Texte intégral
Cher François,
Cher Philippe,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Chers amis,
J'ai envie de dire en vous saluant dans cette grande salle de la mairie
" enfin ". Alors vous ne comprendrez pas pourquoi et je vais vous
l'expliquer, pourquoi " enfin " je suis content d'être ici.
Il y a bien des années, la première personne qui m'a parlé avec un
tremblement dans la voix de la ville de Troyes, c'était le père de
François, Michel BAROIN. Il y a bien des années parce que j'ai connu
François à l'époque où il n'était qu'un tout petit bonhomme. Il devait
avoir sept, huit ans et j'étais étudiant à l'Institut d'études
politiques de Paris, et mon maître de conférence s'appelait Michel
BAROIN. Et je me rappelle que dans sa passion, Michel BAROIN avait
l'habitude de prolonger ses cours. En général, une conférence à
Sciences Po, ça dure une heure et demie et là il débordait, et je
voyais qu'il continuait parfois le cours sur le trottoir, devant sa
voiture et on l'écoutait nous expliquer sa passion. Et sa passion
quelle était-elle ? C'était le Service public. Je n'ai jamais oublié la
leçon qu'il n'a cessé de me donner pendant des années du Service public
Et dans la voiture devant laquelle il me parlait, il y avait ce petit
bonhomme qui attendait parfois deux heures que son père nous apporte sa
passion et son enseignement et c'était François et on s'est retrouvé 20
ans plus tard dans une bataille extraordinaire qui était celle des
élections présidentielles de 1995. Et là je peux vous dire qu'il
fallait avoir la foi. Il fallait avoir le coeur bien trempé. Parmi les
combattants de cette époque, celui qui avec sa jeune frimousse tenait
l'épée avec ardeur, c'était encore le même François BAROIN, toujours ce
sourire de l'enfance, toujours cet oeil pétillant et plein de
fraîcheur, et qui désarmait les adversaires. Il était normal qu'il fut
choisi au sortir de la campagne comme porte-parole du gouvernement, le
plus jeune porte-parole de notre histoire.
Pour tout cela, je veux lui dire ici devant vous du fond du coeur et
avec beaucoup d'affection, merci, parce que la plus grande qualité dans
la politique c'est comme dans la vie, c'est la fidélité. Quand on aime,
on est fidèle. Et quand on est fidèle, on est plus fort parce qu'on
sait qu'on peut gravir les échelons un à un, qu'on peut franchir les
obstacles et qu'on est porté par quelque chose qui nous dépasse. Et
cette idée du service public, cette idée de servir son pays, de servir
sa ville mon cher François, de servir sa terre, de servir ceux qui sont
là aujourd'hui, mais j'ai bien vu en cheminant avec toi dans cette
grand-rue, que tu pensais aux enfants, que tu pensais aux
petits-enfants et que tu avais à coeur de redonner à voir ce qu'est
cette ville, et ce qu'elle a été pendant des centaines d'années. Ce
cadeau que tu fais à ta ville, ce cadeau que vous vous faites à
vous-même, c'est ce qu'il y a de plus précieux, parce que Troyes, qu'on
y passe ou qu'on y habite, c'est une ville qu'on n'oublie pas. Pour
tout cela, François, merci.
Je sais que la tradition de votre ville, depuis le Moyen Âge, c'est la
rencontre pour tous les commerçants d'Europe, on se rencontrait, on
échangeait un savoir-faire, une tradition et il y a quelque chose qui
m'a beaucoup touché ce matin, en rencontrant les jeunes à l'Institut
universitaire de formation aux métiers du patrimoine, lors du forum des
métiers, à l'agence nationale pour l'emploi. C'est cet esprit de
partage. On sait quelque chose, la vie vous a appris quelque chose,
l'expérience vous a appris quelque chose, et on a à coeur de le
transmette. Ca, c'est un bien précieux. Pas de la transmettre avec des
mots compliqués, de le transmettre du bout du coeur et du bout des
doigts, c'est-à-dire avec de la générosité, avec de la passion, parce
qu'on y a mis le meilleur de soi-même. Il y a là une leçon pour nous
tous. Il y a une leçon pour notre pays tout entier. Et ce sont des mots
qu'on a entendu ce matin et qu'on n'entend pas assez, l'amour du
travail bien fait. Je peux vous dire que la rampe d'escalier qu'on a vu
ce matin, la table, où tous les bords s'emboîtent, sans colle et sans
clou, mais parce qu'avec précision, avec amour, tout a été fait pour
que ça tienne tout seul. Ça, c'est la merveille de l'amour.
Un pays c'est exactement pareil, pas de colle et pas de clou. De
l'amour, de l'affection, de l'estime, de la tolérance, du respect, ce
sont les valeurs que nous voulons porter pour notre pays, pas des
valeurs que l'on impose, mais des valeurs que l'on partage, des valeurs
que l'on échange, et on le sait tous, je l'ai encore vu ce matin en
visitant le forum des métiers. Tout le monde n'est pas d'emblée
convaincu, et il y a jeunes ou moins jeunes qui pris dans bien des
idées d'hier, dans bien des idéologies, demandent encore des preuves.
Ils veulent croire et c'est tout le défi que nous avons sur l'emploi
dans notre pays, c'est tout le défi que nous avons sur le contrat
première embauche.
Nous sortons de dizaines d'années où la précarité a été la règle pour
les jeunes. Alors on enchaîne des CDD, on enchaîne des stages, on
enchaîne des périodes d'inactivité. Et alors tout à coup, il y a un
chef du gouvernement qui arrive et qui dit : écoutez moi je vais vous
offrir un contrat première embauche, avec une période de consolidation
où ce que vous aurez fait dans l'entreprise, le temps que vous aurez
passé en stage, en CDD, il sera compris dans cette période et chaque
jour qui passera vous aurez plus de droits, un droit individuel à la
formation, un préavis qui n'existe pas dans les autres contrats
proposés aux jeunes. Et puis vous aurez aussi, si à un moment donné les
choses se passent mal, une indemnité de rupture, une indemnité de
chômage qui ne vous sont pas offerts non plus. Toutes ces garanties,
elles sont nouvelles. Elles sont sorties de l'expérience du terrain,
des difficultés que rencontrent jour après jour les jeunes de notre
pays. Et c'est pour cela, c'est uniquement pour cela que cela surprend.
C'est neuf, ça vient de sortir et comme le contrat nouvelles embauches,
nous le verrons très vite, ça marche, et notre pays a besoin de choses
qui marchent. Pourquoi ? Parce que chacune et chacun ici, dans sa
diversité est porteur, porteuse de talent, mais le talent, si ça ne se
voit pas, si cela ne s'exprime pas, si cela ne s'épanouit pas, si cela
ne donne pas de résultat, cela s'aigrit, un peu comme une pomme, ça se
fripe, et on finit par douter de soi, on finit par se replier sur soi,
on finit par ne plus croire en soi.
Voyez-vous, ça, c'était exactement ce qui était en train d'arriver à la
France. Ça ce n'est pas la France que nous aimons, ce n'est pas la
France à laquelle nous croyons. Nous, nous croyons à un pays capable de
rayonner, de porter ses valeurs universelles de tolérance, de paix, et
de justice. Nous croyons à un pays capable de partager, de s'ouvrir aux
autres. Cette France-là, il faut le dire à chacune, et chacun, elle est
de retour. Elle est de retour parce que on n'arrêtera pas les bonnes
volontés. Les bonnes volontés dans ce pays l'emportent sur l'école des
sceptiques, les modernes, c'est-à-dire ceux qui veulent croire en
l'avenir, qui pensent que leurs enfants auront les chances qu'ils ont
eues aussi tout simplement parce qu'on va s'unir pour que nos enfants
et nos petits-enfants puissent voir cet avenir préservé. Contre les
sceptiques, contre les anciens qui ne croient plus en l'avenir de ce
pays et qui pensent que c'est avec nostalgie qu'il faut regarder
derrière et Troyes en est le meilleur exemple, Troyes qui s'habille
avec ces merveilleuses couleurs qui nous font rêver ; Troyes qui même
par grand froid mérite d'être découverte et redécouverte. Tout cela, ça
échappe aux chiffres, cela échappe aux statistiques, ça échappe aux
doigts qui se pointent pour vous dire vous n'y arriverez pas, parce que
ce quelque chose qui est en marche, c'est le peuple de notre pays qui
se remet debout et qui veut avancer, qui veut retrouver sa place, qui
veut relever ce défi que nos parents et nos grands-parents ont relevé.
Notre France, elle n'est jamais aussi grande que dans la difficulté et
dans l'épreuve. Mais nous le savons, il y a une condition pour cela,
c'est le rassemblement, c'est l'unité.
Les difficultés elles ne manquent pas. J'ai parlé de l'emploi. Nous
avons vécu l'épreuve de la crise des banlieues, nous vivons l'épreuve
également des discriminations, et pour nous guider, nous avons les
valeurs de notre République. Ces valeurs pendant longtemps, on a pensé
qu'il suffisait de les mettre aux frontons de nos bâtiments publics, la
liberté, l'égalité, la fraternité, comme si cela allait de soi, mais ce
qui est gravé aux frontons des édifices publics, il faut le graver dans
le coeur de chacun, et il faut le faire vivre. Et cela ça passe par des
choses très, très simples, des choses que les parents enseignent à
leurs enfants, se dire bonjour, se dire merci, tendre la main à celui
qui a une difficulté, c'est chose simple de la vie de tous les jours,
de la vie partagée. Nous le savons ici, elles changent la vie. Je l'ai
écrit sur le livre d'or de la ville de Troyes, " Troyes, ville d'audace
et d'ambition qui sait que par la volonté politique, on peut changer la
vie ". Il n'y a pas d'idéologie là-dedans. Il y a tout simplement le
coeur d'une ville qui déborde, et qui sait qu'il ne dépend que d'elle,
de ses propres mains, à condition d'être éclairé, d'être guidé par une
ambition, par un regard. Je suis fier mon cher François que ce soit toi
qui relèves ce défi. On appartient toujours à une lignée, on s'inscrit
toujours dans une fidélité, mais un jour on est seul devant. Et ce
jour-là, vous l'avez tous connu, on est seul devant, et dans cette
solitude, il faut trouver la force d'avancer. C'est parfois une
difficulté de la vie, la disparition d'un être cher, c'est parfois une
épreuve professionnelle, c'est parfois un défi de la vie collective,
c'est celui que connaît l'instituteur, c'est celui que connaît le
professeur de collège, c'est celui que connaît l'enseignant devant une
classe, c'est ce vertige que connaît celui qui doit encadrer une
équipe, contremaître, ingénieur. Porter une équipe, faire vivre une
équipe, mobiliser, entraîner, ça ce sont les défis de la vie, homme ou
femme, quel que soit notre âge, avec une clé, la solidarité, la
solidarité entre nous, la solidarité entre les générations, la
solidarité entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas assez, c'est la clé
de tout ce qui nous fait bouger.
Aujourd'hui, nous avons chacun rendez-vous avec celui qui est à côté de
nous. Souvent on est tenté d'aller porter le bonheur au bout du monde
et c'est vrai combien de fois on est ému chaque jour en tournant le
bouton de sa télévision, combien de fois on se dit j'aimerais les
aider, et chacun connaît la générosité des Français, elle s'exprime
dans toutes les grandes catastrophes, on l'a encore vue avec le
tsunami, avec les crises en Afrique. Mais parfois aussi on regarde à
travers la fenêtre, la douleur qui est là juste à côté. Il est parfois
plus difficile de tendre la main à celui qui est là, à qui on n'ose pas
parler parce qu'il est différent, parce que parfois il fait peur. Le
défi d'une nation, c'est de briser ces murs-là, c'est de faire tomber
les Bastille, c'est d'arracher les peurs. C'est le vrai défi de la
France d'aujourd'hui, et je suis heureux de saluer ici Troyes qui nous
montre le chemin, Troyes qui donne l'exemple à la fois de la fidélité
et de l'ambition. Voyez parfois, on prépare des textes, on fait des
fiches et puis parfois il y a le regard de ceux à qui l'on parle, qui
parle si fort qu'on a envie encore de les regarder dans les yeux. Je
veux vous dire aujourd'hui à chacune et chacun, merci, merci pour
Troyes, merci pour la France.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 février 2006
Cher Philippe,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Chers amis,
J'ai envie de dire en vous saluant dans cette grande salle de la mairie
" enfin ". Alors vous ne comprendrez pas pourquoi et je vais vous
l'expliquer, pourquoi " enfin " je suis content d'être ici.
Il y a bien des années, la première personne qui m'a parlé avec un
tremblement dans la voix de la ville de Troyes, c'était le père de
François, Michel BAROIN. Il y a bien des années parce que j'ai connu
François à l'époque où il n'était qu'un tout petit bonhomme. Il devait
avoir sept, huit ans et j'étais étudiant à l'Institut d'études
politiques de Paris, et mon maître de conférence s'appelait Michel
BAROIN. Et je me rappelle que dans sa passion, Michel BAROIN avait
l'habitude de prolonger ses cours. En général, une conférence à
Sciences Po, ça dure une heure et demie et là il débordait, et je
voyais qu'il continuait parfois le cours sur le trottoir, devant sa
voiture et on l'écoutait nous expliquer sa passion. Et sa passion
quelle était-elle ? C'était le Service public. Je n'ai jamais oublié la
leçon qu'il n'a cessé de me donner pendant des années du Service public
Et dans la voiture devant laquelle il me parlait, il y avait ce petit
bonhomme qui attendait parfois deux heures que son père nous apporte sa
passion et son enseignement et c'était François et on s'est retrouvé 20
ans plus tard dans une bataille extraordinaire qui était celle des
élections présidentielles de 1995. Et là je peux vous dire qu'il
fallait avoir la foi. Il fallait avoir le coeur bien trempé. Parmi les
combattants de cette époque, celui qui avec sa jeune frimousse tenait
l'épée avec ardeur, c'était encore le même François BAROIN, toujours ce
sourire de l'enfance, toujours cet oeil pétillant et plein de
fraîcheur, et qui désarmait les adversaires. Il était normal qu'il fut
choisi au sortir de la campagne comme porte-parole du gouvernement, le
plus jeune porte-parole de notre histoire.
Pour tout cela, je veux lui dire ici devant vous du fond du coeur et
avec beaucoup d'affection, merci, parce que la plus grande qualité dans
la politique c'est comme dans la vie, c'est la fidélité. Quand on aime,
on est fidèle. Et quand on est fidèle, on est plus fort parce qu'on
sait qu'on peut gravir les échelons un à un, qu'on peut franchir les
obstacles et qu'on est porté par quelque chose qui nous dépasse. Et
cette idée du service public, cette idée de servir son pays, de servir
sa ville mon cher François, de servir sa terre, de servir ceux qui sont
là aujourd'hui, mais j'ai bien vu en cheminant avec toi dans cette
grand-rue, que tu pensais aux enfants, que tu pensais aux
petits-enfants et que tu avais à coeur de redonner à voir ce qu'est
cette ville, et ce qu'elle a été pendant des centaines d'années. Ce
cadeau que tu fais à ta ville, ce cadeau que vous vous faites à
vous-même, c'est ce qu'il y a de plus précieux, parce que Troyes, qu'on
y passe ou qu'on y habite, c'est une ville qu'on n'oublie pas. Pour
tout cela, François, merci.
Je sais que la tradition de votre ville, depuis le Moyen Âge, c'est la
rencontre pour tous les commerçants d'Europe, on se rencontrait, on
échangeait un savoir-faire, une tradition et il y a quelque chose qui
m'a beaucoup touché ce matin, en rencontrant les jeunes à l'Institut
universitaire de formation aux métiers du patrimoine, lors du forum des
métiers, à l'agence nationale pour l'emploi. C'est cet esprit de
partage. On sait quelque chose, la vie vous a appris quelque chose,
l'expérience vous a appris quelque chose, et on a à coeur de le
transmette. Ca, c'est un bien précieux. Pas de la transmettre avec des
mots compliqués, de le transmettre du bout du coeur et du bout des
doigts, c'est-à-dire avec de la générosité, avec de la passion, parce
qu'on y a mis le meilleur de soi-même. Il y a là une leçon pour nous
tous. Il y a une leçon pour notre pays tout entier. Et ce sont des mots
qu'on a entendu ce matin et qu'on n'entend pas assez, l'amour du
travail bien fait. Je peux vous dire que la rampe d'escalier qu'on a vu
ce matin, la table, où tous les bords s'emboîtent, sans colle et sans
clou, mais parce qu'avec précision, avec amour, tout a été fait pour
que ça tienne tout seul. Ça, c'est la merveille de l'amour.
Un pays c'est exactement pareil, pas de colle et pas de clou. De
l'amour, de l'affection, de l'estime, de la tolérance, du respect, ce
sont les valeurs que nous voulons porter pour notre pays, pas des
valeurs que l'on impose, mais des valeurs que l'on partage, des valeurs
que l'on échange, et on le sait tous, je l'ai encore vu ce matin en
visitant le forum des métiers. Tout le monde n'est pas d'emblée
convaincu, et il y a jeunes ou moins jeunes qui pris dans bien des
idées d'hier, dans bien des idéologies, demandent encore des preuves.
Ils veulent croire et c'est tout le défi que nous avons sur l'emploi
dans notre pays, c'est tout le défi que nous avons sur le contrat
première embauche.
Nous sortons de dizaines d'années où la précarité a été la règle pour
les jeunes. Alors on enchaîne des CDD, on enchaîne des stages, on
enchaîne des périodes d'inactivité. Et alors tout à coup, il y a un
chef du gouvernement qui arrive et qui dit : écoutez moi je vais vous
offrir un contrat première embauche, avec une période de consolidation
où ce que vous aurez fait dans l'entreprise, le temps que vous aurez
passé en stage, en CDD, il sera compris dans cette période et chaque
jour qui passera vous aurez plus de droits, un droit individuel à la
formation, un préavis qui n'existe pas dans les autres contrats
proposés aux jeunes. Et puis vous aurez aussi, si à un moment donné les
choses se passent mal, une indemnité de rupture, une indemnité de
chômage qui ne vous sont pas offerts non plus. Toutes ces garanties,
elles sont nouvelles. Elles sont sorties de l'expérience du terrain,
des difficultés que rencontrent jour après jour les jeunes de notre
pays. Et c'est pour cela, c'est uniquement pour cela que cela surprend.
C'est neuf, ça vient de sortir et comme le contrat nouvelles embauches,
nous le verrons très vite, ça marche, et notre pays a besoin de choses
qui marchent. Pourquoi ? Parce que chacune et chacun ici, dans sa
diversité est porteur, porteuse de talent, mais le talent, si ça ne se
voit pas, si cela ne s'exprime pas, si cela ne s'épanouit pas, si cela
ne donne pas de résultat, cela s'aigrit, un peu comme une pomme, ça se
fripe, et on finit par douter de soi, on finit par se replier sur soi,
on finit par ne plus croire en soi.
Voyez-vous, ça, c'était exactement ce qui était en train d'arriver à la
France. Ça ce n'est pas la France que nous aimons, ce n'est pas la
France à laquelle nous croyons. Nous, nous croyons à un pays capable de
rayonner, de porter ses valeurs universelles de tolérance, de paix, et
de justice. Nous croyons à un pays capable de partager, de s'ouvrir aux
autres. Cette France-là, il faut le dire à chacune, et chacun, elle est
de retour. Elle est de retour parce que on n'arrêtera pas les bonnes
volontés. Les bonnes volontés dans ce pays l'emportent sur l'école des
sceptiques, les modernes, c'est-à-dire ceux qui veulent croire en
l'avenir, qui pensent que leurs enfants auront les chances qu'ils ont
eues aussi tout simplement parce qu'on va s'unir pour que nos enfants
et nos petits-enfants puissent voir cet avenir préservé. Contre les
sceptiques, contre les anciens qui ne croient plus en l'avenir de ce
pays et qui pensent que c'est avec nostalgie qu'il faut regarder
derrière et Troyes en est le meilleur exemple, Troyes qui s'habille
avec ces merveilleuses couleurs qui nous font rêver ; Troyes qui même
par grand froid mérite d'être découverte et redécouverte. Tout cela, ça
échappe aux chiffres, cela échappe aux statistiques, ça échappe aux
doigts qui se pointent pour vous dire vous n'y arriverez pas, parce que
ce quelque chose qui est en marche, c'est le peuple de notre pays qui
se remet debout et qui veut avancer, qui veut retrouver sa place, qui
veut relever ce défi que nos parents et nos grands-parents ont relevé.
Notre France, elle n'est jamais aussi grande que dans la difficulté et
dans l'épreuve. Mais nous le savons, il y a une condition pour cela,
c'est le rassemblement, c'est l'unité.
Les difficultés elles ne manquent pas. J'ai parlé de l'emploi. Nous
avons vécu l'épreuve de la crise des banlieues, nous vivons l'épreuve
également des discriminations, et pour nous guider, nous avons les
valeurs de notre République. Ces valeurs pendant longtemps, on a pensé
qu'il suffisait de les mettre aux frontons de nos bâtiments publics, la
liberté, l'égalité, la fraternité, comme si cela allait de soi, mais ce
qui est gravé aux frontons des édifices publics, il faut le graver dans
le coeur de chacun, et il faut le faire vivre. Et cela ça passe par des
choses très, très simples, des choses que les parents enseignent à
leurs enfants, se dire bonjour, se dire merci, tendre la main à celui
qui a une difficulté, c'est chose simple de la vie de tous les jours,
de la vie partagée. Nous le savons ici, elles changent la vie. Je l'ai
écrit sur le livre d'or de la ville de Troyes, " Troyes, ville d'audace
et d'ambition qui sait que par la volonté politique, on peut changer la
vie ". Il n'y a pas d'idéologie là-dedans. Il y a tout simplement le
coeur d'une ville qui déborde, et qui sait qu'il ne dépend que d'elle,
de ses propres mains, à condition d'être éclairé, d'être guidé par une
ambition, par un regard. Je suis fier mon cher François que ce soit toi
qui relèves ce défi. On appartient toujours à une lignée, on s'inscrit
toujours dans une fidélité, mais un jour on est seul devant. Et ce
jour-là, vous l'avez tous connu, on est seul devant, et dans cette
solitude, il faut trouver la force d'avancer. C'est parfois une
difficulté de la vie, la disparition d'un être cher, c'est parfois une
épreuve professionnelle, c'est parfois un défi de la vie collective,
c'est celui que connaît l'instituteur, c'est celui que connaît le
professeur de collège, c'est celui que connaît l'enseignant devant une
classe, c'est ce vertige que connaît celui qui doit encadrer une
équipe, contremaître, ingénieur. Porter une équipe, faire vivre une
équipe, mobiliser, entraîner, ça ce sont les défis de la vie, homme ou
femme, quel que soit notre âge, avec une clé, la solidarité, la
solidarité entre nous, la solidarité entre les générations, la
solidarité entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas assez, c'est la clé
de tout ce qui nous fait bouger.
Aujourd'hui, nous avons chacun rendez-vous avec celui qui est à côté de
nous. Souvent on est tenté d'aller porter le bonheur au bout du monde
et c'est vrai combien de fois on est ému chaque jour en tournant le
bouton de sa télévision, combien de fois on se dit j'aimerais les
aider, et chacun connaît la générosité des Français, elle s'exprime
dans toutes les grandes catastrophes, on l'a encore vue avec le
tsunami, avec les crises en Afrique. Mais parfois aussi on regarde à
travers la fenêtre, la douleur qui est là juste à côté. Il est parfois
plus difficile de tendre la main à celui qui est là, à qui on n'ose pas
parler parce qu'il est différent, parce que parfois il fait peur. Le
défi d'une nation, c'est de briser ces murs-là, c'est de faire tomber
les Bastille, c'est d'arracher les peurs. C'est le vrai défi de la
France d'aujourd'hui, et je suis heureux de saluer ici Troyes qui nous
montre le chemin, Troyes qui donne l'exemple à la fois de la fidélité
et de l'ambition. Voyez parfois, on prépare des textes, on fait des
fiches et puis parfois il y a le regard de ceux à qui l'on parle, qui
parle si fort qu'on a envie encore de les regarder dans les yeux. Je
veux vous dire aujourd'hui à chacune et chacun, merci, merci pour
Troyes, merci pour la France.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 février 2006