Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur le projet du parti socialiste et ses propositions sur l'éducation, l'emploi et plus particulièrement sur l'emploi des jeunes et sur sa volonté de changement dans la perspective de 2007, Paris le 29 janvier 2006.

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Circonstance : 11ème Rassemblement des secrétaires de section à Paris le 29 janvier 2006

Texte intégral

Je voudrais d'abord remercier Kader qui a animé cette journée avec François Rebsamen et l'équipe de direction du Parti et vous dire toute notre gratitude, pour votre présence, ce n'était pas facile. Vous êtes presque aussi nombreux que les autres années. Et la météo pas plus que le gouvernement de Villepin aura raison de nous.
Nous le savons le rassemblement des secrétaires de section est toujours un moment fort dans la vie de notre parti. Convenons que nous n'avons pas beaucoup de ces moments forts avant le grand rendez-vous de 2007.
Nous avons voulu faire de celui-ci la représentation d'un parti mobilisé, uni et ouvert. Mobilisé parce que c'est en 2006 que nous devons préparer 2007. C'est en 2006 que nous devons améliorer autant qu'il sera possible notre organisation, lancer notre campagne d'adhésion. C'est en 2006 que nous avons à proposer un projet à notre pays. C'est en 2006 que nous choisirons nos candidates, candidats aux élections législatives et aussi je ne l'oublie pas la présidentielle. Si je l'oubliais, d'autres m'en feraient le rappel. Nous aurons aussi à rassembler la gauche, toute la gauche celle qui veut gouverner. Et nous aurons surtout à convaincre nos concitoyens que l'espoir est ici avec nous et au-delà de nous. Nous sommes un parti mobilisé par la force militante qui est la nôtre et que nous voulons élargir. Mais nous sommes un parti uni et chaque jour qui me sépare du Congrès du Mans, me confirme que nous avons eu raison de faire synthèse au Mans et de nous rassembler comme socialistes, de dépasser ce qui nous avait séparé : le Oui, le Non, et de faire en sorte qu'ensemble nous portions maintenant le changement pour le pays. Comment aurions-nous pu convaincre nos concitoyens, de rassembler la gauche et porter un projet cohérent si nous étions restés là à nous regarder les uns les autres, à douter de nous-mêmes, alors je suis le Premier secrétaire de la synthèse, vous êtes les secrétaires de section, les militants de la synthèse et c'est ce qui permet aujourd'hui d'être non seulement rassemblés mais unis fraternellement pour préparer la suite.
"La France n'est pas en déclin, elle est entre de mauvaises mains"
Et puis nous sommes un Parti ouvert, en tout cas nous devons l'être davantage. Convenons qu'en 2005 nous nous sommes peut-être trop tournés vers nous-mêmes. Alors 2006 c'est l'année où il faut regarder dehors et aller au plus près avec nos concitoyens. Avec celles et ceux qui doutent encore de la politique, leur dire combien le rendez-vous de 2007 est essentiel. En 2007, il s'agira de porter un coup d'arrêt à cette spirale infernale de déprime, de déclassement, de désespérance qui touche trop de nos concitoyens. Mais il ne s'agit pas simplement de faire un coup d'arrêt, il faut aussi lever aussi une nouvelle espérance. Donner une nouvelle ambition pour la France, donner du sens à l'action collective.
Et voilà pourquoi nous devons faire ce choix de l'avenir. C'est vrai que la France va mal, elle n'est pas en déclin, elle est entre de mauvaises mains. La droite échoue, mais elle veut dissimuler ces échecs à travers une autosatisfaction qui paraît provocatrice. Elle nous parle de croissance sociale, au moment où il y a ni croissance, ni social. Elle nous parle de baisse du chômage alors qu'il y a depuis 2002 aucune création d'emploi supplémentaire. Il y a de plus en plus de jeunes ou de moins jeunes qui ne sont peut-être plus chômeurs mais qui sont écartés des règles de l'indemnisation, renvoyés au RMI et financés pour l'essentiel par les collectivités locales. Elle nous parle de maîtriser la dette, quand cette même droite depuis 2002 n'a cessé d'augmenter le déficit de l'état, déficit de la Sécurité sociale, pour atteindre un niveau record d'endettement public. Elle nous parle aussi de sécurité, elle nous en a beaucoup parlé de sécurité depuis 2002.
Fausses promesses
Et aujourd'hui que constatons nous ? L'augmentation des violences aux personnes qui ne cessent de se confirmer et l'accumulation de faits-divers horribles qui pourraient justifier si nous n'étions pas des démocrates et des républicains, une exploitation honteuse, celle la même que nous avons subi en 2002 et que nous nous refusons aujourd'hui à commettre. Autosatisfaction insupportable d'entendre parler de compétitivité des entreprises quand le déficit du commerce extérieur n'a été aussi élevé : 25 milliards d'euros, près de 150 milliards de francs, jamais ce chiffre n'avait été atteint. Ce n'est pas simplement dû à la facture pétrolière mais tout simplement à la dégradation même de la capacité de nos entreprises à exporter. Voilà le résultat. Nous n'avons pas simplement un gouvernement d'auto satisfaits, mais nous avons aussi un gouvernement de faux prometteurs. Car que de promesses ont été faites. Je ne parle pas des malheureux restaurateurs qui ont voulu croire un moment, mais le moment a duré, et pour certains il dure encore, qu'ils vont avoir la baisse de la TVA. Un dimanche aujourd'hui, il va sans doute être noir pour beaucoup de ceux-là. Alors avertissons les. Qu'ils ne se fassent pas de nouveau reprendre par de nouvelles promesses. Je suis surpris d'ailleurs de cet appétit de promesses de ces restaurateurs, ils connaissent le menu, la carte et même les suppléments. Ils n'auront rien, non pas parce qu'ils ne méritent rien mais parce qu'on leur a tout promis, ce qui ne pouvait pas forcément être tenu. Curieuse méthode, terrible méthode, qui ne déshonore pas uniquement les auteurs de ces promesses mais la politique et c'est plus grave. Car aujourd'hui l'abus n'est pas simplement sur telle ou telle catégorie mais aussi sur des priorités essentielles comme la recherche. On leur a fait croire qu'on allait faire 3% d'effort national pour la recherche par rapport à la richesse. Puis rien ne vient, si ce n'est le projet de loi. Cela ne coûte pas cher de faire des lois, même des mauvaises. Alors c'est l'annonce rituelle par le Premier ministre de nouvelles lois, s'ajoutant aux autres, inflation législative, inflation verbale et qui se traduit par aucun acte concret, hélas, et souvent par du désordre.
On nous parlait de patriotisme économique, où est-il le patriotisme économique quand une entreprise comme ARCELOR se fait aujourd'hui menacer par une OPA ? Non pas simplement parce ce serait un groupe indien. Et que cela supposerait de notre part, je ne sais quelle prévention. C'est ça la mondialisation. Il y a aussi des indiens et des chinois. C'n'est pas là le sujet. Le sujet c'est quand on a dépensé autant d'argent public pour redresser la sidérurgie, c'est un comble de voir aujourd'hui le capitalisme prédateur venir là remettre en cause les emplois, en cause l'avenir industriel, en cause les régions.
Et c'est vrai que ce qui manque aujourd'hui ce sont les politiques publiques, c'est une présence d'actionnaires publics et c'est aussi une politique industrielle. Mais nous sommes devant un gouvernement de faux-fuyants parce que si la politique de la droite échoue ce n'est jamais de sa faute, c'est comme le disait Henri, celle du modèle social qui serait paraît-il obsolète, du pacte républicain qui serait nous dit-on dépassé, ou des acquis sociaux qui seraient aujourd'hui exorbitants et nous assistons donc à une fuite en avant libérale. Puisque ce n'est pas de leur faute, il faut de nouveau que les salariés, les jeunes, les assurés sociaux, les retraités fassent de nouveaux efforts et de nouveaux sacrifices. Libéralisation fiscale ou à travers un bouclier, on assure la protection des seuls bénéficiaire de hauts revenus ou des seuls titulaires de grande fortune. Libéralisme économique où on démantèle, privatise les grands services publics. Et libéralisme social à travers le contrat première embauche qui lui-même était inventé avec le contrat nouvelle embauche et qui précède forcément le contrat unique qui sera proposé au mois de juin par le Premier ministre. Je ne sais pas ce que sera la contestation sociale et il ne nous appartient pas de le dire. Ce que je sais c'est que nous avons nous, socialistes, une responsabilité particulière, d'abord de mener là où nous sommes, c'est-à-dire dans les assemblées de la République le combat contre cette précarisation du travail, de faire en sorte là où nous sommes, comme militant du premier Parti de France, d'aller au contact de nos compatriotes et de les informer. Pas simplement les jeunes, mais tous ceux qui peuvent être demain victime de ce contrat de précarité. Et puis, il nous revient enfin de donner des débouchés politiques pour 2007. Nous ne sommes pas des organisateurs de manifestations, nous ne sommes pas là pour décréter l'urgence sociale. Nous sommes là pour offrir à notre pays, à nos concitoyens l'espoir dont ils manquent aujourd'hui.
Le Parti socialiste doit être le parti du changement
Le Parti socialiste doit être le parti du changement, Nous avons un projet pour le changement, nous avons à désigner des candidats pour le changement, nous avons à rassembler la gauche, toute la gauche pour le changement. Et nous avons à assurer en 2007, la victoire du changement. Voilà le mot d'ordre le Changement. Changement d'abord à travers un projet. Un projet pour la France. Car i l y aura pour la France en 2007, une confrontation entre deux projets pour la France. La droite a le sien, elle divise, elle oppose. Elle fait peur, elle sépare, elle fait de nouveau surgir les vieux spectres de l'immigration et de l'insécurité pour mieux mobiliser une partie de la France contre une autre. Voilà le projet de la droite. Le nôtre, c'est une France réconciliée avec elle-même confiante dans son avenir, une France harmonieuse, une France solidaire, Une France qui sait où elle va et qui effectivement a confiance d'abord dans ses atouts, dans sa population, dans ses forces vives. Voilà pourquoi, Chers amis, Chers Camarades nous devons parler de la France. Notre projet ne sera pas l'addition de revendications, l'accumulation de propositions, la superposition d'annonces catégorielles. Nous avons une élévation plus grande, de notre conception de la politique, nous devons parler à la France, aux Français et aux Françaises pour savoir exactement où ils veulent aller avec nous et jusqu'où. Voilà pourquoi notre projet doit fixer d'abord de grandes priorités et mettre des choix clairs et fournir des engagements précis. D'abord sur l'éducation et sur l'emploi, et puis ensuite comme il a été précisé sur l'ensemble des sujets qui nous paraissent aujourd'hui essentiels pour la vie des Français. Je propose pour l'éducation et l'emploi un double contrat : un contrat générationnel et un contrat professionnel. C'est vrai que sur l'éducation, et je partage ce que disait Vincent : nous devons pas là encore ajouter des revendications les unes les autres, promettre simplement des suppléments de crédit comme souvent et demander un supplément d'âme. Mais nous devons d'abord que l'éducation soit un modèle de société, que nous fixions trois objectifs simples à travers l'éducation, c'est une citoyenneté pleine et active que nous voulons atteindre. C'est une qualification durable que nous devons proposer, et c'est une société de la connaissance que nous voulons organiser.
Sur l'éducation, je fais donc cinq propositions que nous soumettrons au débat :
1. Tout enfant à partir de trois ans a le droit d'être scolarisé. C'est-à-dire, la scolarisation obligatoire à partir de trois ans. Si nous voulons donner à la lutte contre l'échec scolaire, faire que l'égalité des chances ne soit pas un mot mais une vérité, si nous voulons que chaque enfant dans notre pays chaque enfant puisse avoir l'accompagnement auquel il a droit, il faut qu'il soit scolarisé le plus jeune possible.
2. Tout élève du primaire en difficulté doit avoir un accompagnement individuel. C'est pourquoi nous devons refuser l'abaissement de la scolarité obligatoire. Nous devons affirmer que a la scolarisation obligatoire, elle est jusqu'à 16 ans et ne pas renoncer à cette volonté collective de former tout jeune de notre pays pour lui donner une chance réelle de succès. Pour le collège, comme pour les écoles qui sont dans les quartiers les plus difficiles, nous devons prévoir une dotation en personnel, en fonction précisément des difficultés rencontrées établissement par établissement, pour assurer à la fois l'efficacité de la formation et la sécurité du personnel comme des enfants qui y sont accueillis.
3. Nous devons aussi faire une proposition simple : que chaque lycée doit être un lycée d'excellence et qu'il est normal que dans chaque lycée il y ait une part de ces élèves qui aillent dans les meilleures classes préparatoires de la République. Il n'est pas normal que ce soit toujours les mêmes élèves des mêmes catégories sociales qui aillent dans les grandes écoles de la République.
4. Et puis il faudra proposer un parcours pour les étudiants permettant en cinq ans de mettre au même niveau la dépense par étudiant et la dépense par lycéen, il n'est pas normal que l'on consacre moins pour les étudiants que pour les lycéens.
5. Enfin il y a ce droit à la formation tout au long de la vie qu'il faut affirmer. Tout ne se joue pas dans la formation initiale, il faut donc créer un compte individuel à la formation. C'est-à-dire un compte pour chaque salarié où les droits à la formation seront d'autant plus forts, d'autant plus longs, d'autant plus financés, que précisément la formation initiale a été courte. La seule manière de réduire sur toute la vie des inégalités, c'est de fournir à celles et à ceux qui n'ont pas pu justement se former dans les premiers âges de la vie adulte, les moyens de le faire tout au long de leur vie professionnelle. Voilà pourquoi nous porterons cette revendication, cette proposition du droit à la formation sur toute la vie. L'éducation, c'est le principe premier de notre projet politique et nous en débattrons dans le cadre de nos états généraux. Nous en débattrons largement dans le parti. Bien sûr, avec les personnels concernés, avec l'ensemble des parents, des étudiants et des élèves.
Sur l'emploi
Nous sommes devant un choix crucial. D'abord partons de nos hypothèses. Ce n'est pas la flexibilité qui permet l'embauche. C'est la croissance. Parce que nous de 1997 à 2002, il y a eu la croissance. Et c'est parce qu'il y a eu la croissance, qu'il y a eu 2 millions d'emplois ; dans le cadre du droit du travail tel qu'il est. Dans le cadre des lois aujourd'hui démantelées par le pouvoir. Ce n'est pas non plus la précarité qui fait l'emploi. Je dirais même l'inverse. C'est la sécurité professionnelle qui crée la confiance qui elle-même permet la croissance. À quoi avons-nous assisté depuis quatre ans ? 22 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales supposées favoriser l'embauche, la loi de modernisation sociale et la remise en cause même du licenciement économique tel que nous l'avions défini, l'élévation des seuils pour les obligations de représentation du personnel, la facilitation de l'intérim et tout cela sans aucune création d'emploi supplémentaire par rapport à l'année 2002. Pas un emploi de plus, pas une compétitivité améliorée pour les entreprises parce que le déficit commercial n'a jamais été aussi élevé. Voilà pourquoi nous sommes effectivement devant deux logiques. La logique de la précarisation sur toute la vie professionnelle, c'est le modèle de la droite. Et la logique de la sécurisation sur toute la vie professionnelle, ce doit être la nôtre.
Alors j'en viens au contrat première embauche puisque c'est d'abord sur les jeunes que l'on fait porter l'expérimentation de ce qui se ferait bientôt à l'échelle de toutes les entreprises et de tous les salariés. L'argument, on le connaît parfaitement, celui du pouvoir, c'est de dire aux jeunes vous n'avez rien à perdre avec le contrat première embauche, puisque vous n'avez déjà plus rien. Prenez cela, vous ne risquez rien, vous n'avez rien. C'est mieux même qu'un stage pas rémunéré, mais,pourquoi ne rémunère t-on pas les stages ? C'est mieux qu'un intérim mais pourquoi ne rend t-on pas plus difficile le recours à l'intérim ? C'est mieux que le contrat à durée -déterminée, parce que le CDD, on en connaît déjà la durée. Avec un contrat première embauche, on n'en sait même pas la durée. Si c'était une avancée le CPE, et si le CNE qui a été proposé l'été dernier, était un progrès. Pourquoi le CNE a été adopté par voie d'ordonnance et non pas en débat parlementaire ? Et pourquoi ce CPE n'a-t-il pas été soumis aux partenaires sociaux avant qu'il ne devienne un projet de loi de la République ? Tout simplement parce que tous les syndicats, je dis bien tous les syndicats sont contre ce CPE. Et pourquoi a-t-on recouru à la voie d'amendement d'un texte paraît-il sur l'égalité des chances pour faire passer le CPE ? Parce que le pouvoir savait bien que ce texte pouvait susciter réprobations et critiques et notamment des jeunes et que précisément parc les jeunes étudiants étaient en vacances universitaires au mois de février. Et qu'il y avait donc opportunité à faire passer ce texte le plus vite possible par la voie d'une urgence et rattacher par la voie de l'amendement, un autre projet de loi sur l'égalité des chances, alors même que va être introduite une discrimination à l'égard des jeunes de notre pays. Si le gouvernement pensait que ce texte était une avancée, pourquoi ne dirait-il pas la vérité aux jeunes, c'est-à-dire que pour toutes les catégories d'emplois, pour tous les diplômes, la seule formule pour un jeune d'accéder désormais au marché du travail, ça sera sous la forme d'un CPE. Voilà la réalité, voilà ce que l'on veut cacher à nos concitoyens et pas seulement aux plus jeunes. Parce que ce qui est aujourd'hui engagé à travers le CPE, c'est le contrat unique de travail qui aboutirait à placer la précarité comme seule mode d'accession à l'emploi. Alors c'est vrai, si nous sommes opposés à ce démantèlement, nous avons le devoir de faire des propositions.
Nous faisons une proposition pour les jeunes, pour les jeunes qui sont les moins qualifiés, pour les 150000 qui sont sortis du système scolaire sans formation leur permettant d'avoir un diplôme reconnu par les conventions collectives. C'est vers ceux-là d'abord qu'il faut faire porter la priorité publique et c'est la raison pour laquelle nous proposons ce contrat de formation pour les jeunes en difficulté comme d'abord nous l'avions proposé dans le cadre des emplois jeunes, emplois jeunes dans le secteur public ne les oublions pas, nous le rappelons aujourd'hui, qui les a supprimé ? la droite, qui doit les rétablir ? la gauche, car il faudra les rétablir, emplois jeunes dans le secteur public et emplois formation contrat emploi formation dans le secteur privé car il est normal il est légitime de proposer un contrat à durée indéterminée à un jeune et d'avoir en contrepartie, lorsqu'un effort de formation est consenti une aide des pouvoirs publics pour que l'employeur fasse cet effort, consacre cette énergie à donner à un jeune la qualification qu'il attend dans l'emploi. Voilà pourquoi, face au CPE nous proposons ce contrat de sécurité de formation. C'est la seule manière de proposer à un jeune un vrai contrat de travail à durée indéterminée et à l'employeur, le moyen d'assurer sa formation. Mais il faut aller au-delà de ce qui est proposé pour la jeunesse. Nous avons à proposer un contrat de travail durable et un contrat de reclassement pour celles et ceux qui sont victimes de licenciements collectifs. Le contrat de travail durable, c'est le contrat à durée indéterminée, mais il est logique, dès lors qu'il existe d'autres formules de faire moduler les cotisations sociales selon la durée des contrats. Oui, il faut que les employeurs payent moins de cotisations quand le contrat est à durée indéterminée et en payent davantage quand il s'agit d'intérim ou de CDD et de la même manière disons-le, il faudrait aussi prévoir des cotisations dégressives selon l'ancienneté des salariés dans l'emploi et si nous avons proposé les premiers, on me dit que le Président de la République nous a repris l'idée, tant mieux ! - encore qu'avec lui, les idées tournent mal et qu'une bonne idée proposée par nous, dès qu'il l'a reprise, devient un mauvais texte, mais si on nous a repris cette idée de cotisations sociales qui ne seraient plus assises sur les seuls salaires mais sur la valeur ajoutée, c'est parce qu'il n'est plus tolérable que dans une entreprise, on paye d'autant plus de cotisations qu'il y a de l'emploi et d'autant moins qu'on en supprime. Et voilà pourquoi, il faut changer profondément les règles du financement de la sécurité sociale. C'est ce que j'appelle le contrat de travail durable mais il y a aussi, et nous avons suffisamment de respect à l'égard de nos concitoyens, pour leur dire qu'il y aura toujours hélas et des licenciements et des plans sociaux, nous croiraient-on si on promettait le contraire ? Mais ce que nous devons garantir, c'est que chaque salarié, qui sera victime d'un plan social ou d'un licenciement collectif, devra avoir un contrat de reclassement. Ce qui veut dire, non pas retourner à l'ANPE, non pas connaître le chômage mais passer de l'emploi à l'emploi. Que le service public de l'emploi négocie avec le salarié un contrat lui permettant de suivre une formation, une qualification, et le retour à l'emploi. Et c'est ainsi que nous construirons, avec les partenaires sociaux, avec le service public de l'emploi, cette sécurisation du parcours professionnel. Moi, je le dis ici, la précarité ne crée pas d'emplois, la sécurité fait la productivité et la compétitivité. Beaucoup d'employeurs l'ont compris et c'est pourquoi d'ailleurs, je ne veux pas que l'on confonde tous les employeurs avec le MEDEF. Beaucoup d'employeurs savent bien que pour avoir le meilleur rendement, oui le meilleur rendement, la meilleure productivité économique et sociale, il faut donner de la stabilité, il faut donner de la confiance, il faut donner de la cohérence, il faut donner de la visibilité et c'est ainsi que l'on obtient des ressources humaines, la meilleure mobilisation. Voilà, chers camarades, ce que nous devons dire aujourd'hui.
Le moment est grave, parce que beaucoup s'interrogent, le fatalisme est tel que bien de nos concitoyens ne savent plus s'il faut encore faire confiance aux règles du droit du travail. Si finalement, il n'y aurait pas intérêt à tout abandonner pour espérer, même avec un droit du travail abîmé et une protection sociale elle-même réduite, connaître enfin le retour vers l'emploi. Eh bien, nous devons leur dire, que dans le cadre d'une négociation puis d'une responsabilité collective, nous avons à fixer les règles, nous avons à donner au contraire de la perspective et c'est ainsi que le pays peut reprendre confiance en son destin.
S'ouvrir largement
Projet du changement, nous aurons, dans les mois qui viennent, à évoquer les autres sujets : logement, environnement, sécurité, démocratie, mais je fais confiance aux états généraux que nous allons organiser et au parti pour alimenter notre réflexion dans le cadre de la commission du projet, mais ce que nous devons dire, c'est que notre projet, doit être un projet de changement ; mais pour cela, il faut aussi que nous soyons le parti du changement, ce qui suppose de nous ouvrir, et Jack Lang a fait des propositions qui seront demain nos règles pour l'adhésion de notre parti. Ce n'est pas la première tentative, j'en conviens, c'est pas la dernière, sûrement, mais quand même, il faut changer et nos pratiques, et nos états d'esprit et nos règles parce que l'adhésion au Parti Socialiste ne peut pas susciter de soupçons avec cette question : mais pourquoi vient-il ou vient-elle nous rejoindre ? Qu'est-ce qui fait que nous sommes devenus aimables, n'y aurait-il pas de risques pour nous-mêmes ou pour telle ou telle désignation ? Mais adhérer au PS devrait de notre part être salué comme une reconnaissance, comme un honneur qui nous est consenti, et c'est pourquoi je veux, nous voulons tous, que le PS s'ouvre largement. Nous ne devons avoir peur de rien. On voit souvent des camarades qui sont venus pour voir et qui restent souvent longtemps et prennent même des responsabilités, donc nous ne devons avoir peur de rien, peur de rien, peur de telle ou telle désignation, je fais confiance moi aux militants du parti, aux nouveaux comme aux anciens, quand il s'agira de choisir au moment des législatives ou de la présidentielle, de prendre celui ou celle qui nous fera gagner, tout simplement. Pensez-vous que les gens vont entrer pour nous faire perdre ? Même ceux qui sont là ne veulent pas perdre alors pourquoi ceux qui nous rejoignent voudraient perdre. Ils choisiront le meilleur ou la meilleure, ils ne se tromperont pas. Alors, à partir de là, ouvrons, ouvrons largement. On nous dit « c'est terrible, ils pourraient venir par Internet », mais à un moment le virtuel devient le réel. Ce qui est plus grave, c'est quand ils nous écrivent et qu'on ne leur répond pas. Alors, faites en sorte, chers camarades, que nous soyons plus nombreux encore, plus fiers de nous. Moi, je ne dis pas çà parce qu'il y aurait à craindre de l'UMP, parce que là déjà ils commencent à renoncer aux primaires, je lisais dans le journal, c'est vrai que pour l'UMP, le choix est déjà fait, si j'ai bien compris, on adhère pas à l'UMP, on adhère à Sarkozy, d'ailleurs c'est le parti de Sarkozy, c'est le parti organisé pour lui, par lui, avec lui, et si je puis dire, la messe est dite. Nous devons simplement pour le service que nous avons à rendre au pays, être plus nombreux. Il faut aussi que nous soyons le parti du changement dans les règles de désignation, là nous avons pris de l'avance pour la parité mais enfin ce qui revient des fédérations est déjà un effort méritoire et je veux saluer les premiers secrétaires des fédérations et puis aussi les secrétaires de section qui y ont contribué mais il faudra bien respecter l'objectif, tout l'objectif, toute la parité, rien que la parité parce que quand même le parti qui a légiféré sur la parité, le nôtre, avec Lionel Jospin, doit être le parti qui applique la parité et je le dis aussi pour l'avenir. Si nous revenons aux responsabilités, moi je propose, avec le parti, qu'on double ou l'on triple même les pénalités pour les partis qui ne respectent pas la parité. Serait-il logique, si on y réfléchit bien, au bout d'un certain moment de continuer à verser des dotations publiques à des partis qui ne respectent pas la loi, donc je crois qu'à un moment, laissons le temps, pénalisons pendant une période, mais il faudra aussi dire que les partis qui justement font obstacle à l'application de la parité, ne doivent plus recevoir de dotations publiques. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, mais au moins pas avec l'argent de l'Etat.
Enfin, il faut aussi faire la diversité, nous l'avons dit, ce ne sera pas le plus facile. Nous ne sommes pas là dans des règles de quota ou autre, nous sommes là dans des règles au contraire d'exigence morale, d'exigence politique, si nous voulons représenter toute la société, si nous voulons parler fort dans les quartiers, si nous voulons exiger qu'il n'y ait plus aucune discrimination dans notre pays, il faut qu'il n'y ait pas de discrimination non plus dans notre parti.
"Toute la gauche doit se mettre dans la perspective de gagner 2007, de battre la droite, puis de prendre ensuite la responsabilité d'engager le changement attendu
Je termine, chers camarades, projet du changement, parti du changement,
rassemblement aussi pour le changement, le parti socialiste veut l'union, l'union de la gauche pour gagner, l'union de la gauche pour réussir, parce qu'il n'y aura pas de victoire s'il n'y a pas une dynamique unitaire permettant de dépasser tous les clivages d'hier et pas simplement européens. Mais il n'y aura pas non plus d'union s'il n'y a pas une responsabilité commune. Il s'agit pour nous bien sûr de battre la droite, c'est bien le moins, mais de battre la droite pour réussir ensemble le gouvernement de la France. Oui, toute la gauche, celle qui veut gouverner, doit se mettre dans la perspective de gagner 2007, de battre la droite, oui bien sûr mais de prendre ensuite la responsabilité pour le pays de faire le changement attendu. Et c'est pourquoi la réunion du 8 février, dont on dit qu'il y aurait quelques problèmes pour les invitations, je veux répondre chacun est invité, que faut-il encore que nous soyons sur un ordre du jour, ne nous préoccupons pas d'ailleurs de formules, de politesse. Quel est cet ordre du jour, quelle est cette exigence même du jour : riposter à la droite, et notamment sur le CPE, premier élément de notre ordre du jour. Deuxièmement, créer un comité permanent avec toutes les formations de la gauche et des écologistes pour précisément voir les initiatives utiles. Et puis enfin, préparer ensemble la manière qu'il conviendra aux échéances de 2007. Voilà notre tâche. Voilà notre obligation. Un projet de changement, un rassemblement peut porter ce projet et puis des désignations le moment venu. Voilà ce qui nous occupera, chers amis, chers camarades, en 2006. Rendre le changement possible, un vrai changement, pas celui des mots où l' on nous parle de rupture pour faire la même chose. On nous parle ? nous dit-on - d'indépendance pour faire avec les mêmes, parce que finalement, ce que veut faire Sarkozy, c'est ce qu'a fait déjà Chirac et avant Chirac, d'autres ; à droite, c'est la même politique, peut être avec encore plus de volonté d'aller plus vite et jusqu'au bout. Et lorsque Bayrou nous parle d'indépendance, c'est peut-être par rapport à tel ou tel au sein de son mouvement, mais ce n'est pas une indépendance par rapport à l'UMP. Chacun sait aujourd'hui que les alliances qui se feront, à droite, se feront entre l'UDF et l'UMP et que le seul changement possible, c'est le nôtre, celui que nous représentons et la seule rupture qu'il faut organiser, chers amis, c'est la rupture avec le chiraquisme comme méthode et avec le libéralisme comme politique. Voilà le changement que nous devons offrir à nos concitoyens. Mais un changement crédible, avec des propositions audacieuses, certes, mais qui donnent un espoir possible pour l'emploi, pour l'éducation, pour le logement, pour l'environnement, pour la démocratie et enfin un changement durable et j'y vois du temps pour l'action, disons-le, dès aujourd'hui. Et s'il faudra de l'effort, disons-le dès aujourd'hui. Et s'il faudra, oui, une solidarité par l'impôt, disons-le dès aujourd'hui. Faisons en sorte que nous soyons nous, les socialistes, une force de changement. Changer bien sûr de président, je crois que c'est déjà acquis ; changer de majorité, nous avons là un rendez-vous en 2007, un double rendez-vous ; changer de politique, changer d'avenir, changer de cap, changer de perspectives. C'est ce changement-là dont vous êtes aujourd'hui porteurs, vous les militants socialistes d'aujourd'hui, militants socialistes de demain, si vous nous rejoignez, vous devez être les militants du changement, de l'alternance, de l'espoir en 2007.
source http://www.parti-socialiste.fr, le 31 janvier 2006