Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la lutte contre le sida et la mobilisation française en termes de coopération et de contribution au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Bamako le 1er décembre 2005.

Prononcé le 1er décembre 2005

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Circonstance : Voyage de Philippe Douste-Blazy au Mali les 1er et 2 décembre 2005 : allocution dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida à Bamako le 1er

Texte intégral

Madame la Ministre,
Monsieur le Secrétaire exécutif du Haut Conseil de lutte contre le sida,
Mesdames et Messieurs les Responsables d'associations de lutte contre le sida,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi d'abord de vous dire combien je suis heureux d'être au Mali aujourd'hui à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida. Je voudrais vous remercier très sincèrement, Madame la Ministre, et remercier l'ensemble des autorités maliennes pour leur accueil si chaleureux. Je tenais beaucoup à cette rencontre avec les principaux acteurs de la lutte contre le sida au Mali, et particulièrement les organisations non gouvernementales.
Merci à vous, Monsieur l'Ambassadeur, de les avoir invités ce soir. J'ai à mes côtés le professeur Kazatchkine, Ambassadeur de France, chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles.
Le Mali a célébré ce matin cette journée mondiale de lutte contre le sida, en présence du président de la République, son Excellence Amadou Toumani Touré, qui a décidé de poursuivre cette action en faisant de ce mois de décembre un mois de lutte contre le sida. C'est une décision que je salue. Elle confirme s'il en était encore besoin l'engagement des autorités maliennes et de la société civile pour combattre ce fléau.
Le Mali a créé en 2003 le Haut Conseil national de lutte contre le sida. Depuis et sous votre impulsion, Monsieur Malick Sene, vous qui en êtes le secrétaire exécutif, le Mali a redoublé d'efforts pour mener ce combat. Vous avez décidé d'y consacrer sur le Fonds "Pays pauvres très endettés", 23 millions de dollars pour la période 2005- 2009. Ces efforts participent sans doute au fait que le Mali reste en Afrique l'un des pays où le taux de prévalence est le plus faible. Cependant, l'épidémie est en progression partout dans le monde, et comme le rappelait le président Amadou Toumani Touré ce matin, il faut rester vigilant.
La société civile est, je le sais, particulièrement active au Mali. Nous savons que la lutte contre le sida ne peut se faire sans son adhésion et sa pleine participation. J'ai pris un intérêt particulier à visiter ce midi le Centre d'écoute, de soin, d'animation et de conseil (CESAC). Docteur Aliou Sylla, ce centre que vous présidez est, depuis sa création en 1996, la structure de référence pour la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida au Mali. Je suis fier de ce que la France vous ait accompagné depuis maintenant près de vingt ans.
ESTHER, que préside Bernard Kouchner, est très impliqué dans la prise en charge des malades par le biais de jumelages entre les hôpitaux de Bamako et ceux d'Angers, de Marseille et de La Pitié-Salpêtrière à Paris, entre Kayes, où je serai demain et Saint-Denis ou entre Sikasso et Avignon. D'implantation récente, Solthis mène à Ségou un travail remarquable en partenariat avec les structures sanitaires et les ONG du Mali. Je vous en félicite, Mme Thiombiano, et j'espère, lors d'un prochain voyage, pouvoir rencontrer votre équipe sur place.
Je salue ici également le secteur privé également présent ici. Je pense notamment à la CFAO et je remercie son directeur au Mali, M. Vincent Oblet, d'avoir parrainé la semaine du secteur privé qui commence aujourd'hui. La CFAO joue partout où elle est implantée en Afrique un rôle exemplaire. Je pense également à la Fondation Mérieux dont le centre de Bamako, ouvert il y a tout juste un an, assure la formation de biologistes et de techniciens et contribue au renforcement des laboratoires des structures sanitaires du Mali.
Malgré ces efforts conjugués de l'Etat malien et de ses partenaires au développement, du secteur privé et des ONG, beaucoup reste à faire pour renforcer la prévention et améliorer l'accès aux médicaments au Mali et dans le continent africain. Tout doit être mis en ?uvre pour que les 25.000 personnes qui ont besoin à court terme d'un traitement antirétroviral dans ce pays, puissent y avoir accès très rapidement.
Depuis le début de l'épidémie, la France a fait de la lutte contre le sida sa priorité dans sa coopération en santé avec les pays du sud.
En 1997, lors de la conférence africaine sur le sida à Abidjan, le président Jacques Chirac avait été le premier à appeler la communauté internationale à se mobiliser pour l'accès des malades au traitement antirétroviraux dans le monde en développement. Le président de la République a récemment annoncé que la contribution française au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme s'élèvera à 225 millions d'euros en 2006 et 300 millions d'euros en 2007. Elle aura été ainsi multipliée par 6 en 5 ans, portant ainsi la France en tête des contributeurs au fonds mondial. La France s'est résolument engagée au niveau européen, dans le G8 et à l'Assemblée générale des Nations unies, pour que la communauté internationale prenne de nouvelles initiatives efficaces et concertées. La déclaration du sommet des Nations unies de septembre est à cet égard porteuse d'espoir. Je salue ici le travail remarquable qu'effectuent l'ONUSIDA et l'ensemble des agences onusiennes.
C'est cette conviction qu'il est urgent d'agir plus et mieux qui a conduit le président Chirac à proposer la création d'une contribution de solidarité internationale affectée à la lutte contre les trois maladies tueuses du monde en développement. Je suis heureux que le gouvernement auquel j'appartiens ait décidé la semaine dernière, de proposer au Parlement l'institution de cette contribution qui prendra effet en France, au 1er juillet 2006. Nous espérons rassembler, autour de cette initiative, d'autres pays du nord comme du sud.
Ce matin, sur l'avenue du Mali, était inscrit en lettre capitale le slogan de cette journée mondiale du sida 2005 : "stop sida, tenir les promesses". Je peux vous assurer de l'engagement sans faille de la France dans ce combat à vos côtés, chers amis du Mali. C'est tous ensemble que nous pourrons faire que ce que les jeunes appellent : "Apprendre, s'engager, changer", se réalise et qu'arrive enfin un jour une génération sans sida.
Je vous remercie de votre attention.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2005)