Texte intégral
S. Soumier - Après le séminaire gouvernemental d'hier, quel est le message aux étudiants qui vont manifester ?
R - C'est le dialogue. Et le dialogue suppose que chacun écoute les arguments de l'autre. Je suis persuadé que déjà beaucoup de pédagogie permettra aux étudiants de comprendre que ce CPE est une chance qui leur est proposée, c'est une façon de briser le cercle vicieux dans lequel ils sont souvent enfermés : les stages, les petits boulots, les périodes de chômage, les CDD, tout ce qu'au fond d'eux-mêmes ils rejettent et qu'ils appellent "précarité". Le CPE, c'est justement la façon de sortir de la précarité.
Q - Cela veut dire que le Gouvernement tient bon, et qu'il est décidé à tenir bon, et peut-être même longtemps ?
R - Il ne s'agit pas de tenir pour tenir, il s'agit de mettre en place une mesure qui est bonne pour lutter contre le chômage des jeunes de façon très pragmatique. Moi je me souviens, T. Blair disait : "Il n'y a pas de politique de gauche ou de politique de droite, il y a des politiques qui marchent et des politiques qui échouent". Et, pour savoir si une politique marche, il faut d'abord l'essayer. On ne peut pas juger une mesure, notamment une mesure innovante comme celle-là, sans l'avoir essayée. Et essayer ce sera l'adopter, dès lors qu'on verra que cela crée de l'emploi. Moi, je suis persuadé qu'il faut donner sa chance au CPE et juger sur pièce, et non pas avant même de l'avoir mis en oeuvre.
Q - Allez-vous regarder ce qui va se passer dans les rues tout à l'heure ? Continuez-vous à dire que quoi qu'il se passe, ce n'est pas la rue qui gouverne ?
R - Je crois que c'est l'essence même de la démocratie que la rue ne gouverne pas. Lorsque la rue gouverne, ce n'est plus la démocratie. En revanche, la démocratie, c'est écouter, se mettre à la place des l'autre, essayer de comprendre pourquoi il est inquiet. Et essayer d'aller débusquer ces inquiétudes avec des explications, de la pédagogie et puis des initiatives lorsque cela est nécessaire, et dans le cadre de la loi qui a été votée par le Parlement. C'est ce que veut faire D. de Villepin. Dans le cadre de cette loi, il y a peut-être des choses aussi à inventer dans le cadre d'un dialogue avec les partenaires sociaux. Quant aux étudiants, là aussi, c'est leur liberté de s'exprimer. Mais la liberté de manifester des uns doit aussi s'arrêter là où la liberté d'étudier des autres commence. Il est donc aussi important qu'il y ait du respect au sein des universités pour ceux qui ont envie de mener à bien leurs études.
Q - [Parlons] des patrons. Qu'est-ce qui s'est passé hier ? Qu'est-ce que c'est que cette crispation tout à coup entre le Gouvernement et les patrons ? Vous avez ouvert le feu hier matin dans Les Echos. T. Breton, devant le Medef d'Ile-de-France, a reproché aux patrons de ne pas soutenir le Gouvernement. Tout à l'heure, on diffusera le témoignage d'un jeune patron très énervé par ces propos. Il dit : "moi, mon boulot, c'est de diriger mon entreprise, ce n'est pas de soutenir le Gouvernement".
R - On ne demande pas aux patrons de soutenir le Gouvernement ou de prendre une carte de l'UMP. Ce n'est absolument pas cela. On leur dit simplement la chose suivante : "Nous mettons à votre disposition les outils que vous avez demandés. Et vous avez demandé ces outils en disant "donnez-les nous et on créera de l'embauche". Eh bien, maintenant, les chefs d'entreprise doivent montrer que ces outils nouveaux qu'on met à leur disposition, ils vont les utiliser, parce que sinon ce n'est pas la peine que nous, nous les mettions en oeuvre. D'ailleurs, je vais dire une chose très simple : le CNE marche bien. Pourquoi ? Parce que dans les très petites entreprises, dans les moins de 20 salariés, il y a eu une réaction formidable des artisans, des commerçants, des professions libérales, qui ont parfaitement joué le jeu. Ils demandaient un contrat de travail souple...
Q - Ils ont joué le jeu, mais ils n'ont pas eu besoin de le proclamer. C'est un peu bizarre que vous demandiez aux patrons de devenir déclamatoires ?
R - Non, mais on voit bien que les organisations professionnelles de l'artisanat, par exemple, se sont beaucoup mobilisées pour le CNE. De même dans les professions libérales. Elles ont fait de l'explication, elles ont fait de la pédagogie. Elles ont dit - les artisans, qui bien souvent ont le nez sur le guidon : "Regardez comment cela marche ! Voilà les sécurités, voilà les obligations". Et c'est grâce à cette pédagogie des organisations professionnelles que le CNE s'est vulgarisé. C'est le rôle des organisations professionnelles que d'expliquer à leurs adhérents ce qui est nouveau, ce qui vient d'être mis en place par le Gouvernement ou par la majorité et de faire de la pédagogie. C'est tout simplement ce que nous demandons. Nous ne demandons pas un soutien politique. Nous demandons simplement que des outils nouveaux soient utilisés. Et pour être utilisés, il faut qu'ils soient connus. Nous faisons, nous, de l'information et je crois que c'est aussi au Medef de faire de l'information sur ce qu'il a souvent réclamé. Il a maintenant en main et qui est fait non pas pour faire plaisir aux patrons, mais pour créer de l'emploi. Depuis 2002, j'ai beaucoup fait pour les entreprises, énormément, plus qu'on n'a jamais fait depuis vingt ans. Et je vois des chefs d'entreprise dynamiques. C'est sur ceux-là que je me fonde, et je leur fais confiance. Et je suis, moi, toujours de ceux qui disent : faisons confiance aux entrepreneurs. Mais les organisations patronales doivent aussi faire preuve d'un esprit d'entreprise. Et je pense qu'aujourd'hui contribuer à la lutte contre le chômage des jeunes, c'est contribuer à l'esprit d'entreprise collectif de notre pays.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2006
R - C'est le dialogue. Et le dialogue suppose que chacun écoute les arguments de l'autre. Je suis persuadé que déjà beaucoup de pédagogie permettra aux étudiants de comprendre que ce CPE est une chance qui leur est proposée, c'est une façon de briser le cercle vicieux dans lequel ils sont souvent enfermés : les stages, les petits boulots, les périodes de chômage, les CDD, tout ce qu'au fond d'eux-mêmes ils rejettent et qu'ils appellent "précarité". Le CPE, c'est justement la façon de sortir de la précarité.
Q - Cela veut dire que le Gouvernement tient bon, et qu'il est décidé à tenir bon, et peut-être même longtemps ?
R - Il ne s'agit pas de tenir pour tenir, il s'agit de mettre en place une mesure qui est bonne pour lutter contre le chômage des jeunes de façon très pragmatique. Moi je me souviens, T. Blair disait : "Il n'y a pas de politique de gauche ou de politique de droite, il y a des politiques qui marchent et des politiques qui échouent". Et, pour savoir si une politique marche, il faut d'abord l'essayer. On ne peut pas juger une mesure, notamment une mesure innovante comme celle-là, sans l'avoir essayée. Et essayer ce sera l'adopter, dès lors qu'on verra que cela crée de l'emploi. Moi, je suis persuadé qu'il faut donner sa chance au CPE et juger sur pièce, et non pas avant même de l'avoir mis en oeuvre.
Q - Allez-vous regarder ce qui va se passer dans les rues tout à l'heure ? Continuez-vous à dire que quoi qu'il se passe, ce n'est pas la rue qui gouverne ?
R - Je crois que c'est l'essence même de la démocratie que la rue ne gouverne pas. Lorsque la rue gouverne, ce n'est plus la démocratie. En revanche, la démocratie, c'est écouter, se mettre à la place des l'autre, essayer de comprendre pourquoi il est inquiet. Et essayer d'aller débusquer ces inquiétudes avec des explications, de la pédagogie et puis des initiatives lorsque cela est nécessaire, et dans le cadre de la loi qui a été votée par le Parlement. C'est ce que veut faire D. de Villepin. Dans le cadre de cette loi, il y a peut-être des choses aussi à inventer dans le cadre d'un dialogue avec les partenaires sociaux. Quant aux étudiants, là aussi, c'est leur liberté de s'exprimer. Mais la liberté de manifester des uns doit aussi s'arrêter là où la liberté d'étudier des autres commence. Il est donc aussi important qu'il y ait du respect au sein des universités pour ceux qui ont envie de mener à bien leurs études.
Q - [Parlons] des patrons. Qu'est-ce qui s'est passé hier ? Qu'est-ce que c'est que cette crispation tout à coup entre le Gouvernement et les patrons ? Vous avez ouvert le feu hier matin dans Les Echos. T. Breton, devant le Medef d'Ile-de-France, a reproché aux patrons de ne pas soutenir le Gouvernement. Tout à l'heure, on diffusera le témoignage d'un jeune patron très énervé par ces propos. Il dit : "moi, mon boulot, c'est de diriger mon entreprise, ce n'est pas de soutenir le Gouvernement".
R - On ne demande pas aux patrons de soutenir le Gouvernement ou de prendre une carte de l'UMP. Ce n'est absolument pas cela. On leur dit simplement la chose suivante : "Nous mettons à votre disposition les outils que vous avez demandés. Et vous avez demandé ces outils en disant "donnez-les nous et on créera de l'embauche". Eh bien, maintenant, les chefs d'entreprise doivent montrer que ces outils nouveaux qu'on met à leur disposition, ils vont les utiliser, parce que sinon ce n'est pas la peine que nous, nous les mettions en oeuvre. D'ailleurs, je vais dire une chose très simple : le CNE marche bien. Pourquoi ? Parce que dans les très petites entreprises, dans les moins de 20 salariés, il y a eu une réaction formidable des artisans, des commerçants, des professions libérales, qui ont parfaitement joué le jeu. Ils demandaient un contrat de travail souple...
Q - Ils ont joué le jeu, mais ils n'ont pas eu besoin de le proclamer. C'est un peu bizarre que vous demandiez aux patrons de devenir déclamatoires ?
R - Non, mais on voit bien que les organisations professionnelles de l'artisanat, par exemple, se sont beaucoup mobilisées pour le CNE. De même dans les professions libérales. Elles ont fait de l'explication, elles ont fait de la pédagogie. Elles ont dit - les artisans, qui bien souvent ont le nez sur le guidon : "Regardez comment cela marche ! Voilà les sécurités, voilà les obligations". Et c'est grâce à cette pédagogie des organisations professionnelles que le CNE s'est vulgarisé. C'est le rôle des organisations professionnelles que d'expliquer à leurs adhérents ce qui est nouveau, ce qui vient d'être mis en place par le Gouvernement ou par la majorité et de faire de la pédagogie. C'est tout simplement ce que nous demandons. Nous ne demandons pas un soutien politique. Nous demandons simplement que des outils nouveaux soient utilisés. Et pour être utilisés, il faut qu'ils soient connus. Nous faisons, nous, de l'information et je crois que c'est aussi au Medef de faire de l'information sur ce qu'il a souvent réclamé. Il a maintenant en main et qui est fait non pas pour faire plaisir aux patrons, mais pour créer de l'emploi. Depuis 2002, j'ai beaucoup fait pour les entreprises, énormément, plus qu'on n'a jamais fait depuis vingt ans. Et je vois des chefs d'entreprise dynamiques. C'est sur ceux-là que je me fonde, et je leur fais confiance. Et je suis, moi, toujours de ceux qui disent : faisons confiance aux entrepreneurs. Mais les organisations patronales doivent aussi faire preuve d'un esprit d'entreprise. Et je pense qu'aujourd'hui contribuer à la lutte contre le chômage des jeunes, c'est contribuer à l'esprit d'entreprise collectif de notre pays.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2006