Texte intégral
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Christian Poncelet.
Christian Poncelet : Bonjour, Monsieur Aphatie.
Jean-Michel Aphatie : Vous êtes le deuxième personnage de l'Etat, dans l'ordre constitutionnel. Serez-vous, dimanche, dans la rue, à l'appel des associations en mémoire d'Ilan ?
Christian Poncelet : Je vais m'efforcer d'aménager mon emploi du temps, pour assister à cette manifestation. Mais, ce que je sais, d'ores et déjà, c'est que, ce soir, je serai, bien sûr, à la Grande Synagogue, avec le président du C.R.I.F que j'ai rencontré mardi, au dîner annuel.
Jean-Michel Aphatie : Donc, peut-être, dimanche, vous serez dans la rue pour manifester ?
Christian Poncelet : Peut-être.
Jean-Michel Aphatie : Ce n'est pas sûr ?
Christian Poncelet : Parce que je suis représentant de la province.
Jean-Michel Aphatie : Les organisateurs aimeraient que le président de la République soit présent. Est-ce une bonne chose, pour vous, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : Je pense qu'il sera ce soir à la synagogue.
Jean-Michel Aphatie : Mais dimanche ?
Christian Poncelet : Il faut le lui demander. L'emploi du temps est parfois difficile à aménager. J'ai appris cette manifestation hier soir, très tard. Et, dans mon département, j'ai des rendez-vous, j'ai des obligations. Et, par conséquent, je vais essayer. Je ferai tout mon possible.
Jean-Michel Aphatie : Pour les choses qu'on juge importantes, on a toujours le temps, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : C'est très important. Je dois vous dire, tout de suite, que cela suffit ! Je suis traumatisé par ce drame du jeune Ilan Halimi. Traumatisé. Peut-être, est-ce le fait que, dans ma ville, tous les juifs ont été déportés, y compris un enfant de neuf mois. Il y a deux ans, un témoin, Jean Kahn - qui est le président du Consistoire national - à qui je disais, devant les profanations des tombes juives, des inscriptions antisémites : "Attention. Attention, Jean ! La bête immonde va revivre ! Ça recommence !".
Et ce drame d'aujourd'hui ne nous permet pas la moindre indulgence. Je suis tolérant, mais là, ça suffit ! Et il faut que, ce soir, dimanche, le peuple français réalise un véritable sursaut, et que l'on comprenne bien que l'on ne peut plus tolérer, au début du XXe siècle, de telles manifestations ! Malraux a dit : "Le XXIe siècle sera religieux ou ne le sera pas !". Va-t-il avoir raison dans cette prophétie ? Non. Il est grand temps de réagir.
Et je dis que les manifestations, comme celles de dimanche et de ce soir, sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. Il faut maintenant sanctionner. Et sanctionner sans indulgence, sinon cela prendra un développement que l'on ne pourra plus maîtriser.
Jean-Michel Aphatie : En vous entendant, Christian Poncelet, on sent votre émotion. Le caractère antisémite de l'agression ne fait pas de doute ?
Christian Poncelet : Il ne fait pas de doute d'après ce que j'ai entendu. J'ai une petite pointe de satisfaction de savoir que ce bandit, ce barbare a été arrêté. Et d'ailleurs, il a avoué, d'après ce que je viens d'entendre, à l'instant. Par conséquent, là, il faut vraiment prendre des mesures sévères.
Jean-Michel Aphatie : Montée de l'antisémitisme, émeutes en banlieues, augmentation de l'agression des personnes : c'est dans les statistiques. La sécurité, aujourd'hui, en France, est un problème, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : Oui. Des efforts ont été faits, il faut le reconnaître, par le gouvernement.
Jean-Michel Aphatie : On en voit les résultats !
Christian Poncelet : 47% de moins d'actes antisémites, en 2005 par rapport à 2004. Par conséquent, c'est déjà un résultat. Il n'est pas suffisant. Et puis, ce mouvement antisémite est en profondeur. On me dit : "Il y a le mouvement des banlieues". Il était généré par le fait que ces jeunes ne soient pas intégrés, le fait que ces jeunes n'ont pas de travail, n'ont pas d'emploi. Oui, ça peut être cela. Mais quand je pose la question suivante - et je la pose à vous-même - les trois Anglais d'origine musulmane qui ont un travail, qui ont un logement, qui sont intégrés et qui répondent à l'appel qu'on leur adresse, pour devenir des kamikazes, se suicider dans un métro et dans le bus.Tout cela m'interpelle ! Tout cela ne me laisse pas indifférent, et je voudrais que l'on ouvre les yeux, et qu'on regarde les choses en face. On ne peut pas revoir ce que nous avons vécu, c'est impossible !
Jean-Michel Aphatie : Tout à l'heure, Christian Poncelet, au Sénat, vous présiderez aux travaux qui commenceront concernant l'examen du projet de loi "égalité des chances", dans lequel figure le fameux contrat première embauche. On voit que la cote de popularité de Dominique de Villepin, dans plusieurs sondages, connaît une baisse significative. Ce contrat a l'air d'être mal compris des Français, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : Oui. Il ne faut pas déterminer sa démarche à partir des sondages. Je connais beaucoup d'hommes politiques dont les sondages étaient très élevés, et qui n'ont pas connu le succès. Je dirais même, parfois, attention ! Quand le sondage est trop fort, c'est un risque d'échec.
Jean-Michel Aphatie : Là, Dominique de Villepin va peut-être réussir, alors ?
Christian Poncelet : Pourquoi pas ! La situation, c'est que le chômage, en France, est à un niveau élevé : un des plus élevés d'Europe. Ceci est la conséquence, aussi, que la France est le pays, parmi les pays industrialisés, où les prélèvements obligatoires - fiscal et social - sont les plus élevés : les choses sont liées. Et l'on constate, dans le cas de ce chômage élevé, que la précarité chez les jeunes est la plus importante des pays européens : 23,8 %. Alors, il faut faire quelque chose ! Quelle est la solution idéale ? Bien sûr, le retour à la croissance, la dynamisation de notre industrie : conquérir, reconquérir des marchés. Mais ceci ne se décrète pas !
Mais alors, devant cette situation, gouvernement de gauche et gouvernement de droite - pour prendre une terminologie que je n'aime pas beaucoup, parce qu'à gauche, il y a des gens qui sont riches et qui ne sont pas généreux, et à droite, il y des gens qui sont riches et qui le sont, et inversement. Par conséquent, qu'est-ce que je constate ? Je constate qu'hier la gauche a créé, devant cette situation que je viens de décrire, les emplois jeunes. Les emplois sont des emplois de service public qui sont payés par l'Etat et les collectivités locales, et donc par le contribuable.
Le contrat première embauche permet d'une part, aux jeunes d'avoir une expérience professionnelle dans une entreprise. Deuxièmement, d'avoir une rémunération qui ne saurait être inférieure, bien sûr, au régime courant des salariés. Et, troisièmement, d'avoir un droit individuel à la formation. Cela, c'est important. Et c'est l'entreprise qui paie, et non le contribuable.
Jean-Michel Aphatie : Donc, c'est un bon contrat pour Christian Poncelet !
Christian Poncelet : Et le Sénat cherchera encore à l'améliorer, comme toujours. 90% des amendements du Sénat sont repris par le gouvernement et l'Assemblée nationale.
Jean-Michel Aphatie : Bravo ! Donc, le Sénat va amender le contrat première embauche : c'est l'information que Christian Poncelet vient de nous donner sur RTL. Bonne journée !
Christian Poncelet : A vous aussi !...
source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 février 2006
Christian Poncelet : Bonjour, Monsieur Aphatie.
Jean-Michel Aphatie : Vous êtes le deuxième personnage de l'Etat, dans l'ordre constitutionnel. Serez-vous, dimanche, dans la rue, à l'appel des associations en mémoire d'Ilan ?
Christian Poncelet : Je vais m'efforcer d'aménager mon emploi du temps, pour assister à cette manifestation. Mais, ce que je sais, d'ores et déjà, c'est que, ce soir, je serai, bien sûr, à la Grande Synagogue, avec le président du C.R.I.F que j'ai rencontré mardi, au dîner annuel.
Jean-Michel Aphatie : Donc, peut-être, dimanche, vous serez dans la rue pour manifester ?
Christian Poncelet : Peut-être.
Jean-Michel Aphatie : Ce n'est pas sûr ?
Christian Poncelet : Parce que je suis représentant de la province.
Jean-Michel Aphatie : Les organisateurs aimeraient que le président de la République soit présent. Est-ce une bonne chose, pour vous, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : Je pense qu'il sera ce soir à la synagogue.
Jean-Michel Aphatie : Mais dimanche ?
Christian Poncelet : Il faut le lui demander. L'emploi du temps est parfois difficile à aménager. J'ai appris cette manifestation hier soir, très tard. Et, dans mon département, j'ai des rendez-vous, j'ai des obligations. Et, par conséquent, je vais essayer. Je ferai tout mon possible.
Jean-Michel Aphatie : Pour les choses qu'on juge importantes, on a toujours le temps, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : C'est très important. Je dois vous dire, tout de suite, que cela suffit ! Je suis traumatisé par ce drame du jeune Ilan Halimi. Traumatisé. Peut-être, est-ce le fait que, dans ma ville, tous les juifs ont été déportés, y compris un enfant de neuf mois. Il y a deux ans, un témoin, Jean Kahn - qui est le président du Consistoire national - à qui je disais, devant les profanations des tombes juives, des inscriptions antisémites : "Attention. Attention, Jean ! La bête immonde va revivre ! Ça recommence !".
Et ce drame d'aujourd'hui ne nous permet pas la moindre indulgence. Je suis tolérant, mais là, ça suffit ! Et il faut que, ce soir, dimanche, le peuple français réalise un véritable sursaut, et que l'on comprenne bien que l'on ne peut plus tolérer, au début du XXe siècle, de telles manifestations ! Malraux a dit : "Le XXIe siècle sera religieux ou ne le sera pas !". Va-t-il avoir raison dans cette prophétie ? Non. Il est grand temps de réagir.
Et je dis que les manifestations, comme celles de dimanche et de ce soir, sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. Il faut maintenant sanctionner. Et sanctionner sans indulgence, sinon cela prendra un développement que l'on ne pourra plus maîtriser.
Jean-Michel Aphatie : En vous entendant, Christian Poncelet, on sent votre émotion. Le caractère antisémite de l'agression ne fait pas de doute ?
Christian Poncelet : Il ne fait pas de doute d'après ce que j'ai entendu. J'ai une petite pointe de satisfaction de savoir que ce bandit, ce barbare a été arrêté. Et d'ailleurs, il a avoué, d'après ce que je viens d'entendre, à l'instant. Par conséquent, là, il faut vraiment prendre des mesures sévères.
Jean-Michel Aphatie : Montée de l'antisémitisme, émeutes en banlieues, augmentation de l'agression des personnes : c'est dans les statistiques. La sécurité, aujourd'hui, en France, est un problème, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : Oui. Des efforts ont été faits, il faut le reconnaître, par le gouvernement.
Jean-Michel Aphatie : On en voit les résultats !
Christian Poncelet : 47% de moins d'actes antisémites, en 2005 par rapport à 2004. Par conséquent, c'est déjà un résultat. Il n'est pas suffisant. Et puis, ce mouvement antisémite est en profondeur. On me dit : "Il y a le mouvement des banlieues". Il était généré par le fait que ces jeunes ne soient pas intégrés, le fait que ces jeunes n'ont pas de travail, n'ont pas d'emploi. Oui, ça peut être cela. Mais quand je pose la question suivante - et je la pose à vous-même - les trois Anglais d'origine musulmane qui ont un travail, qui ont un logement, qui sont intégrés et qui répondent à l'appel qu'on leur adresse, pour devenir des kamikazes, se suicider dans un métro et dans le bus.Tout cela m'interpelle ! Tout cela ne me laisse pas indifférent, et je voudrais que l'on ouvre les yeux, et qu'on regarde les choses en face. On ne peut pas revoir ce que nous avons vécu, c'est impossible !
Jean-Michel Aphatie : Tout à l'heure, Christian Poncelet, au Sénat, vous présiderez aux travaux qui commenceront concernant l'examen du projet de loi "égalité des chances", dans lequel figure le fameux contrat première embauche. On voit que la cote de popularité de Dominique de Villepin, dans plusieurs sondages, connaît une baisse significative. Ce contrat a l'air d'être mal compris des Français, Christian Poncelet ?
Christian Poncelet : Oui. Il ne faut pas déterminer sa démarche à partir des sondages. Je connais beaucoup d'hommes politiques dont les sondages étaient très élevés, et qui n'ont pas connu le succès. Je dirais même, parfois, attention ! Quand le sondage est trop fort, c'est un risque d'échec.
Jean-Michel Aphatie : Là, Dominique de Villepin va peut-être réussir, alors ?
Christian Poncelet : Pourquoi pas ! La situation, c'est que le chômage, en France, est à un niveau élevé : un des plus élevés d'Europe. Ceci est la conséquence, aussi, que la France est le pays, parmi les pays industrialisés, où les prélèvements obligatoires - fiscal et social - sont les plus élevés : les choses sont liées. Et l'on constate, dans le cas de ce chômage élevé, que la précarité chez les jeunes est la plus importante des pays européens : 23,8 %. Alors, il faut faire quelque chose ! Quelle est la solution idéale ? Bien sûr, le retour à la croissance, la dynamisation de notre industrie : conquérir, reconquérir des marchés. Mais ceci ne se décrète pas !
Mais alors, devant cette situation, gouvernement de gauche et gouvernement de droite - pour prendre une terminologie que je n'aime pas beaucoup, parce qu'à gauche, il y a des gens qui sont riches et qui ne sont pas généreux, et à droite, il y des gens qui sont riches et qui le sont, et inversement. Par conséquent, qu'est-ce que je constate ? Je constate qu'hier la gauche a créé, devant cette situation que je viens de décrire, les emplois jeunes. Les emplois sont des emplois de service public qui sont payés par l'Etat et les collectivités locales, et donc par le contribuable.
Le contrat première embauche permet d'une part, aux jeunes d'avoir une expérience professionnelle dans une entreprise. Deuxièmement, d'avoir une rémunération qui ne saurait être inférieure, bien sûr, au régime courant des salariés. Et, troisièmement, d'avoir un droit individuel à la formation. Cela, c'est important. Et c'est l'entreprise qui paie, et non le contribuable.
Jean-Michel Aphatie : Donc, c'est un bon contrat pour Christian Poncelet !
Christian Poncelet : Et le Sénat cherchera encore à l'améliorer, comme toujours. 90% des amendements du Sénat sont repris par le gouvernement et l'Assemblée nationale.
Jean-Michel Aphatie : Bravo ! Donc, le Sénat va amender le contrat première embauche : c'est l'information que Christian Poncelet vient de nous donner sur RTL. Bonne journée !
Christian Poncelet : A vous aussi !...
source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 février 2006