Texte intégral
Message du 19 mars 2001
Comme chaque année, nous célébrons aujourd'hui la Francophonie. Ce jour marque le 31ème anniversaire de la signature par 22 Etats et gouvernements à Niamey, le 20 mars 1970, du Traité institutif de l'Agence de coopération culturelle et technique devenue depuis l'agence intergouvernementale de la Francophonie.
Quatre hommes d'Etat, le Tunisien Habib Bourguiba, le Nigérien Diori Hamani, le Sénégalais Leopold Sedar Senghor et le Cambodgien Norodom Sihanouk sont à l'origine de cette initiative qui marque les débuts de la Francophonie institutionnelle. Leur préoccupation était de conserver vivaces les liens qu'une histoire et des références communes avaient créés autour d'une langue. Ce projet a rapidement débordé les contours de l'ancien empire français. De nouveaux pays se sont adjoints aux membres fondateurs. Organisation à vocation universelle, la Francophonie est par nature une communauté ouverte sur le monde ainsi que sur les peuples et les cultures qui la composent. Pour l'essentiel, la Francophonie entend réunir autour des valeurs de fraternité, de tolérance et d'universalité dont la langue française est porteuse des pays très divers par leur histoire, leur culture et leur niveau de développement mais qui veulent tous affirmer leur identité dans le mouvement de mondialisation actuel.
En comptant les membres associés et les observateurs, 55 Etats et gouvernements, soit le quart des pays du monde, forment aujourd'hui la communauté francophone. Ils regroupent 500 millions d'habitants, produisent plus de 10 % de la richesse mondiale et génèrent plus de 15 % du commerce mondial. Si la moitié de ses membres ressortissent au continent africain, la Francophonie est aujourd'hui présente sur tous les continents et nombreux sont les pays qui souhaitent la rejoindre. Est-il besoin de rappeler notre conviction que cet élargissement, s'il témoigne d'un attrait pour les valeurs de solidarité propres à la Francophonie, doit bien évidemment en préserver la cohérence ?
En même temps qu'elle s'élargissait, la Francophonie s'est diversifiée. Si la langue française, quel que soit son statut et sa pratique, fort variables d'un pays à l'autre, en demeure le ciment commun, elle est surtout le creuset d'un processus de création que viennent incessamment renouveler de nouveaux écrivains, dramaturges, penseurs, poètes, conteurs et chanteurs du monde entier. S'y joint la communauté des universitaires et chercheurs des quelques 400 établissements d'enseignement supérieur que fédère l'Agence universitaire de la Francophonie. Mais l'avenir du mouvement est aussi, dans les sociétés civiles. Nombreux sont les réseaux professionnels et associatifs, les collectivités jumelées et les partenaires de toutes sortes qui conduisent des actions de coopération décentralisée à l'enseigne de la Francophonie. Car la solidarité qu'implique entre ses membres l'appartenance à une même communauté se fonde d'abord sur des réalisations concrètes.
C'est justement pour renforcer l'efficacité et la visibilité de son action que la Francophonie s'est engagée avec succès, depuis le Sommet de Hanoï (1997), dans un mouvement de réforme qui touche à la fois ses structures et ses missions fondamentales. La vocation politique de la Francophonie a été consacrée. Elle s'articule désormais autour de deux priorités : l'approfondissement de la démocratie et de l'Etat de droit au sein de l'espace francophone et la promotion de la diversité linguistique et culturelle.
A Bamako, au mois de novembre dernier, la Francophonie a adopté une importante déclaration à l'issue d'un symposium sur le bilan des pratiques de la démocratie et des Droits de l'Homme dans l'espace francophone qui rassemblait de nombreux responsables politiques et des représentants de la société civile. Ce symposium a permis de dresser un bilan contrasté et impartial de dix années de transitions démocratiques. La déclaration dote la Francophonie de termes de référence communs en matière de démocratie et de Droits de l'Homme. Elle prévoit des mesures d'accompagnement ainsi que des mécanismes destinés à prévenir les crises de la démocratie et des mesures graduées à l'encontre des pays connaissant une rupture de la démocratie ou des violations massives des Droits de l'Homme. Plaçant clairement l'enracinement de la démocratie dans l'espace francophone au centre de l'action de la Francophonie, le symposium de Bamako a ainsi pleinement répondu aux attentes de la France.
La promotion de la diversité linguistique et culturelle constitue l'autre grand axe de cette politique. Son objectif est d'éviter que la mondialisation ne devienne une source d'aggravation des inégalités et de négation des identités mais qu'elle soit au contraire un facteur de développement et de dialogue des cultures. Les Etats et gouvernements membres de la Francophonie estiment que les biens culturels ne sont pas réductibles à leur seule dimension économique ou marchande et que les Etats ou gouvernements ont le droit d'établir librement leurs politiques culturelles, et notamment les moyens et instruments nécessaires à leur mise en uvre.
Ce n'est pas un hasard si le prochain sommet de la Francophonie qui se tiendra au mois de novembre à Beyrouth sera consacré au dialogue entre les cultures. Il sera précédé par une conférence des ministres francophones de la Culture au mois de juin prochain à Cotonou. En effet, la Francophonie entend se mobiliser sur ce thème de la diversité culturelle mais ce combat n'a rien d'exclusif. C'est la raison pour laquelle elle s'emploie à rallier à cette cause les autres grandes aires linguistiques et l'ensemble des Etats qui se reconnaissent dans sa conception pluraliste du monde.
C'est à cette Francophonie ouverte, généreuse et entreprenante que je pense aujourd'hui et je veux rendre un hommage particulier à tous ceux qui contribuent, chaque année davantage, à la faire vivre dans le monde entier. A travers toutes les manifestations dont nos ambassadeurs nous rendent compte, j'observe que cette célébration a maintenant un caractère universel car il n'est pratiquement pas un pays ou ne s'organise un événement, si modeste soit-il. Mais je tiens aussi à souligner l'inventivité et l'originalité déployées pour cette fête de la langue française que chacun d'entre vous s'attache à rendre conviviale, populaire et créative. En faisant preuve d'imagination, en recourant de plus en plus aux nouvelles technologies de la communication, je constate que nos établissements culturels et d'enseignement de même que TV5 présentent fort opportunément l'image d'une Francophonie en phase avec son temps à laquelle beaucoup de jeunes sont sensibles et aspirent.
A tous, j'adresse mes vifs remerciements pour les efforts qu'ils ont déployés et souhaite plein succès aux manifestations qu'ils ont organisées./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)
Intervention du 20 mars 2001
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Bienvenue à tous ici, Rue Monsieur, ce soir, pour fêter ensemble la Francophonie.
Si j'ai innové cette année en choisissant de vous réunir à l'occasion de cette journée du 20 mars, c'est pour marquer le caractère convivial de notre communauté qui - ne l'oublions pas - est d'abord fondée sur les liens de cur, qui vont de pair, bien sûr, avec une convergence d'intérêts durables.
J'ai donc souhaité ce soir, au-delà des manifestations qui ont marqué cette journée et auxquelles beaucoup d'entre vous ont participé, vous réunir dans les locaux mêmes du ministère de la Coopération et de la Francophonie, pour vous témoigner ma reconnaissance à vous tous, artistes, responsables associatifs, opérateurs, entrepreneurs, élus, représentants du corps diplomatique et des administrations.
Vous marquez tous, par votre engagement quotidien, votre attachement à la Francophonie, et aux valeurs dont elle est porteuse. La Francophonie ne doit pas en effet être seulement l'affaire des hommes politiques et des diplomates. Le réseau associatif ne nous a d'ailleurs pas attendu pour donner corps à cette Francophonie substantielle que j'appelle de mes vux.
Et si un doute subsistait, votre présence ici ce soir, si nombreux, si divers, si chaleureux, votre assemblée dans laquelle je reconnais tant de visages et de talents, issus de tous les arts, tous les métiers et toutes les régions du monde, témoignent de l'enthousiasme de votre engagement et des facettes multiples de notre mouvement.
Loin de moi l'idée de nier l'importance des grands rendez-vous qui scandent le calendrier institutionnel : les conseils permanents de la Francophonie, les conférences ministérielles, les sommets. Ils ont le mérite de fixer le cap, de donner de la visibilité à notre mouvement et de fédérer les initiatives. Mais ils ne suffisent pas à faire vivre dans toute sa plénitude notre Francophonie, qui doit être aussi et d'abord l'affaire de tous.
Chacun, dans votre domaine d'activité, vous portez haut ses couleurs et vous témoignez de la diversité de ses modes d'action et de ses expressions :
- Animateurs de la Francophonie linguistique et culturelle, vous inscrivez votre projet au cur de la mission historique de notre mouvement,
- Promoteurs de la Francophonie politique, vous créez les conditions d'un monde plus respectueux des droits et des libertés,
- Entrepreneurs, vous jetez les bases d'une Francophonie économique,
- Responsables des programmes de coopération technique, vous vous battez pour une Francophonie plus équitable et un développement durable,
- Sportifs, vous lui donnez du souffle,
- Spécialistes et utilisateurs des nouvelles technologies, vous vous efforcez de diffuser en français l'usage des savoirs qui conditionnent le désenclavement et le développement.
Parmi toutes ces forces vives que vous constituez, TV5 occupe une place particulière. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que son président, Jean Stock, sa directrice générale, Marie-Christine Saragosse, et toute l'équipe de la chaîne soient associés à l'organisation de cette réception. Seule chaîne de télévision francophone à vocation mondiale, TV5 est parvenue en quelques mois, grâce au travail de sa nouvelle équipe, à imposer un regard différent, plus rythmé et plus vivant, sur l'actualité internationale. Centrée sur la Francophonie mais ouverte sur le monde, TV5 doit répondre aux attentes d'un large public bien au-delà des frontières naturelles de l'espace francophone. Je sais qu'avec nos partenaires, aussi attachés que nous à cette entreprise, nous allons réussir à améliorer encore les performances de notre chaîne francophone.
En trente ans, la Francophonie a fait son chemin. Ses progrès constants attestent de son dynamisme et accroissent chaque jour sa légitimité sur la scène internationale. De nombreux Etats postulent pour y adhérer : en Europe centrale, en Afrique, dans la Caraïbe La Francophonie, présente sur les cinq continents, regroupe désormais plus du quart des pays du monde, abritant 10% de la population de la planète et réalisant 15% du commerce mondial. La Francophonie constitue un formidable réservoir d'idées, d'énergie et de projets. Ainsi, qui a noté, à la veille des jeux de la Francophonie, qui se dérouleront cet été à Ottawa-Hull, que nos athlètes ont remporté 143 médailles lors des jeux olympiques de Sydney, loin devant ceux du Commonwealth ?
Mais la Francophonie, c'est également sur les cinq continents une ambition politique et culturelle commune : celle de bâtir de véritables Etats de droit et de promouvoir la diversité linguistique et culturelle. Alors que la mondialisation imprime chaque jour plus profondément sur nos modes de vie les marques d'une uniformisation culturelle, la Francophonie entend se mobiliser pour que chacun puisse continuer à s'exprimer, à vivre, à penser, dans la langue qui lui est la plus familière.
Ce combat, la Francophonie souhaite le mener de front avec les autres aires linguistiques qui partagent sa préoccupation. Les pays hispanophones, lusophones, arabophones, russophones, qui sont représentés ici ce soir, entretiennent des liens étroits avec le monde francophone. Tous les Etats qui se reconnaissent dans cette cause ont également une voix singulière à faire entendre, et des intérêts communs à partager avec nous.
Nous manifesterons cette volonté à Cotonou, où la France sera représentée par ma collègue Catherine Tasca. Notre conférence ministérielle francophone sur la culture, affirmera huit ans après le sommet de Maurice qui avait proclamé la légitimité de l'exception culturelle, la nécessité de poursuivre le combat en faveur de la diversité.
A Beyrouth, au mois d'octobre prochain, ce sera au tour de nos chefs d'Etats et de gouvernements de traiter cette question. Autant dire que l'année 2001 verra une intense mobilisation des Francophones.
La Francophonie est riche de ses couleurs. Elle n'y renoncera pas. Nous pouvons, tous ensemble, promouvoir un autre visage de la mondialisation, plus riant, plus créatif, plus exubérant que celui que nous prédisent les Cassandres. Ce défi, nos gouvernements ne le relèveront pas seuls. C'est à l'adhésion des opinions et à l'engagement de chacun d'entre vous que j'en appelle.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)
Comme chaque année, nous célébrons aujourd'hui la Francophonie. Ce jour marque le 31ème anniversaire de la signature par 22 Etats et gouvernements à Niamey, le 20 mars 1970, du Traité institutif de l'Agence de coopération culturelle et technique devenue depuis l'agence intergouvernementale de la Francophonie.
Quatre hommes d'Etat, le Tunisien Habib Bourguiba, le Nigérien Diori Hamani, le Sénégalais Leopold Sedar Senghor et le Cambodgien Norodom Sihanouk sont à l'origine de cette initiative qui marque les débuts de la Francophonie institutionnelle. Leur préoccupation était de conserver vivaces les liens qu'une histoire et des références communes avaient créés autour d'une langue. Ce projet a rapidement débordé les contours de l'ancien empire français. De nouveaux pays se sont adjoints aux membres fondateurs. Organisation à vocation universelle, la Francophonie est par nature une communauté ouverte sur le monde ainsi que sur les peuples et les cultures qui la composent. Pour l'essentiel, la Francophonie entend réunir autour des valeurs de fraternité, de tolérance et d'universalité dont la langue française est porteuse des pays très divers par leur histoire, leur culture et leur niveau de développement mais qui veulent tous affirmer leur identité dans le mouvement de mondialisation actuel.
En comptant les membres associés et les observateurs, 55 Etats et gouvernements, soit le quart des pays du monde, forment aujourd'hui la communauté francophone. Ils regroupent 500 millions d'habitants, produisent plus de 10 % de la richesse mondiale et génèrent plus de 15 % du commerce mondial. Si la moitié de ses membres ressortissent au continent africain, la Francophonie est aujourd'hui présente sur tous les continents et nombreux sont les pays qui souhaitent la rejoindre. Est-il besoin de rappeler notre conviction que cet élargissement, s'il témoigne d'un attrait pour les valeurs de solidarité propres à la Francophonie, doit bien évidemment en préserver la cohérence ?
En même temps qu'elle s'élargissait, la Francophonie s'est diversifiée. Si la langue française, quel que soit son statut et sa pratique, fort variables d'un pays à l'autre, en demeure le ciment commun, elle est surtout le creuset d'un processus de création que viennent incessamment renouveler de nouveaux écrivains, dramaturges, penseurs, poètes, conteurs et chanteurs du monde entier. S'y joint la communauté des universitaires et chercheurs des quelques 400 établissements d'enseignement supérieur que fédère l'Agence universitaire de la Francophonie. Mais l'avenir du mouvement est aussi, dans les sociétés civiles. Nombreux sont les réseaux professionnels et associatifs, les collectivités jumelées et les partenaires de toutes sortes qui conduisent des actions de coopération décentralisée à l'enseigne de la Francophonie. Car la solidarité qu'implique entre ses membres l'appartenance à une même communauté se fonde d'abord sur des réalisations concrètes.
C'est justement pour renforcer l'efficacité et la visibilité de son action que la Francophonie s'est engagée avec succès, depuis le Sommet de Hanoï (1997), dans un mouvement de réforme qui touche à la fois ses structures et ses missions fondamentales. La vocation politique de la Francophonie a été consacrée. Elle s'articule désormais autour de deux priorités : l'approfondissement de la démocratie et de l'Etat de droit au sein de l'espace francophone et la promotion de la diversité linguistique et culturelle.
A Bamako, au mois de novembre dernier, la Francophonie a adopté une importante déclaration à l'issue d'un symposium sur le bilan des pratiques de la démocratie et des Droits de l'Homme dans l'espace francophone qui rassemblait de nombreux responsables politiques et des représentants de la société civile. Ce symposium a permis de dresser un bilan contrasté et impartial de dix années de transitions démocratiques. La déclaration dote la Francophonie de termes de référence communs en matière de démocratie et de Droits de l'Homme. Elle prévoit des mesures d'accompagnement ainsi que des mécanismes destinés à prévenir les crises de la démocratie et des mesures graduées à l'encontre des pays connaissant une rupture de la démocratie ou des violations massives des Droits de l'Homme. Plaçant clairement l'enracinement de la démocratie dans l'espace francophone au centre de l'action de la Francophonie, le symposium de Bamako a ainsi pleinement répondu aux attentes de la France.
La promotion de la diversité linguistique et culturelle constitue l'autre grand axe de cette politique. Son objectif est d'éviter que la mondialisation ne devienne une source d'aggravation des inégalités et de négation des identités mais qu'elle soit au contraire un facteur de développement et de dialogue des cultures. Les Etats et gouvernements membres de la Francophonie estiment que les biens culturels ne sont pas réductibles à leur seule dimension économique ou marchande et que les Etats ou gouvernements ont le droit d'établir librement leurs politiques culturelles, et notamment les moyens et instruments nécessaires à leur mise en uvre.
Ce n'est pas un hasard si le prochain sommet de la Francophonie qui se tiendra au mois de novembre à Beyrouth sera consacré au dialogue entre les cultures. Il sera précédé par une conférence des ministres francophones de la Culture au mois de juin prochain à Cotonou. En effet, la Francophonie entend se mobiliser sur ce thème de la diversité culturelle mais ce combat n'a rien d'exclusif. C'est la raison pour laquelle elle s'emploie à rallier à cette cause les autres grandes aires linguistiques et l'ensemble des Etats qui se reconnaissent dans sa conception pluraliste du monde.
C'est à cette Francophonie ouverte, généreuse et entreprenante que je pense aujourd'hui et je veux rendre un hommage particulier à tous ceux qui contribuent, chaque année davantage, à la faire vivre dans le monde entier. A travers toutes les manifestations dont nos ambassadeurs nous rendent compte, j'observe que cette célébration a maintenant un caractère universel car il n'est pratiquement pas un pays ou ne s'organise un événement, si modeste soit-il. Mais je tiens aussi à souligner l'inventivité et l'originalité déployées pour cette fête de la langue française que chacun d'entre vous s'attache à rendre conviviale, populaire et créative. En faisant preuve d'imagination, en recourant de plus en plus aux nouvelles technologies de la communication, je constate que nos établissements culturels et d'enseignement de même que TV5 présentent fort opportunément l'image d'une Francophonie en phase avec son temps à laquelle beaucoup de jeunes sont sensibles et aspirent.
A tous, j'adresse mes vifs remerciements pour les efforts qu'ils ont déployés et souhaite plein succès aux manifestations qu'ils ont organisées./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)
Intervention du 20 mars 2001
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Bienvenue à tous ici, Rue Monsieur, ce soir, pour fêter ensemble la Francophonie.
Si j'ai innové cette année en choisissant de vous réunir à l'occasion de cette journée du 20 mars, c'est pour marquer le caractère convivial de notre communauté qui - ne l'oublions pas - est d'abord fondée sur les liens de cur, qui vont de pair, bien sûr, avec une convergence d'intérêts durables.
J'ai donc souhaité ce soir, au-delà des manifestations qui ont marqué cette journée et auxquelles beaucoup d'entre vous ont participé, vous réunir dans les locaux mêmes du ministère de la Coopération et de la Francophonie, pour vous témoigner ma reconnaissance à vous tous, artistes, responsables associatifs, opérateurs, entrepreneurs, élus, représentants du corps diplomatique et des administrations.
Vous marquez tous, par votre engagement quotidien, votre attachement à la Francophonie, et aux valeurs dont elle est porteuse. La Francophonie ne doit pas en effet être seulement l'affaire des hommes politiques et des diplomates. Le réseau associatif ne nous a d'ailleurs pas attendu pour donner corps à cette Francophonie substantielle que j'appelle de mes vux.
Et si un doute subsistait, votre présence ici ce soir, si nombreux, si divers, si chaleureux, votre assemblée dans laquelle je reconnais tant de visages et de talents, issus de tous les arts, tous les métiers et toutes les régions du monde, témoignent de l'enthousiasme de votre engagement et des facettes multiples de notre mouvement.
Loin de moi l'idée de nier l'importance des grands rendez-vous qui scandent le calendrier institutionnel : les conseils permanents de la Francophonie, les conférences ministérielles, les sommets. Ils ont le mérite de fixer le cap, de donner de la visibilité à notre mouvement et de fédérer les initiatives. Mais ils ne suffisent pas à faire vivre dans toute sa plénitude notre Francophonie, qui doit être aussi et d'abord l'affaire de tous.
Chacun, dans votre domaine d'activité, vous portez haut ses couleurs et vous témoignez de la diversité de ses modes d'action et de ses expressions :
- Animateurs de la Francophonie linguistique et culturelle, vous inscrivez votre projet au cur de la mission historique de notre mouvement,
- Promoteurs de la Francophonie politique, vous créez les conditions d'un monde plus respectueux des droits et des libertés,
- Entrepreneurs, vous jetez les bases d'une Francophonie économique,
- Responsables des programmes de coopération technique, vous vous battez pour une Francophonie plus équitable et un développement durable,
- Sportifs, vous lui donnez du souffle,
- Spécialistes et utilisateurs des nouvelles technologies, vous vous efforcez de diffuser en français l'usage des savoirs qui conditionnent le désenclavement et le développement.
Parmi toutes ces forces vives que vous constituez, TV5 occupe une place particulière. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que son président, Jean Stock, sa directrice générale, Marie-Christine Saragosse, et toute l'équipe de la chaîne soient associés à l'organisation de cette réception. Seule chaîne de télévision francophone à vocation mondiale, TV5 est parvenue en quelques mois, grâce au travail de sa nouvelle équipe, à imposer un regard différent, plus rythmé et plus vivant, sur l'actualité internationale. Centrée sur la Francophonie mais ouverte sur le monde, TV5 doit répondre aux attentes d'un large public bien au-delà des frontières naturelles de l'espace francophone. Je sais qu'avec nos partenaires, aussi attachés que nous à cette entreprise, nous allons réussir à améliorer encore les performances de notre chaîne francophone.
En trente ans, la Francophonie a fait son chemin. Ses progrès constants attestent de son dynamisme et accroissent chaque jour sa légitimité sur la scène internationale. De nombreux Etats postulent pour y adhérer : en Europe centrale, en Afrique, dans la Caraïbe La Francophonie, présente sur les cinq continents, regroupe désormais plus du quart des pays du monde, abritant 10% de la population de la planète et réalisant 15% du commerce mondial. La Francophonie constitue un formidable réservoir d'idées, d'énergie et de projets. Ainsi, qui a noté, à la veille des jeux de la Francophonie, qui se dérouleront cet été à Ottawa-Hull, que nos athlètes ont remporté 143 médailles lors des jeux olympiques de Sydney, loin devant ceux du Commonwealth ?
Mais la Francophonie, c'est également sur les cinq continents une ambition politique et culturelle commune : celle de bâtir de véritables Etats de droit et de promouvoir la diversité linguistique et culturelle. Alors que la mondialisation imprime chaque jour plus profondément sur nos modes de vie les marques d'une uniformisation culturelle, la Francophonie entend se mobiliser pour que chacun puisse continuer à s'exprimer, à vivre, à penser, dans la langue qui lui est la plus familière.
Ce combat, la Francophonie souhaite le mener de front avec les autres aires linguistiques qui partagent sa préoccupation. Les pays hispanophones, lusophones, arabophones, russophones, qui sont représentés ici ce soir, entretiennent des liens étroits avec le monde francophone. Tous les Etats qui se reconnaissent dans cette cause ont également une voix singulière à faire entendre, et des intérêts communs à partager avec nous.
Nous manifesterons cette volonté à Cotonou, où la France sera représentée par ma collègue Catherine Tasca. Notre conférence ministérielle francophone sur la culture, affirmera huit ans après le sommet de Maurice qui avait proclamé la légitimité de l'exception culturelle, la nécessité de poursuivre le combat en faveur de la diversité.
A Beyrouth, au mois d'octobre prochain, ce sera au tour de nos chefs d'Etats et de gouvernements de traiter cette question. Autant dire que l'année 2001 verra une intense mobilisation des Francophones.
La Francophonie est riche de ses couleurs. Elle n'y renoncera pas. Nous pouvons, tous ensemble, promouvoir un autre visage de la mondialisation, plus riant, plus créatif, plus exubérant que celui que nous prédisent les Cassandres. Ce défi, nos gouvernements ne le relèveront pas seuls. C'est à l'adhésion des opinions et à l'engagement de chacun d'entre vous que j'en appelle.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)