Discours de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur les réalisations du ministère en 2005 avec la création d'ODIT-France, les mesures d'aide à l'emploi et les perspectives pour 2006, Paris le 11 janvier 2006.

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Circonstance : Voeux aux professionnels du tourisme à Paris le 11 février 2006

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires ;
Mesdames et Messieurs les Professionnels,
Mes chers Amis,
Je suis, comme toujours, très heureux de vous retrouver pour cette traditionnelle cérémonie des voeux. Elle nous offre chaque fois l'opportunité de réunir la grande famille du tourisme, dans toutes ses composantes, dans toute sa diversité.
Nous avons choisi cette année de vous recevoir chez « Ledoyen », véritable temple de la gastronomie française, membre du cercle très fermé des tables notées 3 étoiles au Guide Michelin.
C'est un symbole fort, qui correspond à mon souhait de promouvoir toutes les facettes touristiques de la France et en particulier la qualité de notre accueil culinaire.
Il nous faut savoir valoriser nos atouts.
Avant d'évoquer les temps forts et nos ambitions pour 2006, je souhaiterais revenir quelques instants sur les réalisations de 2005.
Nous vous proposerons, dans deux semaines exactement et avec un peu d'avance sur le calendrier habituel, un bilan exhaustif. Mais, d'ores et déjà, les tendances affinées devraient montrer une progression significative, à la fois en volume et en recettes, de la fréquentation en 2005.
Le retour confirmé des clientèles long-courrier, américaines et japonaises, a largement profité à l'hôtellerie francilienne. Le sud a retrouvé un niveau de fréquentation digne de ses attraits naturels.
Les clientèles récentes, chinoises ou originaires d'Europe de l'Est, progressent.
Ces résultats me confortent dans la conviction d'approfondir le travail de modernisation de nos activités, entamé depuis 3 ans et demi :
- Les deux premiers Comités interministériels du Tourisme ont fixé un cadre stratégique d'action : nous poursuivons leur mise en oeuvre.
- Un 3ème devrait se tenir au printemps 2006.
- Le label Qualité Tourisme est désormais une réalité, notamment pour les 11 Fédérations de l'accueil, de l'hôtellerie et de la restauration qui ont été labellisées en juin. Elles représentent un potentiel de 7 000 entreprises.
- Le Code du Tourisme, qui sera définitivement adopté par le Parlement, a permis d'engager un grand nombre de réformes, parmi lesquelles la simplification du régime des stations classées, la révision de la loi de 1992 ou l'adaptation des statuts de l'Agence nationale des Chèques Vacances.
Ayons d'ailleurs à l'esprit que la performance de notre industrie touristique dépend très largement de notre réactivité. Et bien entendu, l'Etat n'échappe pas à cette réalité intangible.
- 2005 aura aussi été l'année de naissance d'ODIT France, outil de veille, de prospective et d'ingénierie au service des professionnels et des collectivités.
- De même, la plupart de nos services sont désormais regroupés dans une Maison du Tourisme, afin d'accroître les synergies et d'optimiser la gestion de nos ressources humaines.
- 2005 aura été, enfin, une année de mobilisation en faveur de l'emploi : les contrats aidés, le Contrat Nouvelle Embauche ont permis d'inverser la tendance : depuis 8 mois, le chômage recule.
Nous avons aussi pris notre part dans cet effort collectif : je rappelle que l'hôtellerie et la restauration conservent leur place de leader dans la création d'emploi dans les services.
Mais d'autres secteurs profitent aussi de l'embellie : on a ainsi enregistré en décembre 1 000 chômeurs de moins dans les statistiques de l'UNEDIC pour les agences de voyages.
Pour des entreprises destinées, selon certains, à affronter les pires difficultés, la performance mérite d'être soulignée.
Mes chers amis,
2006 nous permettra, je l'espère, de consolider ces acquis. Mais 2006 sera aussi l'année de l'égalité des chances et nous serons plus que jamais, au coeur de l'actualité gouvernementale car j'entend bien affirmer notre vocation à nous inscrire dans cette nouvelle priorité collective qui guidera l'action du Gouvernement.
C'est un combat républicain qui me touche personnellement, comme je l'ai longuement expliqué dans diverses tribunes où je me suis exprimé.
Mon parcours politique, autant que le métissage inscrit dans mes gènes, me donnent, je crois, une certaine légitimité à intervenir sur des sujets de société qui dépassent ma seule fonction ministérielle :
Immigration, intégration, diversité : ce sont là des thèmes récurrents qui prennent une importance nouvelle depuis quelques temps.
Ils nous poussent à nous interroger sur les difficultés qu'éprouvent certains de nos compatriotes à se reconnaître aujourd'hui dans ceux qui décident de leurs destins.
Difficultés qui posent de vrais problèmes de cohésion à la société française.
Mais vous, vous le savez mieux que quiconque, ces questions ne nous éloignent pas de nos problématiques habituelles.
Vous appartenez, toutes et tous ici aujourd'hui, à un secteur professionnel ouvert sur le monde.
Vos métiers sont ceux de la rencontre des cultures et de la découverte d'autrui.
Dans votre champ d'action particulier, de nouvelles interrogations surgissent :
Comment sensibiliser les voyageurs à la nécessité de préserver ces lieux qu'ils découvrent ?
Comment offrir aux populations des pays récepteurs la possibilité de vivre dignement des recettes générées par le tourisme ?
Nous aurons assisté au cours de l'année 2005 à des élans de générosité sans précédent après les tsunami qui ont dévasté l'Asie du Sud Est.
Parce que ces évènements tragiques ont touché des touristes, nous avons ressenti, plus que de coutume, la détresse des populations.
Ce même élan s'est manifesté lors du dramatique crash de la West Caribbean où 153 passagers martiniquais ont trouvé la mort. La grande dignité des familles a forcé notre admiration.
Je souhaite, en votre nom, leur rendre à nouveau hommage ce soir.
Cette générosité, dont la société française est capable aux moments les plus sombres, doit être mise à profit dans la durée.
Etre la première destination mondiale nous impose des devoirs. Celui, en particulier, de l'exemplarité.
C'est dans cette optique que le Président de la République a souhaité mettre en oeuvre une taxe sur les billets d'avion pour aider au financement d'un fond de lutte contre la pauvreté et le SIDA.
Cette mesure s'inscrit dans l'esprit de ce que nous faisons déjà, à notre modeste échelle, en faveur du tourisme solidaire. Les voyagistes, les agences de voyage participent déjà très largement à ce mouvement.
Car s'il est un domaine ou la générosité et l'intérêt des professionnels se retrouvent, c'est bien dans celui de promouvoir un tourisme capable d'agir comme un véritable instrument de lutte contre la pauvreté.
Sinon et nous commençons déjà à le percevoir, tous la pauvreté constituera à très court terme un frein au développement du tourisme.
Les touristes veulent désormais voyager autrement : ils souhaitent explorer les destinations, rencontrer les populations, comprendre leurs modes de vie. Pour autant, ils ne sont pas prêts à se satisfaire de la misère ou à contempler la souffrance.
Pour réduire les déséquilibres économiques de notre planète, le tourisme peut et doit être un vecteur de progrès. C'est pourquoi j'ai décidé de soutenir les actions de Tourism For Development ou du MIT, qui sollicitent votre aide pour participer au financement de micro-projets touristiques dans des pays émergeants.
C'est aussi, naturellement, le sens de mon engagement aux côtés d'ECPAT, réseau international d'organisations travaillant ensemble afin d'éradiquer la prostitution enfantine, la pornographie enfantine et le trafic d'enfants à des fins sexuelles.
De nouveaux paliers seront franchis en 2006 : j'ai souhaité porter notre modèle de Charte, qui implique les grandes enseignes du tourisme français dans la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants, devant l'Union européenne, au cours d'une réunion des Ministres européens du tourisme à Malte.
De même, les propositions du groupe de travail que nous avons initié et qui est présidé par Carole BOUQUET, trouveront une application interministérielle et concrète, dans les prochaines semaines.

Mes chers amis,
Vous le voyez, par la nature même de nos activités, nous sommes déjà dans cette bataille du IIIème millénaire et on ne peut que s'en féliciter, mais l'égalité des chances dans l' économie touristique peut aussi trouver des prolongements très prometteurs sur le plan national.
Et, c'est sur ce point que je souhaiterai achever mon propos.
Je vois trois axes de développement privilégié : l'emploi, la formation et l'innovation.
En premier lieu, l'emploi. Les activités caractéristiques du tourisme offrent de vraies perspectives et nous devons tout faire pour convaincre les jeunes que ces filières sont des voies certaines d'avenir.
A condition que nous soyons capables d'offrir une plus grande visibilité sur les formations. J'ai constitué un groupe de travail sur ce thème et je vois deux grandes orientations se dessiner, qui concernent deux publics différents :
Ceux, moins qualifiés, mais qui peuvent se valoriser par l'expression de leurs talents personnels, talents particuliers liés à leur apport à notre diversité culturelle.
Comme le rappelait Cathy KOPP, DRH du Groupe ACCOR et membre de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations, lors des Assises du Tourisme, le tourisme peut agir pour eux comme un véritable « sas d'intégration social ».
Et ceux qui, par une formation universitaire peuvent accéder à des fonctions de management, mettre l'innovation au service de la qualité et de l'excellence, et donc du rayonnement de la France.
Nous serons en mesure, en 2006, de proposer des actions concrètes avec, l'organisation d'Universités d'été du Tourisme, l'ouverture des grands salons professionnels aux étudiants ou la mise en oeuvre, en partenariat avec l'APS, d'un Forum Tourisme-Emploi en septembre 2006.
Je rappelle à cet égard que 2005 nous a déjà offert une opportunité sans précédent de valoriser les formations touristiques avec l'élection d'une Miss France en 2ème année de BTS Tourisme. Je suis très heureux de pouvoir l'accueillir ce soir parmi nous, Alexandra Rosenfeld, Miss France 2006, sera tout au long de l'année la meilleure ambassadrice de notre tourisme français.
Emploi, formation et 3ème axe : innovation. Le tourisme doit être une opportunité aussi pour l'égalité des territoires pour atteindre cet objectif constant d'une meilleure répartition des flux.
L'attractivité touristique n'est plus liée aujourd'hui à la seule présence d'attraits naturels. Le tourisme « hors-sol » se développe avec de nouvelles filières : les festivals, le tourisme industriel, les parcs de loisirs.
A ces nouvelles filières s'ajoutent de nouvelles clientèles, les seniors, les personnes en situation de handicap, les familles recomposées. Dans cette nouvelle configuration, chaque région peut optimiser son potentiel.
C'est dans cette direction d'ailleurs que le plan marketing de Maison de la France s'est orienté, afin de « vendre » davantage sur les marchés étrangers la grande variété de nos 30 cultures identitaires régionales.
Ce génie local sera valorisé dès 2006 avec les pôles d'excellence rurale au travers desquels l'Etat va investir 200 millions d'euros pour développer le meilleur de l'offre française.
Nous disposons enfin, pour commercialiser ces produits nouveaux, d'un formidable vecteur : internet qui offre à tous la même facilité d'accès, la même capacité à toucher un public très large.
Les nouvelles technologies de communication ont totalement bouleversé le paysage économique mais, après une phase de déstabilisation, nous sommes désormais en mesure de nous approprier cet outil pour en tirer le plus grand bénéfice.
Les réseaux d'agences de voyage l'ont bien compris puisqu'ils s'orientent tous vers un modèle qui conjugue points de vente physiques et services en ligne.
Les Offices de Tourisme, les Comités Départementaux du Tourisme et les Comités Régionaux du Tourisme rivalisent d'imagination pour susciter l'intérêt des internautes et transformer la curiosité en acte d'achat.
Cet outil internet sera également au coeur des préoccupations de Maison de la France puisque sa plate forme franceguide.com pourra désormais commercialiser dès le milieu de l'année l'offre de ses adhérents.
Voilà, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, mes aspirations et mon ambition pour cette année 2006, qui doit être celle de la croissance retrouvée et d'une plus grande harmonie entre les Français.
Nous portons tous chacune et chacun d'entre nous, une responsabilité dans cet engagement car, comme aimait à le dire le grand voyageur Antoine de Saint Exupéry, « la grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes ; il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines ».
Bonne année à tous.
Je vous remercie.
source http://www.tourisme.gouv.fr, le 13 janvier 2006