Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les députés,
Je suis très heureux de l'occasion qui m'est donnée de défendre l'action du gouvernement en ce moment décisif de notre histoire commune.
Je voudrais remercier Bernard ACCOYER et l'ensemble de la majorité pour le soutien sans faille qu'ils apportent jour après jour à cette action. Et je voudrais dire à M. BAYROU que je suis sensible à ses encouragements.
La France change. La France évolue. Elle attend de ses responsables politiques des réponses nouvelles à des problèmes nouveaux, pas des réponses anciennes à des problèmes anciens. Elle attend de la lucidité. Elle attend de la décision. Elle attend des résultats.
Oui, la France s'impatiente. Quand le chômage des jeunes persiste, quand la compétition économique se fait de plus en plus vive, quand la situation internationale se dégrade, les Français nous demandent : que faites-vous ? Que proposez-vous ?
A tous ceux qui veulent aujourd'hui censurer le gouvernement, je demande : que faites-vous ? Que proposez-vous ?
Dans un monde de plus en plus complexe, où les repères se brouillent, où nos valeurs sont mises à l'épreuve, où les inégalités pèsent d'abord sur les plus fragiles d'entre nous, il serait irréaliste, M. HOLLANDE, il serait irresponsable, M. BOCQUET, de faire croire aux Français que nous pourrons résoudre nos difficultés en reprenant les slogans du passé.
Vous visez le gouvernement, M. HOLLANDE : c'est votre droit. Mais la politique - et ce sera mon premier message - ce n'est pas le dénigrement, c'est la proposition, c'est l'action.
Alors pour que notre débat soit serein, vous me permettrez de rétablir d'abord certaines vérités.
Vous dites que la baisse du chômage est le produit des radiations de chômeurs : la vérité, Monsieur HOLLANDE, c'est qu'il y a eu moins de radiations en 2005 qu'en 2004. Oui, le chômage baisse en France. Et même si nous ne sommes pas à l'abri d'un à coup mensuel, la tendance est là.
Vous dites que nous décourageons la demande des ménages : la vérité, c'est que la consommation continue à progresser, la vérité, c'est que le SMIC horaire a augmenté de plus de 17 % depuis 2002.
Vous dites que nous déposons le bilan des ZEP : la vérité, c'est qu'avec Gilles de ROBIEN nous mettons fin au saupoudrage des moyens et que nous concentrons nos efforts sur les 250 établissements qui rencontrent le plus de difficultés.
Vous dites que nous supprimons les allocations familiales pour les familles en grande détresse : la vérité, c'est que nous voulons inciter les parents à prendre leurs responsabilités, quitte à suspendre temporairement leurs allocations. La solidarité, ce n'est pas distribuer l'argent public les yeux fermés : ce sont des droits et des devoirs, c'est une vraie solution aux difficultés de chacun, c'est une main tendue.
Vous ironisez sur notre engagement national pour le logement : la vérité, c'est que jamais nous n'avons construit autant de logements en France depuis 25 ans. La vérité, c'est que nous finançons deux fois plus de logements sociaux que ne le faisait le gouvernement JOSPIN. Avec Jean-Louis BORLOO, nous avons lancé un programme de rénovation urbaine qui transforme le visage de nos banlieues.
Je vous entends même vous féliciter de votre gestion des finances publiques entre 1997 et 2002 : mais vous n'avez pas pris les décisions de redressement nécessaires, vous n'avez pas pris les décisions courageuses sur les retraites ou le système de santé. Ces décisions, c'est Jean-Pierre RAFFARIN qui les a prises avec l'appui de notre majorité.
Vous le voyez, la liste de vos approximations est longue. Et pourtant celle de vos propositions est terriblement courte.
Rien de neuf sur l'emploi des jeunes, sinon des rafistolages et des ravaudages qui ne leur offrent pas la possibilité de démarrer dans la vie. Le contrat que vous proposez est intéressant, M. HOLLANDE, mais vous ne faites que repeindre ce qui existe depuis deux ans : le contrat de professionnalisation et le contrat jeunes en entreprise, exonérés de toutes charges sociales pour les non qualifiés et incluant une formation.
Rien de neuf sur les exonérations de charges, sinon l'idée de revenir sur des engagements qui ont été pris : cela conduirait à remettre en cause 800 000 emplois. Ce sont les nouvelles exonérations qu'il faudra conditionner, et c'est exactement ce que nous venons de décider.
Rien de neuf sur la recherche et l'innovation, qui sont les grands défis de notre économie. Rien de neuf sur l'orientation, la formation, l'éducation, qui sont pourtant des priorités absolues pour donner une chance de réussir à chacun.
Et tout cela alors que le monde bouge autour de nous : tous nos grands partenaires européens imaginent et mettent en oeuvre des mesures nouvelles pour l'emploi, pour la croissance, pour l'éducation. Oui, ouvrons les yeux sur la réalité qui nous entoure, prenons conscience des changements du monde et des exigences nouvelles qu'il nous impose : plus d'opportunités et davantage de protection, plus de liberté pour chacun et un projet collectif pour tous, voilà ce que nous devons construire pour les Français.
Alors je fais un rêve : celui d'une opposition qui aurait enfin tourné le dos aux impasses de l'idéologie et qui aurait résolument choisi - comme tous les autres partis de gauche en Europe, comme M. ZAPATERO, comme M. BLAIR, comme les alliés de Mme MERKEL - le parti de la modernité.
Avec les Français, je veux construire un nouveau pacte social : plus moderne, plus équitable, plus juste. Car je sais combien la situation est difficile pour beaucoup d'entre eux. Je mesure les inquiétudes. Et c'est bien pour cela qu'il nous faut agir.
Ce sera mon deuxième message : si nous voulons sauver le modèle social français, il faut le refonder sur des bases solides et justes.
Et le refonder d'abord sur des principes républicains qui auraient retrouvé tout leur sens et toute leur vitalité :
La liberté d'abord : aujourd'hui, elle nous appelle à offrir de nouvelles chances et à aider chacun dans ses choix.
Car c'est quoi la liberté pour un étudiant quand il ne connaît pas les filières dans lesquelles il peut s'engager, quand on ne l'informe pas sur les débouchés professionnels de ses études ? Nous, nous voulons mettre en place un vrai service de l'orientation pour tous.
C'est quoi la liberté pour un jeune quand il ne trouve pas d'emploi stable avant 8 à 10 ans, quand il ne peut pas se loger, pas emprunter, pas se former ? Nous, nous voulons donner la possibilité à chaque jeune d'entrer plus vite et plus facilement dans la vie active.
C'est quoi la liberté pour des enfants handicapés à qui on refuse l'accès aux collèges et aux lycées, à qui on ne propose pas un soutien adapté ? Nous, nous voulons apporter un véritable accompagnement scolaire à tous ces enfants.
C'est quoi la liberté pour des hommes et des femmes à qui on interdit l'accès à un compte bancaire ou à une carte de crédit au motif qu'ils ne gagnent pas assez d'argent ? Nous, nous voulons mettre en place un vrai service bancaire universel.
Oui, la liberté ça se construit. Oui, la liberté ce sont les décisions concrètes que nous prenons.
Deuxième principe, l'égalité : l'égalité n'est pas un acquis, elle se gagne tous les jours. Elle demande une attention particulière aux plus faibles, à tous les blessés de la vie, à tous ceux qui n'ont pas eu les mêmes chances au départ.
Lorsque des élèves n'arrivent plus à suivre les cours, il est normal de les aider davantage : dès le plus jeune âge, nous voulons donc prévoir un soutien en français pour les enfants dont les parents sont d'origine étrangère, une évaluation réelle de la maîtrise de la lecture et de l'écriture, un accompagnement personnalisé, un tutorat par des étudiants.
Lorsque des jeunes sont au chômage depuis plus de six mois, il est normal de leur donner un coup de pouce supplémentaire pour les aider à sortir de cette situation : c'est ce que nous faisons avec une exonération totale de charges sur trois ans.
Troisième principe, la fraternité : la fraternité, cela veut dire faire une place à chacun, quelle que soit son origine, quelle que soit sa situation.
Soyons donc plus exigeants sur la lutte contre les discriminations, toutes les discriminations qui empoisonnent la vie quotidienne de dizaines de milliers de nos compatriotes. Chaque discrimination est un coup porté à la République.
N'oublions pas non plus la promesse qui a été faite à tous les habitants des quartiers sensibles à la suite des événements de l'automne dernier. Vous attribuez à ce gouvernement la responsabilité de la crise des banlieues : les Français jugeront. Pour ma part, je préfère les solutions aux accusations, les réponses aux réquisitoires.
Toute l'ambition du projet de loi sur l'égalité des chances est là : donner de vraies opportunités aux quartiers grâce à la création de nouvelles zones franches urbaines, renforcer les zones d'éducation prioritaires, donner de nouveaux moyens aux associations qui font un travail exceptionnel sur le terrain, offrir plus de choix aux jeunes, coordonner les instruments grâce à l'Agence de l'égalité des chances et aux Préfets délégués, voilà ce qu'avec Jean-Louis BORLOO, Azouz BEGAG et Catherine VAUTRIN nous mettons en place. Voilà ce à quoi vous avez fait obstruction lors du débat parlementaire.
Il faut aussi refonder notre modèle social sur une politique de l'emploi maîtrisée et efficace, qui est la priorité absolue du gouvernement.
A commencer par l'emploi des jeunes, qui est au c?ur de nos préoccupations :
Face à la précarité actuelle, je veux construire pour tous les jeunes un vrai parcours d'embauche :
Cela commence par l'orientation : il faut que tous les jeunes dès le collège, et encore plus au niveau du lycée et de l'université, puissent choisir leur voie en connaissant les diplômes et les débouchés professionnels qu'elle offre. C'est l'objectif du service public de l'orientation que Gilles de ROBIEN et François GOULARD sont en train de créer.
Cela suppose de développer l'alternance : nous voulons offrir plus de places en alternance dans les grandes entreprises.
Il faut aussi multiplier les possibilités de formation, dès l'entrée dans la vie active : nous avons donc prévu que tous les apprentis juniors, dès la rentrée 2006, auraient droit à une année de formation lorsqu'ils en auront besoin pour changer de métier. Ce sera le premier pas vers un droit universel à la formation.
Les stages, qui permettent d'acquérir une première expérience en entreprise, seront obligatoirement rémunérés au-delà de trois mois. Ils seront encadrés.
Enfin nous devons permettre à tous les jeunes d'accéder rapidement à un contrat à durée indéterminée : c'est le but du contrat première embauche. Face aux inquiétudes qui se manifestent, je veux dire à tous les Français ma conviction profonde : ce contrat ouvrira les portes de l'emploi à tous les jeunes qui aujourd'hui se heurtent au refus ou à l'indifférence. La période de deux ans ne sera pas une période d'essai, mais une période de consolidation de l'emploi qui prendra en compte toutes les périodes d'activité dans l'entreprise. Le préavis en cas de rupture sera garanti, les indemnités seront garanties, le respect du droit du travail sera garanti. Et n'oublions pas les droits nouveaux : le droit individuel à la formation, l'indemnisation du chômage dès le quatrième mois. J'en prends l'engagement : nous répondrons aux difficultés particulières que les jeunes pourraient rencontrer. Nous avons reçu les banques pour nous assurer qu'elles considéreraient le CPE comme un CDI classique. Nous avons discuté avec les bailleurs et les assureurs pour vérifier la mise en oeuvre du dispositif LOCAPASS. Ce contrat marchera, comme le contrat nouvelles embauches a permis de débloquer des centaines de milliers d'emplois dans les très petites entreprises. Pensez-vous vraiment qu'un employeur qui a formé un jeune pendant des mois voudra se séparer de lui ?
Cela fait 20 ans que nous utilisons les mêmes recettes, 20 ans que nous hésitons et 20 ans que le chômage des jeunes est toujours aussi élevé. Alors ne croyez-vous pas qu'il est temps d'essayer autre chose ?
Mais au-delà des jeunes, c'est toute la politique de l'emploi que nous devons adapter aux réalités quotidiennes :
Je pense aux femmes qui subissent le temps partiel et qui voudraient tout simplement gagner davantage pour mieux faire vivre leur famille. Si elles le souhaitent, nous voulons leur permettre de prendre un nouvel emploi en simplifiant les règles du cumul.
Je pense aux salariés qui approchent de la retraite et qui estiment à juste titre qu'ils pourraient encore faire partager leur expérience. Nous voulons leur donner la possibilité de sortir progressivement de l'entreprise, sans rupture. Nous voulons leur donner accès à des CDD seniors, élaborés par les partenaires sociaux et qui répondent à un vrai besoin de prolongation de leur vie professionnelle.
Je pense enfin à toutes ces formes d'activité que nous devons encourager, pour offrir aux Français la possibilité de s'engager dans les domaines les plus variés, en fonction de leurs goûts et de leurs talents.
C'est vrai dans les métiers de service à la personne : le chèque emploi service universel mis en place par Jean-Louis BORLOO leur donnera une vraie impulsion, en ouvrant des services qui aujourd'hui ne sont pas satisfaits.
C'est vrai dans le secteur associatif : le statut de volontaire associatif voulu par Jean-François LAMOUR permettra de s'engager dans les meilleures conditions.
C'est vrai enfin dans le secteur culturel : les dispositions fiscales que nous avons prises en faveur de la création artistique, les échanges avec d'autres pays européens, la construction de résidences d'artistes, autant de décisions qui aideront tous ceux dont l'imagination, le coeur et le talent illustrent et défendent le plus généreux de la France.
Enfin pour avoir un modèle social juste, nous devons améliorer les outils de notre solidarité.
Car nous sommes dans une France plus mobile, plus diverse, dans laquelle apparaissent de nouveaux métiers, de nouveaux modes de vie, des modèles familiaux différents.
Le progrès social, ce n'est pas la photographie nostalgique du passé. Le progrès social, c'est reconnaître la mobilité et en faire une chance pour chacun d'entre nous, en particulier pour les plus faibles, en particulier pour tous ceux qui sont les plus exposés au risque du chômage et de la précarité : le progrès social, c'est la mobilité plus la sécurité, ce sont de nouvelles chances plus de nouvelles protections. C'est aller vers une vraie sécurisation des parcours professionnels.
Le gouvernement veut apporter une aide à tous ceux qui sont éloignés de l'emploi, dans une logique de droits et de devoirs :
Les chômeurs d'abord : depuis le 1er janvier de cette année, ils ont droit à un accompagnement personnalisé par un conseiller qu'ils connaissent, qui les rencontre tous les mois, qui peut donc mieux les guider dans leur recherche. En retour, ils ont le devoir de rechercher activement un emploi.
Les titulaires de l'allocation de solidarité spécifique et du RMI ensuite. Nous devons être plus exigeants sur leur insertion dans le travail. En France, il doit être plus intéressant de gagner sa vie par un revenu du travail que par un revenu de l'assistance.
Nous voulons aussi accompagner tous ceux qui sont dans l'emploi mais qui craignent de le perdre ou qui voudraient prolonger leur activité :
C'est le cas des salariés qui se trouvent dans des régions où les usines ferment, où les entreprises se délocalisent.
A l'époque vous disiez : on ne peut rien faire. Nous disons aujourd'hui : il faut aider chaque salarié à se reclasser grâce à des conventions personnalisées, comme nous l'avons fait à Romans pour l'usine Jourdan. Il faut expérimenter des dispositifs audacieux dans les bassins d'emploi en restructuration, comme le contrat de transition professionnelle. N'attendons pas les difficultés pour agir, ne subissons pas le mouvement, accompagnons-le, permettons à chacun de prévoir et d'anticiper.
Apportons enfin une réponse à tous ceux qui souffrent de la pauvreté ou de l'exclusion, étrangement absents de votre discours, M. HOLLANDE.
Le plan de cohésion sociale représente une mobilisation sans précédent par l'ampleur des moyens dégagés.
Dans quelques jours, je ferai des propositions d'expérimentation pour apporter à chaque fois des solutions locales, concrètes et rapides.
Dans ce domaine, il faut innover, valoriser et rassembler les efforts de chacun. Le nouveau pacte social français a besoin d'énergie et de vitalité : il les trouvera dans son économie, dans sa capacité à produire des richesses et à les vendre à l'étranger. C'est mon troisième message : nous devons gagner la bataille de l'innovation.
Pour cela, nous avons des atouts exceptionnels :
Notre main d'oeuvre a l'une des meilleures productivités horaire. Nos salariés ne cessent de faire des efforts pour répondre aux exigences de la compétition mondiale et ils y arrivent.
Nous avons des services publics remarquables, qui participent à la qualité de la vie dans notre pays : je pense à nos hôpitaux, à nos écoles, à nos infrastructures routières et ferroviaires.
Notre capacité d'innovation est intacte : le haut niveau de nos laboratoires et de nos centres de recherche est reconnu dans le monde entier.
Et je ne parle pas de la puissance de nos champions industriels mondiaux, de la densité exceptionnelle de notre équipement en internet à haut débit, ou de la performance de notre agriculture qui structure nos paysages ruraux. Les Français sont fiers de ces atouts. Prenez EDF : plus de 5 millions de Français ont acheté des actions, dont 70 % des salariés de l'entreprise.
Alors soyons au diapason des Français. Au lieu d'alimenter leurs peurs, donnons-leur confiance dans l'avenir.
Regroupons nos forces économiques.
C'est le but des 66 pôles de compétitivité et des pôles d'excellence rurale que nous avons mis en place dans toutes les régions de France.
C'est le but des mesures que nous avons mises en oeuvre avec Renaud DUTREIL pour faciliter le financement des PME, leur transmission et leur croissance : car nous savons que nos PME doivent avoir une taille plus importante pour gagner des parts de marché dans les pays les plus dynamiques. Déjà les choses s'améliorent : nos exportations vers l'Inde ont augmenté de 45 % l'année dernière et de 17 % vers la Chine. Etre présents partout où la croissance est forte, c'est le défi majeur que nous avons à relever avec Christine LAGARDE dans les années à venir.
J'ai parlé de patriotisme économique : je crois dans cette idée. Il ne s'agit pas de dresser des barrières illusoires contre la mondialisation. Il s'agit de reconnaître que nos intérêts et les intérêts européens passent en premier - et surtout permettre à nos entreprises de se battre à armes égales avec celles d'Amérique ou d'Asie.
Ensuite il est indispensable de soutenir l'innovation.
Nous avons mis sur la table huit milliards d'euros de plus sur la période 2005-2007, pour relancer la recherche technologique.
Nous soutenons l'investissement grâce à une réforme de la taxe professionnelle qui libère les capacités de notre industrie.
Pour la première fois dans ce pays, les hautes technologies, la recherche, l'innovation, qui sont les outils décisifs pour gagner dans le monde de demain, sont mis au service d'une véritable vision économique. L'innovation, la recherche doivent se diffuser partout. Le dynamisme de notre économie en dépend. Sa compétitivité en dépend.
Enfin l'Etat doit défendre les intérêts de notre économie et de nos salariés.
Thierry BRETON présentera un nouveau dispositif de protection contre les OPA hostiles, qui mettra en oeuvre le principe de réciprocité.
Nous avons pris des dispositions pour encourager la détention d'actions longues et l'actionnariat salarié : car un capital fort et structuré, c'est la meilleure façon de défendre nos entreprises tout en valorisant les efforts des salariés. J'annoncerai de nouvelles mesures dans les prochains jours.
L'économie française a des ressources d'énergie et de talents immenses.
Nous voulons avancer en préservant à la fois une agriculture moderne, une industrie compétitive et des services innovants. Nous voulons garder hors du champ de la concurrence certains services publics qui ne sont pas financièrement rentables, mais qui sont socialement nécessaires. Cet équilibre nous protège des grands chocs extérieurs, il faut le renforcer.
Pour cela, je suis convaincu que l'Europe est une chance pour la France.
Elle peut nous donner les moyens de construire de grands champions industriels, pourvu que nous ayons la volonté de faire passer nos intérêts économiques avant le droit de la concurrence.
Elle doit nous permettre de valoriser notre expérience en matière de services, pourvu que nous soyons vigilants sur nos services publics et sur les conditions du droit du travail. De ce point de vue, la nouvelle directive sur les services va dans le bon sens. Le Parti socialiste français a voté contre au Parlement européen. Le Parti communiste a voté contre. Je ne crois pas que vous ayez donné là une leçon de courage politique.
Enfin l'Europe doit être notre horizon en matière d'énergie et d'innovation. Notre pays aujourd'hui a toutes les qualités pour être le fer de lance du défi technologique et énergétique européen.
Enfin, et c'est ce qui fonde ma politique et mon engagement : je crois dans l'avenir de la France. Nous pouvons compter sur les Français, nous devons nous appuyer sur leur volonté de dépassement.
Oui, nous pouvons tous être fiers des efforts que font les Français. Oui, nous pouvons tous être fiers des capacités de notre pays. Ensemble, nous allons en finir avec le chômage de masse, en particulier le chômage des jeunes. Ensemble, nous allons entrer sereinement dans la modernité.
Et pour cela donnons sa juste place à l'Etat, garant de l'autorité publique.
Car l'Etat est là pour faire respecter nos règles et nos valeurs, défendre l'intérêt général.
C'est vrai en particulier en matière de sécurité. Et vous savez que vous pouvez compter sur la détermination de Nicolas SARKOZY pour continuer à lutter contre la délinquance et les violences aux personnes, qui insupportent nos concitoyens.
C'est vrai en matière de justice : une justice qui doit être rapide, efficace et humaine. Avec Pascal CLEMENT, comme l'a demandé le Président de la République, nous tirerons toutes les conséquences de la commission d'enquête sur le drame d'Outreau. J'ai confiance dans la capacité de notre magistrature à s'engager dans cette voie avec son sens des responsabilités pour apporter de meilleures garanties aux justiciables.
C'est vrai aussi en matière d'immigration : vous critiquez l'immigration choisie. Est-ce que vous préférez l'immigration subie ? Les flux continus d'étrangers en situation irrégulière ? Les délais scandaleux qui étaient de mise en matière de demande d'asile avant notre réforme de l'OFPRA ? Avec le ministre d'Etat, nous croyons que refuser l'immigration irrégulière, les détournements de procédure, les mariages de complaisance, c'est notre devoir et la condition de la bonne intégration des étrangers en situation régulière qui viennent en France avec leurs projets et leurs espoirs. Nous croyons qu'orienter vers la France les étudiants les meilleurs et les plus motivés, qu'imposer un vrai contrat d'intégration reposant sur la maîtrise du Français, c'est mettre tous les atouts de notre côté.
Si l'Etat ne protège pas les plus faibles, qui le fera à sa place ? Si l'Etat ne fait pas respecter la règle de droit, qui aura la légitimité pour le faire ? Si l'Etat ne prend pas en charge la protection de chacun contre les nouveaux risques sanitaires comme la grippe aviaire ou le Chikungunya, qui pourra exercer cette compétence ?
Mais l'Etat doit retrouver des marges de manoeuvre : pour cela, nous voulons revenir à un taux maximum d'endettement de 60 % du PIB avant 2010. Pour la première fois, avec Thierry BRETON et Jean-François COPE, nous avons fixé un objectif transparent de désendettement, de maîtrise de la dépense publique, de limitation des déficits. Cet objectif est défini collectivement et sera chiffré devant la représentation nationale lors du débat d'orientation budgétaire de juin.
Nous devons toujours mieux servir les Français et répondre à leur soif de changement.
Je pense au marché du travail : avec Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER, nous ouvrirons dans les prochaines semaines la troisième étape de la bataille pour l'emploi. Ce sera une étape d'approfondissement, une étape de concertation et de dialogue qui abordera tous les sujets utiles. Nous n'avons pas d'a priori, nous sommes ouverts et attentifs, nous attendons des propositions.
Je pense aussi à l'éducation : nous avons déjà beaucoup avancé sur l'école, sur l'acquisition des savoirs fondamentaux, sur l'accompagnement des élèves. Avec Gilles de ROBIEN et François GOULARD, nous voulons avancer dans l'amélioration de notre système d'enseignement supérieur, avec à l'esprit deux préoccupations majeures.
Première préoccupation : comment aider les étudiants dans leur vie quotidienne, pour leur orientation, pour leur accès au diplôme, pour les bourses, pour le logement étudiant, pour l'apprentissage d'un métier. Autant de sujets où nous attendons aussi vos propositions.
Deuxième préoccupation : comment revaloriser le statut des enseignants, comment mieux reconnaître leur dévouement et leur compétence, comment leur permettre d'avoir accès à une deuxième carrière.
A toutes ces questions, nous allons apporter des réponses.
Vous le voyez, comme l'a souhaité le Président de la République, l'année 2006 sera une année utile pour la France.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les députés,
A chaque âge de l'histoire de notre pays correspond un défi majeur :
La République à enraciner pour nos grands-parents, l'homme à sauver de la barbarie et le pays à reconstruire pour nos parents, la France à faire progresser pour notre génération et celle de nos enfants. En cédant trop souvent à l'immobilisme et à la peur en cédant trop souvent à la dérision et à la moquerie, nous n'avons que trop tardé.
Aujourd'hui, nous sommes au rendez-vous de l'action contre la résignation, au rendez-vous du pragmatisme contre l'idéologie. Alors, qu'il y ait des doutes, des hésitations, quoi de plus normal quand il faut faire face sur tous les fronts à la fois. Changer, oui, pour pouvoir rester nous-même : fidèles à une exigence française à laquelle nous sommes tous attachés. Fidèles à notre identité, forts de notre diversité, de la Métropole à l'Outremer, forts d'une histoire qui doit nous rassembler et non nous diviser. Il y a des mémoires en France, mais il n'y a qu'une histoire de France, à connaître et à partager.
Entendons-nous sur ce que nous souhaitons défendre et promouvoir :
Le souffle de l'humain d'abord, malgré les heurts et les soubresauts de la mondialisation, contre le règne de l'argent et de la marchandisation, contre le flot des violences, contre les inégalités, contre l'irrespect. Pour chacun une place, pour chacun l'égalité des chances.
L'aspiration à l'universel ensuite, dans un esprit de respect, de tolérance, de dialogue entre les peuples et les cultures par delà les couleurs de la peau, les convictions ou les religions.
Le goût de l'avenir enfin, parce que le progrès est possible pour chaque individu, comme pour la communauté nationale. Mais il suppose l'engagement, l'effort, la compassion envers l'autre et non le repli sur soi ou l'indifférence.
Bien sûr, François HOLLANDE, j'écoute attentivement ce que vous me dites à travers cette motion de censure.
Je n'oublie pas l'exigence de tirer chaque jour les leçons de la veille pour faire mieux, pour faire plus au service des Françaises et des Français.
Mais la politique aujourd'hui dans notre pays a besoin de sincérité, de lucidité pour répondre aux doutes et aux frustrations, aux colères et aux impatiences de nos compatriotes.
Alors laissons tomber les outrages et les vieux usages de la politique politicienne. Il n'y a pas d'un côté l'ombre et de l'autre côté la lumière. Il y a ceux qui regardent devant et ceux qui refusent tout changement. Vous me trouverez toujours du côté de ceux qui croient dans la France et qui veulent le meilleur pour les Français. Je sais que notre majorité partage cette conviction. Je sais qu'elle s'engage sans répit pour remettre notre pays en marche. Je veux la saluer et je compte sur elle.
Je vous remercie.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 février 2006
Mesdames, Messieurs les députés,
Je suis très heureux de l'occasion qui m'est donnée de défendre l'action du gouvernement en ce moment décisif de notre histoire commune.
Je voudrais remercier Bernard ACCOYER et l'ensemble de la majorité pour le soutien sans faille qu'ils apportent jour après jour à cette action. Et je voudrais dire à M. BAYROU que je suis sensible à ses encouragements.
La France change. La France évolue. Elle attend de ses responsables politiques des réponses nouvelles à des problèmes nouveaux, pas des réponses anciennes à des problèmes anciens. Elle attend de la lucidité. Elle attend de la décision. Elle attend des résultats.
Oui, la France s'impatiente. Quand le chômage des jeunes persiste, quand la compétition économique se fait de plus en plus vive, quand la situation internationale se dégrade, les Français nous demandent : que faites-vous ? Que proposez-vous ?
A tous ceux qui veulent aujourd'hui censurer le gouvernement, je demande : que faites-vous ? Que proposez-vous ?
Dans un monde de plus en plus complexe, où les repères se brouillent, où nos valeurs sont mises à l'épreuve, où les inégalités pèsent d'abord sur les plus fragiles d'entre nous, il serait irréaliste, M. HOLLANDE, il serait irresponsable, M. BOCQUET, de faire croire aux Français que nous pourrons résoudre nos difficultés en reprenant les slogans du passé.
Vous visez le gouvernement, M. HOLLANDE : c'est votre droit. Mais la politique - et ce sera mon premier message - ce n'est pas le dénigrement, c'est la proposition, c'est l'action.
Alors pour que notre débat soit serein, vous me permettrez de rétablir d'abord certaines vérités.
Vous dites que la baisse du chômage est le produit des radiations de chômeurs : la vérité, Monsieur HOLLANDE, c'est qu'il y a eu moins de radiations en 2005 qu'en 2004. Oui, le chômage baisse en France. Et même si nous ne sommes pas à l'abri d'un à coup mensuel, la tendance est là.
Vous dites que nous décourageons la demande des ménages : la vérité, c'est que la consommation continue à progresser, la vérité, c'est que le SMIC horaire a augmenté de plus de 17 % depuis 2002.
Vous dites que nous déposons le bilan des ZEP : la vérité, c'est qu'avec Gilles de ROBIEN nous mettons fin au saupoudrage des moyens et que nous concentrons nos efforts sur les 250 établissements qui rencontrent le plus de difficultés.
Vous dites que nous supprimons les allocations familiales pour les familles en grande détresse : la vérité, c'est que nous voulons inciter les parents à prendre leurs responsabilités, quitte à suspendre temporairement leurs allocations. La solidarité, ce n'est pas distribuer l'argent public les yeux fermés : ce sont des droits et des devoirs, c'est une vraie solution aux difficultés de chacun, c'est une main tendue.
Vous ironisez sur notre engagement national pour le logement : la vérité, c'est que jamais nous n'avons construit autant de logements en France depuis 25 ans. La vérité, c'est que nous finançons deux fois plus de logements sociaux que ne le faisait le gouvernement JOSPIN. Avec Jean-Louis BORLOO, nous avons lancé un programme de rénovation urbaine qui transforme le visage de nos banlieues.
Je vous entends même vous féliciter de votre gestion des finances publiques entre 1997 et 2002 : mais vous n'avez pas pris les décisions de redressement nécessaires, vous n'avez pas pris les décisions courageuses sur les retraites ou le système de santé. Ces décisions, c'est Jean-Pierre RAFFARIN qui les a prises avec l'appui de notre majorité.
Vous le voyez, la liste de vos approximations est longue. Et pourtant celle de vos propositions est terriblement courte.
Rien de neuf sur l'emploi des jeunes, sinon des rafistolages et des ravaudages qui ne leur offrent pas la possibilité de démarrer dans la vie. Le contrat que vous proposez est intéressant, M. HOLLANDE, mais vous ne faites que repeindre ce qui existe depuis deux ans : le contrat de professionnalisation et le contrat jeunes en entreprise, exonérés de toutes charges sociales pour les non qualifiés et incluant une formation.
Rien de neuf sur les exonérations de charges, sinon l'idée de revenir sur des engagements qui ont été pris : cela conduirait à remettre en cause 800 000 emplois. Ce sont les nouvelles exonérations qu'il faudra conditionner, et c'est exactement ce que nous venons de décider.
Rien de neuf sur la recherche et l'innovation, qui sont les grands défis de notre économie. Rien de neuf sur l'orientation, la formation, l'éducation, qui sont pourtant des priorités absolues pour donner une chance de réussir à chacun.
Et tout cela alors que le monde bouge autour de nous : tous nos grands partenaires européens imaginent et mettent en oeuvre des mesures nouvelles pour l'emploi, pour la croissance, pour l'éducation. Oui, ouvrons les yeux sur la réalité qui nous entoure, prenons conscience des changements du monde et des exigences nouvelles qu'il nous impose : plus d'opportunités et davantage de protection, plus de liberté pour chacun et un projet collectif pour tous, voilà ce que nous devons construire pour les Français.
Alors je fais un rêve : celui d'une opposition qui aurait enfin tourné le dos aux impasses de l'idéologie et qui aurait résolument choisi - comme tous les autres partis de gauche en Europe, comme M. ZAPATERO, comme M. BLAIR, comme les alliés de Mme MERKEL - le parti de la modernité.
Avec les Français, je veux construire un nouveau pacte social : plus moderne, plus équitable, plus juste. Car je sais combien la situation est difficile pour beaucoup d'entre eux. Je mesure les inquiétudes. Et c'est bien pour cela qu'il nous faut agir.
Ce sera mon deuxième message : si nous voulons sauver le modèle social français, il faut le refonder sur des bases solides et justes.
Et le refonder d'abord sur des principes républicains qui auraient retrouvé tout leur sens et toute leur vitalité :
La liberté d'abord : aujourd'hui, elle nous appelle à offrir de nouvelles chances et à aider chacun dans ses choix.
Car c'est quoi la liberté pour un étudiant quand il ne connaît pas les filières dans lesquelles il peut s'engager, quand on ne l'informe pas sur les débouchés professionnels de ses études ? Nous, nous voulons mettre en place un vrai service de l'orientation pour tous.
C'est quoi la liberté pour un jeune quand il ne trouve pas d'emploi stable avant 8 à 10 ans, quand il ne peut pas se loger, pas emprunter, pas se former ? Nous, nous voulons donner la possibilité à chaque jeune d'entrer plus vite et plus facilement dans la vie active.
C'est quoi la liberté pour des enfants handicapés à qui on refuse l'accès aux collèges et aux lycées, à qui on ne propose pas un soutien adapté ? Nous, nous voulons apporter un véritable accompagnement scolaire à tous ces enfants.
C'est quoi la liberté pour des hommes et des femmes à qui on interdit l'accès à un compte bancaire ou à une carte de crédit au motif qu'ils ne gagnent pas assez d'argent ? Nous, nous voulons mettre en place un vrai service bancaire universel.
Oui, la liberté ça se construit. Oui, la liberté ce sont les décisions concrètes que nous prenons.
Deuxième principe, l'égalité : l'égalité n'est pas un acquis, elle se gagne tous les jours. Elle demande une attention particulière aux plus faibles, à tous les blessés de la vie, à tous ceux qui n'ont pas eu les mêmes chances au départ.
Lorsque des élèves n'arrivent plus à suivre les cours, il est normal de les aider davantage : dès le plus jeune âge, nous voulons donc prévoir un soutien en français pour les enfants dont les parents sont d'origine étrangère, une évaluation réelle de la maîtrise de la lecture et de l'écriture, un accompagnement personnalisé, un tutorat par des étudiants.
Lorsque des jeunes sont au chômage depuis plus de six mois, il est normal de leur donner un coup de pouce supplémentaire pour les aider à sortir de cette situation : c'est ce que nous faisons avec une exonération totale de charges sur trois ans.
Troisième principe, la fraternité : la fraternité, cela veut dire faire une place à chacun, quelle que soit son origine, quelle que soit sa situation.
Soyons donc plus exigeants sur la lutte contre les discriminations, toutes les discriminations qui empoisonnent la vie quotidienne de dizaines de milliers de nos compatriotes. Chaque discrimination est un coup porté à la République.
N'oublions pas non plus la promesse qui a été faite à tous les habitants des quartiers sensibles à la suite des événements de l'automne dernier. Vous attribuez à ce gouvernement la responsabilité de la crise des banlieues : les Français jugeront. Pour ma part, je préfère les solutions aux accusations, les réponses aux réquisitoires.
Toute l'ambition du projet de loi sur l'égalité des chances est là : donner de vraies opportunités aux quartiers grâce à la création de nouvelles zones franches urbaines, renforcer les zones d'éducation prioritaires, donner de nouveaux moyens aux associations qui font un travail exceptionnel sur le terrain, offrir plus de choix aux jeunes, coordonner les instruments grâce à l'Agence de l'égalité des chances et aux Préfets délégués, voilà ce qu'avec Jean-Louis BORLOO, Azouz BEGAG et Catherine VAUTRIN nous mettons en place. Voilà ce à quoi vous avez fait obstruction lors du débat parlementaire.
Il faut aussi refonder notre modèle social sur une politique de l'emploi maîtrisée et efficace, qui est la priorité absolue du gouvernement.
A commencer par l'emploi des jeunes, qui est au c?ur de nos préoccupations :
Face à la précarité actuelle, je veux construire pour tous les jeunes un vrai parcours d'embauche :
Cela commence par l'orientation : il faut que tous les jeunes dès le collège, et encore plus au niveau du lycée et de l'université, puissent choisir leur voie en connaissant les diplômes et les débouchés professionnels qu'elle offre. C'est l'objectif du service public de l'orientation que Gilles de ROBIEN et François GOULARD sont en train de créer.
Cela suppose de développer l'alternance : nous voulons offrir plus de places en alternance dans les grandes entreprises.
Il faut aussi multiplier les possibilités de formation, dès l'entrée dans la vie active : nous avons donc prévu que tous les apprentis juniors, dès la rentrée 2006, auraient droit à une année de formation lorsqu'ils en auront besoin pour changer de métier. Ce sera le premier pas vers un droit universel à la formation.
Les stages, qui permettent d'acquérir une première expérience en entreprise, seront obligatoirement rémunérés au-delà de trois mois. Ils seront encadrés.
Enfin nous devons permettre à tous les jeunes d'accéder rapidement à un contrat à durée indéterminée : c'est le but du contrat première embauche. Face aux inquiétudes qui se manifestent, je veux dire à tous les Français ma conviction profonde : ce contrat ouvrira les portes de l'emploi à tous les jeunes qui aujourd'hui se heurtent au refus ou à l'indifférence. La période de deux ans ne sera pas une période d'essai, mais une période de consolidation de l'emploi qui prendra en compte toutes les périodes d'activité dans l'entreprise. Le préavis en cas de rupture sera garanti, les indemnités seront garanties, le respect du droit du travail sera garanti. Et n'oublions pas les droits nouveaux : le droit individuel à la formation, l'indemnisation du chômage dès le quatrième mois. J'en prends l'engagement : nous répondrons aux difficultés particulières que les jeunes pourraient rencontrer. Nous avons reçu les banques pour nous assurer qu'elles considéreraient le CPE comme un CDI classique. Nous avons discuté avec les bailleurs et les assureurs pour vérifier la mise en oeuvre du dispositif LOCAPASS. Ce contrat marchera, comme le contrat nouvelles embauches a permis de débloquer des centaines de milliers d'emplois dans les très petites entreprises. Pensez-vous vraiment qu'un employeur qui a formé un jeune pendant des mois voudra se séparer de lui ?
Cela fait 20 ans que nous utilisons les mêmes recettes, 20 ans que nous hésitons et 20 ans que le chômage des jeunes est toujours aussi élevé. Alors ne croyez-vous pas qu'il est temps d'essayer autre chose ?
Mais au-delà des jeunes, c'est toute la politique de l'emploi que nous devons adapter aux réalités quotidiennes :
Je pense aux femmes qui subissent le temps partiel et qui voudraient tout simplement gagner davantage pour mieux faire vivre leur famille. Si elles le souhaitent, nous voulons leur permettre de prendre un nouvel emploi en simplifiant les règles du cumul.
Je pense aux salariés qui approchent de la retraite et qui estiment à juste titre qu'ils pourraient encore faire partager leur expérience. Nous voulons leur donner la possibilité de sortir progressivement de l'entreprise, sans rupture. Nous voulons leur donner accès à des CDD seniors, élaborés par les partenaires sociaux et qui répondent à un vrai besoin de prolongation de leur vie professionnelle.
Je pense enfin à toutes ces formes d'activité que nous devons encourager, pour offrir aux Français la possibilité de s'engager dans les domaines les plus variés, en fonction de leurs goûts et de leurs talents.
C'est vrai dans les métiers de service à la personne : le chèque emploi service universel mis en place par Jean-Louis BORLOO leur donnera une vraie impulsion, en ouvrant des services qui aujourd'hui ne sont pas satisfaits.
C'est vrai dans le secteur associatif : le statut de volontaire associatif voulu par Jean-François LAMOUR permettra de s'engager dans les meilleures conditions.
C'est vrai enfin dans le secteur culturel : les dispositions fiscales que nous avons prises en faveur de la création artistique, les échanges avec d'autres pays européens, la construction de résidences d'artistes, autant de décisions qui aideront tous ceux dont l'imagination, le coeur et le talent illustrent et défendent le plus généreux de la France.
Enfin pour avoir un modèle social juste, nous devons améliorer les outils de notre solidarité.
Car nous sommes dans une France plus mobile, plus diverse, dans laquelle apparaissent de nouveaux métiers, de nouveaux modes de vie, des modèles familiaux différents.
Le progrès social, ce n'est pas la photographie nostalgique du passé. Le progrès social, c'est reconnaître la mobilité et en faire une chance pour chacun d'entre nous, en particulier pour les plus faibles, en particulier pour tous ceux qui sont les plus exposés au risque du chômage et de la précarité : le progrès social, c'est la mobilité plus la sécurité, ce sont de nouvelles chances plus de nouvelles protections. C'est aller vers une vraie sécurisation des parcours professionnels.
Le gouvernement veut apporter une aide à tous ceux qui sont éloignés de l'emploi, dans une logique de droits et de devoirs :
Les chômeurs d'abord : depuis le 1er janvier de cette année, ils ont droit à un accompagnement personnalisé par un conseiller qu'ils connaissent, qui les rencontre tous les mois, qui peut donc mieux les guider dans leur recherche. En retour, ils ont le devoir de rechercher activement un emploi.
Les titulaires de l'allocation de solidarité spécifique et du RMI ensuite. Nous devons être plus exigeants sur leur insertion dans le travail. En France, il doit être plus intéressant de gagner sa vie par un revenu du travail que par un revenu de l'assistance.
Nous voulons aussi accompagner tous ceux qui sont dans l'emploi mais qui craignent de le perdre ou qui voudraient prolonger leur activité :
C'est le cas des salariés qui se trouvent dans des régions où les usines ferment, où les entreprises se délocalisent.
A l'époque vous disiez : on ne peut rien faire. Nous disons aujourd'hui : il faut aider chaque salarié à se reclasser grâce à des conventions personnalisées, comme nous l'avons fait à Romans pour l'usine Jourdan. Il faut expérimenter des dispositifs audacieux dans les bassins d'emploi en restructuration, comme le contrat de transition professionnelle. N'attendons pas les difficultés pour agir, ne subissons pas le mouvement, accompagnons-le, permettons à chacun de prévoir et d'anticiper.
Apportons enfin une réponse à tous ceux qui souffrent de la pauvreté ou de l'exclusion, étrangement absents de votre discours, M. HOLLANDE.
Le plan de cohésion sociale représente une mobilisation sans précédent par l'ampleur des moyens dégagés.
Dans quelques jours, je ferai des propositions d'expérimentation pour apporter à chaque fois des solutions locales, concrètes et rapides.
Dans ce domaine, il faut innover, valoriser et rassembler les efforts de chacun. Le nouveau pacte social français a besoin d'énergie et de vitalité : il les trouvera dans son économie, dans sa capacité à produire des richesses et à les vendre à l'étranger. C'est mon troisième message : nous devons gagner la bataille de l'innovation.
Pour cela, nous avons des atouts exceptionnels :
Notre main d'oeuvre a l'une des meilleures productivités horaire. Nos salariés ne cessent de faire des efforts pour répondre aux exigences de la compétition mondiale et ils y arrivent.
Nous avons des services publics remarquables, qui participent à la qualité de la vie dans notre pays : je pense à nos hôpitaux, à nos écoles, à nos infrastructures routières et ferroviaires.
Notre capacité d'innovation est intacte : le haut niveau de nos laboratoires et de nos centres de recherche est reconnu dans le monde entier.
Et je ne parle pas de la puissance de nos champions industriels mondiaux, de la densité exceptionnelle de notre équipement en internet à haut débit, ou de la performance de notre agriculture qui structure nos paysages ruraux. Les Français sont fiers de ces atouts. Prenez EDF : plus de 5 millions de Français ont acheté des actions, dont 70 % des salariés de l'entreprise.
Alors soyons au diapason des Français. Au lieu d'alimenter leurs peurs, donnons-leur confiance dans l'avenir.
Regroupons nos forces économiques.
C'est le but des 66 pôles de compétitivité et des pôles d'excellence rurale que nous avons mis en place dans toutes les régions de France.
C'est le but des mesures que nous avons mises en oeuvre avec Renaud DUTREIL pour faciliter le financement des PME, leur transmission et leur croissance : car nous savons que nos PME doivent avoir une taille plus importante pour gagner des parts de marché dans les pays les plus dynamiques. Déjà les choses s'améliorent : nos exportations vers l'Inde ont augmenté de 45 % l'année dernière et de 17 % vers la Chine. Etre présents partout où la croissance est forte, c'est le défi majeur que nous avons à relever avec Christine LAGARDE dans les années à venir.
J'ai parlé de patriotisme économique : je crois dans cette idée. Il ne s'agit pas de dresser des barrières illusoires contre la mondialisation. Il s'agit de reconnaître que nos intérêts et les intérêts européens passent en premier - et surtout permettre à nos entreprises de se battre à armes égales avec celles d'Amérique ou d'Asie.
Ensuite il est indispensable de soutenir l'innovation.
Nous avons mis sur la table huit milliards d'euros de plus sur la période 2005-2007, pour relancer la recherche technologique.
Nous soutenons l'investissement grâce à une réforme de la taxe professionnelle qui libère les capacités de notre industrie.
Pour la première fois dans ce pays, les hautes technologies, la recherche, l'innovation, qui sont les outils décisifs pour gagner dans le monde de demain, sont mis au service d'une véritable vision économique. L'innovation, la recherche doivent se diffuser partout. Le dynamisme de notre économie en dépend. Sa compétitivité en dépend.
Enfin l'Etat doit défendre les intérêts de notre économie et de nos salariés.
Thierry BRETON présentera un nouveau dispositif de protection contre les OPA hostiles, qui mettra en oeuvre le principe de réciprocité.
Nous avons pris des dispositions pour encourager la détention d'actions longues et l'actionnariat salarié : car un capital fort et structuré, c'est la meilleure façon de défendre nos entreprises tout en valorisant les efforts des salariés. J'annoncerai de nouvelles mesures dans les prochains jours.
L'économie française a des ressources d'énergie et de talents immenses.
Nous voulons avancer en préservant à la fois une agriculture moderne, une industrie compétitive et des services innovants. Nous voulons garder hors du champ de la concurrence certains services publics qui ne sont pas financièrement rentables, mais qui sont socialement nécessaires. Cet équilibre nous protège des grands chocs extérieurs, il faut le renforcer.
Pour cela, je suis convaincu que l'Europe est une chance pour la France.
Elle peut nous donner les moyens de construire de grands champions industriels, pourvu que nous ayons la volonté de faire passer nos intérêts économiques avant le droit de la concurrence.
Elle doit nous permettre de valoriser notre expérience en matière de services, pourvu que nous soyons vigilants sur nos services publics et sur les conditions du droit du travail. De ce point de vue, la nouvelle directive sur les services va dans le bon sens. Le Parti socialiste français a voté contre au Parlement européen. Le Parti communiste a voté contre. Je ne crois pas que vous ayez donné là une leçon de courage politique.
Enfin l'Europe doit être notre horizon en matière d'énergie et d'innovation. Notre pays aujourd'hui a toutes les qualités pour être le fer de lance du défi technologique et énergétique européen.
Enfin, et c'est ce qui fonde ma politique et mon engagement : je crois dans l'avenir de la France. Nous pouvons compter sur les Français, nous devons nous appuyer sur leur volonté de dépassement.
Oui, nous pouvons tous être fiers des efforts que font les Français. Oui, nous pouvons tous être fiers des capacités de notre pays. Ensemble, nous allons en finir avec le chômage de masse, en particulier le chômage des jeunes. Ensemble, nous allons entrer sereinement dans la modernité.
Et pour cela donnons sa juste place à l'Etat, garant de l'autorité publique.
Car l'Etat est là pour faire respecter nos règles et nos valeurs, défendre l'intérêt général.
C'est vrai en particulier en matière de sécurité. Et vous savez que vous pouvez compter sur la détermination de Nicolas SARKOZY pour continuer à lutter contre la délinquance et les violences aux personnes, qui insupportent nos concitoyens.
C'est vrai en matière de justice : une justice qui doit être rapide, efficace et humaine. Avec Pascal CLEMENT, comme l'a demandé le Président de la République, nous tirerons toutes les conséquences de la commission d'enquête sur le drame d'Outreau. J'ai confiance dans la capacité de notre magistrature à s'engager dans cette voie avec son sens des responsabilités pour apporter de meilleures garanties aux justiciables.
C'est vrai aussi en matière d'immigration : vous critiquez l'immigration choisie. Est-ce que vous préférez l'immigration subie ? Les flux continus d'étrangers en situation irrégulière ? Les délais scandaleux qui étaient de mise en matière de demande d'asile avant notre réforme de l'OFPRA ? Avec le ministre d'Etat, nous croyons que refuser l'immigration irrégulière, les détournements de procédure, les mariages de complaisance, c'est notre devoir et la condition de la bonne intégration des étrangers en situation régulière qui viennent en France avec leurs projets et leurs espoirs. Nous croyons qu'orienter vers la France les étudiants les meilleurs et les plus motivés, qu'imposer un vrai contrat d'intégration reposant sur la maîtrise du Français, c'est mettre tous les atouts de notre côté.
Si l'Etat ne protège pas les plus faibles, qui le fera à sa place ? Si l'Etat ne fait pas respecter la règle de droit, qui aura la légitimité pour le faire ? Si l'Etat ne prend pas en charge la protection de chacun contre les nouveaux risques sanitaires comme la grippe aviaire ou le Chikungunya, qui pourra exercer cette compétence ?
Mais l'Etat doit retrouver des marges de manoeuvre : pour cela, nous voulons revenir à un taux maximum d'endettement de 60 % du PIB avant 2010. Pour la première fois, avec Thierry BRETON et Jean-François COPE, nous avons fixé un objectif transparent de désendettement, de maîtrise de la dépense publique, de limitation des déficits. Cet objectif est défini collectivement et sera chiffré devant la représentation nationale lors du débat d'orientation budgétaire de juin.
Nous devons toujours mieux servir les Français et répondre à leur soif de changement.
Je pense au marché du travail : avec Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER, nous ouvrirons dans les prochaines semaines la troisième étape de la bataille pour l'emploi. Ce sera une étape d'approfondissement, une étape de concertation et de dialogue qui abordera tous les sujets utiles. Nous n'avons pas d'a priori, nous sommes ouverts et attentifs, nous attendons des propositions.
Je pense aussi à l'éducation : nous avons déjà beaucoup avancé sur l'école, sur l'acquisition des savoirs fondamentaux, sur l'accompagnement des élèves. Avec Gilles de ROBIEN et François GOULARD, nous voulons avancer dans l'amélioration de notre système d'enseignement supérieur, avec à l'esprit deux préoccupations majeures.
Première préoccupation : comment aider les étudiants dans leur vie quotidienne, pour leur orientation, pour leur accès au diplôme, pour les bourses, pour le logement étudiant, pour l'apprentissage d'un métier. Autant de sujets où nous attendons aussi vos propositions.
Deuxième préoccupation : comment revaloriser le statut des enseignants, comment mieux reconnaître leur dévouement et leur compétence, comment leur permettre d'avoir accès à une deuxième carrière.
A toutes ces questions, nous allons apporter des réponses.
Vous le voyez, comme l'a souhaité le Président de la République, l'année 2006 sera une année utile pour la France.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les députés,
A chaque âge de l'histoire de notre pays correspond un défi majeur :
La République à enraciner pour nos grands-parents, l'homme à sauver de la barbarie et le pays à reconstruire pour nos parents, la France à faire progresser pour notre génération et celle de nos enfants. En cédant trop souvent à l'immobilisme et à la peur en cédant trop souvent à la dérision et à la moquerie, nous n'avons que trop tardé.
Aujourd'hui, nous sommes au rendez-vous de l'action contre la résignation, au rendez-vous du pragmatisme contre l'idéologie. Alors, qu'il y ait des doutes, des hésitations, quoi de plus normal quand il faut faire face sur tous les fronts à la fois. Changer, oui, pour pouvoir rester nous-même : fidèles à une exigence française à laquelle nous sommes tous attachés. Fidèles à notre identité, forts de notre diversité, de la Métropole à l'Outremer, forts d'une histoire qui doit nous rassembler et non nous diviser. Il y a des mémoires en France, mais il n'y a qu'une histoire de France, à connaître et à partager.
Entendons-nous sur ce que nous souhaitons défendre et promouvoir :
Le souffle de l'humain d'abord, malgré les heurts et les soubresauts de la mondialisation, contre le règne de l'argent et de la marchandisation, contre le flot des violences, contre les inégalités, contre l'irrespect. Pour chacun une place, pour chacun l'égalité des chances.
L'aspiration à l'universel ensuite, dans un esprit de respect, de tolérance, de dialogue entre les peuples et les cultures par delà les couleurs de la peau, les convictions ou les religions.
Le goût de l'avenir enfin, parce que le progrès est possible pour chaque individu, comme pour la communauté nationale. Mais il suppose l'engagement, l'effort, la compassion envers l'autre et non le repli sur soi ou l'indifférence.
Bien sûr, François HOLLANDE, j'écoute attentivement ce que vous me dites à travers cette motion de censure.
Je n'oublie pas l'exigence de tirer chaque jour les leçons de la veille pour faire mieux, pour faire plus au service des Françaises et des Français.
Mais la politique aujourd'hui dans notre pays a besoin de sincérité, de lucidité pour répondre aux doutes et aux frustrations, aux colères et aux impatiences de nos compatriotes.
Alors laissons tomber les outrages et les vieux usages de la politique politicienne. Il n'y a pas d'un côté l'ombre et de l'autre côté la lumière. Il y a ceux qui regardent devant et ceux qui refusent tout changement. Vous me trouverez toujours du côté de ceux qui croient dans la France et qui veulent le meilleur pour les Français. Je sais que notre majorité partage cette conviction. Je sais qu'elle s'engage sans répit pour remettre notre pays en marche. Je veux la saluer et je compte sur elle.
Je vous remercie.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 février 2006