Interview de M. François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, sur le site web du PS, le 6 février 2006, sur les propositions de son parti en matière d'emploi des jeunes et de reclassement des chômeurs face au contrat première embauche (CPE) proposé par le gouvernement.

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Média : Site web PS

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« Nous avons la responsabilité de proposer un débouché politique »
Le gouvernement fait preuve d'un double déni : celui des urnes -il a été désavoué plusieurs fois en 2004 puis au référendum- et celui de la forte mobilisation des organisations syndicales et des mouvements de jeunes. Quel est le rôle du Parti socialiste dans ce contexte ?
Le rôle du Parti socialiste a d'abord été d'alerter l'opinion publique sur les dangers du CPE. C'est notre mobilisation dans le débat parlementaire qui a permis de souligner les conséquences de cette formule sur la vie quotidienne des jeunes (emprunts, logement, précarité?), comme de signifier aux plus âgés qu'après les contrats de travail de leurs enfants, c'est à leur CDI que le gouvernement a prévu de s'attaquer dans les prochains mois par la création d'un contrat unique.
Mais notre rôle ne s'arrête pas à celui d'opposition démocratique, ni à celui de l'accompagnement de la protestation. Nous avons la responsabilité de proposer un débouché politique ; c'est ce que nous nous efforçons de faire lorsque nous travaillons sur le projet ou lorsque nous participons au rassemblement de la gauche.
À travers le CPE et les nombreuses atteintes au droit du travail qu'elle met en oeuvre, la droite ne malmène t-elle pas, plus largement, notre modèle de société ?
La première année, la droite s'est attaquée au système des retraites. La seconde, à l'assurance maladie. Maintenant, elle entreprend le démantèlement du code du travail. Étonnamment la droite utilise les déficits publics qu'elle crée pour justifier l'abandon de politiques de solidarité ou restreindre le périmètre des services publics.
Villepin, élève attentif de Jacques Chirac, s'est approprié « la défense du modèle social », mais ces affirmations rassurantes ne recouvrent aucune réalité.
Villepin et Sarkozy partagent une même vision libérale de l'avenir de notre pays.
Comment construire un projet d'alternative politique et le rendre lisible et visible ?
C'est ce que nous entreprenons au cours de ce premier trimestre au travers d'états généraux du Projet. Cela passe quotidiennement par la proposition d'alternatives aux projets gouvernementaux.
Alors que la droite impose le CPE, le Parti socialiste propose :
-la mise en place d'un contrat emploi formation, à durée indéterminée, dont le volet formation sera financé par les pouvoirs publics et qui sera exclusivement destiné aux jeunes sans qualification. Cela concerne les 150 000 jeunes sortant chaque année du système scolaire sans un diplôme reconnu par les conventions collectives ;
-la mise en place d'un contrat de travail durable. L'embauche en CDI sera renforcée par un nouveau mode de calcul des cotisations sociales des entreprises. Les employeurs paieront moins de cotisations en cas de contrat à durée indéterminée et davantage en cas d'intérim ou de CDD. En outre, les cotisations sociales ne seront plus assises sur les seuls salaires mais sur l'ensemble de la richesse produite ;
-la mise en place d'un contrat de reclassement pour celles et ceux qui sont victimes de licenciements collectifs. Le service public de l'emploi négociera avec le salarié un contrat lui permettant de suivre une formation, une qualification pour un retour à l'emploi. C'est ainsi que sera assurée la sécurisation du parcours professionnel de chacun ;
-le rétablissement des emplois jeunes dans le secteur public et associatifs supprimés par le gouvernement Raffarin.Source http://www.parti-socialiste.fr, le 8 février 2006