Texte intégral
Q- C?est la fin de la session parlementaire, avec cette nuit, le vote définitif du budget. Un budget avec le plafonnement des impôts, des baisses d?impôts sur le revenu ; vous n?avez pas voté : toujours pas de regrets ?
R- Non, pas de regrets, parce que je pense que les Français vont vite voir que c?est un budget très injuste. Parce qu?il vaut mieux avoir un gros patrimoine, aujourd?hui, en France, c?est 250 millions de baisses pour les plus fortunés des Français, Par contre, on voit, par exemple, la suppression de la diminution d?impôts pour l?aide à Emmaüs ou encore la fiscalisation du Plan d?épargne logement, c?est-à-dire l?épargne populaire. Et puis, on est convaincus que tout cela va avoir des conséquences pour l?impôt local, puisque, finalement, c?est ce que ce Gouvernement a fait. Et puis, il creuse les déficits. Hier soir, en dernière minute, le Gouvernement a même déposé un amendement pour rajouter 150 millions de dépenses supplémentaires. Il y a un double langage, et puis, surtout, il y a des résultats qui sont vraiment catastrophiques.
Q- Néanmoins, à première vue, le Premier ministre a le vent en poupe, il monte dans les sondages, il annonce une année 2006 "d?action, une année utile", avec une baisse du chômage. Qu?est-ce que vous en pensez ?
R- "Année utile" ? Tous les ans on nous annonce que l?année prochaine va être "une année utile", et à chaque fois nous avons des résultats futiles, cela fait quatre ans que cela dure, alors je n?ai pas très confiance. C?est sûr que le style de D. de Villepin a une certaine allure...
Q- Il annonce beaucoup de choses, il agit partout...
R- Oui, d?accord, mais prenons un exemple : il annonce qu?il va diminuer les déficits, mais à partir de 2007 pour 2012, c?est-à-dire, au fond, après les élections. Et en attendant, il annonce des baisses des statistiques du chômage. Simplement, il oublie de dire que les RMIstes augmentent de 5,2 % en un an. Donc là, on voit bien la réalité. Et puis, [pour ce qui concerne] les créations d?emplois nettes dans le secteur marchand - c?est-à-dire les emplois dus à l?activité économique -, zéro % ! Alors où est la réalité ? Les injustices progressent, les Français ont l?impression de vivre dans une forme d?insécurité sociale, et je répète, encore une fois, sauf pour les gros patrimoines.
Q- En même temps, il multiplie les initiatives, et on a même le sentiment qu?il vous vole un peu vos idées, vos thèmes : il parle de "croissance sociale", il parle de "sécurisation des parcours professionnels", il parle d?"exigence républicaine". Il ne va plus rien vous rester dans votre programme en 2007...
R- Vous savez, ce ne sont pas les mots qui font la réalité.
Q- Là, c?est plus que les mots, ce sont les idées...
R- ...Ce ne sont ni les mots ni les idées. Qu?on parle de la République de ces valeurs, de la nécessité de la cohésion nationale et sociale, cela ne me gêne pas, c?est la France. Simplement, il ne suffit pas que de le proclamer, il faut le faire vivre concrètement. N?oublions quand même pas que nous avons eu, il y a quelques semaines, une grave crise dans les banlieues, dans les cités. Et où en est-on aujourd?hui ? Qu?est-ce qu?on fait ? C?est cela qui m?intéresse, c?est quel espoir va-t-on donner à tous ceux qui, aujourd?hui, ne croient plus vraiment dans l?idée d?intégration républicaine. C?est tout simplement parce que notre modèle social est en panne, que l?ascenseur social est en panne. Et pour résoudre ces maux profonds de la France, il ne suffit pas d?employer des mots comme le fait M. de Villepin.
Q- Puisque vous parlez des banlieues - ce n?est pas tout à fait les banlieues, c?est dans un quartier difficile à Etampes -, une enseignante a été agressée à coups de couteau. Le ministre Robien propose de mettre des permanences police-justice dans les établissements scolaires et également des portiques de sécurité à l?entrée.
R- Je pense qu?il faut que l?autorité des maîtres soit réaffirmée et que, dans les classes, les professeurs soient respectés, c?est une évidence. Il y a un énorme travail à faire. Et donc, dans le drame que nous venons de connaître, il faut que toute la vérité soit faite. Quelles sont les responsabilités ? Est-ce que l'éducation nationale a vraiment aidé cette enseignante ? Puis, la justice doit passer. Mais au-delà de ça, je crois que si l?on croit qu?on va régler les problèmes éducatifs par des mesures de police, par des portiques dans les collèges et les lycées, on se trompe lourdement, malheureusement. Parce qu?il faut agir sur les causes de tout cela, il faut aider les équipes éducatives, il faut leur donner des moyens, avec la formation.
Q- Mettre des magistrats ou des policiers n?est pas une bonne idée ?
R- Franchement, vous croyez que les problèmes de mal-être de certains jeunes, les problèmes de mauvaise orientation de certains jeunes, les problèmes familiaux de certains jeunes vont se régler uniquement par des solutions policières et par des portiques ? Franchement, personne n?y croit ! Donc, qu?on met des assistantes sociales, des psychologues scolaires, des éducateurs, qu?on aide les enseignants à être mieux formés, qu?on oriente mieux les élèves ! Enfin, finalement, qu?on fasse de l?école, l?école de la réussite, et c?est là le défi. Qu?est-ce qui s?est passé depuis quatre ans ? On a vu la diminution des moyens en maîtres, en professeurs, on supprime les médecins scolaires, les assistantes sociales, c?est ça la réalité ! Alors, si l?on croit, comme ça, avec un effet d'annonce, qu?on va régler les problèmes, malheureusement, ils risquent de demeurer et de s?aggraver.
Q- Le sondage du jour concerne le chef de l?Etat, il n?est pas bon : un Français sur trois souhaiterait qu?il démissionne avant la fin de son mandat ; il y en a la moitié qui disent qu?ils ont une mauvaise
opinion de lui.
R- Je crois que le temps de J. Chirac est passé, c?est-à-dire le temps de faire de la politique d?une certaine façon. C?est-à-dire de tenir un discours, de faire des promesses et faire tout le contraire quand on est aux responsabilités. C?est cela que les Français ne veulent plus et qu?ils rejettent. Et c?est pour cela qu?il y a un besoin profond de renouveau de la politique en France, aujourd?hui, et que toutes les personnalités qui incarnent la vieille politique sont dévaluées, d?une certaine façon. Mais je pense que c?est légitime ; il faut un sursaut, c?est ce qu?attendent les Français.
Q- De cette session parlementaire, on retient également la polémique qu?il y a eu autour des effets positifs de la colonisation. Et maintenant, une deuxième polémique entre historiens, sur le fait de savoir si c?est à la loi, si c?est au Parlement, de dire ce qu?il doit y avoir dans les manuels scolaires, et d?orienter le travail des historiens.
R- Je crois que les historiens posent une bonne question. Si la loi écrit l?histoire et le contenu des manuels scolaires, comme la majorité l?a fait, en maintenant cet amendement qui définit le rôle positif de la colonisation, cela ne peut que conduire à l?écriture d?une histoire officielle, ce qui est inacceptable.
Q- Il y en a qui vont plus loin et qui disent que même la loi Gayssot, par exemple, n?est pas une bonne loi.
R- Je ne partage pas ce sentiment parce que la loi Gayssot permet de condamner le négationnisme de la Shoah. Donc, il faut faire très très attention. Maintenant, que les historiens rappellent que chacun doit faire son travail, que les historiens doivent pouvoir en toute liberté faire leur travail de recherche pour éclairer les citoyens, pour leur faire mieux comprendre l?histoire et les mécanismes de l?histoire, et pour mieux jouer leur rôle de citoyens, ça, c?est toute leur responsabilité. Par contre, il appartient au politique et aux responsables politiques de travailler à une mémoire partagée. C?est un peu ce qui se passe aujourd?hui en France, où il y a un problème de confiance en soi, dans l?identité nationale. Je pense que c?est aux responsables politiques de faire ce travail sans tomber dans des formes de mémoire communautariste qui seraient effectivement très dangereuses pour l?unité de la nation.
Q- Quelques mots sur ce qui se passe à gauche : une rencontre, hier,entre le Parti communiste et le Parti socialiste, avec l?idée d?une réunion pour travailler sur un programme de gouvernement, mais sans la Ligue communiste révolutionnaire. En tout cas, les communistes voudraient que la Ligue soit là et les socialistes ne veulent pas.
R- Nous sommes pour le rassemblement de la gauche, pour une gauche qui accepte de prendre les responsabilités de l?Etat. Si c?est uniquement pour être dans la protestation comme l?extrême gauche, a quoi aboutira t-on ? On aboutira à l?échec de la gauche.
Q- Donc, pas de Ligue communiste ?
R- Franchement, je pense que tout le monde a bien compris que ce qu?il
fallait, c?est la clarté. La clarté sur la base d?un contrat, d?un
engagement réciproque pour gouverner, et pour qu?en 2007, on se
retrouve pas comme en 2002. Franchement, je pense que c?est ce que
veut la majorité des Français, en tout état de cause, et à gauche, c?est
évident.
Q- Les primaires, c?est fini, on n?en parle plus ?
R- Les primaires à l?intérieur de la gauche, vous voyez que c?est compliqué. Mais à l?intérieur du Parti socialiste, je n?y suis pas hostile.
Q- Ah bon ?
R- C?est-à-dire faire en sorte que notre candidat ne soit pas seulement désigné par les 50.000 adhérents du Parti socialiste, mais par les sympathisants qui feraient la démarche de s?inscrire et qui pourraient créer une véritable dynamique politique.
Q- Vous êtes toujours partisan... ?
R- Oui, je parle de la désignation du candidat socialiste. C?est une question qu?il faut poser, parce que si l?on veut créer une relation avec nos électeurs, avec les électeurs de la gauche, les électeurs socialistes qui voudraient vraiment qu?on s?engage dans la réussite, cela vaut peut-être le coup d?essayer.
Q- L?événement à gauche, c?est "l?effet Ségolène" dans les sondages, ces derniers temps, qui est passée en tête comme meilleure candidate. Qu?est-ce que vous en pensez ?
R- Je crois que cela révèle une attente très profonde de renouveau, et ce renouveau il sera incarné par un homme ou une femme, à l?évidence. Et une femme président de la République, pourquoi pas ? En tout cas, c?est ce que pensent les Français, à juste titre. Par contre, il faut que cette personnalité, quelle qu?elle soit, soit porteuse d?une vision, d?un projet pour la France, qui soient vraiment clairs, parce que notre pays traverse une vraie crise aujourd?hui.
Q- Et ceux qui disent qu?elle n?a peut-être pas une vision suffisamment large en matière économique, sociale... ?
R- Je crois qu?elle incarne ce renouveau et qu?elle parle aussi des valeurs. Je pense que ce qui est important, c?est qu?on parle de la France et qu?on redonne de l?énergie et de la confiance dans l?avenir à la France, mais aussi aux Français la fierté d?être français.
(Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 décembre 2005)
R- Non, pas de regrets, parce que je pense que les Français vont vite voir que c?est un budget très injuste. Parce qu?il vaut mieux avoir un gros patrimoine, aujourd?hui, en France, c?est 250 millions de baisses pour les plus fortunés des Français, Par contre, on voit, par exemple, la suppression de la diminution d?impôts pour l?aide à Emmaüs ou encore la fiscalisation du Plan d?épargne logement, c?est-à-dire l?épargne populaire. Et puis, on est convaincus que tout cela va avoir des conséquences pour l?impôt local, puisque, finalement, c?est ce que ce Gouvernement a fait. Et puis, il creuse les déficits. Hier soir, en dernière minute, le Gouvernement a même déposé un amendement pour rajouter 150 millions de dépenses supplémentaires. Il y a un double langage, et puis, surtout, il y a des résultats qui sont vraiment catastrophiques.
Q- Néanmoins, à première vue, le Premier ministre a le vent en poupe, il monte dans les sondages, il annonce une année 2006 "d?action, une année utile", avec une baisse du chômage. Qu?est-ce que vous en pensez ?
R- "Année utile" ? Tous les ans on nous annonce que l?année prochaine va être "une année utile", et à chaque fois nous avons des résultats futiles, cela fait quatre ans que cela dure, alors je n?ai pas très confiance. C?est sûr que le style de D. de Villepin a une certaine allure...
Q- Il annonce beaucoup de choses, il agit partout...
R- Oui, d?accord, mais prenons un exemple : il annonce qu?il va diminuer les déficits, mais à partir de 2007 pour 2012, c?est-à-dire, au fond, après les élections. Et en attendant, il annonce des baisses des statistiques du chômage. Simplement, il oublie de dire que les RMIstes augmentent de 5,2 % en un an. Donc là, on voit bien la réalité. Et puis, [pour ce qui concerne] les créations d?emplois nettes dans le secteur marchand - c?est-à-dire les emplois dus à l?activité économique -, zéro % ! Alors où est la réalité ? Les injustices progressent, les Français ont l?impression de vivre dans une forme d?insécurité sociale, et je répète, encore une fois, sauf pour les gros patrimoines.
Q- En même temps, il multiplie les initiatives, et on a même le sentiment qu?il vous vole un peu vos idées, vos thèmes : il parle de "croissance sociale", il parle de "sécurisation des parcours professionnels", il parle d?"exigence républicaine". Il ne va plus rien vous rester dans votre programme en 2007...
R- Vous savez, ce ne sont pas les mots qui font la réalité.
Q- Là, c?est plus que les mots, ce sont les idées...
R- ...Ce ne sont ni les mots ni les idées. Qu?on parle de la République de ces valeurs, de la nécessité de la cohésion nationale et sociale, cela ne me gêne pas, c?est la France. Simplement, il ne suffit pas que de le proclamer, il faut le faire vivre concrètement. N?oublions quand même pas que nous avons eu, il y a quelques semaines, une grave crise dans les banlieues, dans les cités. Et où en est-on aujourd?hui ? Qu?est-ce qu?on fait ? C?est cela qui m?intéresse, c?est quel espoir va-t-on donner à tous ceux qui, aujourd?hui, ne croient plus vraiment dans l?idée d?intégration républicaine. C?est tout simplement parce que notre modèle social est en panne, que l?ascenseur social est en panne. Et pour résoudre ces maux profonds de la France, il ne suffit pas d?employer des mots comme le fait M. de Villepin.
Q- Puisque vous parlez des banlieues - ce n?est pas tout à fait les banlieues, c?est dans un quartier difficile à Etampes -, une enseignante a été agressée à coups de couteau. Le ministre Robien propose de mettre des permanences police-justice dans les établissements scolaires et également des portiques de sécurité à l?entrée.
R- Je pense qu?il faut que l?autorité des maîtres soit réaffirmée et que, dans les classes, les professeurs soient respectés, c?est une évidence. Il y a un énorme travail à faire. Et donc, dans le drame que nous venons de connaître, il faut que toute la vérité soit faite. Quelles sont les responsabilités ? Est-ce que l'éducation nationale a vraiment aidé cette enseignante ? Puis, la justice doit passer. Mais au-delà de ça, je crois que si l?on croit qu?on va régler les problèmes éducatifs par des mesures de police, par des portiques dans les collèges et les lycées, on se trompe lourdement, malheureusement. Parce qu?il faut agir sur les causes de tout cela, il faut aider les équipes éducatives, il faut leur donner des moyens, avec la formation.
Q- Mettre des magistrats ou des policiers n?est pas une bonne idée ?
R- Franchement, vous croyez que les problèmes de mal-être de certains jeunes, les problèmes de mauvaise orientation de certains jeunes, les problèmes familiaux de certains jeunes vont se régler uniquement par des solutions policières et par des portiques ? Franchement, personne n?y croit ! Donc, qu?on met des assistantes sociales, des psychologues scolaires, des éducateurs, qu?on aide les enseignants à être mieux formés, qu?on oriente mieux les élèves ! Enfin, finalement, qu?on fasse de l?école, l?école de la réussite, et c?est là le défi. Qu?est-ce qui s?est passé depuis quatre ans ? On a vu la diminution des moyens en maîtres, en professeurs, on supprime les médecins scolaires, les assistantes sociales, c?est ça la réalité ! Alors, si l?on croit, comme ça, avec un effet d'annonce, qu?on va régler les problèmes, malheureusement, ils risquent de demeurer et de s?aggraver.
Q- Le sondage du jour concerne le chef de l?Etat, il n?est pas bon : un Français sur trois souhaiterait qu?il démissionne avant la fin de son mandat ; il y en a la moitié qui disent qu?ils ont une mauvaise
opinion de lui.
R- Je crois que le temps de J. Chirac est passé, c?est-à-dire le temps de faire de la politique d?une certaine façon. C?est-à-dire de tenir un discours, de faire des promesses et faire tout le contraire quand on est aux responsabilités. C?est cela que les Français ne veulent plus et qu?ils rejettent. Et c?est pour cela qu?il y a un besoin profond de renouveau de la politique en France, aujourd?hui, et que toutes les personnalités qui incarnent la vieille politique sont dévaluées, d?une certaine façon. Mais je pense que c?est légitime ; il faut un sursaut, c?est ce qu?attendent les Français.
Q- De cette session parlementaire, on retient également la polémique qu?il y a eu autour des effets positifs de la colonisation. Et maintenant, une deuxième polémique entre historiens, sur le fait de savoir si c?est à la loi, si c?est au Parlement, de dire ce qu?il doit y avoir dans les manuels scolaires, et d?orienter le travail des historiens.
R- Je crois que les historiens posent une bonne question. Si la loi écrit l?histoire et le contenu des manuels scolaires, comme la majorité l?a fait, en maintenant cet amendement qui définit le rôle positif de la colonisation, cela ne peut que conduire à l?écriture d?une histoire officielle, ce qui est inacceptable.
Q- Il y en a qui vont plus loin et qui disent que même la loi Gayssot, par exemple, n?est pas une bonne loi.
R- Je ne partage pas ce sentiment parce que la loi Gayssot permet de condamner le négationnisme de la Shoah. Donc, il faut faire très très attention. Maintenant, que les historiens rappellent que chacun doit faire son travail, que les historiens doivent pouvoir en toute liberté faire leur travail de recherche pour éclairer les citoyens, pour leur faire mieux comprendre l?histoire et les mécanismes de l?histoire, et pour mieux jouer leur rôle de citoyens, ça, c?est toute leur responsabilité. Par contre, il appartient au politique et aux responsables politiques de travailler à une mémoire partagée. C?est un peu ce qui se passe aujourd?hui en France, où il y a un problème de confiance en soi, dans l?identité nationale. Je pense que c?est aux responsables politiques de faire ce travail sans tomber dans des formes de mémoire communautariste qui seraient effectivement très dangereuses pour l?unité de la nation.
Q- Quelques mots sur ce qui se passe à gauche : une rencontre, hier,entre le Parti communiste et le Parti socialiste, avec l?idée d?une réunion pour travailler sur un programme de gouvernement, mais sans la Ligue communiste révolutionnaire. En tout cas, les communistes voudraient que la Ligue soit là et les socialistes ne veulent pas.
R- Nous sommes pour le rassemblement de la gauche, pour une gauche qui accepte de prendre les responsabilités de l?Etat. Si c?est uniquement pour être dans la protestation comme l?extrême gauche, a quoi aboutira t-on ? On aboutira à l?échec de la gauche.
Q- Donc, pas de Ligue communiste ?
R- Franchement, je pense que tout le monde a bien compris que ce qu?il
fallait, c?est la clarté. La clarté sur la base d?un contrat, d?un
engagement réciproque pour gouverner, et pour qu?en 2007, on se
retrouve pas comme en 2002. Franchement, je pense que c?est ce que
veut la majorité des Français, en tout état de cause, et à gauche, c?est
évident.
Q- Les primaires, c?est fini, on n?en parle plus ?
R- Les primaires à l?intérieur de la gauche, vous voyez que c?est compliqué. Mais à l?intérieur du Parti socialiste, je n?y suis pas hostile.
Q- Ah bon ?
R- C?est-à-dire faire en sorte que notre candidat ne soit pas seulement désigné par les 50.000 adhérents du Parti socialiste, mais par les sympathisants qui feraient la démarche de s?inscrire et qui pourraient créer une véritable dynamique politique.
Q- Vous êtes toujours partisan... ?
R- Oui, je parle de la désignation du candidat socialiste. C?est une question qu?il faut poser, parce que si l?on veut créer une relation avec nos électeurs, avec les électeurs de la gauche, les électeurs socialistes qui voudraient vraiment qu?on s?engage dans la réussite, cela vaut peut-être le coup d?essayer.
Q- L?événement à gauche, c?est "l?effet Ségolène" dans les sondages, ces derniers temps, qui est passée en tête comme meilleure candidate. Qu?est-ce que vous en pensez ?
R- Je crois que cela révèle une attente très profonde de renouveau, et ce renouveau il sera incarné par un homme ou une femme, à l?évidence. Et une femme président de la République, pourquoi pas ? En tout cas, c?est ce que pensent les Français, à juste titre. Par contre, il faut que cette personnalité, quelle qu?elle soit, soit porteuse d?une vision, d?un projet pour la France, qui soient vraiment clairs, parce que notre pays traverse une vraie crise aujourd?hui.
Q- Et ceux qui disent qu?elle n?a peut-être pas une vision suffisamment large en matière économique, sociale... ?
R- Je crois qu?elle incarne ce renouveau et qu?elle parle aussi des valeurs. Je pense que ce qui est important, c?est qu?on parle de la France et qu?on redonne de l?énergie et de la confiance dans l?avenir à la France, mais aussi aux Français la fierté d?être français.
(Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 décembre 2005)