Texte intégral
Hier, J. Chirac a donné sa feuille de route au gouvernement pour 2006 : il a demandé une accélération de l,action gouvernementale. Est-ce que cela veut dire que, jusqu'ici, cela allait trop lentement ?
Je pense que le président de la République est tout à fait dans son rôle, et dès le soir de la Saint-Sylvestre il nous a fait un discours offensif, un discours positif, en essayant de montrer tout ce que la France est capable de réaliser. Il est le Président de la République, il a une santé extraordinaire. Ce qui m'amuse d'ailleurs c'est d'entendre toutes les supputations qui sont faites là-dessus. J'ai vu hier puisque c'était le jour des voeux du Parlement au Président de la République, un Président de la République en pleine forme.
Il a complètement récupéré ?
Bien entendu. Il donne des indications, une feuille de route au gouvernement, quoi de plus naturel et quoi de plus normal. Nous souhaitons tous le succès du gouvernement de la France.
Mais quand il dit qu'il faut accélérer, est-ce que cela veut dire que cela allait trop lentement ?
C'est le processus parlementaire qui va lentement, et d'ailleurs le président de l'Assemblée nationale, hier, ne s'est pas gêné pour le dire. Cette fois-ci, dans la législature actuelle, il y a eu plus de 100.000 amendements déposés, et la législature va encore courir pendant deux années, alors qu'il n'y avait que quelques dizaines de milliers d'amendements au début de la Ve République. Oui, il y a un processus qui fait que l'opposition se croit obligée de ralentir la volonté du gouvernement, cette volonté de réformes qui a été mise en place depuis déjà au moins trois ou quatre ans.
Donc, c'est de la faute de l'opposition, d'après vous ?
Ce n'est pas la faute de l'opposition, mais nous sommes dans un pays où tout est caricatural et quand l'opposition fait des propositions, c'est surtout pour ralentir l'action du gouvernement. Alors, il se peut d'ailleurs que, quand l'opposition était à droite, elle faisait à peu près la même chose, mais elle le faisait moins bien, car la droite est appelée à gouverner, quand elle est dans l'opposition, elle n'est pas très bonne.
C'est bien la première fois que vous rendez hommage à la gauche !
La gauche fait ce qu'elle doit faire. Nous allons voir, elle ironise beaucoup sur le camp de la droite républicaine, nous allons voir comment elle va se sortir sans primaires du candidat présidentiel de 2007.
Le Président dans ses voeux est revenu sur son idée de pénaliser les entreprises qui délocalisent et de favoriser celles qui embauchent en France. Techniquement, on ne voit pas très bien comment cela peut se faire.
C'est sans doute très difficile, bien entendu, puisqu'une partie des richesses ont déjà quitté notre pays et se trouve maintenant à l'étranger. Mais le président de la République a raison de dire aux forces patronales et à la présidente du MEDEF que les délocalisations ne sont pas acceptées par le peuple français. Des entreprises qui marchent bien, et nous en avions une à Marseille, Nestlé, où tout d'un coup les dirigeants de l'entreprise décident sans avoir rien dit à personne que l'on va délocaliser l'entreprise à l'étranger, c'est pas acceptable. Le peuple ne l'accepte pas et le président de la République a raison de le rappeler.
Vous parliez du MEDEF, L. Parisot, sa présidente, a dit que ce que disait J. Chirac était un petit peu simpliste, que c'était beaucoup plus compliqué que ça.
Que madame Parisot, justement, dise bien à ses chefs d'entreprise qu'il y a des règles dans ce pays à respecter. Lorsque vous avez quelques chefs d'entreprise qui la nuit subrepticement viennent débarrasser dans leurs usines tous les outils nécessaires et toutes les machines indispensables, le font en catimini et laissent les gens dans le chômage, ce n'est pas acceptable, voilà. Et madame Parisot doit commencer par donner des instructions justement à ses pairs, et ensuite elle pourra peut-être alors critiquer le président de la République et le gouvernement.
L'autre dossier, c'est l'immigration. J. Chirac a demandé de freiner l'immigration clandestine. N. Sarkozy prépare un projet de loi dont la grande idée c'est l'immigration choisie, c'est-à-dire qu'on recevrait les étrangers qui sont utiles à l'économie. Est-ce que cela vous paraît être la bonne solution ?
Oui, je pense que N. Sarkozy travaille beaucoup sur ce sujet. D'ailleurs l'UMP a déjà réfléchi, proposé, a joué son rôle un peu d'aiguillon à l'égard du Gouvernement, et je crois qu'il faut le faire. Vous savez, dans les années 95 ou 97, j'étais ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration, à cette époque-là je proposais au Premier ministre et au président de la République, la naturalisation d'environ 100.000 étrangers par an. Je crois que ce chiffre aujourd'hui a augmenté. Notre pays est un des pays au monde où l'on accueille le plus les étrangers. Mais attention, il y a aussi des limites. Je vais vous donner deux exemples que je choisis à Marseille. A Marseille, au coeur de la ville, c'est-à-dire au tour de la Canebière, que vous connaissiez bien, dans nos écoles communales nous accueillons à peu près 600 gosses qu'on appelle des primo-arrivants et le ministre de l'Education nationale, venant faire sa prérentrée, en septembre dernier, a pu constater cela. Cela veut dire que l'on nous apporte des enfants dont les parents refusent de nous donner leur adresse, soit parce qu'ils n'en ont pas - ils vont d'un squat à un autre squat, d'un hôtel meublé à un autre hôtel meublé -, soit parce qu'ils sont dans une situation irrégulière et que bien entendu, ils ne veulent pas nous le dire, de peur que nous le disions - ce que nous ne faisons pas - à la police. Sauf, que ces gosses nous les accueillons, sauf que ces gosses nous les nourrissons, c'est la générosité des Marseillais, cela peut durer quelques années - et ça dure - , cela ne peut pas durer tout le temps.
Ce n'est pas le rôle de la générosité française ?
Et par conséquent, sur ce texte-là, il y aura un certain nombre de vérifications des choses. Deuxième exemple, toujours dans les hôpitaux de Marseille, vous avez des jeunes qui sont algériens, vous avez des jeunes qui sont colombiens, qui sont auprès des grands médecins, des grands professeurs de médecine et qui se forment. Lorsqu'ils auront fini cette formation, ils seront d'excellents médecins ou d'excellents chirurgiens. Il ne serait pas anormal qu'ils rendent à notre pays pendant un an, pendant deux ans une contribution de travail eu égard à la formation et au savoir-faire qu'on leur aura inculqués.
Autrement dit, qu'on leur donne un permis de travail ?
Mais bien entendu, et qu'ils puissent rendre un peu à la société française ce que par ailleurs elle leur aura apporté.
Mais cette immigration choisie, est-ce que ce n'est pas la politique de quotas dont D. de Villepin ne voulait pas entendre parler ?
Non, je crois que dans le texte il n'est pas question de quotas.
Mais est-ce que ce n'est pas la même chose ?
Il est temps de faire un effort important dans ce domaine, et je pense que N. Sarkozy a la volonté de le faire, le Premier ministre aussi ; quant au Président de la République - je l'ai entendu hier après-midi aux voeux du Parlement, à l'Elysée -, il soutient bien entendu tout à fait ce texte. Donc, là-dessus les journalistes auront du mal à trouver encore une fois une opposition entre le Président de la République et le président de l'UMP.
Vous parliez de N. Sarkozy, est-ce le meilleur candidat de l'UMP pour la présidentielle ?
Nous sommes encore loin de cette période-là. N. Sarkozy participe au gouvernement de D. de Villepin et nous voulons son succès. N. Sarkozy aura, en une année, réalisé ce que nous n'avions jamais fait, c'est-à-dire un véritable parti politique, une véritable force politique capable de proposer, capable d'étudier et capable de préparer un projet législatif et même des candidats, vous savez que c'est quelque chose dont je m'occupe personnellement à l'intérieur de l'UMP.
Et donc, pour vous, c'est le bon candidat ? Et je pense que N. Sarkozy a toutes les capacités pour le faire, mais l'heure n'est pas encore venue. Pour l'instant, D. de Villepin, lui, dirige le gouvernement, il le dirige d'ailleurs avec un certain succès.
Je pense que le président de la République est tout à fait dans son rôle, et dès le soir de la Saint-Sylvestre il nous a fait un discours offensif, un discours positif, en essayant de montrer tout ce que la France est capable de réaliser. Il est le Président de la République, il a une santé extraordinaire. Ce qui m'amuse d'ailleurs c'est d'entendre toutes les supputations qui sont faites là-dessus. J'ai vu hier puisque c'était le jour des voeux du Parlement au Président de la République, un Président de la République en pleine forme.
Il a complètement récupéré ?
Bien entendu. Il donne des indications, une feuille de route au gouvernement, quoi de plus naturel et quoi de plus normal. Nous souhaitons tous le succès du gouvernement de la France.
Mais quand il dit qu'il faut accélérer, est-ce que cela veut dire que cela allait trop lentement ?
C'est le processus parlementaire qui va lentement, et d'ailleurs le président de l'Assemblée nationale, hier, ne s'est pas gêné pour le dire. Cette fois-ci, dans la législature actuelle, il y a eu plus de 100.000 amendements déposés, et la législature va encore courir pendant deux années, alors qu'il n'y avait que quelques dizaines de milliers d'amendements au début de la Ve République. Oui, il y a un processus qui fait que l'opposition se croit obligée de ralentir la volonté du gouvernement, cette volonté de réformes qui a été mise en place depuis déjà au moins trois ou quatre ans.
Donc, c'est de la faute de l'opposition, d'après vous ?
Ce n'est pas la faute de l'opposition, mais nous sommes dans un pays où tout est caricatural et quand l'opposition fait des propositions, c'est surtout pour ralentir l'action du gouvernement. Alors, il se peut d'ailleurs que, quand l'opposition était à droite, elle faisait à peu près la même chose, mais elle le faisait moins bien, car la droite est appelée à gouverner, quand elle est dans l'opposition, elle n'est pas très bonne.
C'est bien la première fois que vous rendez hommage à la gauche !
La gauche fait ce qu'elle doit faire. Nous allons voir, elle ironise beaucoup sur le camp de la droite républicaine, nous allons voir comment elle va se sortir sans primaires du candidat présidentiel de 2007.
Le Président dans ses voeux est revenu sur son idée de pénaliser les entreprises qui délocalisent et de favoriser celles qui embauchent en France. Techniquement, on ne voit pas très bien comment cela peut se faire.
C'est sans doute très difficile, bien entendu, puisqu'une partie des richesses ont déjà quitté notre pays et se trouve maintenant à l'étranger. Mais le président de la République a raison de dire aux forces patronales et à la présidente du MEDEF que les délocalisations ne sont pas acceptées par le peuple français. Des entreprises qui marchent bien, et nous en avions une à Marseille, Nestlé, où tout d'un coup les dirigeants de l'entreprise décident sans avoir rien dit à personne que l'on va délocaliser l'entreprise à l'étranger, c'est pas acceptable. Le peuple ne l'accepte pas et le président de la République a raison de le rappeler.
Vous parliez du MEDEF, L. Parisot, sa présidente, a dit que ce que disait J. Chirac était un petit peu simpliste, que c'était beaucoup plus compliqué que ça.
Que madame Parisot, justement, dise bien à ses chefs d'entreprise qu'il y a des règles dans ce pays à respecter. Lorsque vous avez quelques chefs d'entreprise qui la nuit subrepticement viennent débarrasser dans leurs usines tous les outils nécessaires et toutes les machines indispensables, le font en catimini et laissent les gens dans le chômage, ce n'est pas acceptable, voilà. Et madame Parisot doit commencer par donner des instructions justement à ses pairs, et ensuite elle pourra peut-être alors critiquer le président de la République et le gouvernement.
L'autre dossier, c'est l'immigration. J. Chirac a demandé de freiner l'immigration clandestine. N. Sarkozy prépare un projet de loi dont la grande idée c'est l'immigration choisie, c'est-à-dire qu'on recevrait les étrangers qui sont utiles à l'économie. Est-ce que cela vous paraît être la bonne solution ?
Oui, je pense que N. Sarkozy travaille beaucoup sur ce sujet. D'ailleurs l'UMP a déjà réfléchi, proposé, a joué son rôle un peu d'aiguillon à l'égard du Gouvernement, et je crois qu'il faut le faire. Vous savez, dans les années 95 ou 97, j'étais ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration, à cette époque-là je proposais au Premier ministre et au président de la République, la naturalisation d'environ 100.000 étrangers par an. Je crois que ce chiffre aujourd'hui a augmenté. Notre pays est un des pays au monde où l'on accueille le plus les étrangers. Mais attention, il y a aussi des limites. Je vais vous donner deux exemples que je choisis à Marseille. A Marseille, au coeur de la ville, c'est-à-dire au tour de la Canebière, que vous connaissiez bien, dans nos écoles communales nous accueillons à peu près 600 gosses qu'on appelle des primo-arrivants et le ministre de l'Education nationale, venant faire sa prérentrée, en septembre dernier, a pu constater cela. Cela veut dire que l'on nous apporte des enfants dont les parents refusent de nous donner leur adresse, soit parce qu'ils n'en ont pas - ils vont d'un squat à un autre squat, d'un hôtel meublé à un autre hôtel meublé -, soit parce qu'ils sont dans une situation irrégulière et que bien entendu, ils ne veulent pas nous le dire, de peur que nous le disions - ce que nous ne faisons pas - à la police. Sauf, que ces gosses nous les accueillons, sauf que ces gosses nous les nourrissons, c'est la générosité des Marseillais, cela peut durer quelques années - et ça dure - , cela ne peut pas durer tout le temps.
Ce n'est pas le rôle de la générosité française ?
Et par conséquent, sur ce texte-là, il y aura un certain nombre de vérifications des choses. Deuxième exemple, toujours dans les hôpitaux de Marseille, vous avez des jeunes qui sont algériens, vous avez des jeunes qui sont colombiens, qui sont auprès des grands médecins, des grands professeurs de médecine et qui se forment. Lorsqu'ils auront fini cette formation, ils seront d'excellents médecins ou d'excellents chirurgiens. Il ne serait pas anormal qu'ils rendent à notre pays pendant un an, pendant deux ans une contribution de travail eu égard à la formation et au savoir-faire qu'on leur aura inculqués.
Autrement dit, qu'on leur donne un permis de travail ?
Mais bien entendu, et qu'ils puissent rendre un peu à la société française ce que par ailleurs elle leur aura apporté.
Mais cette immigration choisie, est-ce que ce n'est pas la politique de quotas dont D. de Villepin ne voulait pas entendre parler ?
Non, je crois que dans le texte il n'est pas question de quotas.
Mais est-ce que ce n'est pas la même chose ?
Il est temps de faire un effort important dans ce domaine, et je pense que N. Sarkozy a la volonté de le faire, le Premier ministre aussi ; quant au Président de la République - je l'ai entendu hier après-midi aux voeux du Parlement, à l'Elysée -, il soutient bien entendu tout à fait ce texte. Donc, là-dessus les journalistes auront du mal à trouver encore une fois une opposition entre le Président de la République et le président de l'UMP.
Vous parliez de N. Sarkozy, est-ce le meilleur candidat de l'UMP pour la présidentielle ?
Nous sommes encore loin de cette période-là. N. Sarkozy participe au gouvernement de D. de Villepin et nous voulons son succès. N. Sarkozy aura, en une année, réalisé ce que nous n'avions jamais fait, c'est-à-dire un véritable parti politique, une véritable force politique capable de proposer, capable d'étudier et capable de préparer un projet législatif et même des candidats, vous savez que c'est quelque chose dont je m'occupe personnellement à l'intérieur de l'UMP.
Et donc, pour vous, c'est le bon candidat ? Et je pense que N. Sarkozy a toutes les capacités pour le faire, mais l'heure n'est pas encore venue. Pour l'instant, D. de Villepin, lui, dirige le gouvernement, il le dirige d'ailleurs avec un certain succès.