Déclaration de M. Yann Wehrling, secrétaire national des Verts, sur les mesures à mettre en oeuvre par Les Verts en vue des élections de 2007, Paris le 17 janvier 2006.

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Tout d'abord, très bonne année 2006 à tous,
L'année 2005 fut, pour nous, celle des préparatifs avec l'écriture du projet et la réflexion de fond.
L'année 2006 sera l'année de la campagne pour 2007. Une campagne sur les projets. Chaque parti devra exposer aux français son projet d'avenir. Le débat se fera projet contre projet. Les citoyens attendent maintenant des solutions concrètes.
Ce travail, nous l'avons fait en 2005. Nous sommes prêt pour la confrontation avec tous ceux qui le souhaitent. Nous sommes prêts également pour mener cette discussion avec nos partenaires de gauche pour construire une alternative majoritaire à l'actuel gouvernement. C'est tout le sens de nos récentes rencontres entre partis de gauche, et des discussions programmatiques que nous espérons pouvoir mener rapidement, au grand jour.
Face à une droite très libérale, il faut une gauche très écologiste.
Et ce que nous avons connu en 2005 ne nous rend que plus confiants dans nos propositions, car les conditions de vie de nos concitoyens s'aggravent, tant d'un point de vue environnemental que d'un point de vue social.
Dans le domaine énergétique par exemple. La flambée du prix du pétrole, ressenti par tous dans les stations-service, n'est que la partie émergée d'un iceberg inquiétant. L'énergie sera l'enjeu majeur des prochaines années, le chantier le plus vaste des futurs gouvernements. Et en guise de réponses concrètes, seuls les Verts sont réellement responsables et en anticipation. Sans réponses concrètes, la crise climatique ne fera que s'amplifier, comme on a pu le constater en 2005, avec Kathrina ou la sécheresse en France. Les énergies fossiles, si nous n'organisons pas rapidement un vaste plan pour en être moins dépendants, seront causes de conflits internationaux de plus en plus importants. L'épisode sur le gaz russe dont ont été privés les Ukrainiens n'est qu'un signe avant-coureur très symptomatique.
La fuite en avant du gouvernement qui fonce tête baissée dans le tout nucléaire et l'ultra-dépendance à cette seule énergie tourne le dos à la seule alternative crédible car durable et économe : les énergies renouvelables. Alors que l'année 2006 sera celle des 20 ans de l'accident de Tchernobyl, nous ne manquerons pas de rappeler que le nucléaire doit rester l'énergie du passé et que tous nos moyens doivent dorénavant se porter sur le solaire, l'éolien, les renouvelables en devenir, et l'efficacité énergétique.
Cette année 2006 sera l'occasion pour les Verts de dire que notre projet est de lancer, si nous sommes au pouvoir en 2007, un plan de sortie du nucléaire en 25 ans avec la fermeture dès 2008 des centrales les plus anciennes, Fessenheim en Alsace, par exemple. Dès 2007, nous abandonnerons l'EPR, ITER et l'enfouissement en grande profondeur des déchets nucléaires à Bure. Nous souhaitons que le ratio actuel des crédits de la recherche publique sur l'énergie qui consacre 90 % au nucléaire soit redéfini de la manière suivante : 1/3 du budget pour les économies et l'efficacité énergétique, 1/3 pour les énergies renouvelables, 1/3 pour les énergies conventionnelles. En 25 ans, nous souhaitons pousser à 50 % la part d'électricité produite par les énergies renouvelables.
Pour ce qui concerne les transports, nous voulons un plan d'urgence pour le ferroviaire avec un redéploiement budgétaire vers les ferroviaire des financements affectés notamment aux projets autoroutiers de l'A51 (Grenoble Sisteron), l'A24 (Amiens-Belgique), l'A837 (Marais poitevin) et plusieurs projets franciliens. Nous souhaitons aussi un abandon immédiat des privatisations des autoroutes.
Parmi les autres graves atteintes à notre environnement, nous souhaitons avancer dans le domaine de l'agriculture qui continue aujourd'hui de détruire le monde paysan, les sols et notre eau, sans parler du patrimoine génétique mis en péril par les OGM. Nous voulons que la France soit une région européenne sans OGM, l'arrêt des subventions au maïs irrigué, l'extension de la réglementation Reach aux pesticides, et une agriculture bio en France à 15 % d'ici la fin de la mandature en 2012.
Sur le terrain des inégalités, les offensives ultra-libérales que le gouvernement effectue aujourd'hui, à un rythme accéléré, cherche à rendre irréversible un ensemble de réformes qui veulent déréglementer totalement le code du travail et les protections sociales qui existaient jusqu'à aujourd'hui. Le soucis de ce gouvernement n'est nullement de réduire le chômage, il est de profiter d'une situation de détresse sociale et de précarité pour faire de la France un pays ultra-libéral, abandonnant en quelques mois des décennies de protections sociales. Toute cette politique renforce la précarité, l'incertitude et la pauvreté.
Mais disons-le, si le gouvernement veut penser que cette frénésie de réformes sera durablement installée dans ce pays, il peut compter sur les Verts pour y revenir et abandonner toutes les mesures de type CPE ou CNE récemment imposée à tous.
Nous proposerons par ailleurs le rétablissement de la durée légale du temps de travail à 1600 heures dans les entreprises de plus de 20 salariés, l'octroi à tous d'un crédit de 1600 heures de crédit formation à prendre sur l'ensemble de sa vie. Nous donnerons aux stagiaires un statut encadré par la loi. Nous proposerons une prime salariale pour les premières heures supplémentaires des temps partiels. Nous augmenterons les minima sociaux à 50 % d'ici 2012, et nous étendrons le RMI aux jeunes de 18 à 25 ans.
La politique fiscale d'un pays reflète souvent sa politique, ses priorités et ses choix économiques. En conséquence de quoi, les Verts proposeront plusieurs réformes fiscales qui appuieront une politique résolument environnementale et sociale. Le taux d'imposition sur le revenu de 2008 reviendra à celui de 2000. Nous proposerons la suppression de toutes les niches fiscales n'ayant aucun intérêt écologique. La taxe d'habitation sera calculée sur le revenu des ménages. Nous proposerons une TVA à 33 % pour les produits de luxe et pour les produits dont la nocivité est avérée sur l'environnement. Une part de la taxe professionnelle et foncière sera assise sur l'empreinte écologique. À l'inverse, l'impôt sur les sociétés fera l'objet d'exonérations pour les entreprises faisant des investissements pour les ENR ou les économies d'énergies ou toute autre action écologique.
Sur le plan des institutions, nous nous opposons radicalement aux idées de « celui qui s'y voit déjà » et à la présidentialisation à outrance voulue par Nicolas Sarkozy, nous opposons ce que mettent en ?uvre toutes les démocraties modernes à travers le monde, à savoir un régime parlementaire renforcé. Mais pour être fort, ce Parlement doit aussi mieux refléter la mixité sociologique de notre pays. Seul le mode de scrutin proportionnel permet cette mixité et c'est la raison pour laquelle nous en avons fait un point important de nos revendications.
Ces propositions, adoptées lors de notre dernier Conseil national, ne sont que quelques exemples d'un ensemble plus vaste de mesures que nous voulons mettre en débat devant les Françaises et les Français en vue des prochaines échéances de 2007.
Mais nous avons également besoin d'aller de l'avant sur le terrain. Pour défendre notre projet, nous avons besoin d'être plus nombreux. C'est pour cette raison que, même si le nombre de nos adhérents s'est stabilisé contrairement à ce qui a été dit, il y a quelques semaines, nous lancerons rapidement une campagne d'adhésion.
Ainsi donc, nous voilà prêts. Prêts au débat, prêts pour la campagne qui s'ouvre, déterminés à rester sur le terrain militant pour illustrer notre propos, ouverts à la discussion avec nos partenaires pour que se profilent, tout au long de l'année 2006, l'affaiblissement de la droite et le renforcement d'une gauche et des écologistes, innovants et offensifs pour proposer une alternative majoritaire fortement teintée de vert.