Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
La Conférence de Paris organisée à l'initiative du président de la République vient de s'achever, et les débats, mais aussi et surtout les résultats auxquels nous sommes parvenus en font une étape décisive de l'aide au développement et de la recherche de nouveaux financements.
Tout cela va dans le sens d'une mondialisation plus juste et plus solidaire que la France appelle de ses voeux.
Nous ne pouvons que nous féliciter du nombre de participants (500 environ dont 70 ministres, venant de 93 pays, avec 18 organisations internationales et 60 ONG), et de la présence de personnalités de premier plan, je pense au Secrétaire général des Nations unies, aux chefs d'Etat et de gouvernement du Mali et du Congo. Je veux souligner également la grande qualité des interventions.
En prenant l'initiative de cette Conférence, la France avait trois objectifs :
- D'abord, nous voulions approfondir et élargir le consensus international autour des financements innovants du développement, ces mécanismes justes, rationnels et techniquement faisables qui doivent être mis en oeuvre pour répondre concrètement, sur le terrain, aux défis du développement, en particulier le défi sanitaire ;
- Nous voulions aussi élargir le cercle des pays qui ont décidé d'adopter et d'appliquer, sur leur territoire, une contribution de solidarité sur les billets d'avion ;
- Enfin, la France avec le Brésil et le Chili, souhaitaient présenter à la communauté internationale leur projet de Facilité Internationale d'Achat de Médicaments (FIAM), car c'est dans le cadre de ce Fonds que nous proposons aux pays partenaires d'utiliser conjointement le produit de leurs contributions sur les billets d'avion.
Sur le premier point, ces deux jours de débats nous auront permis d'évoluer à grands pas dans la bonne direction.
L'idée de financements innovants du développement a été lancée, vous le savez, à l'automne 2003 par le président de la République. Un groupe de travail a été créé, et ses conclusions ont été approfondies par le Groupe des 6 pays (Algérie, Allemagne, Brésil, Espagne, Chili et France) qui ont dès le départ travaillé sur ce thème.
Cette question se trouve aujourd'hui à l'ordre du jour de toutes les enceintes internationales concernées, notamment des Nations unies. Le Secrétaire général, M. Kofi Annan a tenu, d'ailleurs, à venir personnellement à Paris pour en parler et apporter son soutien à notre projet de Facilité Internationale d'Achat de Médicaments. Notre objectif, désormais, est de rendre cette question encore plus concrète, et nous pouvons compter pour cela sur le soutien élargi de très nombreux pays.
Concernant maintenant la contribution sur les billets d'avion, 12 pays ont affiché leur intention très concrète de rejoindre l'initiative de la France : le Chili, le Brésil, la Norvège, Chypre, Madagascar, le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Jordanie, le Congo, Maurice, la Côte d'Ivoire, le Nicaragua.
Un grand mouvement de solidarité est désormais enclenché, il est irréversible, d'autres pays prendront certainement une décision similaire dans les mois à venir. La Conférence de Paris a permis de concrétiser une nouvelle conception de l'aide au développement : ce n'est plus seulement un transfert du Nord au Sud mais une redistribution des bénéfices de la mondialisation de la part de ceux qui en tirent le plus grand avantage. La Conférence de Paris marque une étape décisive dans cette évolution. La mondialisation que nous voyons fait en sorte que certains deviennent de plus en plus riches et d'autres de plus en plus pauvres. Il est bon de savoir que ceux qui deviennent de plus en plus riches participent pour aider ceux qui sont les plus pauvres.
Enfin, la France a proposé aux côtés du Brésil et du Chili de créer une Facilité Internationale d'Achat de Médicaments (FIAM). Cette idée a été très bien accueillie par les participants qui ont vu dans ce Fonds une modalité d'affectation des ressources particulièrement adaptée aux enjeux sanitaires cruciaux des pays en développement.
Un groupe pilote de 40 pays va être constitué. Il va s'employer, en liaison avec toutes les parties prenantes, à finaliser notre proposition d'ici le mois de septembre 2006, avec l'objectif d'aboutir à un consensus au moment de la réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/Sida, qui se tiendra, comme vous le savez, à New York, le 1er juin prochain.
Cette conférence représente, je l'ai dit, et je pèse mes mots, un jalon crucial dans la recherche de nouveaux financements pour le développement. Mais elle n'est aussi qu'une étape : nous allons poursuivre notre campagne de conviction, nous allons accentuer cette dynamique, aux côtés notamment des 40 pays qui ont adhéré au groupe pilote international de solidarité.
Ce groupe, il est à la fois nombreux et très diversifié sur le plan géographique avec des pays d'Europe - et je me réjouis tout particulièrement de l'adhésion de l'Allemagne à nos côtés dans ce groupe -, mais aussi d'Asie, d'Amérique latine, et de très nombreux pays africains.
Je vous donne rapidement lecture de la liste des pays participant au Groupe pilote à ce jour :
Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Autriche, Bangladesh, Belgique, Bénin, Brésil, Burundi, Cambodge, Cameroun, Cap Vert, Chili, Chypre, Congo Brazzaville, Côte d'Ivoire, Djibouti, Ethiopie, Espagne, France, Gabon, Guinée-Bissao, Guinée Conakry, Haïti, Inde, Jordanie, Liban, Luxembourg, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mexique, Mozambique, Namibie, Nicaragua, Niger, Norvège, Royaume-Uni.
Les ressources nouvelles que nous proposons sont des pistes concrètes qui peuvent être traduites rapidement dans les faits. La France veut montrer qu'il est possible, dès lors que la volonté collective existe, de réconcilier, sur le terrain, les impératifs d'efficacité et de solidarité.
Vous savez, il y a 40 millions de personnes affectés pas le Sida, cela fait beaucoup. 5 millions de nouvelles infections par an, une infection toutes les 6 secondes. 90 % des nouvelles infections, ce sont dans les pays en voie de développement. 3 millions de morts par an. Plus de 6 millions de malades ont besoin d'un traitement, tout de suite, urgent ; or il n'y a qu'un million de patients qui ont accès au traitement qui leur est nécessaire. C'est une exigence éthique et morale d'être à ce rendez-vous.
Si je prends le paludisme, il y a deux millions de morts par an, un enfant en meurt toutes les 30 secondes en Afrique.
Si je prends la tuberculose, un million de morts par an et je me permets de vous le dire, pour une maladie que l'on sait prévenir et que l'on sait guérir en six mois. Il est absolument impossible de continuer cette mondialisation sans prendre conscience de cela. Je voudrais bien sûr remercier l'idée du président de la République, M. Jacques Chirac mais aussi du président Lula. Et je sais que Celso Amorim a joué un rôle très important dans son pays pour que cette idée du président Lula puisse être concrétisée.
Je vais lui laisser la parole en terminant sur une chose : je crois que nous allons créer, par cette Conférence de Paris, un élément tout à fait nouveau, révolutionnaire. Les gouvernements demanderont à leurs concitoyens une somme, parfois modeste, parfois plus conséquente pour des hommes et des femmes qui n'appartiennent par obligatoirement à leur pays. C'est une nouvelle manière de voir les choses parce que, après tout, l'avion est un fruit de la mondialisation. Et il est bon que l'on profite des fruits de la mondialisation pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
La deuxième chose, c'est que lorsque l'on demande une participation à un homme ou une femme sur la planète, et en particulier dans les pays riches, il est normal de leur dire où concrètement va cette aide. L'idée de cette Facilité Internationale d'Achat de Médicaments permet tout simplement de faire passer un message. Avec cet argent, nous allons pouvoir commander sur une longue durée un certain nombre de médicaments. Et plus la somme sera importante, plus le prix du médicament sera bas. Et plus le médicament aura un prix bas, plus le nombre de malades traités avec la même enveloppe sera important. C'est donc une idée concrète, et je remercie encore Celso Amorim à qui je donne la parole, d'y avoir participé si grandement.
Q - Lorsque l'on a lancé la taxe sur les billets d'avion, notamment à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre dernier, à la tribune il y avait José Luis Zapatero et quelqu'un qui représentait le chancelier Schröder, donc qu'en est-il de l'Allemagne et de l'Espagne concernant les billets d'avion ? Deuxième question, quelles sont pour vous les autres projets de taxe qui ont pour vous le plus de chances d'émerger ? Je pense par exemple aux taxes sur les mouvements financiers, ventes d'armes, écologiques? Qu'est-ce qui a évolué durant cette réunion ?
R - Concernant l'Espagne et l'Allemagne, il y a une évolution. Je vous rappelle qu'il faut distinguer la contribution sur les billets d'avion et ce que l'on peut faire du produit de cette contribution sur les billets d'avion. Elle pourrait venir, en partie ou en totalité en fonction du choix de chaque pays, abonder cette Facilité d'Achat de Médicaments. Certains pays ont décidé - ils sont au nombre de 13 - de rentrer dans cette logique des billets d'avion et il y en aura, j'en suis sûr, beaucoup d'autres. Il y en a d'autres qui disent : "peut-être nous n'irons pas obligatoirement vers l'initiative sur les billets d'avion mais nous allons donner une somme équivalente à ce que représenterait la contribution sur les billets d'avion, pour la Facilité d'Achat de Médicaments". Cela permet à certains pays, non pas de rentrer obligatoirement directement dans le mécanisme de prélèvement sur les billets d'avion, mais de participer d'une manière nouvelle à cette idée de facilité. C'est pour cela que vous avez plus de pays aujourd'hui dans le groupe pilote qu'il n'y en a dans la liste de ceux qui ont décidé de participer au mécanisme de prélèvement sur les billets d'avions.
Deuxièmement, pas mal de pays ont l'intention de mettre en place la contribution sur les billets d'avion, mais la discussion a toujours lieu au sein d'un gouvernement, c'est une discussion entre le choix politique du chef de gouvernement et puis ensuite le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Finances, qui lui aussi est en charge de récolter les recettes. Je vois aujourd'hui avec plaisir que l'Allemagne entre dans ce groupe, et je pense qu'il est tout à fait important de voir qu'en Europe, outre le Luxembourg dont j'ai parlé, il y a le Royaume-Uni avec Gordon Brown hier, qui est satisfait que nous le rejoignions sur l'IFF, et en même temps de participer à notre projet.
Sur les autres projets, tout est ouvert. Vous avez vu que M. Moratinos parle beaucoup des migrants. Il peut y avoir d'autres idées. Les futures réunions seront ouvertes pour d'autres idées. Tout est ouvert, si vous avez de bonnes idées. Hier, Bernard Kouchner parlait de marchés financiers, d'autres peuvent évoquer d'autres sources, là c'était sur les billets d'avion et sur cette facilité d'achat.
Q - Avez-vous une idée de combien peut représenter cette taxe sur les billets d'avion, en terme de valeur, chaque pays peut-être a fait sa prévision ? Dans ce groupe pilote, j'ai un doute sur le chiffre 40. Ils se sont effectivement engagés à donner de l'argent pour financer le développement ? Parce qu'on parle beaucoup dans les objectifs du groupe de taxes de solidarité et ce sont des pays qui n'ont pas nécessairement adhéré à cela. Vont-ils effectivement donner de l'argent ?
R - Sur la première question, en France, c'est 200 millions d'euros. Il faut que les différents pays puissent décider quel est le prix qu'ils demandent en plus pour les billets internationaux ; et dans les billets internationaux, il y a des billets économiques, classe affaires ou première. Et ensuite ils doivent savoir si oui ou non ils veulent taxer, à un tout petit niveau, les vols domestiques. Ce sont des sujets qui n'ont pas encore été abordés par tous les pays dont je vous ai parlé. Pour la France, nous vous avons donné déjà toutes les informations, et c'est de l'ordre de 200 millions d'euros. Pour les autres, sur les 40 pays, je ne peux pas penser que les 40 pays qui font partie du groupe pilote, ne puissent pas participer financièrement à la Facilité Internationale d'Achat de Médicaments.
Q - Les Etats-Unis sont absents comme participants aujourd'hui, le Canada aussi, ils sont observateurs. Estimez-vous que vous allez essayer de convaincre les Etats-Unis, le Canada, l'Australie aussi, de vous rejoindre, de rejoindre le groupe de pays des 40, ou considérez-vous que ces pays peuvent avoir une façon différente de financer le développement ?
R - C'est une question qui est excessivement importante. Je dirai, comme mon homologue de Norvège hier, la politique étant nationale, que les affaires étrangères d'un côté, et les problèmes de santé et de développement aujourd'hui ne forment qu'un. On ne peut pas aujourd'hui évoquer les affaires du monde, si on n'évoque pas les problèmes de santé et de développement.
Comme l'a dit M. Amorim à l'instant, les problèmes de santé et de pauvreté sont exactement les mêmes. On ne peut pas, que ce soit par le prisme de l'énergie, par le prisme du terrorisme, des démocraties, des civilisations, éviter de revenir aux problèmes de santé, de développement et de pauvreté. Ca devient le problème numéro un du monde, en ce début de XXIème siècle. A partir de là, il est normal que tous les pays aient leur propre politique vis-à-vis du développement.
J'ai vu que le président Bush a mis en place un programme, qui est le programme PEPFAR (President's Emergency Plan for AIDS Relief), de trois milliards de dollars, qui consiste à demander aux laboratoires pharmaceutiques américains de baisser leurs prix, mais ensuite de mener une sorte d'action diplomatique bilatérale, entre les Etats-Unis et par exemple un pays africain donné. Et puis je pense que dans les discussions bilatérales il y a beaucoup de sujets, et en particulier celui-là doit en être.
Ce n'est pas notre manière de voir les choses ici, puisque nous nous situons dans le système multilatéral. Nous souhaitons au contraire avoir une vision multilatérale, internationale, commune, mutualisée. Une fois que les 200 millions d'euros de la France seront allés à la facilité d'achat, dans la facilité d'achat il y aura d'autres centaines de millions d'euros, et on ne dira pas "cet euro est français et cet euro est brésilien". C'est une manière vraiment clé de répondre à votre question dans cette affaire.
Deuxièmement, j'ai espoir qu'il y ait de plus en plus de pays qui viennent dans cette opération, pour la bonne et unique raison que dès l'instant où la Facilité Internationale d'Achat se mettra en place, il y aura en face des laboratoires pharmaceutiques. Ils seront soit en train de vendre des médicaments "princeps", soit des génériques. Si les laboratoires pharmaceutiques, et j'en connais au moins un, parmi les trois plus grands mondiaux, et qui n'est pas américain, acceptent de fixer leurs prix au prix des génériques uniquement pour les pays du Sud, alors il me paraît difficile pour les autres de ne pas participer à cette grande aventure humaine. A partir de ce moment là, il peut y avoir des discussions avec les gouvernements.
Q - Sur le groupe pilote de treize pays, sait-on à quelle échéance ils comptent mettre en oeuvre la taxe ?
R - Les treize pays ont décidé de mettre en place la taxe. Dès l'instant où politiquement vous avez décidé de mettre en place la taxe, après c'est une affaire technique, qui dépend de chaque Constitution, de la structure politique et technique de chaque pays. Je pense dans l'année.
Q - Le président Chirac a utilisé hier le terme "expérimental". Il y a un délai, c'est définitif cette taxe ou c'est seulement une expérience pour voir comment vont supporter les autres ?
R - J'avais compris que dans le mot "expérimental" du président, c'était plutôt sur les différents financements innovants. Commençons par celui-là, sachant qu'il y en a d'autres. C'était plutôt cela qu'il voulait dire. C'était une expérimentation d'un des financements innovants, sachant qu'il peut y en avoir d'autres.
Q - Est-on parfaitement au clair sur le fait que ces financements innovants seront additionnels, ne rentreront pas dans le surcroît de financement demandé aux Etats au titre de l'aide publique au développement ?
R - Evidemment, merci de cette question. Il ne s'agit pas, en créant une contribution sur les billets d'avion, de dire "nous retranchons 200 millions d'euros à l'aide publique au développement" ; cela s'additionne. Cela n'a rien à voir avec les 0,7 % du PIB français que le président de la République a fixé à une date précise pour l'aide au développement. Ceci est très clair.
Q - La taxe de solidarité a eu le soutien de beaucoup d'ONG. Toutes quand même se demandent d'un point de vue pratique dans combien de temps ces enveloppes là vont pouvoir être accessibles aux pays les plus pauvres, qui va gérer l'enveloppe et comment ? Est-ce que les mécanismes sont déjà mis en place ?
R - La presse française veut tout, tout de suite. Cela s'appelle l'immédiateté de l'information, et c'est très bien, vous avez raison, on est tous très pressés. Lorsqu'un enfant meurt du sida, vous avez raison, on est pressés.
Là, il y avait une étape politique. Vous vous souvenez de ce qu'on avait dit il y a six mois, "M. Lula et M. Chirac ont eu une très belle idée, mais ils sont seuls". Aujourd'hui, l'étape politique, c'est que non seulement ils ne sont pas seuls, mais qu'il y a treize pays qui ont accepté l'idée de la contribution sur les billets d'avion, que c'est irréversible, que d'autres viendront, et surtout qu'il y a une idée là-dedans, qui est celle de la Facilité d'Achat Internationale de Médicaments; à partir de là, la France va assurer le secrétariat général de cette centrale d'achat, il y aura deux présidences tournantes, un pays du Nord, un pays du Sud. Une année un pays du Nord, une année un pays du Sud. Pour les pays du Sud, le premier qui sera le président de ce conseil d'administration sera le Brésil, et c'est bien normal. Le premier pays du Nord sera la Norvège. La France assurera le secrétariat général.
Alors maintenant, évidemment, il faut passer à la réunion de cette structure. Il ne s'agit pas de mettre en place une bureaucratie, il s'agit tout simplement de travailler parfaitement avec Peter Piot, le directeur d'ONUSIDA, avec Richard Feachem, le directeur du Fonds Global, avec le Dr Lee, le directeur général de l'OMS, pour que les objectifs de ces institutions onusiennes soient parfaitement respectés et que nous ne soyons là que pour aider aux objectifs de ces institutions, de ces organisations.
Il est évident que nous n'avons pas à nous impliquer, ni scientifiquement, ni politiquement, dans des décisions qui n'appartiennent qu'aux trois ou quatre institutions internationales que je viens d'évoquer. Ensuite, il est important de savoir combien. Et puis, d'ouvrir très vite cela aux ONG, à la société civile en général. Hier il y avait une dame du Burundi qui m'a dit, de manière excessivement spontanée : "écoutez, vous êtes gentils, mais j'aimerais que ce soit plus simple qu'aujourd'hui. Ne nous faites pas un mécanisme trop compliqué pour avoir un comprimé." Pour avoir un comprimé aujourd'hui, je sais que la Banque mondiale parfois décide, en 2005 de monter un projet sur le sida dans tel pays, et en 2006, il n'y a toujours rien. Il y a en effet ce problème, cette difficulté extrême sur le terrain pour arriver à des résultats efficaces. Nous nous y engageons, et à être le plus souple possible, grâce aux ONG, et à la société civile.
Un petit mot pour terminer, il ne sert à rien de donner des médicaments dans un pays du Sud, s'il n'y pas de système de santé publique minimal. S'il n'y a pas d'infirmières, de système de prévention, de dépistage par des tests biologiques. Tout cela sera évidemment à prendre en considération dans le cadre de la Facilité Internationale d'Achat de Médicaments.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mars 2006
La Conférence de Paris organisée à l'initiative du président de la République vient de s'achever, et les débats, mais aussi et surtout les résultats auxquels nous sommes parvenus en font une étape décisive de l'aide au développement et de la recherche de nouveaux financements.
Tout cela va dans le sens d'une mondialisation plus juste et plus solidaire que la France appelle de ses voeux.
Nous ne pouvons que nous féliciter du nombre de participants (500 environ dont 70 ministres, venant de 93 pays, avec 18 organisations internationales et 60 ONG), et de la présence de personnalités de premier plan, je pense au Secrétaire général des Nations unies, aux chefs d'Etat et de gouvernement du Mali et du Congo. Je veux souligner également la grande qualité des interventions.
En prenant l'initiative de cette Conférence, la France avait trois objectifs :
- D'abord, nous voulions approfondir et élargir le consensus international autour des financements innovants du développement, ces mécanismes justes, rationnels et techniquement faisables qui doivent être mis en oeuvre pour répondre concrètement, sur le terrain, aux défis du développement, en particulier le défi sanitaire ;
- Nous voulions aussi élargir le cercle des pays qui ont décidé d'adopter et d'appliquer, sur leur territoire, une contribution de solidarité sur les billets d'avion ;
- Enfin, la France avec le Brésil et le Chili, souhaitaient présenter à la communauté internationale leur projet de Facilité Internationale d'Achat de Médicaments (FIAM), car c'est dans le cadre de ce Fonds que nous proposons aux pays partenaires d'utiliser conjointement le produit de leurs contributions sur les billets d'avion.
Sur le premier point, ces deux jours de débats nous auront permis d'évoluer à grands pas dans la bonne direction.
L'idée de financements innovants du développement a été lancée, vous le savez, à l'automne 2003 par le président de la République. Un groupe de travail a été créé, et ses conclusions ont été approfondies par le Groupe des 6 pays (Algérie, Allemagne, Brésil, Espagne, Chili et France) qui ont dès le départ travaillé sur ce thème.
Cette question se trouve aujourd'hui à l'ordre du jour de toutes les enceintes internationales concernées, notamment des Nations unies. Le Secrétaire général, M. Kofi Annan a tenu, d'ailleurs, à venir personnellement à Paris pour en parler et apporter son soutien à notre projet de Facilité Internationale d'Achat de Médicaments. Notre objectif, désormais, est de rendre cette question encore plus concrète, et nous pouvons compter pour cela sur le soutien élargi de très nombreux pays.
Concernant maintenant la contribution sur les billets d'avion, 12 pays ont affiché leur intention très concrète de rejoindre l'initiative de la France : le Chili, le Brésil, la Norvège, Chypre, Madagascar, le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Jordanie, le Congo, Maurice, la Côte d'Ivoire, le Nicaragua.
Un grand mouvement de solidarité est désormais enclenché, il est irréversible, d'autres pays prendront certainement une décision similaire dans les mois à venir. La Conférence de Paris a permis de concrétiser une nouvelle conception de l'aide au développement : ce n'est plus seulement un transfert du Nord au Sud mais une redistribution des bénéfices de la mondialisation de la part de ceux qui en tirent le plus grand avantage. La Conférence de Paris marque une étape décisive dans cette évolution. La mondialisation que nous voyons fait en sorte que certains deviennent de plus en plus riches et d'autres de plus en plus pauvres. Il est bon de savoir que ceux qui deviennent de plus en plus riches participent pour aider ceux qui sont les plus pauvres.
Enfin, la France a proposé aux côtés du Brésil et du Chili de créer une Facilité Internationale d'Achat de Médicaments (FIAM). Cette idée a été très bien accueillie par les participants qui ont vu dans ce Fonds une modalité d'affectation des ressources particulièrement adaptée aux enjeux sanitaires cruciaux des pays en développement.
Un groupe pilote de 40 pays va être constitué. Il va s'employer, en liaison avec toutes les parties prenantes, à finaliser notre proposition d'ici le mois de septembre 2006, avec l'objectif d'aboutir à un consensus au moment de la réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/Sida, qui se tiendra, comme vous le savez, à New York, le 1er juin prochain.
Cette conférence représente, je l'ai dit, et je pèse mes mots, un jalon crucial dans la recherche de nouveaux financements pour le développement. Mais elle n'est aussi qu'une étape : nous allons poursuivre notre campagne de conviction, nous allons accentuer cette dynamique, aux côtés notamment des 40 pays qui ont adhéré au groupe pilote international de solidarité.
Ce groupe, il est à la fois nombreux et très diversifié sur le plan géographique avec des pays d'Europe - et je me réjouis tout particulièrement de l'adhésion de l'Allemagne à nos côtés dans ce groupe -, mais aussi d'Asie, d'Amérique latine, et de très nombreux pays africains.
Je vous donne rapidement lecture de la liste des pays participant au Groupe pilote à ce jour :
Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Autriche, Bangladesh, Belgique, Bénin, Brésil, Burundi, Cambodge, Cameroun, Cap Vert, Chili, Chypre, Congo Brazzaville, Côte d'Ivoire, Djibouti, Ethiopie, Espagne, France, Gabon, Guinée-Bissao, Guinée Conakry, Haïti, Inde, Jordanie, Liban, Luxembourg, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mexique, Mozambique, Namibie, Nicaragua, Niger, Norvège, Royaume-Uni.
Les ressources nouvelles que nous proposons sont des pistes concrètes qui peuvent être traduites rapidement dans les faits. La France veut montrer qu'il est possible, dès lors que la volonté collective existe, de réconcilier, sur le terrain, les impératifs d'efficacité et de solidarité.
Vous savez, il y a 40 millions de personnes affectés pas le Sida, cela fait beaucoup. 5 millions de nouvelles infections par an, une infection toutes les 6 secondes. 90 % des nouvelles infections, ce sont dans les pays en voie de développement. 3 millions de morts par an. Plus de 6 millions de malades ont besoin d'un traitement, tout de suite, urgent ; or il n'y a qu'un million de patients qui ont accès au traitement qui leur est nécessaire. C'est une exigence éthique et morale d'être à ce rendez-vous.
Si je prends le paludisme, il y a deux millions de morts par an, un enfant en meurt toutes les 30 secondes en Afrique.
Si je prends la tuberculose, un million de morts par an et je me permets de vous le dire, pour une maladie que l'on sait prévenir et que l'on sait guérir en six mois. Il est absolument impossible de continuer cette mondialisation sans prendre conscience de cela. Je voudrais bien sûr remercier l'idée du président de la République, M. Jacques Chirac mais aussi du président Lula. Et je sais que Celso Amorim a joué un rôle très important dans son pays pour que cette idée du président Lula puisse être concrétisée.
Je vais lui laisser la parole en terminant sur une chose : je crois que nous allons créer, par cette Conférence de Paris, un élément tout à fait nouveau, révolutionnaire. Les gouvernements demanderont à leurs concitoyens une somme, parfois modeste, parfois plus conséquente pour des hommes et des femmes qui n'appartiennent par obligatoirement à leur pays. C'est une nouvelle manière de voir les choses parce que, après tout, l'avion est un fruit de la mondialisation. Et il est bon que l'on profite des fruits de la mondialisation pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
La deuxième chose, c'est que lorsque l'on demande une participation à un homme ou une femme sur la planète, et en particulier dans les pays riches, il est normal de leur dire où concrètement va cette aide. L'idée de cette Facilité Internationale d'Achat de Médicaments permet tout simplement de faire passer un message. Avec cet argent, nous allons pouvoir commander sur une longue durée un certain nombre de médicaments. Et plus la somme sera importante, plus le prix du médicament sera bas. Et plus le médicament aura un prix bas, plus le nombre de malades traités avec la même enveloppe sera important. C'est donc une idée concrète, et je remercie encore Celso Amorim à qui je donne la parole, d'y avoir participé si grandement.
Q - Lorsque l'on a lancé la taxe sur les billets d'avion, notamment à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre dernier, à la tribune il y avait José Luis Zapatero et quelqu'un qui représentait le chancelier Schröder, donc qu'en est-il de l'Allemagne et de l'Espagne concernant les billets d'avion ? Deuxième question, quelles sont pour vous les autres projets de taxe qui ont pour vous le plus de chances d'émerger ? Je pense par exemple aux taxes sur les mouvements financiers, ventes d'armes, écologiques? Qu'est-ce qui a évolué durant cette réunion ?
R - Concernant l'Espagne et l'Allemagne, il y a une évolution. Je vous rappelle qu'il faut distinguer la contribution sur les billets d'avion et ce que l'on peut faire du produit de cette contribution sur les billets d'avion. Elle pourrait venir, en partie ou en totalité en fonction du choix de chaque pays, abonder cette Facilité d'Achat de Médicaments. Certains pays ont décidé - ils sont au nombre de 13 - de rentrer dans cette logique des billets d'avion et il y en aura, j'en suis sûr, beaucoup d'autres. Il y en a d'autres qui disent : "peut-être nous n'irons pas obligatoirement vers l'initiative sur les billets d'avion mais nous allons donner une somme équivalente à ce que représenterait la contribution sur les billets d'avion, pour la Facilité d'Achat de Médicaments". Cela permet à certains pays, non pas de rentrer obligatoirement directement dans le mécanisme de prélèvement sur les billets d'avion, mais de participer d'une manière nouvelle à cette idée de facilité. C'est pour cela que vous avez plus de pays aujourd'hui dans le groupe pilote qu'il n'y en a dans la liste de ceux qui ont décidé de participer au mécanisme de prélèvement sur les billets d'avions.
Deuxièmement, pas mal de pays ont l'intention de mettre en place la contribution sur les billets d'avion, mais la discussion a toujours lieu au sein d'un gouvernement, c'est une discussion entre le choix politique du chef de gouvernement et puis ensuite le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Finances, qui lui aussi est en charge de récolter les recettes. Je vois aujourd'hui avec plaisir que l'Allemagne entre dans ce groupe, et je pense qu'il est tout à fait important de voir qu'en Europe, outre le Luxembourg dont j'ai parlé, il y a le Royaume-Uni avec Gordon Brown hier, qui est satisfait que nous le rejoignions sur l'IFF, et en même temps de participer à notre projet.
Sur les autres projets, tout est ouvert. Vous avez vu que M. Moratinos parle beaucoup des migrants. Il peut y avoir d'autres idées. Les futures réunions seront ouvertes pour d'autres idées. Tout est ouvert, si vous avez de bonnes idées. Hier, Bernard Kouchner parlait de marchés financiers, d'autres peuvent évoquer d'autres sources, là c'était sur les billets d'avion et sur cette facilité d'achat.
Q - Avez-vous une idée de combien peut représenter cette taxe sur les billets d'avion, en terme de valeur, chaque pays peut-être a fait sa prévision ? Dans ce groupe pilote, j'ai un doute sur le chiffre 40. Ils se sont effectivement engagés à donner de l'argent pour financer le développement ? Parce qu'on parle beaucoup dans les objectifs du groupe de taxes de solidarité et ce sont des pays qui n'ont pas nécessairement adhéré à cela. Vont-ils effectivement donner de l'argent ?
R - Sur la première question, en France, c'est 200 millions d'euros. Il faut que les différents pays puissent décider quel est le prix qu'ils demandent en plus pour les billets internationaux ; et dans les billets internationaux, il y a des billets économiques, classe affaires ou première. Et ensuite ils doivent savoir si oui ou non ils veulent taxer, à un tout petit niveau, les vols domestiques. Ce sont des sujets qui n'ont pas encore été abordés par tous les pays dont je vous ai parlé. Pour la France, nous vous avons donné déjà toutes les informations, et c'est de l'ordre de 200 millions d'euros. Pour les autres, sur les 40 pays, je ne peux pas penser que les 40 pays qui font partie du groupe pilote, ne puissent pas participer financièrement à la Facilité Internationale d'Achat de Médicaments.
Q - Les Etats-Unis sont absents comme participants aujourd'hui, le Canada aussi, ils sont observateurs. Estimez-vous que vous allez essayer de convaincre les Etats-Unis, le Canada, l'Australie aussi, de vous rejoindre, de rejoindre le groupe de pays des 40, ou considérez-vous que ces pays peuvent avoir une façon différente de financer le développement ?
R - C'est une question qui est excessivement importante. Je dirai, comme mon homologue de Norvège hier, la politique étant nationale, que les affaires étrangères d'un côté, et les problèmes de santé et de développement aujourd'hui ne forment qu'un. On ne peut pas aujourd'hui évoquer les affaires du monde, si on n'évoque pas les problèmes de santé et de développement.
Comme l'a dit M. Amorim à l'instant, les problèmes de santé et de pauvreté sont exactement les mêmes. On ne peut pas, que ce soit par le prisme de l'énergie, par le prisme du terrorisme, des démocraties, des civilisations, éviter de revenir aux problèmes de santé, de développement et de pauvreté. Ca devient le problème numéro un du monde, en ce début de XXIème siècle. A partir de là, il est normal que tous les pays aient leur propre politique vis-à-vis du développement.
J'ai vu que le président Bush a mis en place un programme, qui est le programme PEPFAR (President's Emergency Plan for AIDS Relief), de trois milliards de dollars, qui consiste à demander aux laboratoires pharmaceutiques américains de baisser leurs prix, mais ensuite de mener une sorte d'action diplomatique bilatérale, entre les Etats-Unis et par exemple un pays africain donné. Et puis je pense que dans les discussions bilatérales il y a beaucoup de sujets, et en particulier celui-là doit en être.
Ce n'est pas notre manière de voir les choses ici, puisque nous nous situons dans le système multilatéral. Nous souhaitons au contraire avoir une vision multilatérale, internationale, commune, mutualisée. Une fois que les 200 millions d'euros de la France seront allés à la facilité d'achat, dans la facilité d'achat il y aura d'autres centaines de millions d'euros, et on ne dira pas "cet euro est français et cet euro est brésilien". C'est une manière vraiment clé de répondre à votre question dans cette affaire.
Deuxièmement, j'ai espoir qu'il y ait de plus en plus de pays qui viennent dans cette opération, pour la bonne et unique raison que dès l'instant où la Facilité Internationale d'Achat se mettra en place, il y aura en face des laboratoires pharmaceutiques. Ils seront soit en train de vendre des médicaments "princeps", soit des génériques. Si les laboratoires pharmaceutiques, et j'en connais au moins un, parmi les trois plus grands mondiaux, et qui n'est pas américain, acceptent de fixer leurs prix au prix des génériques uniquement pour les pays du Sud, alors il me paraît difficile pour les autres de ne pas participer à cette grande aventure humaine. A partir de ce moment là, il peut y avoir des discussions avec les gouvernements.
Q - Sur le groupe pilote de treize pays, sait-on à quelle échéance ils comptent mettre en oeuvre la taxe ?
R - Les treize pays ont décidé de mettre en place la taxe. Dès l'instant où politiquement vous avez décidé de mettre en place la taxe, après c'est une affaire technique, qui dépend de chaque Constitution, de la structure politique et technique de chaque pays. Je pense dans l'année.
Q - Le président Chirac a utilisé hier le terme "expérimental". Il y a un délai, c'est définitif cette taxe ou c'est seulement une expérience pour voir comment vont supporter les autres ?
R - J'avais compris que dans le mot "expérimental" du président, c'était plutôt sur les différents financements innovants. Commençons par celui-là, sachant qu'il y en a d'autres. C'était plutôt cela qu'il voulait dire. C'était une expérimentation d'un des financements innovants, sachant qu'il peut y en avoir d'autres.
Q - Est-on parfaitement au clair sur le fait que ces financements innovants seront additionnels, ne rentreront pas dans le surcroît de financement demandé aux Etats au titre de l'aide publique au développement ?
R - Evidemment, merci de cette question. Il ne s'agit pas, en créant une contribution sur les billets d'avion, de dire "nous retranchons 200 millions d'euros à l'aide publique au développement" ; cela s'additionne. Cela n'a rien à voir avec les 0,7 % du PIB français que le président de la République a fixé à une date précise pour l'aide au développement. Ceci est très clair.
Q - La taxe de solidarité a eu le soutien de beaucoup d'ONG. Toutes quand même se demandent d'un point de vue pratique dans combien de temps ces enveloppes là vont pouvoir être accessibles aux pays les plus pauvres, qui va gérer l'enveloppe et comment ? Est-ce que les mécanismes sont déjà mis en place ?
R - La presse française veut tout, tout de suite. Cela s'appelle l'immédiateté de l'information, et c'est très bien, vous avez raison, on est tous très pressés. Lorsqu'un enfant meurt du sida, vous avez raison, on est pressés.
Là, il y avait une étape politique. Vous vous souvenez de ce qu'on avait dit il y a six mois, "M. Lula et M. Chirac ont eu une très belle idée, mais ils sont seuls". Aujourd'hui, l'étape politique, c'est que non seulement ils ne sont pas seuls, mais qu'il y a treize pays qui ont accepté l'idée de la contribution sur les billets d'avion, que c'est irréversible, que d'autres viendront, et surtout qu'il y a une idée là-dedans, qui est celle de la Facilité d'Achat Internationale de Médicaments; à partir de là, la France va assurer le secrétariat général de cette centrale d'achat, il y aura deux présidences tournantes, un pays du Nord, un pays du Sud. Une année un pays du Nord, une année un pays du Sud. Pour les pays du Sud, le premier qui sera le président de ce conseil d'administration sera le Brésil, et c'est bien normal. Le premier pays du Nord sera la Norvège. La France assurera le secrétariat général.
Alors maintenant, évidemment, il faut passer à la réunion de cette structure. Il ne s'agit pas de mettre en place une bureaucratie, il s'agit tout simplement de travailler parfaitement avec Peter Piot, le directeur d'ONUSIDA, avec Richard Feachem, le directeur du Fonds Global, avec le Dr Lee, le directeur général de l'OMS, pour que les objectifs de ces institutions onusiennes soient parfaitement respectés et que nous ne soyons là que pour aider aux objectifs de ces institutions, de ces organisations.
Il est évident que nous n'avons pas à nous impliquer, ni scientifiquement, ni politiquement, dans des décisions qui n'appartiennent qu'aux trois ou quatre institutions internationales que je viens d'évoquer. Ensuite, il est important de savoir combien. Et puis, d'ouvrir très vite cela aux ONG, à la société civile en général. Hier il y avait une dame du Burundi qui m'a dit, de manière excessivement spontanée : "écoutez, vous êtes gentils, mais j'aimerais que ce soit plus simple qu'aujourd'hui. Ne nous faites pas un mécanisme trop compliqué pour avoir un comprimé." Pour avoir un comprimé aujourd'hui, je sais que la Banque mondiale parfois décide, en 2005 de monter un projet sur le sida dans tel pays, et en 2006, il n'y a toujours rien. Il y a en effet ce problème, cette difficulté extrême sur le terrain pour arriver à des résultats efficaces. Nous nous y engageons, et à être le plus souple possible, grâce aux ONG, et à la société civile.
Un petit mot pour terminer, il ne sert à rien de donner des médicaments dans un pays du Sud, s'il n'y pas de système de santé publique minimal. S'il n'y a pas d'infirmières, de système de prévention, de dépistage par des tests biologiques. Tout cela sera évidemment à prendre en considération dans le cadre de la Facilité Internationale d'Achat de Médicaments.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mars 2006