Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur les engagements de la France pour répondre aux attentes de la jeunesse africaine sur son avenir, Bamako le 1er décembre 2005.

Prononcé le 1er décembre 2005

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion ministérielle préparatoire du 23è sommet Afrique-France des 3 et 4 décembre 2005 : intervention de P. Douste-Blazy à Bamako le 1er

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Cher Moctar,

Les représentants de la jeunesse africaine, qui se sont réunis ici à Bamako les 8 et 9 novembre derniers, pourraient nous dire, avec une certaine rudesse : Gleneagles, New-York, Paris, Tunis, Hong Kong? et après ? Que faites-vous pour nous ? Pour répondre aux exigences que nous avons formulées lors de notre Forum ? Pour notre formation, notre emploi, notre santé ? Nous avons des inquiétudes évidentes, des problèmes concrets, et vous, vous voyagez !
Au mois de juin à Paris, lors de la réunion ministérielle de suivi, nous avons convenu de nous retrouver ici à Bamako, pour ce XXIIIe Sommet Afrique ? France.
Aujourd'hui, ici, je tiens à remercier mon homologue Moctar Ouane, pour s'être investi avec tant de détermination personnelle, avec l'appui du Comité national d'organisation malien, présidé par Tiébilé Dramé que je salue ici, dans la préparation de ce lourd et important sommet.

Cette année est l'année de l'Afrique :
Lors de sa présidence du G8 l'année dernière à Evian, la France, et tout particulièrement le président de la République, avait tenu à mettre l'Afrique au premier rang des priorités du G8. Cette priorité a été confirmée par la présidence britannique de cette année, au sommet de Gleneagles. La principale annonce a été l'annulation de la dette des 18 pays les plus pauvres ayant atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés).
Au Sommet du Millénaire qui s'est tenu ensuite à New York en septembre, le volet développement a été essentiel. L'importance des mécanismes innovants de financement du développement a enfin été reconnue. La lutte contre les pandémies est désormais une priorité soulignée. Plusieurs décisions essentielles ont été confirmées : l'engagement pris à Monterrey d'une APD à 0,7% du PNB, la référence aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, l'enjeu du NEPAD, la dette, la biodiversité, l'éducation, le développement agricole, l'emploi, la santé reproductive. En cette journée mondiale de lutte contre le sida, je voudrais redire ici l'importance cruciale de la santé. Il n'y a pas de santé sans développement. Il n'y a pas non plus de développement sans santé.
A la conférence générale de l'UNESCO qui s'est tenue cet automne à Paris, avec un engagement déterminé de l'ensemble des Etats africains, la convention sur la diversité culturelle a été adoptée à la quasi-unanimité.
A Tunis le mois dernier, au Sommet Mondial sur la Société de l'Information, l'Internet a été reconnu comme une "ressource publique mondiale", constitutive de stratégies de développement.
Enfin, bientôt, à Hong Kong, les négociations qui s'ouvriront dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce, constituent pour les pays africains un enjeu économique, social et politique majeur, notamment s'agissant du coton.

Ce sommet est celui de la jeunesse :
Aujourd'hui, plus des deux tiers de la population du continent ont moins de 25 ans. C'est un enjeu social, économique et politique majeur, qui peut devenir une menace, si nous n'y apportons pas les réponses appropriées.
Je suis convaincu que nous, responsables politiques, ministres des Affaires étrangères, auprès des chefs d'Etat que nous suivons, et qui entameront samedi leur réunion, avons un rôle crucial à jouer.
Dans un monde désormais global, nos équilibres économiques, sociaux et politiques sont interdépendants.
C'est pourquoi nous devons aujourd'hui, ensemble, répondre spécifiquement et correctement aux attentes de la jeunesse africaine. Qu'elles concernent l'éducation, la formation, l'emploi, la santé, la citoyenneté, l'accès au monde.
Nous devons faire davantage et mieux, parce qu'il y va de notre intérêt mutuel.
La France attache une importance majeure à ces rencontres qui nous réunissent régulièrement depuis plus de vingt ans maintenant, au niveau ministériel, et au niveau des chefs d'Etat. Ce sont en effet ces échanges qui nous permettent, dans le cadre d'un dialogue informel, sincère, et constructif, de prendre toute la mesure de vos objectifs et de vos analyses, pour continuer de s'en faire le meilleur porte-parole auprès des Nations unies, du G8, de l'Union européenne ou des grandes institutions financières internationales. Et qui vous permettront aussi de mesurer les nôtres.
La politique de la France en Afrique se fonde bien sûr sur l'histoire partagée. Mais elle se fonde aussi et surtout sur l'avenir que nous avons en commun. C'est dans une logique de partenariat, d'intérêt mutuel, que nous devons travailler ensemble. Je souhaite, mes Chers Collègues, que vous mesuriez bien ici l'esprit qui anime mon pays et le gouvernement auquel j'appartiens. Travailler sans relâche à accélérer les efforts en faveur du développement et de la stabilisation de votre grand continent. Mobiliser en permanence à cet effet les grandes instances de la communauté internationale au sein desquelles la France est représentée.
Tous les sujets que nous avons abordés ensemble au cours des derniers sommets, particulièrement celui de Paris, qu'il s'agisse du développement, durable et solidaire, ou de la résolution des conflits, sont indissociablement liés et interdépendants. Il n'y aura pas de développement durable sans résolution des conflits, ni d'apaisement des crises sans croissance et partage des richesses. Surtout, il n'y aura ni développement, ni paix, sans perspectives concrètes pour cette jeunesse considérable qui nous interpelle.
Travaillons donc ensemble, avec l'appui de tous nos partenaires de la communauté internationale, à apporter à cette jeunesse les réponses qu'elle attend, à dissiper ses inquiétudes, à lui fournir surtout des perspectives. Soyez convaincus de la détermination et de l'engagement de la France de tout faire pour progresser concrètement en ce sens.
Je vous remercie de votre attention.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2005)