Déclaration de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre d ela culture et de la communication, sur la diversité culturelle et le succès du cinéma français notamment à l'étranger, Paris le 21 janvier 2006.

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Circonstance : 8ème Rendez-vous du cinéma français Unifrance à Paris le 21 janvier 2006

Texte intégral

Madame la Présidente, Chère Margaret Menegoz,
Monsieur le Directeur de l'Opéra national de Paris, Cher Gérard Mortier,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je vous remercie, cher Gérard Mortier, de nous accueillir tous ici ce soir, dans ce grand foyer restauré du Palais Garnier, au coeur de ce haut lieu du rayonnement de l'art lyrique et de la danse, par-delà toutes les frontières, qui, en s'ouvrant ce soir, ce qui est rare, au septième art, témoigne de notre amour du cinéma.
Le cinéma, comme l'opéra, sont des arts de l'énergie humaine, où le mythe, la fiction, l'évasion, le rêve, la réalité, proposent sans cesse de nouvelles visions du monde.
Comment ne pas penser ici, au début de cette année du 250e anniversaire de Mozart, à votre prédécesseur, chère Margaret Menegoz, à la tête d'Unifrance, au créateur de ces Rendez-vous, Daniel Toscan du Plantier, dont nous avons été quelques uns à avoir eu la chance de revoir le Don Giovanni de Joseph Losey, à l'invitation de Nicolas Seydoux, lundi soir, à la Cinémathèque.
Je vous remercie d'être venus si nombreux ce soir : vous êtes plus de 360 distributeurs de 45 pays différents, près de 110 journalistes, et pas moins de 170 films français vous attendent. J'y vois une preuve du succès de ces Rendez-vous et je tiens à remercier l'ensemble des équipes d'Unifrance qui les ont organisés, et tout spécialement Véronique Bouffard.
Cette année sera une grande année pour le cinéma.
L'année dernière, au musée d'Orsay, je vous avais dit que 2005 serait l'année de la diversité culturelle. La conférence générale de l'UNESCO, réunie à Paris, en a apporté la preuve éclatante, en adoptant à la quasi-unanimité la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, qui instaure ce principe comme un élément du droit international. Je sais, et je tiens à vous en remercier, vous qui êtes les artisans de la rencontre entre le cinéma français et les cinémas du monde, quelle part le monde du cinéma a pris à ce succès.
Cette année sera aussi placée sous le signe de la diversité. D'abord, parce qu'il faut poursuivre notre mobilisation pour ratifier le texte de la convention, car cet instrument juridique international entrera pleinement en vigueur trois mois après sa ratification par trente Etats.
Le Président de la République vient de demander au Gouvernement français de faire en sorte qu'il puisse promulguer la loi de ratification dès le mois de mars prochain.
Cette année sera aussi celle de la diversité, parce qu'il nous faut, chaque jour, réinventer la place du cinéma dans l'ère numérique où nous sommes désormais entrés de plain pied. Une ère riche de promesses et c'est tout le sens de l'accord historique qui a été signé le 20 décembre dernier au ministère de la culture et de la communication, pour offrir les conditions d'un développement régulé du cinéma à la demande sur Internet. C'est aussi l'esprit du projet de loi que j'ai soumis au Parlement français pour transposer la directive européenne relative au droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information et réconcilier ainsi, grâce à ce texte, et avec le soutien de l'ensemble du monde du cinéma, la liberté de l'internaute, la liberté du consommateur, et la liberté et les droits des créateurs, sans lesquels il n'est pas de diversité culturelle.
En effet, les nouvelles technologies offrent de nouvelles chances pour le cinéma, mais ne sont pas exemptes de risques. Ainsi, la contrefaçon numérique peut avoir des conséquences dramatiques sur l'économie de la création et donc sur l'existence même des films.
Sans doute faut-il y voir l'une des causes du recul qui s'est manifesté un peu partout en Europe, dans des proportions variables, et même aux Etats-Unis. En France, les entrées en salles ont baissé de 10% l'an dernier, et je veux croire que cette baisse est purement conjoncturelle. Les chiffres les plus récents sont à cet égard encourageants.
La santé du cinéma français hors de nos frontières est particulièrement bonne, et je tiens à en remercier chacune et chacun d'entre vous.
Pour la première fois en effet, le cinéma français a attiré plus de spectateurs à l'étranger qu'en France : près de 74 millions de spectateurs, soit une hausse de près de 50% par rapport à l'année précédente. Et en 2005, sept des dix premiers films de production majoritaire française ont obtenu de meilleurs résultats à l'étranger qu'en France.
Le succès de nos films dans le monde entier est d'abord celui des artistes et des techniciens, et je tiens à les en féliciter. C'est aussi le succès des politiques publiques de soutien au cinéma mises en oeuvre par le Centre national de la cinématographie depuis soixante ans. C'est enfin le succès d'une politique résolue en faveur de l'emploi - grâce notamment aux crédits d'impôt - de la relocalisation et de l'ouverture de notre patrimoine aux tournages. Lors de chacun de mes déplacements, je constate que le cinéma français, dans son ensemble, représente souvent une alternative, une autre proposition, non pas contre, mais face au cinéma américain.
Le cinéma français a toujours vécu de ses échanges et de ses contacts avec les autres pays. Ce n'est pas un hasard si les coproductions occupent une telle place dans la production des films français aujourd'hui. Le financement international par la coproduction représente assurément une voie d'avenir. La France a signé plus de 45 accords de coproduction. Il est des pays, comme le Brésil ou l'Argentine, avec lesquels des accords, qui sont en train d'être revus, nous lient de longue date. Il en est d'autres qui sont aussi de grands pays de cinéma et qui souhaitent conclure de tels accords. J'ai demandé au CNC de poursuivre les négociations avec ses homologues coréens et chinois dans ce but. Je demande que ce soit chose faite pour le prochain Festival de Cannes, dont le jury sera présidé, vous le savez, par Wong Kar-Wai, illustre réalisateur originaire de Hong Kong, et le premier réalisateur chinois à présider le festival de Cannes. Je m'en réjouis, et je suis heureux de le souligner ici, quelques semaines après l'éblouissante tournée du ballet de l'Opéra national de Paris, à l'occasion de la clôture de l'année de la France en Chine.
Je vous souhaite une excellente année 2006, en formant des voeux chaleureux de prospérité pour le cinéma français et de diversité pour tous les cinémas du monde.
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 26 janvier 2006