Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Retenu par une obligation à laquelle il n'a pu se soustraire, Monsieur Christian PONCELET m'a demandé de vous souhaiter une très cordiale bienvenue, ce soir, dans les salons de Boffrand de la Présidence du Sénat.
Et c'est avec un vif plaisir et un grand intérêt que j'ai accepté d'ouvrir la séance inaugurale du troisième Forum du Développement Durable.
Je voudrais, tout d'abord, saluer notre ami Émile MALET, Directeur de la revue « Passages », et Président de l'association « ADApes », pour toutes ses initiatives : elles se traduisent par la tenue de séminaires et de colloques de haut niveau, sur des thèmes essentiels à la compréhension du monde et de sa constante évolution.
C'est ainsi que le Forum du Développement Durable est devenu un espace incontournable de réflexions pluridisciplinaires, croisant les approches de politiques et d'experts qui savent transmettre leurs expériences et leurs connaissances.
En écho à la Conférence des Nations Unies qui se déroule en ce moment à Montréal, cette troisième édition du Forum propose à notre réflexion une interrogation centrale pour le devenir de notre planète :« Face au désordre mondial : le climat et les patrimoines de l'humanité ».
Le climat de la terre a évolué depuis l'époque préindustrielle, mais la dernière décennie a probablement été la plus chaude du dernier millénaire. Et ce phénomène va s'amplifier.
La température moyenne de la planète devrait augmenter encore de 1,4° à 5,8°C d'ici 2070 à 2100, selon le dernier rapport d'évaluation du Groupement intergouvernemental d'experts sur le développement du climat.
Ce réchauffement a des conséquences importantes sur l'environnement et sur l'évolution des activités humaines. Il agit sur les écosystèmes et la biodiversité.
Il affecte aussi bien l'agriculture et la forêt que les ressources aquatiques, la désertification de certaines régions ou la santé.
Il est de nature à favoriser la fonte des glaciers ou l'élévation du niveau de la mer et peut accentuer des événements climatiques extrêmes tels que la sécheresse, les inondations ou les cyclones. Il se situe donc au premier rang des phénomènes majeurs du XXIème siècle.
S'il est aujourd'hui prouvé que le réchauffement climatique est, pour une grande part, imputable aux activités humaines, on peut se demander jusqu'où il peut augmenter sans mettre en péril l'équilibre de la planète et la vie de ses habitants. L'atmosphère terrestre est un bien commun, un patrimoine en indivision entre les hommes qui ne peuvent se permettre en l'occurrence de jouer aux apprentis sorciers.
Les effets de serre, qui ne s'arrêtent bien évidemment pas aux frontières de certains pays, constituent un risque majeur pour les citoyens du village planétaire que nous sommes devenus.
La naïveté serait d'imaginer qu'ils peuvent être jugulés sans la mise en oeuvre d'une action collective, concertée et consentie.
Aujourd'hui, un consensus se dessine sur la nécessité de réduire les émissions de gaz carbonique et l'évolution du climat se trouve au coeur de nombreuses négociations internationales.
Depuis la conférence de Rio, en 1992, en passant par la mise en oeuvre, depuis cette année, du protocole de Kyoto, le système mondial de protection de l'environnement a pu enregistrer des réussites que l'on ne saurait occulter.
Il est cependant impossible de passer sous silence le non engagement des Etats-Unis d'Amérique, premier émetteur de gaz carbonique. Et ce non engagement rend difficile la mise en oeuvre de sanctions.
La gouvernance internationale de l'environnement demeure encore défaillante sur de nombreux points, en raison d'un manque de cohésion, d'une trop lente adaptation aux nouvelles données et d'un manque de moyens juridiques et financiers.
Les moyens institutionnels pour traiter de l'effet de serre sont différents des moyens requis pour le contrôle des déchets dangereux ou le contrôle de la biodiversité.
Comment peut-on, en effet, concilier la logique d'un marché mondialisé, fondé sur la recherche de la croissance et du profit avec une véritable protection de ce bien public mondial qu'est la qualité de notre environnement ?
Comment prendre en compte la spécificité des pays en voie de développement, qui sont par ailleurs souvent les plus exposés sur l'échelle des préjudices climatiques et des catastrophes naturelles ?
Comment convaincre les pays émergents et, en particulier, le premier d'entre eux, la Chine, qui représente le cinquième de l'humanité, de se fixer des contraintes et d'utiliser moins de charbon pour nourrir sa croissance ?
La question du climat soulève un énorme défi démocratique, de nature universelle, car le principe de précaution se trouve écartelé entre un besoin de coopération planétaire et l'attachement des États à leur souveraineté. Elle interpelle la gouvernance de la planète dans son ensemble. Aussi, l'écosystème naturel doit-il être préservé par un écosystème politique.
Les citoyens du monde que nous sommes ont besoin de fondements communs, d'objectifs communs et d'un socle éthique commun.
Notre planète est devenue, pour le meilleur ou pour le pire, notre maison commune, l'espace domestique d'une communauté mondiale qui reste à inventer et construire . Et c'est par la persuasion, non par de grands discours, que son processus de dégradation pourra être inversé.
Les nombreux ateliers programmés dans le cadre de votre forum ne devraient pas manquer d'apporter une précieuse contribution à la recherche de solutions raisonnables, viables et durables.
Je vous réitère mes voeux de cordiale bienvenue au Sénat de la République et vous souhaite d'excellents travaux. (Source http://www.senat.fr, le 28 décembre 2005)
Chers amis,
Retenu par une obligation à laquelle il n'a pu se soustraire, Monsieur Christian PONCELET m'a demandé de vous souhaiter une très cordiale bienvenue, ce soir, dans les salons de Boffrand de la Présidence du Sénat.
Et c'est avec un vif plaisir et un grand intérêt que j'ai accepté d'ouvrir la séance inaugurale du troisième Forum du Développement Durable.
Je voudrais, tout d'abord, saluer notre ami Émile MALET, Directeur de la revue « Passages », et Président de l'association « ADApes », pour toutes ses initiatives : elles se traduisent par la tenue de séminaires et de colloques de haut niveau, sur des thèmes essentiels à la compréhension du monde et de sa constante évolution.
C'est ainsi que le Forum du Développement Durable est devenu un espace incontournable de réflexions pluridisciplinaires, croisant les approches de politiques et d'experts qui savent transmettre leurs expériences et leurs connaissances.
En écho à la Conférence des Nations Unies qui se déroule en ce moment à Montréal, cette troisième édition du Forum propose à notre réflexion une interrogation centrale pour le devenir de notre planète :« Face au désordre mondial : le climat et les patrimoines de l'humanité ».
Le climat de la terre a évolué depuis l'époque préindustrielle, mais la dernière décennie a probablement été la plus chaude du dernier millénaire. Et ce phénomène va s'amplifier.
La température moyenne de la planète devrait augmenter encore de 1,4° à 5,8°C d'ici 2070 à 2100, selon le dernier rapport d'évaluation du Groupement intergouvernemental d'experts sur le développement du climat.
Ce réchauffement a des conséquences importantes sur l'environnement et sur l'évolution des activités humaines. Il agit sur les écosystèmes et la biodiversité.
Il affecte aussi bien l'agriculture et la forêt que les ressources aquatiques, la désertification de certaines régions ou la santé.
Il est de nature à favoriser la fonte des glaciers ou l'élévation du niveau de la mer et peut accentuer des événements climatiques extrêmes tels que la sécheresse, les inondations ou les cyclones. Il se situe donc au premier rang des phénomènes majeurs du XXIème siècle.
S'il est aujourd'hui prouvé que le réchauffement climatique est, pour une grande part, imputable aux activités humaines, on peut se demander jusqu'où il peut augmenter sans mettre en péril l'équilibre de la planète et la vie de ses habitants. L'atmosphère terrestre est un bien commun, un patrimoine en indivision entre les hommes qui ne peuvent se permettre en l'occurrence de jouer aux apprentis sorciers.
Les effets de serre, qui ne s'arrêtent bien évidemment pas aux frontières de certains pays, constituent un risque majeur pour les citoyens du village planétaire que nous sommes devenus.
La naïveté serait d'imaginer qu'ils peuvent être jugulés sans la mise en oeuvre d'une action collective, concertée et consentie.
Aujourd'hui, un consensus se dessine sur la nécessité de réduire les émissions de gaz carbonique et l'évolution du climat se trouve au coeur de nombreuses négociations internationales.
Depuis la conférence de Rio, en 1992, en passant par la mise en oeuvre, depuis cette année, du protocole de Kyoto, le système mondial de protection de l'environnement a pu enregistrer des réussites que l'on ne saurait occulter.
Il est cependant impossible de passer sous silence le non engagement des Etats-Unis d'Amérique, premier émetteur de gaz carbonique. Et ce non engagement rend difficile la mise en oeuvre de sanctions.
La gouvernance internationale de l'environnement demeure encore défaillante sur de nombreux points, en raison d'un manque de cohésion, d'une trop lente adaptation aux nouvelles données et d'un manque de moyens juridiques et financiers.
Les moyens institutionnels pour traiter de l'effet de serre sont différents des moyens requis pour le contrôle des déchets dangereux ou le contrôle de la biodiversité.
Comment peut-on, en effet, concilier la logique d'un marché mondialisé, fondé sur la recherche de la croissance et du profit avec une véritable protection de ce bien public mondial qu'est la qualité de notre environnement ?
Comment prendre en compte la spécificité des pays en voie de développement, qui sont par ailleurs souvent les plus exposés sur l'échelle des préjudices climatiques et des catastrophes naturelles ?
Comment convaincre les pays émergents et, en particulier, le premier d'entre eux, la Chine, qui représente le cinquième de l'humanité, de se fixer des contraintes et d'utiliser moins de charbon pour nourrir sa croissance ?
La question du climat soulève un énorme défi démocratique, de nature universelle, car le principe de précaution se trouve écartelé entre un besoin de coopération planétaire et l'attachement des États à leur souveraineté. Elle interpelle la gouvernance de la planète dans son ensemble. Aussi, l'écosystème naturel doit-il être préservé par un écosystème politique.
Les citoyens du monde que nous sommes ont besoin de fondements communs, d'objectifs communs et d'un socle éthique commun.
Notre planète est devenue, pour le meilleur ou pour le pire, notre maison commune, l'espace domestique d'une communauté mondiale qui reste à inventer et construire . Et c'est par la persuasion, non par de grands discours, que son processus de dégradation pourra être inversé.
Les nombreux ateliers programmés dans le cadre de votre forum ne devraient pas manquer d'apporter une précieuse contribution à la recherche de solutions raisonnables, viables et durables.
Je vous réitère mes voeux de cordiale bienvenue au Sénat de la République et vous souhaite d'excellents travaux. (Source http://www.senat.fr, le 28 décembre 2005)