Déclaration de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités, sur les premiers résultats de la mise en oeuvre du Plan de lutte contre le cancer, Paris le 5 octobre 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : 3èmes rencontres parlementaires sur le cancer

Texte intégral

Avec 400 décès par jour, le cancer reste la première cause de mortalité prématurée dans notre pays. Avec 260 000 nouveaux cas par an, le cancer provoque une onde de choc qui dépasse le temps du soin, et qui est toujours considérable pour ceux qui en sont victimes. Il fallait un engagement sans précédent, et ces 3èmes rencontres parlementaires ont été l'occasion d'aborder tous les aspects de la mobilisation autour de cette priorité du Président de la République.
Le Plan de lutte contre le cancer a permis de franchir des étapes importantes. Ses 70 mesures s'organisent autour de sept axes : la prévention, le dépistage, l'amélioration de la qualité des soins, l'accompagnement social plus humain et plus solidaire, la formation des professionnels, la recherche et la coordination. Les premières réussites sont là, dans tous les domaines. Mais comme l'a souligné le Président de la République ce matin en Conseil des ministres, pour les malades, leurs familles et leurs proches, ces progrès sont encore insuffisants : nous leur devons un nouvel élan en la matière. Le meilleur moyen de ne pas mourir d'un cancer est de prévenir son apparition et le meilleur moyen d'en guérir est de bénéficier d'un diagnostic précoce. En matière de prévention, le Plan cancer vise à limiter les agressions contre l'organisme. C'est le cas pour la lutte contre le tabac. Grâce à une action volontariste, nous avons réalisé d'importants progrès : les jeunes fument de moins en moins, et c'est le résultat d'un travail approfondi de pédagogie. D'autres actions fortes, dans ce domaine, viendront prochainement apporter une nouvelle preuve de notre détermination.
Complément indispensable des actions à long terme, le dépistage constitue un des leviers majeurs du Plan cancer. Le cancer du sein est responsable de plus de 11 000 décès chaque année et représente à lui seul 93 % de l'augmentation globale de l'incidence des cancers chez la femme. Le cancer du colon subit également une forte augmentation ces dernières années. Depuis cette année, un dépistage systématique du cancer colorectal a été institué pour les personnes de 60 à 74 ans. Nous souhaitons le généraliser d'ici 2006. S'agissant du cancer du sein, le nombre de femmes qui s'engagent dans le dépistage est encore trop faible (environ 40 %). C'est pourquoi nous avons confié à l'INCa la mise en ?uvre d'une nouvelle stratégie en matière de dépistage, qui devrait, tous cancers confondus, nous permettre de sauver 8 000 vies par an.
Le Plan cancer a également permis une meilleure prise en charge des patients et une amélioration de leur vie quotidienne. Il s'agit d'une amélioration quantitative mais aussi qualitative, afin de permettre le meilleur traitement de proximité sur le territoire. En termes financiers, 16 millions d'euros ont été consacrés en 2005 aux centres de coordination en cancérologie au niveau de chaque établissement. Nous souhaitons également développer la prise en compte de la spécificité des soins pour les enfants. Je souhaite par ailleurs que puisse exister un véritable parcours de soins dans la lutte contre le cancer. Pour cela, le travail en réseau de tous les professionnels doit être encouragé. La concertation pluridisciplinaire, pour définir la stratégie thérapeutique la mieux adaptée, a déjà été mise en place. Ces progrès ne pourront se concrétiser sans une augmentation des professionnels de santé agissant pour le traitement de la maladie et sur ses séquelles.
L'amélioration des soins passe aussi par un meilleur accès aux innovations, technologiques ou médicamenteuses. Grâce à de nouveaux équipements, le délai pour bénéficier d'une IRM est passé en trois ans de quarante à vingt jours.
L'amélioration des soins passe aussi par une vie quotidienne plus facile pour les patients et leurs familles. Cela suppose de prendre en compte l'humanité du patient. Il nous faut donc promouvoir une meilleure prise en charge, médicale mais aussi médico-sociale et psychologique. La prise en charge de la douleur est un autre facteur d'amélioration du quotidien de ces personnes. Des consultations anti-douleur ont déjà été mises en place dans tous les départements, et l'objectif de 191 structures d'accueil sera atteint fin 2005. Nous souhaitons également développer l'hospitalisation à domicile, l'assurance maladie consacrant 50 millions d'euros à ce poste en 2005.
Enfin, il ne faudrait pas négliger l'impact psychologique de la maladie et des traitements, pour le patient et sa famille. Pour surmonter l'expérience de la maladie après la guérison, il est légitime de vouloir faire disparaître les séquelles physiques de la maladie. Ainsi, pour les patientes ayant subi une mammectomie, la première prothèse intégralement remboursée est accessible depuis le mois de février dernier. Des dispositifs d'aide ménagère et d'aide à la garde des enfants ont aussi été créés. Il faut aller plus loin en la matière, en permettant par exemple aux personnes victimes d'un cancer de souscrire des emprunts.
Le Plan cancer va aussi favoriser la mise en ?uvre des traitements de demain. Les cancéropôles représentent 32 programmes de recherche mis au service de l'innovation thérapeutique. Nous souhaitons également mettre en ?uvre une meilleure organisation de la recherche clinique en cancérologie, et plus de 35 réseaux de recherche clinique ont déjà été créés en France. Ils seront ouverts à tous les praticiens, publics comme privés, et un recueil de protocoles est en cours d'élaboration. La recherche apporte de nouveaux espoirs. Elle peut aussi apporter des améliorations quotidiennes pour les patients, si nous savons coordonner l'ensemble des dispositifs de lutte contre le cancer. Les premiers résultats prouvent la justesse de cette approche globale du problème. Ils démontrent aussi la nécessité de poursuivre nos efforts, et de changer de regard sur le cancer, en approfondissant notre écoute vis-à-vis de ceux qui sont touchés par cette maladie. Nous leur devons aussi l'espoir de voir leur vie redevenir normale. Nous avons les outils indispensables pour mener cette lutte et la volonté très ferme de la conduire. Merci à tous.