Déclaration de M. Yann Wehrling, secrétaire national des Verts, sur le fonctionnement du parti et sur son projet pour commencer la campagne électorale de 2007, Paris le 14 janvier 2006.

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Circonstance : Conseil National Inter-Régional des Verts les 14 et 15 janvier 2006

Texte intégral

Chers amis,
Nous sommes le 14 janvier.
À deux jours près, cela fait un an que la majorité actuelle et son Collège exécutif ont été mis en place.
On parlait de synthèse de façade, d'équilibre improbable... et pourtant, cette majorité fonctionne... plutôt bien d'ailleurs.
Le but de la synthèse et de l'apaisement fut de libérer les énergies que nous utilisions trop souvent à nous opposer les uns aux autres pour les rediriger vers du travail de fond.
Indéniablement, ce CNIR, qui sera essentiellement consacré à l'examen et l'adoption de nos propositions pour 2007, prouve que ce travail de fond a été mené.
Je félicite grandement le travail important qui fut fait pendant toute l'année 2005 au sein des 9 groupes de travail. Bravo à tous les animateurs, aux responsables de commission, aux délégués thématiques du CE et à Anne-Marie Billiottet qui fut le chef d'orchestre général de toute cette machine à idée.
Le fruit de cette année de travail studieux, il est entre vos mains : Un condensé de propositions pour 2007.
Le but fut de sortir de notre programme général un ensemble de déclinaisons et de propositions que nous souhaitons mettre en oeuvre si nous gagnons les élections de 2007.
Et notre ambition est grande. Pendant la prochaine mandature, nous voulons lancer la reconversion de notre économie, relocaliser les activités, redistribuer les richesses et nous réapproprier les grands choix de société.
L'année 2005 fut l'avant-dernière année sans enjeux électoraux. Nous l'avons mise à profit pour nous préparer aux échéances de 2007. Cette année 2006 sera l'entrée en campagne pour la présidentielle et les législatives de 2007, scrutins qui ne seront que les premiers d'une longue série : municipales et cantonales en 2008, sénatoriales dans la foulée, européennes en 2009, régionales et cantonales en 2010. Autant dire que nous entrerons ensuite dans un long tunnel à élection à l'issue duquel le paysage politique français et européen sera largement modifié.
À n'en pas douter, ce paysage politique sera plus vert... nous devons résolument nous y employer. C'est ce travail là que nous devons préparer en 2006.
Bien sûr, l'actualité, très riche, aurait pu nous conduire à chambouler le calendrier que nous nous étions fixé. Mais le plan de travail a été tenu et je m'emploierai à ce qu'il le reste le plus possible jusqu'à la fin de la mandature de ce Collège Exécutif. À ce titre, je ne peux m'empêcher de vous dire que j'exclue toute idée de modification de ce plan aujourd'hui... Car, quels que soient les motifs que nous pourrions avoir, et même si je sais que beaucoup de militants se posent des questions, changer nos plans ne ferait qu'accréditer l'idée que nous sommes, nous aussi, comme tant d'autres dans le paysage politique, incertains de ce que nous voulons faire.
Durant ce CNIR, en adoptant les mesures et propositions qui vous sont soumises au vote, nous serons le premier parti, à gauche, à présenter aux citoyens des propositions alternatives à celles que met en ?uvre l'actuel gouvernement.
Nous pourrons lancer dans la foulée une campagne visant à faire connaître largement ces propositions, et susciter sur ces bases de nouvelles adhésions aux Verts. Adhésions, qui vous le verrez demain lors du rapport financier, ne sont pas du tout en chute libre comme la rumeur a pu le laisser entendre ces dernières semaines. Car nous le mesurons bien, avec des sondages qui nous remettent depuis plusieurs mois en tête des partis les plus appréciés, un nombre de plus en plus important de personnes sont sympathisantes de l'écologie politique et se définissent comme écologistes. Elles nous attendent pour redonner l'espoir d'une victoire en 2007.
En effet, aujourd'hui, tous les indicateurs nous donnent raison.
Les indicateurs environnementaux d'abord :
Le climat se dérègle avec évidence. Les tornades, cyclones et autres ouragans sont plus fréquents et touchent des pays qui l'étaient rarement jusqu'à aujourd'hui. La sécheresse qu'a connue la France s'installe et 2006 sera, c'est sûr, pire que 2005. La question énergétique, notamment autour des énergies fossiles, provoque des conflits internationaux de plus en plus importants. Alors que le prix du pétrole a presque doublé en un an, le récent conflit international autour du gaz russe pour l'Ukraine pourrait bien n'être qu'un petit conflit au regard de ceux qui vont suivre.
Face à cela, que fait le gouvernement ?
* Il gère la sécheresse comme si tout allait se régler en se focalisant sur le robinet du particulier. Son refus de s'attaquer de front au vrai problème qu'est l'irrigation intensive d'été et de printemps est plus dramatique.
* Il poursuit sa politique de soutien à une agriculture qui est la troisième plus grosse consommatrice de pesticides dans le monde et la première en Europe.
* Il s'entête à laisser les OGM s'installer dans nos champs alors même que les tribunaux nous donnent enfin raison. Félicitons-nous à ce titre de la relaxe prononcée lors des récents procès de d'Orléans et de Versailles.
* Il va à Montréal pour militer pour un nouvel accord sur le climat, et, à peine de retour en France, envoie ses ministres inaugurer des autoroutes, symbole d'une des plus grosses productions de gaz à effet de serre.
* Sa seule réponse à la crise énergétique, c'est le 100 % nucléaire. Mono industrie coûteuse et dangereuse. Non content d'avoir relancé l'EPR, puis ITER, le voici lancé dans le réacteur de 4ème génération. Il injecte toujours plus d'argent public dans cette énergie. La France creuse son retard en matière d'énergie renouvelable et de diversité énergétique. Il serait temps de devenir responsable et de cesser de céder à un lobby qui pompe tous les crédits pour son seul développement au mépris de l'intérêt général.
Les positions que nous défendons si elles ont longtemps été perçues comme moins « réalistes » voire « irréalistes » par l'opinion, l'économiste ou les décideurs, les choses ont changés. L'écologie et son cortège de mesures globales deviennent les réponses de bon sens.
Il ne sera par exemple pas utopique mais réaliste, comme nous le proposons, de diviser par 4 l'émission des gaz à effets de serre d'ici 2030 et de programmer la sortie du nucléaire dans un même laps de temps. Ce programme, s'il est ambitieux, lancé dès le début de la mandature 2007, pourra, d'ici 2030, permettre à la France de produire près de 50 % de son énergie électrique par le renouvelable. Il permettra aussi de cesser de mettre tout notre budget transport dans la route, mais enfin d'investir dans un réseau ferroviaire digne de ce nom, délaissé volontairement depuis plusieurs dizaines d'années.
Les indicateurs sociaux sont également au rouge :
Le gouvernement s'est évertué à manipuler les chiffres du chômage. Face à cela, martelons que le mensonge ne saurait faire office de politique de l'emploi. La diminution du nombre de chômeurs va de pair avec la précarisation de l'emploi... précarisation voulue et sciemment mise en ?uvre par ce gouvernement. Ainsi, à y regarder de plus près, une très grande partie des chômeurs qui ont disparu des statistiques, ont été en fait envoyés dans l'emploi précaire partiel non choisi et sont de fait, toujours en recherche d'emploi.
Peu à peu, le gouvernement réussit à imposer ce que les plus ultra-libéraux attendent depuis longtemps : moins de charges, peu de règles, une sécurité de l'emploi minimale pour une exploitation maximale et un paiement à la tâche. Le résultat est là : plus de pauvreté et plus de travailleurs entrant dans la misère.
Sans perdre de temps, le voici qui utilise le déficit public qu'il a lui-même créé en baissant l'imp??t sur le revenu, pour envisager des coupes sombres dans la fonction publique, et par ricochet dans la fonction publique et les services publics.
Et pour n'oublier aucune provocation dans sa logique de stigmatisation, il s'entête à défendre l'un de ses députés les plus réactionnaires, Christian Vaneste, déjà connu pour ses propos homophobes, et qui est l'auteur de l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sur la reconnaissance dans les programmes scolaires du "rôle positif de la présence française en outre-mer". La gauche s'est retrouvée pour demander l'abrogation de cet article. Le chef de l'Etat tente une diversion en proposant une re-écriture, alors que seul le retrait aurait du sens.
Ce gouvernement est une caricature. Mais au moins les choses sont claires. La campagne de 2007 est engagée. La droite est vraiment à droite et vraiment libérale. À la gauche d'être à l'antithèse de ce projet, à savoir vraiment de gauche et vraiment écologiste.
Et il est donc maintenant temps de ne plus perdre de temps.
Si la gauche n'est pas prête, elle doit se préparer.
Nos électeurs commencent à s'impatienter. Et nous, les Verts, avons toujours dit que nous souhaitions que la gauche, toute la gauche, travaille à un projet. Nous n'avons pas le droit de décevoir. C'est la force du contenu de nos propositions et leur capacité à vraiment faire la différence avec la logique de l'actuel gouvernement, qui nous rendra fort et qui permettra de gagner les futures échéances.
C'est tout le sens de la réunion que nous avons initiée et souhaitée de longue date, en ce début d'année, entre toutes les formations politiques de gauche désireuses de lancer le chantier des idées pour 2007.
Les Verts, fort de leur projet, seront un acteur déterminé dans cette construction.
Pour gagner 2007, deux ingrédients indissociables doivent être réunis : Il nous faudra à la fois un projet fort et ambitieux mais aussi une gauche qui ne s'enferme pas dans de faux clivages dont la seule issue serait l'échec.
Je conclurai en nous souhaitant à tous une excellente année 2006, énergique et déterminée pour commencer la campagne électorale de 2007 et convaincre partout que l'écologie c'est le bon sens.
Je vous remercie.