Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, dans "Le Havre libre/Le Havre presse" du 24 février 2006, sur la place de l'Europe dans la vie quotidienne des Français.

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Circonstance : Déplacement au Havre (Seine-Maritime), le 24 février 2006

Média : Le Havre Presse

Texte intégral


Q - Huit mois après l'échec du référendum sur la Constitution, y a-t-il encore une identité européenne ?
R - Lors du référendum, les Français n'ont pas rejeté l'Europe. Ils ont marqué une réticence sur une certaine façon de la faire. Et c'est cela que le gouvernement a pris en compte. Il est important de rappeler quel est le projet européen de la France et de réaffirmer que nous voulons une Europe politique, solidaire et ambitieuse. Il faut également répondre plus concrètement aux préoccupations et aux attentes des citoyens. C'est l'Europe des projets qu'il faut développer pour leur redonner confiance. Quant à l'identité européenne, elle existe. Regardons l'évolution de la construction européenne depuis son origine : il n'y avait au départ que la Politique agricole commune (PAC). Aujourd'hui, l'action de l'Europe s'est développée dans des domaines aussi divers que l'économie, l'environnement, la défense, la justice, la culture, la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine. Si, à l'Unesco, nous avons pu faire adopter une convention sur le respect des identités et de la diversité culturelle, c'est que nous avons réussi à négocier tous ensemble et à peser sur la négociation jusqu'à obtenir ce résultat essentiel.
Q - Au quotidien, qu'apporte l'Europe aux habitants et pourquoi a-t-on toujours le sentiment que l'Europe est si lointaine des préoccupations de chacun ?
R - Il faut prendre acte que les Français trouvent l'Europe trop lointaine, trop technocratique et qu'elle répond insuffisamment à leurs attentes. Pourtant, elle est très présente dans la vie de tous les jours. Le développement du téléphone mobile et la baisse des tarifs, c'est le résultat de l'action européenne. La sécurité dans les transports aériens et le fait que les billets d'avion sont globalement moins chers, là encore c'est l'Europe. Par ailleurs, la France bénéficie très largement de l'argent de l'Europe : pour la PAC mais aussi pour les fonds structurels qui financent une grande variété de projets. Depuis quinze ans, ce sont plus de 140 000 projets qui en ont bénéficié sur l'ensemble du territoire français. Chaque région reçoit plusieurs centaines de millions d'euros entre 2000 et 2006. La Haute-Normandie bénéficie ainsi de 563 millions d'euros avec des projets très diversifiés qui vont de Port 2000 au pôle scientifique et technologique en passant par l'amélioration de l'habitat social et la rénovation de quartiers. Aucun secteur n'est exclu. C'est une réalité qu'on ne connaît pas suffisamment. Expliquons très concrètement aux citoyens les actions européennes.
Q - Que répondez-vous aux professions portuaires qui craignent une ouverture de leurs activités à la concurrence ?
R - La France avait eu des réserves très sérieuses sur le projet initial de la Commission européenne. Ce projet a finalement été rejeté par le Parlement européen il y a quelques semaines. Ce que nous souhaitons, c'est que la Commission tire les conséquences de ce vote négatif. Nous n'accepterons pas un projet qui n'écarterait pas de façon nette les risques de dumping social.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2006