Texte intégral
Mes Chers Compagnons,
Le travail de réflexion auquel Michèle Alliot-Marie nous a invité à nous livrer, est au coeur de la mission d'une formation politique.
Nos propositions doivent avoir assez de force pour dessiner l'avenir.
Notre mouvement a toujours eu et doit garder dans la vie politique française une place particulière qui lui confère une responsabilité et des devoirs propres. C'est ce que j'appellerais l' " exception gaulliste ".
Nous sommes à un moment de notre histoire où il nous appartient de desserrer l'étau des contradictions dans lesquelles s'enferme et s'enferre le débat.
C'est à nous qu'il revient, par exemple, de concilier souveraineté nationale et construction européenne, d'assurer le passage d'un Etat qui impose et qui contraint à un Etat qui propose et qui libère ou de conjuguer solidarité collective et responsabilité individuelle.
I - Concilier souveraineté nationale et construction européenne Demandons nous si les difficultés de la construction européenne et les craintes que souvent elle suscite, ne viennent pas du fait que le " centralisme jacobin " tant dénoncé dans l'hexagone paraît trop souvent être le modèle dont s'inspire la Commission Européenne.
Le moment n'est-il pas venu de sortir de l'ambiguïté qui fait stagner le projet européen et qui fait courir le risque que nos compatriotes confondent la construction d'une Europe politique et le développement d'une réglementation tatillonne, qui les irrite de plus en plus.
Que l'on sache enfin : qui doit faire quoi ? Pour ne pas courir le risque d'une répartition qui illustrerait la formule de triste mémoire : " Ce qui est à nous, est à nous ; ce qui est à vous, est négociable ".
Le siècle à venir sera celui du " choc des civilisations " quoiqu'en disent les thuriféraires d'un monde sans frontières.
L'Europe doit donc être une puissance politique, car la France et l'Union européenne ont un message propre à porter. L'Europe doit " humaniser la mondialisation " comme a pu le dire Jacques Chirac.
Nous avons aujourd'hui à redonner, au delà des contingences marchandes, sa primauté au politique. L'Argent-roi ne règne que lorsque le Politique lui cède son trône.
La France et ses partenaires doivent offrir à la communauté internationale une alternative politique, diplomatique, culturelle et sociale, car l'Europe dispose d'un atout, celui d'une civilisation ayant réussi à concilier le génie individuel et le destin collectif.
Pour nous, la construction européenne a toujours correspondu à la marche vers l'indépendance d'une Europe, capable de maîtriser son destin. Un destin qui pour nous ne saurait être un fatalité, mais un défi.
Mais, la France ne sera jamais la partie anonyme d'un ensemble apatride,
une sorte d'électron sans trajectoire perdu dans un monde sans âme.
L'enracinement national est un atout pour l'Union européenne dans la compétition internationale. Ringard l'enracinement ? Serait-il moderne pour les régions et dépassé pour la Nation ?
C'est l'apport politique, économique, historique et culturel des Etats-membres,
qui fonde la force politique de l'Union européenne et non l'inverse.
II - D'un Etat qui impose et qui contraint à un Etat qui propose et qui libère Nul plus que nous n'est attaché à nos institutions. Nous ne sommes pas de ceux qui croient qu'une société se porte d'autant mieux que l'Etat est plus faible.
Nous avons vocation aujourd'hui à réformer ce qui n'est plus conforme aux exigences de l'époque.
Nous n'opposons pas par principe l'Homme et l'Etat, puisque l'Etat est avant toute chose une création humaine, destiné à prolonger la vie du corps social au-delà de celle des membres qui le composent.
Il doit viser l'intérêt général à long terme, là où les individus se soucient de leurs intérêts particuliers à plus court terme.
Mais l'administration de l'Etat exige une perpétuelle adaptation pour que les institutions rendent les services pour lesquels elles ont été créées.
Il ne s'agit pas d'un Etat minimum mais d'un Etat optimum.
L'Etat doit assumer pleinement ses missions régaliennes. Lorsqu'un caïd de banlieue intime l'ordre à un policier de quitter " son " territoire, il démontre que la puissance publique n'est plus ni puissance, ni publique.
Or, si les gouvernants ne peuvent plus protéger ceux qu'ils représentent
contre la montée de ces insécurités, à quoi servent-ils ? Au coeur de notre Pacte social, il y a d'abord la protection des citoyens.
Mais, Michèle Alliot-Marie a raison de souligner que l'Etat ne doit pas chercher à tout contrôler - ce qu'il ne peut d'ailleurs - et ce, afin de laisser les initiatives locales, associatives ou individuelles s'épanouir.
Nous devons répondre ensemble à l'appel lancé par Jacques Chirac en 1998 devant le Conseil Régional de Bretagne, à libérer les initiatives locales et les " nouvelles énergies démocratiques dans notre pays ".
III - Conjuguer Solidarité collective et responsabilité individuelle Face à un corps social qui s'anémie et dont les parties tendent à se désagréger, l'Etat participe au retissage du tissu social.
La société n'est pas un tout mécanique et figé, mais un ensemble organique en mouvement. L'individu trace son chemin. L'Etat lui permet de ne pas rester au bord de celui-ci. Et le Chef de l'Etat a eu raison, hier à Valréas, de nous inviter à réformer le volet insertion du RMI.
La République est avant tout une exigence. Elle a pour socle l'intérêt général. L'intérêt général n'existe pas sans une éthique de la responsabilité.
" Je suis une partie libre dans un tout solidaire " nous enseigne un philosophe. Quelle plus belle devise pour résumer le lien inextricable entre liberté individuelle et responsabilité collective !
Mes Chers Compagnons,
Croyez en vous ! Croyez en notre mouvement rassemblé derrière Jacques Chirac et Michèle Alliot-Marie, et en son rôle particulier, car Il y a bien une exception gaulliste !
Que vos doutes, si légitimes soient-ils, ne se transforment pas en aigreurs, vos craintes en repli ou vos interrogations en renoncement.
Si tel était le cas, le Gaullisme serait mort.
Or, il est bien vivant comme en témoigne l'ardeur qu'il est capable d'insuffler pour imprimer ce mouvement sans lequel les idées ne sont que lettre morte.
(Source http://www.rpr.fr, le 27 mai 2000).
Le travail de réflexion auquel Michèle Alliot-Marie nous a invité à nous livrer, est au coeur de la mission d'une formation politique.
Nos propositions doivent avoir assez de force pour dessiner l'avenir.
Notre mouvement a toujours eu et doit garder dans la vie politique française une place particulière qui lui confère une responsabilité et des devoirs propres. C'est ce que j'appellerais l' " exception gaulliste ".
Nous sommes à un moment de notre histoire où il nous appartient de desserrer l'étau des contradictions dans lesquelles s'enferme et s'enferre le débat.
C'est à nous qu'il revient, par exemple, de concilier souveraineté nationale et construction européenne, d'assurer le passage d'un Etat qui impose et qui contraint à un Etat qui propose et qui libère ou de conjuguer solidarité collective et responsabilité individuelle.
I - Concilier souveraineté nationale et construction européenne Demandons nous si les difficultés de la construction européenne et les craintes que souvent elle suscite, ne viennent pas du fait que le " centralisme jacobin " tant dénoncé dans l'hexagone paraît trop souvent être le modèle dont s'inspire la Commission Européenne.
Le moment n'est-il pas venu de sortir de l'ambiguïté qui fait stagner le projet européen et qui fait courir le risque que nos compatriotes confondent la construction d'une Europe politique et le développement d'une réglementation tatillonne, qui les irrite de plus en plus.
Que l'on sache enfin : qui doit faire quoi ? Pour ne pas courir le risque d'une répartition qui illustrerait la formule de triste mémoire : " Ce qui est à nous, est à nous ; ce qui est à vous, est négociable ".
Le siècle à venir sera celui du " choc des civilisations " quoiqu'en disent les thuriféraires d'un monde sans frontières.
L'Europe doit donc être une puissance politique, car la France et l'Union européenne ont un message propre à porter. L'Europe doit " humaniser la mondialisation " comme a pu le dire Jacques Chirac.
Nous avons aujourd'hui à redonner, au delà des contingences marchandes, sa primauté au politique. L'Argent-roi ne règne que lorsque le Politique lui cède son trône.
La France et ses partenaires doivent offrir à la communauté internationale une alternative politique, diplomatique, culturelle et sociale, car l'Europe dispose d'un atout, celui d'une civilisation ayant réussi à concilier le génie individuel et le destin collectif.
Pour nous, la construction européenne a toujours correspondu à la marche vers l'indépendance d'une Europe, capable de maîtriser son destin. Un destin qui pour nous ne saurait être un fatalité, mais un défi.
Mais, la France ne sera jamais la partie anonyme d'un ensemble apatride,
une sorte d'électron sans trajectoire perdu dans un monde sans âme.
L'enracinement national est un atout pour l'Union européenne dans la compétition internationale. Ringard l'enracinement ? Serait-il moderne pour les régions et dépassé pour la Nation ?
C'est l'apport politique, économique, historique et culturel des Etats-membres,
qui fonde la force politique de l'Union européenne et non l'inverse.
II - D'un Etat qui impose et qui contraint à un Etat qui propose et qui libère Nul plus que nous n'est attaché à nos institutions. Nous ne sommes pas de ceux qui croient qu'une société se porte d'autant mieux que l'Etat est plus faible.
Nous avons vocation aujourd'hui à réformer ce qui n'est plus conforme aux exigences de l'époque.
Nous n'opposons pas par principe l'Homme et l'Etat, puisque l'Etat est avant toute chose une création humaine, destiné à prolonger la vie du corps social au-delà de celle des membres qui le composent.
Il doit viser l'intérêt général à long terme, là où les individus se soucient de leurs intérêts particuliers à plus court terme.
Mais l'administration de l'Etat exige une perpétuelle adaptation pour que les institutions rendent les services pour lesquels elles ont été créées.
Il ne s'agit pas d'un Etat minimum mais d'un Etat optimum.
L'Etat doit assumer pleinement ses missions régaliennes. Lorsqu'un caïd de banlieue intime l'ordre à un policier de quitter " son " territoire, il démontre que la puissance publique n'est plus ni puissance, ni publique.
Or, si les gouvernants ne peuvent plus protéger ceux qu'ils représentent
contre la montée de ces insécurités, à quoi servent-ils ? Au coeur de notre Pacte social, il y a d'abord la protection des citoyens.
Mais, Michèle Alliot-Marie a raison de souligner que l'Etat ne doit pas chercher à tout contrôler - ce qu'il ne peut d'ailleurs - et ce, afin de laisser les initiatives locales, associatives ou individuelles s'épanouir.
Nous devons répondre ensemble à l'appel lancé par Jacques Chirac en 1998 devant le Conseil Régional de Bretagne, à libérer les initiatives locales et les " nouvelles énergies démocratiques dans notre pays ".
III - Conjuguer Solidarité collective et responsabilité individuelle Face à un corps social qui s'anémie et dont les parties tendent à se désagréger, l'Etat participe au retissage du tissu social.
La société n'est pas un tout mécanique et figé, mais un ensemble organique en mouvement. L'individu trace son chemin. L'Etat lui permet de ne pas rester au bord de celui-ci. Et le Chef de l'Etat a eu raison, hier à Valréas, de nous inviter à réformer le volet insertion du RMI.
La République est avant tout une exigence. Elle a pour socle l'intérêt général. L'intérêt général n'existe pas sans une éthique de la responsabilité.
" Je suis une partie libre dans un tout solidaire " nous enseigne un philosophe. Quelle plus belle devise pour résumer le lien inextricable entre liberté individuelle et responsabilité collective !
Mes Chers Compagnons,
Croyez en vous ! Croyez en notre mouvement rassemblé derrière Jacques Chirac et Michèle Alliot-Marie, et en son rôle particulier, car Il y a bien une exception gaulliste !
Que vos doutes, si légitimes soient-ils, ne se transforment pas en aigreurs, vos craintes en repli ou vos interrogations en renoncement.
Si tel était le cas, le Gaullisme serait mort.
Or, il est bien vivant comme en témoigne l'ardeur qu'il est capable d'insuffler pour imprimer ce mouvement sans lequel les idées ne sont que lettre morte.
(Source http://www.rpr.fr, le 27 mai 2000).