Texte intégral
Q- Est-ce un coup de "Jarnac" qu'a réussi S. Royal, en partant au Chili, alors que toute la Mitterrandie s'était réunie à Jarnac ?
R- Non, c'est un acte politique qu'elle a fait au nom du PS, c'est-à-dire que nous avions besoin d'envoyer une personnalité pour soutenir la candidate socialiste chilienne à l'élection présidentielle, M. Bachelet, et S. Royal était disponible. En plus, elle est présidente de la région Poitou-Charentes, elle a l'occasion, autant qu'elle le veut de s'incliner devant la tombe de F. Mitterrand. Elle était volontaire, on était demandeur, alors elle est partie, elle est au Chili où elle représente le
PS.
Q- "F. Mitterrand ne jouait jamais perso", a dit J. Lang...
R- Mais là, il ne s'agit pas de "jouer perso", au contraire, puisque je vous ai dit qu'elle était mandatée et que J. Lang lui-même ira au Chili.
Q- Est-ce que S. Royal est un atout majeur dans le jeu de la gauche aujourd'hui ?
R- Oui, je pense que c'est un atout majeur, quel que soit d'ailleurs le candidat à l'élection présidentielle, disons le. Non pas simplement parce que c'est une femme - j'entends dire que c'est un atout parce que c'est une femme, non ! Heureusement qu'elle a d'autres qualités que d'être "simplement" - et c'est déjà beaucoup et je ne m'en plains pas ! - une femme. Mais elle a le sens de ce qu'est la vie concrète de nos concitoyens, elle sait ce qu'est une action en politique, c'est-à-dire qu'elle est courageuse, elle est tenace, elle est obstinée. Et elle parle des problèmes des sociétés, pas simplement des questions qui nous concernent tous, économiques, sociales qui sont très importantes, mais de l'éducation, l'environnement, la famille, toutes ces question qui sont au coeur de notre vie quotidienne, qui sont très liées au contexte économique et social, à l'état des inégalités, mais qui intéressent quand même tous ceux qui, au-delà de leur classe sociale, vivent à des âges particuliers, sans doute, leur vie de famille.
Q- Avez-vous vu les sondages ? C'est de la rage ou quoi ?!
R- C'est de l'envie ! Ce n'est pas simplement de la rage, c'est de l'envie d'avoir, justement, des personnalités nouvelles - je pense que cela indique ça aussi -, une génération nouvelle, un comportement nouveau à l'égard de la vie politique...
Q- Elle répond à toutes ces aspirations-là : volonté de changement, de nouveauté ?
R- Elle ne répond pas à tout, parce que sinon il n'y aurait finalement plus qu'elle au Parti socialiste. Nous avons besoin de tous les talents, de toutes les personnalités et surtout, de toutes les forces militantes du Parti socialiste. Mais je crois qu'elle s'est installée dans la vie politique, depuis plusieurs années, elle n'est quand même pas nouvelle : elle a été élu - comme moi d'ailleurs - en 1988 comme députée, elle a des fonctions importantes au plan régional, dans la région Poitou- Charentes. Donc elle est repérée depuis longtemps dans la vie politique comme précisément celle qui veut parler de sujets extrêmement concrets. Et la vie politique est très abstraite. De quoi parle-t-on ? Des modes de désignation des candidats, des congrès, des primaires les uns les autres... Elle, elle est sur des sujets qui nous intéressent. On s'est beaucoup moqué d'elle, par exemple, je me souviens, il y a très longtemps, quand c'est la première qui a parlé de la pornographie à la télévision. Immédiatement, un certain nombre d'esprits, ont dit "on n'a pas le droit, surtout quand on est de gauche"... Elle a parlé du bizutage... Et puis on s'est aperçu que ces phénomènes avaient des conséquences, y compris dans ce qui peut se passer dans certains dérèglements. Elle a été la première à dire qu'il fallait, dans l'école de la République, des règles, des normes, qu'il fallait aussi s'occuper du destin des jeunes filles qui n'accédaient pas à la contraception. J'ai pris des questions qui ont été évoquées il y a déjà plusieurs années. Aujourd'hui, elle est sur d'autres terrains, elle fait notamment, en Poitou-Charentes, des expériences très originales en terme d'environnement ou en terme de démocratie participative. Donc je crois que c'est aussi cela qui nous est dit, à toutes les personnalités politiques, à tous ceux qui sont acteurs politiques : parlez-nous de nous ! Acteurs politiques, donnez-nous envie de voter pour vous !
Q- A-t-elle toutes les qualités pour être président de la République ?
R- Nous verrons. Je pense que le pire service que l'on peut se rendre collectivement et lui rendre personnellement, c'est d'anticiper par rapport aux échéances. Elle a fait part de sa disponibilité, ce n'est pas la seule...
Q- En parlez-vous tous les deux, librement, à la maison, quand vous êtes ensemble... ?
R- Bien sûr qu'on en parle ! Nous faisons de la politique ensemble depuis longtemps, mais en même temps, avec des destins séparés. Chacun a son identité, son existence etc. Mais elle a dit "je suis disponible", et moi, comme premier secrétaire du PS, avant d'être le compagnon, je dis que c'est bien qu'elle soit disponible. Après, nous verrons. J'ai fixé, au congrès du Parti socialiste qui vient de se dérouler, la date de désignation : novembre prochain. Nous verrons en novembre prochain lequel ou laquelle d'entre nous est capable, non pas simplement de nous faire gagner, mais de nous donner un projet collectif qui nous permette de gouverner avec talent ensuite.
Q- Je lis énormément de choses sur vous... Dans Le Parisien, hier, je lis cette anecdote de M. Charasse [...].
R- Dans toute anecdote, il y a toujours une part de vrai et une part d'imaginaire. La part de vrai, c'est que quand Ségolène a été nommée ministre de F. Mitterrand en 1992, c'est-à-dire quatre ans seulement après être devenue députée, donc très vite, elle a dit : "Est-ce que ma nomination empêcherait celle de F. Hollande ?". Et la réponse a été : "On ne peut pas mettre les deux !". C'était sans doute une réponse assez traditionnelle, qui n'aurait plus de sens aujourd'hui. Aujourd'hui, ce n'est pas le problème de savoir qui vit avec qui, c'est de savoir qui a la capacité, la compétence pour exercer des responsabilités. C'était une autre période et je crois qu'aujourd'hui, on n'est pas du tout dans cette préoccupation.
Q- Question d'un auditeur sur le calendrier du projet des socialistes et sur les grandes priorités sur lesquelles F. Hollande veut faire travailler les militants du PS.
R- D'abord, ce calendrier, il est le suivant : au mois de mai, juin au plus tard, nous ferons, là encore, voter nos adhérents sur le projet. Puis une fois que nous sommes dotés d'un projet, nous ferons en sorte de conclure un accord de gouvernement avec nos partenaires de la gauche - Verts, communistes, radicaux -, tous ceux qui voudront travailler avec nous au changement de 2007. Et puis, au mois de novembre, nous désignons notre candidat. Mais la question du projet est très importante parce que, finalement, quel que soit le candidat, on fera en sorte qu'il ou elle soit le ou la meilleure d'entre nous. Mais il portera ou elle portera, le projet dans d'ensemble des socialistes. Alors, avec bien sûr sa singularité. Mais ce sont les mêmes propositions qui seront défendues. Alors quelles propositions ? Nous pensons qu'aujourd'hui, c'est la question de la confiance qui est essentielle, c'est ce que j'ai évoqué. C'est-à-dire qu'il faut que, nous puissions redonner une vision d'avenir, que les Français puissent avoir l'espoir que cela va être meilleur, qu'il va y avoir un progrès. Et ce qui d'ailleurs ré-entraînera le processus de croissance. Deuxièmement, nous voulons unir la France. Nous avons fait un hommage, et moi je ne suis pas un nostalgique de la période...
Q- Ces hommages permanents à F. Mitterrand ne montrent-ils pas que vous n'avez aucune idée ?
R- Non ! Il ne faut pas célébrer des anniversaires, il faut être capables de tirer les leçons d'une action humaine. Et je me souviens que F. Mitterrand avait parlé de la "France unie" et cela revenait souvent dans son propos. Eh bien, s'il y a, là encore, peut-être une conclusion à tirer de ce qu'il a fait ou de ce qu'il n'a pas fait, c'est qu'il faut unir la France, au moment où la droite essaye de la séparer, de la diviser, de la fracturer, en mettant les uns contre les autres. Nous, socialistes, nous devons unir les Français, la France, autour de quelques grandes objectifs. J'ai parlé de la croissance, l'éducation : je veux en faire la priorité du projet des socialistes. Si on ne met pas, pas simplement l'égalité des chances, mais la citoyenneté, c'est-à-dire la manière de vivre ensemble, si on ne met pas l'instruction civique, c'est-à-dire les règles que nous avons à respecter ensemble, si on ne donne pas une promotion à chacun par l'école, mais pas simplement à travers les classes préparatoires, même si les classes préparatoires, ça a été annoncé par le président de la République, je souhaite que ça se fasse, parce qu'on ne peut pas laisser finalement les filières d'excellence au bénéfice des mêmes catégories sociales... Mais c'est par l'école de la République qu'on sera une nation plus forte, économiquement plus solide et qui permettra d'assurer la cohésion sociale, dans les principes de laïcité. Voilà ce que doit être une grande proposition. Par ailleurs, il y a la question de l'emploi, qui reste la question dominante, même si le chômage baisse statistiquement, avec la baisse de la population...
Q- Selon vous, il ne baisse pas réellement ?
R- On ne crée pas d'emplois supplémentaires. Comme il y a plus de départs en retraite que d'arrivées de jeunes sur le marché du travail, le chômage tend à baisser statistiquement. Comme en plus il y a des radiations et des "emplois aidés", c'est-à-dire des contrats subventionnés, cela fait pour les statistiques, là encore, une diminution, mais qui n'est pas vécue par les citoyens et notamment par les salariés. A partir de là, je pense que nous devons être dans une dynamique de création d'emplois. Et c'est pourquoi nous devons assurer le fait que, quand on perd son emploi, ça sera une proposition socialiste dans les prochains mois, au lieu de revenir vers l'ANPE, le service public de l'emploi passe un contrat avec le salarié qui vient d'être licencié pour le former, pour le qualifier et pour l'amener dans un délai, le plus court possible, vers l'emploi.
Q- Quand on perd son emploi, on passera donc un contrat ?
R- On passe un contrat, on ne devient pas demandeur d'emploi, on a été licencié, on passe un contrat, cela veut dire des droits et des devoirs. Des droits de toucher, non pas une indemnisation, mais dans une certaine mesure un salaire correspondant à une formation et à une qualification. Et puis des devoirs, se former, se qualifier, rechercher un emploi et, lorsqu'il est peut-être plus loin de son domicile, l'aider à permettre d'accéder à cet emploi.
Q- On va revenir là-dessus, parce que c'est très intéressant. Attention, parce que le président de la République pourrait s'emparer de votre idée ! Je dis ça avec un peu d'ironie, parce que vous dites sans cesse que le président de la République pille votre programme et vos idées !
R- Cela prouve d'abord que nous en avons, je ne me suis pas plaint finalement qu'il trouve que notre proposition de changer le financement de la Sécurité sociale est la bonne et que notre proposition de permettre à des jeunes de tous les quartiers, les plus difficiles ou les plus reculés sur le plan territorial - je pense aux zones rurales - puissent accéder aussi aux grandes écoles. Quand j'ai une bonne idée, je ne me plains pas qu'elle soit reprise par d'autres. Ce que je souhaite, c'est qu'elle soit appliquée. Et je me dis que finalement, en 2007, je préfère que ce soient les socialistes qui appliquent les idées socialistes plutôt que la droite !(Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 janvier 2006)
R- Non, c'est un acte politique qu'elle a fait au nom du PS, c'est-à-dire que nous avions besoin d'envoyer une personnalité pour soutenir la candidate socialiste chilienne à l'élection présidentielle, M. Bachelet, et S. Royal était disponible. En plus, elle est présidente de la région Poitou-Charentes, elle a l'occasion, autant qu'elle le veut de s'incliner devant la tombe de F. Mitterrand. Elle était volontaire, on était demandeur, alors elle est partie, elle est au Chili où elle représente le
PS.
Q- "F. Mitterrand ne jouait jamais perso", a dit J. Lang...
R- Mais là, il ne s'agit pas de "jouer perso", au contraire, puisque je vous ai dit qu'elle était mandatée et que J. Lang lui-même ira au Chili.
Q- Est-ce que S. Royal est un atout majeur dans le jeu de la gauche aujourd'hui ?
R- Oui, je pense que c'est un atout majeur, quel que soit d'ailleurs le candidat à l'élection présidentielle, disons le. Non pas simplement parce que c'est une femme - j'entends dire que c'est un atout parce que c'est une femme, non ! Heureusement qu'elle a d'autres qualités que d'être "simplement" - et c'est déjà beaucoup et je ne m'en plains pas ! - une femme. Mais elle a le sens de ce qu'est la vie concrète de nos concitoyens, elle sait ce qu'est une action en politique, c'est-à-dire qu'elle est courageuse, elle est tenace, elle est obstinée. Et elle parle des problèmes des sociétés, pas simplement des questions qui nous concernent tous, économiques, sociales qui sont très importantes, mais de l'éducation, l'environnement, la famille, toutes ces question qui sont au coeur de notre vie quotidienne, qui sont très liées au contexte économique et social, à l'état des inégalités, mais qui intéressent quand même tous ceux qui, au-delà de leur classe sociale, vivent à des âges particuliers, sans doute, leur vie de famille.
Q- Avez-vous vu les sondages ? C'est de la rage ou quoi ?!
R- C'est de l'envie ! Ce n'est pas simplement de la rage, c'est de l'envie d'avoir, justement, des personnalités nouvelles - je pense que cela indique ça aussi -, une génération nouvelle, un comportement nouveau à l'égard de la vie politique...
Q- Elle répond à toutes ces aspirations-là : volonté de changement, de nouveauté ?
R- Elle ne répond pas à tout, parce que sinon il n'y aurait finalement plus qu'elle au Parti socialiste. Nous avons besoin de tous les talents, de toutes les personnalités et surtout, de toutes les forces militantes du Parti socialiste. Mais je crois qu'elle s'est installée dans la vie politique, depuis plusieurs années, elle n'est quand même pas nouvelle : elle a été élu - comme moi d'ailleurs - en 1988 comme députée, elle a des fonctions importantes au plan régional, dans la région Poitou- Charentes. Donc elle est repérée depuis longtemps dans la vie politique comme précisément celle qui veut parler de sujets extrêmement concrets. Et la vie politique est très abstraite. De quoi parle-t-on ? Des modes de désignation des candidats, des congrès, des primaires les uns les autres... Elle, elle est sur des sujets qui nous intéressent. On s'est beaucoup moqué d'elle, par exemple, je me souviens, il y a très longtemps, quand c'est la première qui a parlé de la pornographie à la télévision. Immédiatement, un certain nombre d'esprits, ont dit "on n'a pas le droit, surtout quand on est de gauche"... Elle a parlé du bizutage... Et puis on s'est aperçu que ces phénomènes avaient des conséquences, y compris dans ce qui peut se passer dans certains dérèglements. Elle a été la première à dire qu'il fallait, dans l'école de la République, des règles, des normes, qu'il fallait aussi s'occuper du destin des jeunes filles qui n'accédaient pas à la contraception. J'ai pris des questions qui ont été évoquées il y a déjà plusieurs années. Aujourd'hui, elle est sur d'autres terrains, elle fait notamment, en Poitou-Charentes, des expériences très originales en terme d'environnement ou en terme de démocratie participative. Donc je crois que c'est aussi cela qui nous est dit, à toutes les personnalités politiques, à tous ceux qui sont acteurs politiques : parlez-nous de nous ! Acteurs politiques, donnez-nous envie de voter pour vous !
Q- A-t-elle toutes les qualités pour être président de la République ?
R- Nous verrons. Je pense que le pire service que l'on peut se rendre collectivement et lui rendre personnellement, c'est d'anticiper par rapport aux échéances. Elle a fait part de sa disponibilité, ce n'est pas la seule...
Q- En parlez-vous tous les deux, librement, à la maison, quand vous êtes ensemble... ?
R- Bien sûr qu'on en parle ! Nous faisons de la politique ensemble depuis longtemps, mais en même temps, avec des destins séparés. Chacun a son identité, son existence etc. Mais elle a dit "je suis disponible", et moi, comme premier secrétaire du PS, avant d'être le compagnon, je dis que c'est bien qu'elle soit disponible. Après, nous verrons. J'ai fixé, au congrès du Parti socialiste qui vient de se dérouler, la date de désignation : novembre prochain. Nous verrons en novembre prochain lequel ou laquelle d'entre nous est capable, non pas simplement de nous faire gagner, mais de nous donner un projet collectif qui nous permette de gouverner avec talent ensuite.
Q- Je lis énormément de choses sur vous... Dans Le Parisien, hier, je lis cette anecdote de M. Charasse [...].
R- Dans toute anecdote, il y a toujours une part de vrai et une part d'imaginaire. La part de vrai, c'est que quand Ségolène a été nommée ministre de F. Mitterrand en 1992, c'est-à-dire quatre ans seulement après être devenue députée, donc très vite, elle a dit : "Est-ce que ma nomination empêcherait celle de F. Hollande ?". Et la réponse a été : "On ne peut pas mettre les deux !". C'était sans doute une réponse assez traditionnelle, qui n'aurait plus de sens aujourd'hui. Aujourd'hui, ce n'est pas le problème de savoir qui vit avec qui, c'est de savoir qui a la capacité, la compétence pour exercer des responsabilités. C'était une autre période et je crois qu'aujourd'hui, on n'est pas du tout dans cette préoccupation.
Q- Question d'un auditeur sur le calendrier du projet des socialistes et sur les grandes priorités sur lesquelles F. Hollande veut faire travailler les militants du PS.
R- D'abord, ce calendrier, il est le suivant : au mois de mai, juin au plus tard, nous ferons, là encore, voter nos adhérents sur le projet. Puis une fois que nous sommes dotés d'un projet, nous ferons en sorte de conclure un accord de gouvernement avec nos partenaires de la gauche - Verts, communistes, radicaux -, tous ceux qui voudront travailler avec nous au changement de 2007. Et puis, au mois de novembre, nous désignons notre candidat. Mais la question du projet est très importante parce que, finalement, quel que soit le candidat, on fera en sorte qu'il ou elle soit le ou la meilleure d'entre nous. Mais il portera ou elle portera, le projet dans d'ensemble des socialistes. Alors, avec bien sûr sa singularité. Mais ce sont les mêmes propositions qui seront défendues. Alors quelles propositions ? Nous pensons qu'aujourd'hui, c'est la question de la confiance qui est essentielle, c'est ce que j'ai évoqué. C'est-à-dire qu'il faut que, nous puissions redonner une vision d'avenir, que les Français puissent avoir l'espoir que cela va être meilleur, qu'il va y avoir un progrès. Et ce qui d'ailleurs ré-entraînera le processus de croissance. Deuxièmement, nous voulons unir la France. Nous avons fait un hommage, et moi je ne suis pas un nostalgique de la période...
Q- Ces hommages permanents à F. Mitterrand ne montrent-ils pas que vous n'avez aucune idée ?
R- Non ! Il ne faut pas célébrer des anniversaires, il faut être capables de tirer les leçons d'une action humaine. Et je me souviens que F. Mitterrand avait parlé de la "France unie" et cela revenait souvent dans son propos. Eh bien, s'il y a, là encore, peut-être une conclusion à tirer de ce qu'il a fait ou de ce qu'il n'a pas fait, c'est qu'il faut unir la France, au moment où la droite essaye de la séparer, de la diviser, de la fracturer, en mettant les uns contre les autres. Nous, socialistes, nous devons unir les Français, la France, autour de quelques grandes objectifs. J'ai parlé de la croissance, l'éducation : je veux en faire la priorité du projet des socialistes. Si on ne met pas, pas simplement l'égalité des chances, mais la citoyenneté, c'est-à-dire la manière de vivre ensemble, si on ne met pas l'instruction civique, c'est-à-dire les règles que nous avons à respecter ensemble, si on ne donne pas une promotion à chacun par l'école, mais pas simplement à travers les classes préparatoires, même si les classes préparatoires, ça a été annoncé par le président de la République, je souhaite que ça se fasse, parce qu'on ne peut pas laisser finalement les filières d'excellence au bénéfice des mêmes catégories sociales... Mais c'est par l'école de la République qu'on sera une nation plus forte, économiquement plus solide et qui permettra d'assurer la cohésion sociale, dans les principes de laïcité. Voilà ce que doit être une grande proposition. Par ailleurs, il y a la question de l'emploi, qui reste la question dominante, même si le chômage baisse statistiquement, avec la baisse de la population...
Q- Selon vous, il ne baisse pas réellement ?
R- On ne crée pas d'emplois supplémentaires. Comme il y a plus de départs en retraite que d'arrivées de jeunes sur le marché du travail, le chômage tend à baisser statistiquement. Comme en plus il y a des radiations et des "emplois aidés", c'est-à-dire des contrats subventionnés, cela fait pour les statistiques, là encore, une diminution, mais qui n'est pas vécue par les citoyens et notamment par les salariés. A partir de là, je pense que nous devons être dans une dynamique de création d'emplois. Et c'est pourquoi nous devons assurer le fait que, quand on perd son emploi, ça sera une proposition socialiste dans les prochains mois, au lieu de revenir vers l'ANPE, le service public de l'emploi passe un contrat avec le salarié qui vient d'être licencié pour le former, pour le qualifier et pour l'amener dans un délai, le plus court possible, vers l'emploi.
Q- Quand on perd son emploi, on passera donc un contrat ?
R- On passe un contrat, on ne devient pas demandeur d'emploi, on a été licencié, on passe un contrat, cela veut dire des droits et des devoirs. Des droits de toucher, non pas une indemnisation, mais dans une certaine mesure un salaire correspondant à une formation et à une qualification. Et puis des devoirs, se former, se qualifier, rechercher un emploi et, lorsqu'il est peut-être plus loin de son domicile, l'aider à permettre d'accéder à cet emploi.
Q- On va revenir là-dessus, parce que c'est très intéressant. Attention, parce que le président de la République pourrait s'emparer de votre idée ! Je dis ça avec un peu d'ironie, parce que vous dites sans cesse que le président de la République pille votre programme et vos idées !
R- Cela prouve d'abord que nous en avons, je ne me suis pas plaint finalement qu'il trouve que notre proposition de changer le financement de la Sécurité sociale est la bonne et que notre proposition de permettre à des jeunes de tous les quartiers, les plus difficiles ou les plus reculés sur le plan territorial - je pense aux zones rurales - puissent accéder aussi aux grandes écoles. Quand j'ai une bonne idée, je ne me plains pas qu'elle soit reprise par d'autres. Ce que je souhaite, c'est qu'elle soit appliquée. Et je me dis que finalement, en 2007, je préfère que ce soient les socialistes qui appliquent les idées socialistes plutôt que la droite !(Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 janvier 2006)