Texte intégral
Q - N'est-ce pas là un constat d'échec des politiques de co-développement, vu que les flux migratoires continuent d'exister, c'est-à-dire qu'il y a toujours beaucoup de gens qui quittent le Mali vers la France ou d'autres destinations européennes ?
R - Je crois que, justement, nous n'avons pas essayé, très concrètement, de mettre en place des projets. Les projets, ce n'est pas tant le co-développement, parce que le co-développement, cela correspond à la situation pour laquelle ce sont les migrants qui apportent de l'argent ici, à ceux qui sont restés. Non, ce qu'il faut, c'est le développement ! C'est faire en sorte que ces femmes et ces hommes aient un projet concret, ici. A quoi cela sert-il, pour la France, d'attribuer des revenus sociaux à des gens qui, en définitive, ne vont pas trouver leur place, qui vont être malheureux, qui vont ne pas s'intégrer, avec parfois des ambiances délétères ? Alors que, ici, avec un outil financier que je demande, qui serait une banque afro-européenne qui permettrait, avec des fonds de garantie, de donner, projet par projet, micro-projet par micro-projet, sur le plan économique et social, aux Africains, la possibilité de rester.
Cela n'a jamais vraiment été essayé à une très grande échelle. Il y a, aujourd'hui, des personnes qui travaillent dans le co-développement, qui travaillent dans le développement, mais nous n'avons pas pu suffisamment porter notre effort au plus haut niveau, c'est-à-dire au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement occidentaux, qui doivent prendre ce problème à bras-le-corps.
En ce qui concerne le sida, depuis quelques mois, des décisions sont prises au plus haut niveau, au G8 et ailleurs, à l'ONU. Il faut que nous fassions la même chose pour le développement. On ne peut pas laisser des milliers de personnes partir sur les routes, seules, aller vers un rêve qui en fait n'existe pas.
Q - Est-ce que ce flux risque de s'endiguer ? Les Maliens continuent de regarder vers la France malgré le durcissement des lois françaises contre l'immigration, notamment.
R - Ne confondez pas tout. Pour qu'un homme puisse quitter Kayes, ici, en laissant sa famille, puisse partir pour faire des milliers de kilomètres, ce n'est jamais de gaieté de c?ur. C'est parce qu'il n'y a pas de projet ici, c'est parce qu'il n'y a pas d'espoir ici, et donc, c'est à nous d'être responsables, de ne pas se donner bonne conscience, en faisant de grandes phrases, de belles phrases, du "droit de l'hommisme" ; c'est plutôt, ici, qu'il faut respecter les Droits de l'Homme. Cela veut dire respecter la dignité des Africains. Et respecter la dignité des Africains, c'est être ici, pour trouver enfin des projets économiques, que ce soit sur le plan artisanal, que ce soit sur le plan agricole, que ce soit sur d'autres sujets, des sujets de développement. Cela ne veut pas dire qu'il faut rejeter l'autre, au contraire. Il faut l'aider. L'aider, mais en partenaire, pas en assistant, pas en assistance passive. De quel droit considèrerait-on l'Afrique comme un continent qu'il faudrait assister ? Il faut, au contraire, les aider en partenariat, c'est ce que je suis venu dire ici.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2005)
R - Je crois que, justement, nous n'avons pas essayé, très concrètement, de mettre en place des projets. Les projets, ce n'est pas tant le co-développement, parce que le co-développement, cela correspond à la situation pour laquelle ce sont les migrants qui apportent de l'argent ici, à ceux qui sont restés. Non, ce qu'il faut, c'est le développement ! C'est faire en sorte que ces femmes et ces hommes aient un projet concret, ici. A quoi cela sert-il, pour la France, d'attribuer des revenus sociaux à des gens qui, en définitive, ne vont pas trouver leur place, qui vont être malheureux, qui vont ne pas s'intégrer, avec parfois des ambiances délétères ? Alors que, ici, avec un outil financier que je demande, qui serait une banque afro-européenne qui permettrait, avec des fonds de garantie, de donner, projet par projet, micro-projet par micro-projet, sur le plan économique et social, aux Africains, la possibilité de rester.
Cela n'a jamais vraiment été essayé à une très grande échelle. Il y a, aujourd'hui, des personnes qui travaillent dans le co-développement, qui travaillent dans le développement, mais nous n'avons pas pu suffisamment porter notre effort au plus haut niveau, c'est-à-dire au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement occidentaux, qui doivent prendre ce problème à bras-le-corps.
En ce qui concerne le sida, depuis quelques mois, des décisions sont prises au plus haut niveau, au G8 et ailleurs, à l'ONU. Il faut que nous fassions la même chose pour le développement. On ne peut pas laisser des milliers de personnes partir sur les routes, seules, aller vers un rêve qui en fait n'existe pas.
Q - Est-ce que ce flux risque de s'endiguer ? Les Maliens continuent de regarder vers la France malgré le durcissement des lois françaises contre l'immigration, notamment.
R - Ne confondez pas tout. Pour qu'un homme puisse quitter Kayes, ici, en laissant sa famille, puisse partir pour faire des milliers de kilomètres, ce n'est jamais de gaieté de c?ur. C'est parce qu'il n'y a pas de projet ici, c'est parce qu'il n'y a pas d'espoir ici, et donc, c'est à nous d'être responsables, de ne pas se donner bonne conscience, en faisant de grandes phrases, de belles phrases, du "droit de l'hommisme" ; c'est plutôt, ici, qu'il faut respecter les Droits de l'Homme. Cela veut dire respecter la dignité des Africains. Et respecter la dignité des Africains, c'est être ici, pour trouver enfin des projets économiques, que ce soit sur le plan artisanal, que ce soit sur le plan agricole, que ce soit sur d'autres sujets, des sujets de développement. Cela ne veut pas dire qu'il faut rejeter l'autre, au contraire. Il faut l'aider. L'aider, mais en partenaire, pas en assistant, pas en assistance passive. De quel droit considèrerait-on l'Afrique comme un continent qu'il faudrait assister ? Il faut, au contraire, les aider en partenariat, c'est ce que je suis venu dire ici.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2005)