation de l'Ecole nationale de la Magistrature.
A titre bilatéral, je vous l'ai dit, 500 stagiaires irakiens sont venus. Nous entendons poursuivre l'an prochain ce programme d'invitation et nous sommes prêts à apporter notre expertise constitutionnelle aux autorités irakiennes.
Q - Concernant le procès de Saddam Hussein, avez-vous le sentiment que ce procès est juste ?
R - Le procès de Saddam Hussein est l'occasion pour le peuple irakien de faire toute la lumière sur tous les crimes, toutes les injustices qui lui sont reprochés. Nous souhaitons que ce procès se déroule avec un respect total des droits de la Défense, en toute impartialité et en respectant le droit international. J'ajoute que la France, associée à ses partenaires européens a fait savoir aux autorités irakiennes, dès septembre 2005, que nous étions contre toute peine de mort.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 novembre 2005)