Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les décisions prises et proposées par le gouvernement pour l'application du contrat première embauche, Paris le 25 mars 2006.

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Circonstance : Rencontre avec les organisations étudiantes à la suite des manifestations contre le contrat première embauche les 21 et 23 mars

Texte intégral

J'ai rencontré ce matin un certain nombre d'organisations étudiantes. Je regrette que certaines d'entre elles ainsi que les organisations lycéennes aient refusé cette invitation au dialogue.
Car je crois que plus que jamais, nous avons besoin de nous parler pour trouver ensemble une solution au blocage actuel.
Depuis le début, ma seule ambition est d'éviter aux jeunes de supporter la précarité de notre société et d'être les premières victimes du chômage. Je veux qu'ils puissent construire leur avenir librement, avec des opportunités d'embauche plus nombreuses, de vraies sécurités tout au long de leur insertion dans l'emploi, de nouvelles garanties en matière d'orientation et de formation.
Je sais que cette volonté n'a pas encore été comprise. Je mesure les incompréhensions auxquelles nous devons faire face aujourd'hui.
J'ai donc rappelé aux organisations étudiantes les décisions prises par le gouvernement :
L'encadrement et la rémunération obligatoire des stages pour éviter les abus de certaines entreprises.
Le développement de la formation en alternance dans les grandes entreprises.
La création de contrats aidés pour les jeunes.
J'ai aussi rappelé mes propositions :
Une évaluation du contrat première embauche dans six mois pour tirer les leçons de l'expérience et améliorer le dispositif dans tous ses aspects.
Une formation de trois mois en cas de rupture du contrat première embauche pour éviter au jeune de connaître le chômage et retrouver un emploi dans les meilleures conditions.
J'ai entendu leurs demandes :
Premièrement, pour assurer un meilleur équilibre du contrat et donc renforcer ce filet de sécurité en cas de rupture : Je suis prêt à avancer. Je propose donc que en cas de rupture du contrat du fait de l'employeur, si le jeune salarié fait le choix de la formation, l'Etat lui assure un revenu pendant trois mois.
Deuxièmement, la garantie que le CPE ne se substituera pas aux CDI, mais bien aux CDD, aux stages et à l'intérim : je comprends pleinement cette préoccupation, même si l'expérience du contrat nouvelles embauches nous montre que le risque est limité. Je propose donc que ce soit un un point central de l'évaluation dans les prochains mois.
Troisièmement, la participation des organisations étudiantes à l'évaluation : j'y suis tout à fait favorable. Elle sera conduite par le Conseil d'orientation pour l'emploi, mais les organisations étudiantes pourront y participer.
Quatrièmement, les moyens financiers donnés aux jeunes entre leur diplôme et leur premier emploi : je suis convaincu qu'il est nécessaire de renforcer ces moyens pour tous ceux qui ne peuvent pas compter sur un soutien familial pour démarrer dans la vie active et qui ont le moins de ressources. Nous allons travailler ensemble très rapidement au renforcement de ces moyens sous forme d'un prolongement des bourses étudiantes. Ce dispositif devra être mis en place dès cet été, pour que les jeunes diplômés de cette année puissent en bénéficier.
Vous le voyez, le dialogue sans à priori permet d'avancer sur des solutions concrètes. Nous devons poursuivre dans cette voie de la compréhension et de l'ouverture, sur l'ensemble des sujets de préoccupation des jeunes aujourd'hui, notamment leur accès à l'emploi : c'est pour cela que Gilles de ROBIEN et François GOULARD ont fixé avec les organisations concernées un programme de rencontres pour avancer dans le rapprochement entre formations et emploi.
Je souhaite par ailleurs répondre aux deux préoccupations majeures des jeunes sur le CPE : la période de 2 ans et les conditions de la rupture du contrat. Je souhaite que par le dialogue nous puissions trouver une solution rapidement.
Je reverrai donc les organisations étudiantes la semaine prochaine pour progresser avec elles sur tous ces points.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 mars 2006