Interview de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur Europe 1 le 13 mars 2006, sur son opposition au contrat première embauche et notamment aux propositions d'aménagement du CPE annoncées par le Premier ministre.

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Circonstance : Intervention de Dominique de Villepin, Premier ministre, au journal télévisé de 20h00 sur TF1 le 12 mars 2006

Média : Europe 1

Texte intégral

Q- Vous aussi vous continuez à mobiliser, vous non plus, vous n'avez pas été convaincu par le Premier ministre, par cette ouverture qui vous le dit, là, "essayons, testons", dit le Premier ministre ?
R- Non, mais non seulement je ne suis pas convaincu, mais je persiste à condamner un des aspects de la mesure sur laquelle le Premier ministre se garde bien de revenir. Qu'est-ce qui est contesté par l'ensemble des syndicats, des organisations lycéennes et étudiantes dans cette affaire ? C'est le droit qui permettra à l'employeur de licencier sans aucun motif à présenter. C'est une des caractéristiques du contrat première embauche...
Q- C'est cela la question centrale, le point crucial ?
R- Mais bien sûr ! bien évidemment !
Q- C'est intéressant parce qu'E. Balladur, qui on le sait, a l'expérience du CIP, en 1994, l'ancien Premier ministre propose ce matin dans Les Echos que "les motivations du licenciement éventuel soient précisées obligatoirement".
R- A ce moment-là, il n'y a plus de contrat première embauche, puisque "la" caractéristique principale du contrat première embauche, c'est justement d'autoriser. Ce qui n'existe pas aujourd'hui dans la législation française, d'autoriser les employeurs de se séparer de salariés, pour l'instant de moins de 26 ans, mais nous savons qu'à terme, l'enjeu c'est aussi de généraliser cette approche. Donc, d'autoriser les employeurs à licencier sans avoir aucun motif à présenter. C'est un recul d'ordre international qui nous est proposé en France ! Le bien fondé d'un licenciement fait partie d'une jurisprudence internationale. Et de ce point de vue-là, le Gouvernement français nous propose de revenir sur des décennies d'acquis social.
Q- Donc, les ouvertures d'hier soir, insuffisantes ?
R- Ce ne sont pas des "ouvertures". On veut faire du contournement, on veut discuter d'autre chose, de ce qui fâche. Eh bien, ce qui fâche demeure. C'est la raison pour laquelle j'espère que cette semaine nous serons plus nombreux encore dans les manifestations. Cette semaine, les jeunes, étudiants et lycéens. Nous apporterons notre concours. Et surtout, samedi, toutes générations confondues, dans la rue.
Q- Oui...Mardi, jeudi, samedi, n'est-ce pas un peu beaucoup, un peu confus ?
Cela s'additionne, ce sont des rendez-vous qui s'additionnent. Et vous verrez qu'au total toutes les générations refuseront cette précarité. Vous conviendrez que cette offre qui a été présentée hier de discussion avec les syndicats pour regarder...
Q- Vous allez y aller ?
R- ...pour faire reculer la précarité au travail, au même moment où le Gouvernement confirme la mise en place de contrats de travail qui vont amplifier cette précarité, ne peut pas être perçue comme une offre de discussion sincère.
Q- Vous allez y aller à ces consultations avec J.-L. Borloo et G. Larcher ?
R- Nous verrons bien. En tout cas, nous utiliserons tous les leviers à notre possibilité... de notre possibilité, pour réaffirmer la seule demande aujourd'hui qui vaille, c'est le retrait du CPE, du CNE !Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 mars 2006