Texte intégral
Bonjour, J.-L. Borloo.
Bonjour.
Q- Le texte sur le contrat "première embauche", le C.P.E, achève d'entrer dans la loi avec, ce matin, le vote au Sénat. Imaginez-vous que ce texte, un jour, puisse être retiré, ou même suspendu ?
R- Pour l'instant, on en est, d'abord, à expliquer et, ensuite, à essayer de répondre aux interrogations complémentaires. Je lisais, hier, dans un grand quotidien, des interrogations qui étaient dans les manifs ou sur les banderoles : "Une jeune fille enceinte pourrait être licenciée", "Je ne pourrais pas avoir de logement"... Il y a un certain nombre de choses.
Q- Donc, il y a eu un grand manque d'explications ?
R- Oui. J'étais à Berlin, avant-hier. Je suis stupéfait de voir que, sur la plate-forme de la coalition socialiste et de la CDU, ce n'est pas un contrat "première embauche" qui est prévu, avec une période de consolidation, avec des droits supérieurs au CDI : c'est purement et simplement une période d'essai de deux ans. Il faut bien voir que l'entrée dans la première embauche, en gros, c'est un sujet européen. Que la grande majorité des pays européens ont prévu une période de probation, une période de consolidation, une période d'habilitation professionnelle - c'est, à chaque fois, des mots différents - mais cette idée-là est l'idée d'une société en mutation.
Q- Si cela a été mal expliqué, il faut maintenant que ce texte soit un petit peu adapté, le repenser. Le Premier ministre, lui-même, a parlé d'une concertation. A quoi va-t-elle ressembler ?
R- Oui, oui. Par exemple, il y a une idée qui lui tient à coeur, et à moi aussi. On a mis en place des Conventions de Reclassement Personnalisé - pour des personnes qui, malheureusement, sont licenciées économiques des entreprises de moins de 1.000 - pour qu'elles aient, pendant une année, une période de transition où on peut rechercher, faire un essai dans une autre entreprise, avoir une formation complémentaire, de la validation des acquis de l'expérience. L'idée serait de proposer ce type de C.R.P, financé par l'Etat, à tout jeune adulte qui serait en CPE, en contrat "première embauche", et qui se verrait, au bout de 5/6 mois, son contrat rompu. Deuxième question : peut-on introduire une lettre d'information ?
Q- Alors, réponse ?
R- On y travaille avec le Premier ministre, encore tout à l'heure, à 8 heures et demie.
Q- Il semble que tout cela ait manqué de concertations. Par exemple, F. Chérèque, le leader de la CFDT, a indiqué n'avoir eu aucun contact avec vous, le ministre de l'Emploi, depuis 6 mois. Comment expliquez-vous cela ?
R- Ce qu'il voulait dire, c'est qu'il n'y avait pas eu de concertation formelle, avec un ordre du jour.
Q- Il dit qu'il ne vous a même pas eu au téléphone.
R- On s'est encore parlé hier après-midi, pour ne dévoiler aucun secret. Ce qui est exact c'est que, fort du débat qu'il y avait eu sur le CNE, une concertation approfondie sur le CNE, même s'il n'y avait pas eu d'accord, mais il y avait eu beaucoup d'améliorations sur le CNE. En ce qui concerne le CPE, les contacts avaient été, de fait, effectivement, plus réduits.
Q- Vous étiez tout à fait d'accord avec le CPE depuis le début. On a dit que vous étiez un peu réservé ?
R- Dans ce genre de chose, le doute n'est pas une marque forcément d'imbécillité. Il n'y a pas une mesure qu'on prend dans un gouvernement qui vous paraisse, comme cela, sauter aux yeux ! Ce qu'on a souhaité et, du coup, on n'a pas de difficulté, c'est que, face à cette capacité de mettre un terme au contrat dans des conditions plus simples, il y ait plus de droits pour les jeunes adultes : droit à la formation, droit au logement, le Locapass, etc. A la fin, vous arrivez à un texte équilibré. Mais ce qui est terrible dans une démocratie, ce qui est à la fois formidable et terrible, c'est que vous avez un texte équilibré mais un argument négatif est cinq fois plus puissant qu'un argument positif. Au bout d'un moment, on raccourcit des arguments négatifs qui ont plus de sonorité que les arguments positifs.
Q- Un autre sujet, qui est contenu aussi dans la même loi sur l'égalité des chances où il y a le CPE, c'est le CV anonyme. C'est-à-dire, le nom, l'adresse, le sexe, l'âge et la photo du candidat à une embauche, ne devront plus apparaître sur son curriculum vitae. Vous auriez préféré que cette disposition ne soit pas votée ?
R- Non. Elle est d'ordre général. C'est une expression : on est vraiment dans le domaine de la loi qui est générale, qui renvoie donc à un décret. Et cela, il faut absolument que l'on négocie avec les partenaires sociaux, sur ce point-là. Il n'est pas question que nous imposions, nous, par décret, les modalités d'application. Dans ce domaine, l'ANPE a fait des tests, à ma demande, en Rhône-Alpes, sur Lyon. On a mis en place les plates-formes de vocation, c'est-à-dire, les tests par habileté qui permettent d'éviter, justement, les C.V.
Q- Et alors, c'est plutôt positif ?
R- Et c'est très positif ! Donc, il faut que l'on trouve un moyen terme. Mais je voudrais revenir sur votre question sur le CPE et l'évolution. Cette nuit, à 2 heures du matin, il y a un accord, au fond, de nature assez proche, sur les seniors, qui a été voté par les partenaires sociaux, qui prévoit un contrat particulier, pour les seniors, de 18 mois, renouvelable une fois. Il y a 6 mois, quand on en parlait, c'était quelque chose qui paraissait comme, à l'époque, les contrats de mission. Les choses évoluent dans les débats et les conversations.
Q- Dernier sujet. C'est, ce matin, en comité interministériel des villes : on sait que 15 nouvelles zones franches vont être annoncées. Les zones franches urbaines sont des zones d'exonérations fiscales et sociales. C'est un remède contre les maux des banlieues ?
R- C'est un des remèdes. Une zone franche, c'est entre 1.000 et 2.000 emplois. On en met beaucoup en Ile-de-France, en l'occurrence, notamment en Seine-Saint-Denis, sur les 15. On étend celles qui existent. On proroge celles qui existent également. Et puis, surtout, j'ai l'autorisation de négocier et de signer, avec les partenaires sociaux, une convention très, très lourde - plus de 5 milliards d'euros - pour étendre le programme de rénovation urbaine, c'est-à-dire, la transformation
urbaine de nos banlieues.
On y reviendra plus en détail. Merci, J.-L. Borloo.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 mars 2006
Bonjour.
Q- Le texte sur le contrat "première embauche", le C.P.E, achève d'entrer dans la loi avec, ce matin, le vote au Sénat. Imaginez-vous que ce texte, un jour, puisse être retiré, ou même suspendu ?
R- Pour l'instant, on en est, d'abord, à expliquer et, ensuite, à essayer de répondre aux interrogations complémentaires. Je lisais, hier, dans un grand quotidien, des interrogations qui étaient dans les manifs ou sur les banderoles : "Une jeune fille enceinte pourrait être licenciée", "Je ne pourrais pas avoir de logement"... Il y a un certain nombre de choses.
Q- Donc, il y a eu un grand manque d'explications ?
R- Oui. J'étais à Berlin, avant-hier. Je suis stupéfait de voir que, sur la plate-forme de la coalition socialiste et de la CDU, ce n'est pas un contrat "première embauche" qui est prévu, avec une période de consolidation, avec des droits supérieurs au CDI : c'est purement et simplement une période d'essai de deux ans. Il faut bien voir que l'entrée dans la première embauche, en gros, c'est un sujet européen. Que la grande majorité des pays européens ont prévu une période de probation, une période de consolidation, une période d'habilitation professionnelle - c'est, à chaque fois, des mots différents - mais cette idée-là est l'idée d'une société en mutation.
Q- Si cela a été mal expliqué, il faut maintenant que ce texte soit un petit peu adapté, le repenser. Le Premier ministre, lui-même, a parlé d'une concertation. A quoi va-t-elle ressembler ?
R- Oui, oui. Par exemple, il y a une idée qui lui tient à coeur, et à moi aussi. On a mis en place des Conventions de Reclassement Personnalisé - pour des personnes qui, malheureusement, sont licenciées économiques des entreprises de moins de 1.000 - pour qu'elles aient, pendant une année, une période de transition où on peut rechercher, faire un essai dans une autre entreprise, avoir une formation complémentaire, de la validation des acquis de l'expérience. L'idée serait de proposer ce type de C.R.P, financé par l'Etat, à tout jeune adulte qui serait en CPE, en contrat "première embauche", et qui se verrait, au bout de 5/6 mois, son contrat rompu. Deuxième question : peut-on introduire une lettre d'information ?
Q- Alors, réponse ?
R- On y travaille avec le Premier ministre, encore tout à l'heure, à 8 heures et demie.
Q- Il semble que tout cela ait manqué de concertations. Par exemple, F. Chérèque, le leader de la CFDT, a indiqué n'avoir eu aucun contact avec vous, le ministre de l'Emploi, depuis 6 mois. Comment expliquez-vous cela ?
R- Ce qu'il voulait dire, c'est qu'il n'y avait pas eu de concertation formelle, avec un ordre du jour.
Q- Il dit qu'il ne vous a même pas eu au téléphone.
R- On s'est encore parlé hier après-midi, pour ne dévoiler aucun secret. Ce qui est exact c'est que, fort du débat qu'il y avait eu sur le CNE, une concertation approfondie sur le CNE, même s'il n'y avait pas eu d'accord, mais il y avait eu beaucoup d'améliorations sur le CNE. En ce qui concerne le CPE, les contacts avaient été, de fait, effectivement, plus réduits.
Q- Vous étiez tout à fait d'accord avec le CPE depuis le début. On a dit que vous étiez un peu réservé ?
R- Dans ce genre de chose, le doute n'est pas une marque forcément d'imbécillité. Il n'y a pas une mesure qu'on prend dans un gouvernement qui vous paraisse, comme cela, sauter aux yeux ! Ce qu'on a souhaité et, du coup, on n'a pas de difficulté, c'est que, face à cette capacité de mettre un terme au contrat dans des conditions plus simples, il y ait plus de droits pour les jeunes adultes : droit à la formation, droit au logement, le Locapass, etc. A la fin, vous arrivez à un texte équilibré. Mais ce qui est terrible dans une démocratie, ce qui est à la fois formidable et terrible, c'est que vous avez un texte équilibré mais un argument négatif est cinq fois plus puissant qu'un argument positif. Au bout d'un moment, on raccourcit des arguments négatifs qui ont plus de sonorité que les arguments positifs.
Q- Un autre sujet, qui est contenu aussi dans la même loi sur l'égalité des chances où il y a le CPE, c'est le CV anonyme. C'est-à-dire, le nom, l'adresse, le sexe, l'âge et la photo du candidat à une embauche, ne devront plus apparaître sur son curriculum vitae. Vous auriez préféré que cette disposition ne soit pas votée ?
R- Non. Elle est d'ordre général. C'est une expression : on est vraiment dans le domaine de la loi qui est générale, qui renvoie donc à un décret. Et cela, il faut absolument que l'on négocie avec les partenaires sociaux, sur ce point-là. Il n'est pas question que nous imposions, nous, par décret, les modalités d'application. Dans ce domaine, l'ANPE a fait des tests, à ma demande, en Rhône-Alpes, sur Lyon. On a mis en place les plates-formes de vocation, c'est-à-dire, les tests par habileté qui permettent d'éviter, justement, les C.V.
Q- Et alors, c'est plutôt positif ?
R- Et c'est très positif ! Donc, il faut que l'on trouve un moyen terme. Mais je voudrais revenir sur votre question sur le CPE et l'évolution. Cette nuit, à 2 heures du matin, il y a un accord, au fond, de nature assez proche, sur les seniors, qui a été voté par les partenaires sociaux, qui prévoit un contrat particulier, pour les seniors, de 18 mois, renouvelable une fois. Il y a 6 mois, quand on en parlait, c'était quelque chose qui paraissait comme, à l'époque, les contrats de mission. Les choses évoluent dans les débats et les conversations.
Q- Dernier sujet. C'est, ce matin, en comité interministériel des villes : on sait que 15 nouvelles zones franches vont être annoncées. Les zones franches urbaines sont des zones d'exonérations fiscales et sociales. C'est un remède contre les maux des banlieues ?
R- C'est un des remèdes. Une zone franche, c'est entre 1.000 et 2.000 emplois. On en met beaucoup en Ile-de-France, en l'occurrence, notamment en Seine-Saint-Denis, sur les 15. On étend celles qui existent. On proroge celles qui existent également. Et puis, surtout, j'ai l'autorisation de négocier et de signer, avec les partenaires sociaux, une convention très, très lourde - plus de 5 milliards d'euros - pour étendre le programme de rénovation urbaine, c'est-à-dire, la transformation
urbaine de nos banlieues.
On y reviendra plus en détail. Merci, J.-L. Borloo.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 mars 2006