Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur la coopération franco-marocaine, notamment décentralisée, à Rabat le 28 janvier 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement au Maroc les 27 et 28 janvier-clôture du Forum du partenariat, à Rabat le 28 janvier 2006

Texte intégral


Messieurs les Ministres,
Messieurs les Co-Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Le Maroc reste le premier partenaire de la France. Cette donnée objective, je me réjouis de pouvoir la réaffirmer haut et fort devant vous tous aujourd'hui, au moment de clôturer ce premier Forum du partenariat civil entre nos deux pays.
Si nous constatons aujourd'hui que la vitalité de notre coopération tient pour une large part aux actions et aux projets intergouvernementaux, nous savons que demain ce sont les organisations de la société civile - collectivités locales, entreprises, universités, organismes consulaires et associatifs - qui constitueront les forces vives de notre partenariat.
Il faut donc encourager et soutenir cette nouvelle forme de relation entre nos deux pays. A l'occasion de ce premier Forum des partenariats, vos différentes contributions ont fait émerger de nouvelles pistes de réflexion et d'action. J'ai plaisir à citer quelques-uns des résultats opérationnels atteints par chacun des ateliers ; ainsi je relève que :
- l'atelier 1, sous l'impulsion en particulier de l'assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie, propose le transfert et le déploiement au Maroc du dispositif "PLATO" d'accompagnement des PME/PMI marocaines par de grandes entreprises françaises, en partenariat avec les collectivités locales marocaines ;
- l'atelier 2 préconise le lancement de la deuxième phase du programme concerté Maroc (PCM) en accentuant l'action de partenariat des ONG françaises au niveau décentralisé, en particulier en direction de la jeunesse, et en favorisant la concertation entre les pouvoirs publics et les ONG ;
- l'atelier 3 confirme l'accompagnement des régions marocaines par la partie française pour la mise en place de schémas régionaux d'aménagement du territoire ; par ailleurs, les régions de l'Oriental et de Tanger-Tétouan réfléchiront de concert avec leurs partenaires françaises, Champagne-Ardennes et PACA, au développement de parcs naturels régionaux à vocation éco-touristique ;
- l'atelier 4 a permis l'échange d'expériences et de bonnes pratiques dans le domaine de la coopération décentralisée. Trois champs de coopération émergent : plan de déplacement urbain entre Oujda et Aix-en-Provence ; gestion du patrimoine historique entre Tarroudant et Romans sur Isère ; gestion de l'eau entre Figuig et le conseil général de Seine St Denis.
Je me réjouis également de la signature à l'occasion de ce forum de trois nouveaux protocoles de partenariat :
- les régions "Marrakech - Tensift - Al Haouz" et "Midi-Pyrénées" dans le domaine de l'environnement avec la régénération du thuya ;
- la région de "Fès-Boulemane" et le pôle de Sophia-Antipolis pour le développement économique et l'incubation d'entreprises ;
- Casablanca et Bordeaux renforcent leur jumelage en matière de mobilité urbaine pour la mise en place d'un tramway.
Ces projets et perspectives démontrent que le Forum a atteint ses objectifs : permettre à de nombreux acteurs d'une coopération diversifiée de se rencontrer, de s'informer mutuellement de leurs projets et d'ouvrir de nouvelles perspectives. Il complète ainsi la coopération de nos Etats tout en renforçant la cohérence de l'ensemble des partenariats.
La coopération franco-marocaine fonctionne déjà en réseau qu'il s'agisse des collectivités locales, des entreprises, des universités et des associations. Il convient de conforter ces réseaux et de leur donner, dans le cadre de ce partenariat, une meilleure reconnaissance et une plus grande visibilité, afin d'accroître leur efficacité.
Par ailleurs, divers outils financiers ont déjà été mis en ?uvre par le ministère français des Affaires étrangères : je pense notamment au Programme concerté "Maroc", mais aussi au Fonds social de développement, qui ont permis d'apporter une première réponse aux objectifs généraux énoncés.
Afin d'accompagner le nouvel élan suscité par les travaux de votre forum, j'ai le plaisir de vous confirmer, d'une part, le lancement de la deuxième phase du programme concerté Maroc, et d'autre part la reconduction, à l'issue d'une phase d'évaluation, du Fonds social de développement.
Les initiatives partenariales des collectivités locales doivent, bien évidemment, être soutenues et appuyées. Le Fonds de solidarité prioritaire "PAD Maroc", pour lequel j'ai personnellement lancé l'appel à manifestations d'intérêt lors de la rencontre des chefs de Gouvernement en septembre dernier, constitue, à n'en pas douter, un dispositif novateur et fédérateur autour du processus de décentralisation marocain.
Le Fonds de soutien aux coopérations décentralisées, doté d'une enveloppe significative de plus de 2,5 millions d'euros, s'affirme comme l'un des piliers de ce dispositif. A l'issue d'une évaluation intermédiaire, et à la lumière de vos débats, des adaptations seront introduites afin de renforcer le caractère opérationnel de ce dispositif, pour en améliorer la lisibilité et accroître les partenariats entre collectivités territoriales.
Je veux également souligner tout particulièrement l'investissement et la mobilisation des associations et populations issues de l'immigration marocaine dans les villes et les régions partenaires, que renforce la coopération décentralisée. Les actions décrites dans les tables rondes ont permis de les identifier et, ainsi, de s'attacher à préserver le caractère de réciprocité de notre partenariat.
Ce Forum aura, en outre, fait ressortir la nécessité de mettre en place des dispositifs de formation adaptés afin d'améliorer l'adéquation entre compétences humaines et exigences du développement économique.
Par notre coopération décentralisée, nous devons créer l'environnement favorable au tissu économique, notamment industriel, et ce à travers des infrastructures d'accueil pour les entreprises, des équipements sociaux pour la qualité de vie des populations, les politiques d'innovation, de recherche et de développement.
Le renforcement de ce partenariat de la société civile passe également par un soutien mieux ciblé à ses différents acteurs, à ses diverses composantes. Je pense particulièrement aux femmes, dont j'ai pu mesurer hier le rôle croissant qu'elles prenaient dans le développement du Maroc, à l'occasion d'une rencontre avec un certain nombre d'entre elles, engagées dans les secteurs d'activité les plus divers. Leur rôle incontournable pour le développement économique et social de tous les pays est encore trop méconnu ; je pense aussi aux communautés de migrants, dont l'apport au sein des coopérations décentralisées a été largement évoqué et que le co-développement vise à mettre encore davantage en valeur ; je pense enfin aux jeunes, auprès desquels nous devons encourager le décloisonnement des esprits par la circulation des idées et des hommes, et ce, en privilégiant davantage les échanges dans le cadre de chantiers associatifs, des bourses d'études, et de stages de formations initiales et continues. Enfin, la communication sur toutes les actions de notre partenariat, très largement décrites au cours de ce Forum, se doit d'être plus active et plus présente.
Je mesure l'ampleur du travail qu'a constitué pour vous, acteurs de la société civile, et particulièrement pour les co-présidents et les chefs de file des différents ateliers, l'organisation d'une telle manifestation. Soyez-en chaleureusement remerciés. Vos efforts ont été couronnés de succès, et méritent donc d'être poursuivis. La transformation du comité de pilotage du Forum du partenariat franco-marocain de la société civile en comité de suivi est déjà un élément de pérennisation et de capitalisation des actions recensées. Ainsi créé, ce comité devra s'appuyer sur une politique de communication ambitieuse et utiliser, notamment, le vecteur moderne qu'est la plate-forme Internet, pour faciliter vos échanges et permettre l'émergence de nouveaux partenariats franco-marocains.
Pour conclure, j'émets donc le souhait que ce premier Forum soit une véritable pépinière de projets nouveaux qui puissent enrichir encore, par leur diversité, les liens étroits entre nos deux pays.
D'ores et déjà, je vous confirme la disponibilité de la France à accueillir la prochaine édition ; à cet égard, Marseille, ouverte par nature sur la Méditerranée, forte de sa tradition d'accueil de populations venues du monde entier, me paraît réunir les conditions les plus favorables à l'organisation du second Forum de partenariat maroco-français. Et nous ne pourrions que nous réjouir de ce qu'il puisse notamment se pencher sur le thème de travail retenu pour le prochain séminaire gouvernemental franco-marocain, à savoir "l'investissement et les pôles de compétitivité".
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 janvier 2006