Point de presse de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le partenariat franco-sénégalais dans la lutte contre le sida et sur l'immigration clandestine, Dakar le 30 novembre 2005.

Prononcé le

Circonstance : Voyage de Philippe Douste-Blazy au Sénégal le 30 novembre 2005 : point de presse au centre hospitalier universitaire de Fann à Dakar le 30

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi, pour commencer, de remercier le ministre de la Santé et de la Prévention médicale, M. Abdou Fall, et le directeur du Centre hospitalier universitaire de Fann, le médecin-colonel Dien Daouda, pour leur accueil si chaleureux.
A la veille de la journée mondiale de la lutte contre le sida, je suis heureux que l'occasion me soit donnée d'évoquer avec vous l'engagement de la France pour combattre ce fléau, et en particulier, l'action que nous menons ici, au Sénégal, en parfaite concertation avec les autorités du pays.
Depuis longtemps, nos deux pays ont su unir leurs forces pour lutter efficacement contre une épidémie qui relève toujours de l'urgence sanitaire mondiale. En témoigne en particulier l'appui que la France apporte au Programme national de la lutte contre le sida, aux associations et, à travers le programme ESTHER, à plusieurs hôpitaux de Dakar et du reste du pays.
Aujourd'hui, un premier constat positif s'impose : le Sénégal est l'un des rares pays d'Afrique où l'épidémie de VIH/sida a été maintenue à une prévalence stable et basse de moins de 1 %.
Ce résultat est en tous points remarquable. Nous le devons en grande partie à l'engagement résolu des autorités sénégalaises à lutter contre le VIH/sida, et ce, dès les origines de l'épidémie. Je pense en particulier à la détermination et l'efficacité avec lesquelles vous avez su traduire en termes de santé publique l'analyse des résultats de la recherche.
Dès 1986, le Sénégal a mis en place des programmes de prévention et d'information, couplés avec des programmes de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles. A la demande de l'OMS, cette stratégie devait être ensuite généralisée aux autres pays africains.
Puis, sous l'impulsion du Dr Ibrahim Ndoye, dont je tiens tout particulièrement à saluer le travail, vous avez été en 1998 les premiers en Afrique à organiser une initiative nationale d'accès aux antirétroviraux. Pionnier dans l'accès au traitement, le Sénégal l'est aussi dans la gratuité accordée aux antirétroviraux, puisque la décision en a été prise par le président Wade dès l'année 2003.
Je n'oublie pas, bien évidemment, la place qui revient à notre coopération dans l'efficacité de la lutte contre le VIH/sida dans votre pays. Car vous le savez, depuis dix ans, les programmes de recherche de notre Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS) ont étroitement accompagné, au Sénégal, les programmes nationaux de prise en charge des patients.
Je pense aussi aux essais thérapeutiques qui ont été menés et qui ont rendu plus simple la prise médicamenteuse, avec une meilleure adhésion au traitement et une diminution des effets secondaires.
Enfin, aujourd'hui, des équipes du Sénégal et de l'Agence française de Recherche contre le sida travaillent en étroite collaboration sur le suivi de l'évolution des résistances dans la région, ce qui est essentiel si l'on veut anticiper de manière efficace les besoins en médicaments antirétroviraux de seconde intention.
Tout ceci témoigne de l'intensité de notre partenariat en matière de lutte contre le VIH/sida, mais aussi de l'engagement de la France dans ce domaine.
Depuis plusieurs années, la France a fait de la lutte contre le VIH/sida la première de ses priorités "santé" dans sa coopération avec les pays du Sud. Nous lui consacrons près de 40 % de l'aide allouée à ce secteur, soit plus de 120 millions d'euros d'aide publique au développement pour l'année 2004. En 2005, ces moyens devraient encore progresser pour atteindre 142 millions d'euros. Enfin, en 2006 et 2007, nous franchirons une nouvelle étape, puisque la contribution française au "Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme" atteindra respectivement 225 puis 300 millions d'euros, conformément à l'engagement du président de la République, qui a décidé de doubler notre soutien à cette institution.
Nous sommes fiers d'avoir porté notre pays en tête des contributeurs du Fonds mondial sur la période 2006-2007, car nous savons que le Fonds mondial représente notre principale chance de parvenir à un changement d'échelle dans les moyens affectés à la lutte contre le VIH/sida.
Mais l'engagement de la France, c'est aussi l'efficacité de son dispositif bilatéral, et le Sénégal fait partie des 20 pays africains qui bénéficient des programmes ciblés que nous développons dans de nombreux domaines : je pense à l'éducation, à la prévention, à la sécurité transfusionnelle, mais aussi au dépistage, à la prise en charge des maladies opportunistes, et même, depuis quelques années, à l'accès aux traitements antirétroviraux. C'est, en réalité, une véritable approche globale de la maladie que nous avons voulu mettre en ?uvre, une politique multidimensionnelle, capable de concilier tout le long de la chaîne d'intervention de meilleurs efforts de prévention et un meilleur accès aux traitements.
Mais nous le savons aussi, la lutte contre le VIH/sida est un défi mondial, qui exige de mobiliser les efforts de tous. C'est pourquoi la France s'est aussi engagée au niveau européen, au G8, à l'Assemblée générale des Nations unies, pour que la communauté internationale prenne de nouvelles initiatives efficaces, concertées et harmonieuses.
Dans la voie tracée par le président de la République, nous avons plaidé, en particulier, en faveur de politiques plus ambitieuses en matière d'accès aux traitements. Nous pensons qu'à terme, les six millions de malades en attente de traitements par antirétroviraux dans les pays à faibles revenus doivent avoir accès aux soins les plus efficaces, au même titre et à égalité avec les malades des pays du Nord. La mondialisation peut être, nous en sommes convaincus, le lieu de nouvelles solidarités. C'est pourquoi, dans le monde globalisé qui est le nôtre, nous devons nous montrer capables d'organiser un accès généralisé à la santé et aux médicaments.
C'est ce message que je veux porter aujourd'hui, ici, sur cette terre sénégalaise en soulignant l'exemple remarquable que vous représentez dans la lutte contre le VIH/sida. Dans notre recherche d'un accès universel aux traitements d'ici 2010, je veux croire que la Déclaration du Sommet des Nations unies de septembre représente un vrai motif d'espoir. Permettez-moi, à cet égard, de rendre à nouveau hommage à votre pays, et à votre président, qui s'est engagé à rendre l'accès à ces traitements gratuits pour tous. Cette initiative confirme, si besoin était, le rôle pionnier du Sénégal dans la lutte contre le VIH/sida.
Aujourd'hui, l'expérience sénégalaise, et l'évaluation qui en a été conduite par notre Agence nationale de recherche contre le sida, ont démontré la faisabilité des programmes d'accès aux traitements par anti-rétroviraux dans les pays du Sud.
Accès universel aux traitements : l'engagement est pris, mais comment faire ? Le défi est de taille, quand on sait qu'à ce jour, seulement un million de personnes ont accès à ces traitements dans les pays à faibles revenus. Et pourtant, dans le monde globalisé qui est le nôtre, il en va de la sécurité sanitaire de tous.
C'est cette responsabilité partagée qui a conduit la France à soutenir résolument le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. C'est la même conviction qui a conduit le président Chirac à proposer la création d'une contribution de solidarité internationale affectée, dans une phase pilote, à la lutte contre ces trois maladies.
Je suis heureux et fier que le gouvernement auquel j'appartiens ait décidé, la semaine dernière, de proposer au Parlement la création d'une taxe sur les billets d'avion dont le produit sera affecté à cette cause et, en particulier, à assurer l'approvisionnement sur le long terme en médicaments. Il importe que ce mouvement de solidarité se développe et c'est pourquoi nous accueillerons, dès février prochain, à Paris, une conférence ministérielle réunissant tous les pays intéressés.
Aujourd'hui, la lutte contre les pandémies, et en particulier le VIH/sida, exige plus que jamais du courage et beaucoup de détermination. Elle justifie aussi la mobilisation de tous. Soyez-en assurés : la France continuera, pour sa part, d'apporter tout son concours à une approche globale du développement et de la santé publique mondiale. Plus que jamais, elle sera aux côtés du Sénégal pour mener ce combat contre le sida qui doit être poursuivi sans relâche et avec ténacité.
Je vous remercie.
Q - (Sur l'importance du sida en Afrique)
R - 10 % et 60 % ce n'est pas pareil. 10 % c'est ce que représente la population africaine dans le monde, et 60 % c'est le pourcentage des gens atteints du VIH/sida qui vivent en Afrique. C'est donc un sujet majeur. Evidemment, cela touche essentiellement les femmes et les gens qui sont peu aidés. Donc le travail que l'on peut faire pour améliorer l'éducation, c'est un travail qui a des effets en matière de lutte contre le sida. Le développement et la santé publique sont intimement liés.
Q - Je voudrais revenir sur les licences françaises pour les pays africains pour la fabrication des ARV. On l'avait annoncé lors de votre précédent voyage, Monsieur le Ministre, je voudrais savoir où nous en sommes ?
R - Lors de ma dernière venue ici, j'avais parlé de cette fameuse directive de Doha du 30 août 2003, qui dit clairement que dans les pays les plus pauvres et en zone d'endémie du sida et de la tuberculose, que l'on donnera les brevets des médicaments anti-rétroviraux, anti turberculose, et anti-paludisme. Cela a été accepté à Doha. Encore faut-il transposer cette directive dans le droit de chaque pays. Je me suis beaucoup battu pour que le Parlement européen transcrive cette directive dans le droit européen. C'est en cours d'examen au Parlement et cela sera adopté début décembre. De quoi s'agit-il ? Dès l'instant où ce texte sera adopté, des génériques ou des médicaments pourront être fabriqués dans des pays du Sud, avec évidemment une sécurité accrue pour éviter les trafics. Ce sera une avancée majeure.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez souligné les efforts de la France par rapport à la coopération bilatérale avec le Sénégal en matière de lutte contre le sida mais ici en Afrique on dit souvent que le paludisme tue plus que le sida. Est-ce que la France est prête aujourd'hui à faire les mêmes efforts pour lutter contre cette pandémie qui ravage beaucoup plus d'Africains que le sida malheureusement ?
R - Comme vous le savez, nous sommes à vos côtés en ce qui concerne le paludisme aussi. M. Gentilini pourrait en parler mieux que moi. Il a été clairement établi, aux Nations unies comme ailleurs, que les trois maladies, turberculose, paludisme et sida devaient être prises en compte. Le président Wade, tout à l'heure dans un petit point de presse informel en revenant de notre périple, disait : "qui dit diminution de l'immunité, dit évidemment maladie opportuniste, dit tuberculose, donc tout cela ne forme qu'un". Sur le paludisme, j'espère que l'on fera des progrès sensibles rapidement. Mais, malheureusement, je trouve que l'on marque le pas dans la recherche d'un médicament contre le paludisme. Il reste évidemment la prévention qui est l'élément majeur.
Q - Le durcissement des lois françaises en matière d'immigration, notamment sur les étudiants et les mariages. Est-ce qu'aujourd'hui ce durcissement permet aussi de limiter l'immigration clandestine et quelle est votre interprétation là-dessus ?
R - Il y a deux sujets.
Premier sujet, le problème de l'immigration en général. J'irai à Kayes vendredi. Je rentre du Sommet de Barcelone entre l'Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée qui sont également, aujourd'hui, des lieux de transit pour l'Afrique sahélienne ou sub-saharienne, comme l'Algérie ou le Maroc. La question était de savoir comment faire. Certainement pas à l'aide de mitraillettes ou en mettant sur les 4 000 km de frontière de la Libye, un policier tous les 10 mètres. C'est impossible. Et donc, la solution passe par le recours à une idée simple, celle d'un outil financier euro-africain de co-développement. Ce n'est que par le co-développement que nous pourrons régler le problème de l'immigration. C'est en donnant un espoir à ceux qui habitent en Afrique, en leur donnant une responsabilité, en les considérant comme des partenaires économiques responsables que nous y arriverons.
Deuxième sujet, c'est le problème, en effet, de l'immigration clandestine. J'ai été maire de Toulouse. Je suis président de la communauté d'agglomération. Ici, il y a des élus qui m'accompagnent. Je peux vous assurer qu'il est scandaleux de voir des filières d'immigration clandestine, des gens qui gagnent de l'argent sur le dos de pauvres personnes à qui on a fait miroiter un eldorado, un jour, quelque part. C'est inadmissible, c'est pire que tout, c'est criminel. La traite des hommes, la traite des femmes mérite les plus grandes punitions. Il faut être très dur. Un des moyens de fraude, ce sont les faux mariages. On a décidé que l'on allait faire attention à cela. Ce n'est pas dirigé contre n'importe qui ; c'est dirigé contre un type de personne, celui qui organise l'immigration clandestine.
Reste le problème des étudiants. C'est un sujet important. Lors des crises que nous avons récemment connues en France, le sujet de l'intégration des populations immigrées, et immigrées régulièrement, a été posé. Nous sommes très heureux d'être un pays pluriel, un pays divers, c'est une grande caractéristique de la France. Mais la question est aussi celle de la capacité d'intégration. Nous nous sommes aperçus que ce qui était important, par exemple, c'est de ne pas donner l'impression à un jeune qu'il allait venir en France pour faire des études et qu'ensuite il connaîtrait l'échec. Ce n'est pas une question de quota, parce que ce n'est pas la bonne solution. En revanche, on essaye de regarder, dans les centres pour les études en France, comment on peut, grâce aux questions que l'on pose ou en regardant les diplômes déterminer qui a intérêt à venir faire des études en France et qui n'y a aucun intérêt. C'est aussi important pour la France que pour vous, c'est aussi important pour la France que pour ceux qui viennent. Cela s'appelle le respect. Peut-être que cela nous permettra de sortir de l'ambiguïté. Nous aurons besoin d'une certaine immigration vers l'Union européenne, puisque le taux de fécondité est de 1,4, et qu'il n'y a pas de renouvellement des générations. Permettez-nous aussi de penser qu'il faut que nous choisissions certaines personnes dont nous avons besoin plutôt que d'autres qui seraient vouées à l'échec. Autant être clair avec nos partenaires.
Q - Est-ce que vous pouvez me dire, après tous ces acquis, s'il y a de nouvelles orientations, est-ce qu'il y a des décisions qui seront prises au niveau de l'Etat dans le cadre des relations bilatérales entre la France et le Sénégal ?
Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la position de la France par rapport à la demande d'extradition d'Hissène Habré, l'ancien président tchadien ? Merci.
R - Sur la première question, je vais vous répondre en deux temps. D'abord, j'ai été impressionné par la connaissance qu'a le président Wade des problèmes de santé. La santé est au c?ur même du développement, comme je le disais tout à l'heure. De quoi s'agit-il ? Il s'agit, comme je le disais ce matin à Wassadou, de faire un signe ; quel signe ? Marquer que nous devons, dans le monde entier, décentraliser les systèmes de santé. Il ne faut pas devoir parcourir 500 km pour aller faire un examen, il faut pouvoir se faire soigner près de chez soi. C'est vrai pour nos régions en France, c'est encore plus vrai en pleine brousse. Donc, c'est la seule solution pour lutter contre l'exode rural, c'est un premier point.
Deuxième point, la formation des médecins et des infirmières. Il est nécessaire de former des infirmières, du personnel paramédical, et si ceux qui veulent le faire n'ont pas pu arriver au terme des sept ans d'étude de médecine, il faut peut-être trouver un moyen terme qui permettra à des hommes et des femmes de se former à des métiers médicaux, sans être véritablement médecins. Ceux-là seront au rendez-vous de la médecine primaire et formeront un réseau. Il faut des systèmes de santé primaire pour être au plus près de la population. Lorsque la maladie est plus grave, alors on peut faire 300 km, et éventuellement aller jusqu'à Dakar. On ne va pas faire plusieurs grands hôpitaux cardiologiques dans la brousse. Vous allez n'en faire qu'un dans le pays et c'est normal. Premier point.
Deuxièmement, chez nous en France, je souhaite que le Quai d'Orsay, la direction générale de la Coopération internationale et du Développement, réfléchisse à une nouvelle organisation de notre périmètre d'aide, en particulier dans le domaine de la santé et de la coopération. Il est important que la lisibilité et la visibilité du ministère français des Affaires étrangères soient supérieures à ce qu'elles sont aujourd'hui. Je suis heureux ce matin d'avoir délibérément choisi un exemple où le ministre des Affaires étrangères d'un côté, trois entreprises privées françaises de l'autre, et pas des moindres : une des plus grandes entreprises pharmaceutiques privée en France, une des plus grandes entreprises de travaux publics et une autre qui est le numéro un mondial de l'eau, se regroupent. La France, ce ne sont pas uniquement des fonctionnaires. La France, ce sont aussi des entreprises privées qui donnent aux autres et quand Veolia fait quelque chose, c'est la France. Lorsqu'un laboratoire pharmaceutique français fait quelque chose, c'est la France. Donc, je souhaite qu'il y ait une organisation au Quai d'Orsay qui permette de travailler avec de l'argent public, mais aussi de voir le laboratoire Fabre, le laboratoire Servier ou Véolia, Fougerolles et d'autres travailler avec nous. Je prends un exemple : lorsque le président directeur général de Sanofi-Aventis règle à lui tout seul le problème de la tuberculose en Afrique du Sud, pour doter les services sanitaires du président Mbeki, c'est une action de la France, et moi je souhaite que le ministère des Affaires étrangères soit présent dans cette boucle. Je ne vois pas d'un côté le ministère et, de l'autre les entreprises françaises, tout cela ne forme qu'un. Les Américains le font et je ne vois pas pourquoi nous ne le ferions pas. Dire ce que nous sommes, dire ce que nous voulons faire, cela fait également partie de la diplomatie de rayonnement et d'influence dans le monde. Et la santé fait partie des grands enjeux géopolitiques de demain.
Sur Hissene Habré, je n'ai pas, en tant que ministre français des Affaires étrangères, à m'immiscer dans la vie politique intérieure du Sénégal, et encore moins dans les affaires de justice. Je voudrais simplement faire quand même remarquer que la France a toujours prêché le respect de la souveraineté des pays et du Sénégal en particulier dans ce cas. Mais quand le président Wade dit : "pour l'instant je garde M. Hissène Habré, je demande à l'Union africaine de me donner son avis", je pense qu'il a raison. Je pense qu'il est important que l'Union africaine puisse donner son avis. Il y a eu des tribunaux pénaux qui ont été mis en place pour la Sierra Léone, il y a eu un tribunal pénal international pour le Rwanda. M. Wade a raison de poser la question d'un tribunal pénal permanent, mais je n'ai pas, moi, en tant que Français et en tant qu'Européen, à m'exprimer aujourd'hui avant l'Union africaine. Je dis simplement qu'il est bon que le problème du jugement de génocides soit posé très clairement. Il n'y a aucune raison que, sur certains continents, on puisse perpétrer des génocides sans que les coupables puissent être rattrapés et jugés. Mais, comme Français et à mon modeste niveau, je n'ai pas à vous dire et à vous dicter la conduite à tenir.
Merci.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2005)