Texte intégral
Monsieur le Vice-Président,
Madame la Ministre, Chère Antoinette,
Monsieur le Gouverneur,
Chère Maggy Barankitse,
Je voudrais vous dire le plaisir que j'ai à être aujourd'hui ici, et surtout vous dire un grand merci à tous. Merci pour votre accueil, merci pour votre disponibilité, merci aussi de m'avoir accueilli en ce jour de fête, et pour tout ce j'ai appris.
Si je suis aujourd'hui présent au Burundi, c'est pour saluer l'exemple que donne votre pays.
D'abord celui d'un processus exigeant de sortie de crise, fondé sur la réconciliation, de préférence à la solution militaire, et qui, grâce à la ténacité et à la conviction des responsables de ce pays, appuyés par la mobilisation déterminée de la communauté internationale, a, Monsieur le Vice-Président de la République, fini par aboutir. C'est cet hommage que je tiens à rendre ici aujourd'hui.
Mais par ma présence, je tiens aussi à vous confirmer notre volonté de continuer à vous apporter tout l'appui nécessaire pour que votre pays puisse percevoir concrètement tous les dividendes de la paix.
Je crois en effet essentiel de donner des perspectives à tous ceux qui ont tant souffert de la guerre et je pense ici, avant tout, aux enfants et à la jeunesse, à qui les responsables politiques doivent proposer un avenir convenable. C'est la raison pour laquelle mon voyage, qui m'a amené hier en Ouganda et aujourd'hui chez vous, est un voyage qui vise, pour l'Ouganda, à parler de ces enfants soldats et qui vise, ici au Burundi, à vous féliciter pour le processus de réconciliation ; c'est-à-dire, ici, un voyage d'intérêt bilatéral et non pas centré sur les enfants soldats - sauf pour dire que ce que vous avez fait ici, c'est ce qu'il faut faire ailleurs. Et je voudrais ici être précis. La France est déterminée à peser de tout son poids pour qu'une réponse concrète soit apportée à ce qui représente un enjeu, celui des enfants soldats, non seulement éthique, non seulement moral, non seulement humanitaire, mais surtout un enjeu politique majeur.
Cette question est en effet au confluent des problématiques de résolution des conflits et de développement. La France a aujourd'hui une conviction : sans perspective de réinsertion, il n'y aura pas de démobilisation, il n'y aura pas de désarmement efficace, ni surtout durable. Il faut donc travailler sur la réinsertion, qui ne doit pas se limiter à une simple occupation, mais doit déboucher sur un emploi susceptible de participer à la reconstruction du pays.
C'est ce qu'illustre si magistralement le projet mené à bien ici, depuis tant d'années déjà, par Maggy Barankitse.
Tout ici est leçon. Tout ici est espoir. Tout ici est amour. Et je ne doute pas que les nombreuses difficultés et épreuves qui restent à vaincre, au nombre desquelles figure la sécheresse, en particulier au Nord et à l'Est, qui affecte durement votre province, Monsieur le Gouverneur, seront également vaincues, grâce à la volonté de tous, grâce à la solidarité, notamment celle des amis du Burundi comme la France.
Mais la victoire sur ces épreuves doit aussi beaucoup au courage d'individualités hors du commun, telles que Maggy, que je suis particulièrement heureux de rencontrer dans sa ville, dans sa maison, parmi ses amis et ses protégés. C'est pour moi une magnifique occasion de lui rendre hommage. Une autre personnalité exceptionnelle, Mère Teresa, disait : "il vaut mieux allumer une bougie plutôt que de maudire les ténèbres". Je crois qu'ici cette belle pensée prend tout son sens.
Ce que je viens de voir est pour moi l'illustration de ce que peut réussir une initiative individuelle lorsqu'elle est fondée sur des principes aussi fondamentaux que le droit des enfants, qu'elle est conduite avec détermination, courage et amour, qu'elle est entreprise surtout par quelqu'un du "pays". Il est absurde d'opposer programmes humanitaires gouvernementaux, internationaux, et initiatives privées telles que la vôtre. Les deux entreprises relèvent sans doute de logiques différentes, celle des organisations et celle des individus, mais elles poursuivent un seul but, apporter une réponse à ce défi majeur, ce défi commun, celui des enfants victimes de la guerre. S'il est bien un objectif qui justifie l'engagement des politiques dans un partenariat véritable, c'est celui qui consiste à protéger l'enfance et la jeunesse et à lui fournir surtout des perspectives autrement plus fortes et significatives que l'enrôlement dans les bandes armées. Ce que fait le président de la République, ce que vous faites Monsieur le Vice-Président, ce que vous faites, Madame la Ministre des Affaires étrangères, ici dans ce pays, c'est-à-dire donner l'éducation à tous d'une manière universelle, c'est certainement la meilleure et la seule réponse à ce sujet. Nous ne devons pas accepter que la seule issue économique, sociale, politique, se résume à la guerre pour des générations sacrifiées.
La France, pour sa part, est déterminée à mener ce combat à la fois pour interdire et sanctionner l'usage des enfants dans les conflits armés mais aussi pour contribuer à leur réinsertion dans une vie normale et digne de l'humanité.
Ici même, dans l'immédiat, nous appuierons la construction du nouvel hôpital REMA pour lequel l'hôpital de Pontoise, dont je salue l'action, est déjà impliqué. Au-delà, nous sommes déterminés à apporter tout l'appui souhaité aux nouvelles autorités de ce pays, à leur engagement prioritaire en faveur de l'éducation et de la formation afin de fournir au plus vite des perspectives acceptables à cette enfance tragiquement malmenée. Avec Claude Greff et Yves Censi, les deux députés qui sont venus avec moi de France, je voudrais vous dire l'émotion qui a été la nôtre tout au long de cette visite, face au contraste entre l'ampleur de ce qui a été construit et la modestie, la simplicité, la gentillesse de nos hôtes, vous Madame, vos amis, vos enfants, en un mot comme vous nous invitiez à le dire, votre famille. Merci encore une fois pour avoir permis aux simples visiteurs que nous sommes de voir ici l'espoir renaître. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2006