Texte intégral
Cher(e)s ami(e)s,
Vous venez de décider de changer l'ordre du jour du CNIR pour nous permettre à tous de rejoindre
tout à l'heure à 14h, la manifestation contre le CPE. C'est un geste fort. Merci d'avoir confirmé
ce voeu du CE. Agir ainsi n'est évidemment pas toujours sans difficulté, et nous devons toujours
garder à l'esprit que notre vie interne ne doit jamais oublier ce qui se passe en dehors.
Notre présence tout à l'heure ne sera pas le premier témoignage de soutien, ni le dernier. Comme
la plupart d'entre vous, je me suis rendu à des manifestations, ou dans des universités. Partout
c'est la même détermination qui gonfle. Ce mouvement n'est pas seulement contre cette mesure
gouvernementale, il est la manifestation d'un ras-le-bol... Ras le bol d'un gouvernement qui
aligne provocations sur provocations. Car n'oublions pas la réforme des retraites, de l'assurance
maladie, ou encore le clone du CPE que fut le CNE. C'est de tout cela dont les gens ont
ras-le-bol. La remise en cause incessante et à jet continu de toutes les solidarités patiemment
mise en place depuis au cours des dernières décennies est inacceptable.
Il nous faut combattre les discours qui disent que la mondialisation nous oblige à renoncer à
tous nos droits. C'est évidemment faux. Ce sont juste des options politiques libérales et bien
des pays européens démontrent qu'un modèle social peut être préservé. Encore une fois, plutôt que
de tout déréglementer, agissons au plan européen pour qu'une protection sociale soit renforcée au
niveau continental, et non pour que se détricote, pays par pays, les droits.
Il nous faut aussi combattre ceux qui distillent dans les facs que les étudiants ne seraient pas
les premiers touchés par la précarité, ou encore que tout ayant été essayé en matière d'emploi
des jeunes, pourquoi ne pas essayer le CPE. Je l'ai entendu, à Bordeaux, il y a quelques jours,
de la bouche même d'un prof qui expliquait cela doctement à une salle d'étudiants de science po.
La mobilisation des jeunes dans toute la France, qui bouent de colère face à un gouvernement qui
les insulte en leur expliquant que leur avenir c'est la précarité contractuelle, donne espoir à
toutes celles et tous ceux qui croyaient que ce gouvernement allait pouvoir continuer à agir
brutalement. Tous, qu'ils soient lycéens ou étudiants, ont dorénavant comme alternative le
chômage ou le CPE. Car en réalité, les chiffres sont inquiétants : la massification de la
précarité des jeunes salariés, ballottés de stages (souvent non rémunérés) en CDD, de chômage en
job sans lendemain. Avec le CPE, il n'y aura pas plus de jeunes qui auront des emplois...
simplement, ceux qui pouvaient espérer la stabilité d'un CDI n'auront que le CPE avec son cortège
de peurs et d'inquiétudes au quotidien. Car le point clef de ce contrat, c'est le licenciement
rapide et sans motifs, au mépris des conventions internationales sur le droit du travail. En
terme clair, la conséquence directe de cela, c'est l'impossibilité de faire des projets et la
crainte de se syndiquer. Comment un gouvernement ose-t-il parler de politique de l'emploi en
sacrifiant toute une génération sur l'autel des revendications les plus libérales de son
électorat.
Permettez-moi simplement d'ajouter que j'ai été informé par Fac Verte, aujourd'hui, que le
ministère de l'éducation a maintenu les élections pour les CROUS alors que de très nombreuses FAC
seront dans l'incapacité de procéder aux votes. Ceci est bien évidemment au profit des
organisations étudiantes de droite car les étudiants de gauche sont aujourd'hui dans la rue et
bloquent leurs universités.
Les présidents d'Université ont demandé au Premier ministre la suspension pendant 6 mois du CPE
et de nouvelles discussions. Prenons garde à cela. Car dans 6 mois, l'année universitaire sera
finie, et un semblant de discussion pour calmer et étouffer la mobilisation, et mieux imposer le
contrat pendant l'été serait un leurre dans lequel personne ne doit tomber. C'est bien le retrait
que le Premier ministre doit annoncer pour rassurer tous ceux qui vont manifester dans la rue
tout à l'heure car nous sommes résolument opposés au principe que sous-tendent le CPE et le CNE :
on n'augmente pas l'emploi en diminuant les droits.
Face à ce Contrat Premier Esclavage, les Verts veulent proposer en priorité d'étendre le droit
aux 35 heures à l'ensemble des salariés, notamment ceux des PME, pour réduire les inégalités
devant le temps de travail et favoriser les embauches compensatrices. Il faut également reprendre
le mouvement de réduction du temps de travail vers les 32 heures. Le Contrat à durée indéterminée
(CDI) doit rester la référence. Il faut soutenir un droit permanent à la formation qualifiante.
Nous pensons également que la piste du soutien aux emplois d'utilité écologique et sociale est
très prometteuse. Les emplois de demain sont ceux qui répondront aux enjeux de demain. En
particulier, les Verts veulent soutenir le développement des emplois au service du lien social et
de l'utilité écologique (bâtiment, énergies renouvelables, éco-activités...).
À côté de cette actualité brûlante, bien d'autres sujets ont attiré notre attention et je
pourrais en faire une longue liste. Je n'en citerai que trois au risque d'en oublier beaucoup,
mais le temps qui m'est donné est contraint.
La lutte contre les OGM d'abord
Je voudrais rappeler ici notre plein et entier soutien aux faucheurs qui continuent d'être
harcelés par la justice. Ainsi, Gilles Lemaire a eu la médiatique visite d'un huissier. La
démonstration de soutien qui lui a été apportée par de très nombreux militants et élus montre à
quel point ce combat nous tient à coeur, car il est symbolique de notre conception de l'intérêt
général et du principe de précaution. Le droit est avec nous. Et nos recours, j'en suis sûr, nous
donneront raison. En attendant, c'est la solidarité qui doit jouer. Celle du parti bien sûr, mais
aussi celle des individus qui, un peu partout, font et feront des gestes.
Autre sujet, de grande importance, l'eau.
Se déroule, en ce moment même, le quatrième forum mondial de l'eau, à Mexico. Le sujet est
colossal car le principe d'une « eau potable pour tous », éternel objectif, est aujourd'hui de
plus en plus menacé. Des millions de personnes n'ont aujourd'hui pas ou plus accès à l'eau
potable. 40% de la population mondiale n'a qu'un accès restreint à l'eau. La consommation d'eau a
été multipliée par 6 au vingtième siècle et dans 20 ans, avec 8 milliards d'êtres humains sur
terre, les ressources disponibles par personne seront divisées par trois. Alors, une fois de
plus, les efforts s'imposent, notamment de la part des pays riches. Il faut débloquer 40
milliards d'euros par an jusqu'en 2015 pour permettre à tout le monde un accès à l'eau. C'est le
budget de la défense en France. À quoi est prêt notre pays dans cet effort ?
Et je ne peux m'empêcher de rappeler aussi que la France ne donne pas l'exemple. Alors que nous
nous connaissons une sécheresse sévère, que les nappes ne se sont pas rechargées, la ministre de
l'écologie en appelle au civisme des particuliers alors que de 70% de la ressource est prise par
l'agriculture à qui on ne veut rien imposer. À quand l'interdiction de l'irrigation du maïs en
été. On attend toujours !
Et enfin, la manifestation contre l'EPR qui aura lieu le 15 avril prochain à Cherbourg. Contre
l'EPR bien sûr... mais contre le nucléaire en fait. Beaucoup de manifestants sont attendus pour
dire que cet EPR n'est pas utile et coûteux. Alors que le pays n'en a pas besoin, le gouvernement
se comporte comme un VRP du nucléaire car en réalité l'EPR n'est rien d'autre qu'un appartement
témoin de l'industrie nucléaire française qui veut exporter une technologie énergétique pourtant
impossible à généraliser à l'échelle de la planète. Nous irons massivement dire non à l'EPR, mais
aussi redire que si les Français rejettent massivement les déchets près de chez eux ou encore les
lignes THT, c'est bien le nucléaire qu'ils rejettent. À l'approche des échéances de 2007, il sera
des plus utile que cette manifestation soit d'ampleur pour qu'elle pèse sur les choix et les
débats électoraux. Cette mobilisation nous sera d'autant plus utile dans les discussions avec nos
partenaires de gauche car, vous le savez tous, nous devons encore convaincre !
Après ce rapide tour d'horizon de quelques questions d'actualité, je me dois évidemment d'évoquer
ici, notre propre actualité interne.
La campagne pour désigner notre candidate ou notre candidat à la présidentielle a commencé depuis
le 14 février dernier. Vous le savez tous, ils sont 5. Jeudi soir, avait lieu la seconde réunion
de présentation des candidats des Verts à la présidentielle à Toulouse, après Paris, lundi
dernier.
Dans le paysage politique, nous commençons le bal les premiers. Les Verts ont choisi de se tenir
prêts rapidement. C'est vrai pour la présidentielle, c'est vrai pour le programme. Car nous
n'aurons pas trop des quelques mois qui nous séparent des échéances de 2007 pour battre la
campagne et marteler nos idées.
Bien sûr, la présidentielle n'est pas une élection aimée des verts ? Personnalisation à outrance
et effacement de la couleur politique au profit de la couleur des yeux des candidats ! Un pouvoir
trop important détenu par un seul homme au détriment de certains ministres et surtout au
détriment du Parlement, ... et puis, un calendrier qui fut jadis inversé et qui fait de la
présidentielle et non les législatives, l'élection majeure au plan national.
Mais ce qui fait la force des Verts, c'est notre projet. Nous l'avons défendu sans relâche à tous
les scrutins. Peu à peu, l'écologie politique, dans toute sa nuance, est de mieux en mieux
comprise. C'est pour cela que nous irons à la présidentielle, aux législatives, aux municipales
et tous les scrutins qui suivront.
Car évidemment, je ne veux pas faire l'impasse sur cette fréquente interpellation qui nous est
faite : Pourquoi présenter un candidat vert ?
Au regard de ce que je viens de dire sur la prééminence du projet, Si nous devions encore nous
poser la question de savoir pourquoi nous devons présenter un candidat, cela reviendrait à se
demander pourquoi nous sommes tous dans ce parti ? :
Pourquoi aurions-nous fondé ce parti il y a plus de 20 ans ? Serait-ce pour oublier, maintenant,
que nos idées sont les bonnes. Elles n'ont d'ailleurs jamais été aussi partagées par nos
concitoyens ? Les réalités confirment nos analyses depuis plus de 30 ans. Jamais l'écologie
politique n'a eu à ce point besoin d'être présente à cette échéance qui est, qu'on l'apprécie ou
non, structurante de la vie politique française. Alors, je veux le dire sans lyrisme : « les
Verts c'est bien ». Nous sommes peut-être un des rares partis à proposer de vraies idées
nouvelles. Pour l'heure, c'est bien d'audace dont a besoin notre pays pour relever les défis
environnementaux et sociaux. Voyez-vous autant d'audace ailleurs que chez nous ? Alors, si la
présence au premier tour de la présidentielle devait se mesurer à l'originalité du projet
politique, les Verts sont parmi les rares à pouvoir prétendre à entrer dans la course !
En conséquence de quoi, pour le premier tour, nous n'avons pas besoin de chercher l'homme ou la
femme providentielle pour défendre un projet qui n'est pas le nôtre.
Je sais néanmoins que certains parmi nous ne partagent pas cette option de présenter un candidat
vert à la présidentielle. Du débat sur ce point, il y en a déjà. La question revient dans chaque
meeting de présentation des candidats et ils y répondent sans faux-fuyant. L'un d'entre eux a
même fondé sa candidature pour susciter un débat sur l'idée de primaire. Aujourd'hui, et au cours
de ce week-end, cette assemblée qui est notre instance nationale de débat, ne manquera pas d'y
revenir. Le CE en débat régulièrement. Une demande de référendum a été lancée. Alors à ceux qui
disent qu'on n'en discute pas, je crois que c'est un peu exagéré de dire cela. Mais la réalité,
celle que je me dois de défendre et mettre en application, c'est celle que le parti a décidé très
clairement et très majoritairement, à Reims, et confirmé au CNIR de juin 2005. Je reste donc
persuadé que si nous avons voté à l'AG, à plus de 90 %, que nous allions présenter un candidat
vert, et que ce choix a été confirmé par une très large majorité à chaque fois que la question a
été posée, j'ai un vague doute sur un avis contraire du mouvement aujourd'hui !
La convergence de vue que nous avons avec les organisations syndicales et de jeunesse sur le CPE,
nous la partageons également avec toute la gauche. La construction d'une alternative à la droite
en 2007, que nous appelons de nos voeux, si elle ne peut se limiter à des manifestations
d'opposition, elle ne peut non plus s'en passer.
Depuis le dernier CNIR, nous avons également avancé sur les discussions avec les partis de
gauche. Aussi difficiles que furent les préparatifs de la réunion du 8 février, il n'y a pour
notre part aucun double jeu. Notre stratégie est claire : engager les discussions pour faire
gagner la gauche et les Verts en 2007, mais faire tout notre possible pour que cette victoire ne
soit pas hypothéquée par d'artificielles divisions d'une gauche contre une autre, alors que la
gauche, nous le répétons partout est multiple. Dans l'intervention que je faisais au nom des
Verts lors de la réunion du 8 février, je refusais l'idée de deux gauches et j'ai insisté pour
dire qu'il y avait des gauches. C'est cette diversité à gauche qu'il faut faire vivre dans les
mois à venir, non pour justifier des divisions, mais pour nourrir un projet qui ne soit pas celui
d'un seul parti, mais d'une gauche composée de plusieurs partis, riche et inventive grâce,
précisément, à sa diversité.
Bien sûr, il faut rester prudent. Chaque parti cherche à faire valoir son identité et son poids.
Il arrive même que certains continuent assez inutilement à vouloir être rassembleur pour tous.
Or, il n y aura de rassemblement que dans le respect les uns des autres. C'est la raison pour
laquelle nous continuons d'insister auprès de nos partenaires pour que la marque de fabrique de
nos initiatives soit, à tout moment le multipartisme et la co-organisation dans les initiatives
communes.
Répondre ensemble aux mesures gouvernementales, débattre ensemble lors de forums nationaux et
locaux, c'est une première réponse que nous mettons en oeuvre depuis le 8 février. Mais il faut
bien entendu aller plus loin. Il faut un troisième niveau d'engagement dans la discussion. Dès le
lendemain de ce CNIR qui aura adopté le projet des Verts pour la mandature 2007-2012, la
négociation électorale et programmatique devra démarrer, avec tous ceux qui le veulent à gauche.
Nous la proposerons à nos partenaires dès lundi.
Mais place maintenant au débat, et rendez-vous donc, tout à l'heure, à la sortie du CNIR pour
aller ensemble au départ de la manifestation, à Denfert Rochereau.
Je vous remercie.Source http://lesverts.fr, le 28 mars 2006
Vous venez de décider de changer l'ordre du jour du CNIR pour nous permettre à tous de rejoindre
tout à l'heure à 14h, la manifestation contre le CPE. C'est un geste fort. Merci d'avoir confirmé
ce voeu du CE. Agir ainsi n'est évidemment pas toujours sans difficulté, et nous devons toujours
garder à l'esprit que notre vie interne ne doit jamais oublier ce qui se passe en dehors.
Notre présence tout à l'heure ne sera pas le premier témoignage de soutien, ni le dernier. Comme
la plupart d'entre vous, je me suis rendu à des manifestations, ou dans des universités. Partout
c'est la même détermination qui gonfle. Ce mouvement n'est pas seulement contre cette mesure
gouvernementale, il est la manifestation d'un ras-le-bol... Ras le bol d'un gouvernement qui
aligne provocations sur provocations. Car n'oublions pas la réforme des retraites, de l'assurance
maladie, ou encore le clone du CPE que fut le CNE. C'est de tout cela dont les gens ont
ras-le-bol. La remise en cause incessante et à jet continu de toutes les solidarités patiemment
mise en place depuis au cours des dernières décennies est inacceptable.
Il nous faut combattre les discours qui disent que la mondialisation nous oblige à renoncer à
tous nos droits. C'est évidemment faux. Ce sont juste des options politiques libérales et bien
des pays européens démontrent qu'un modèle social peut être préservé. Encore une fois, plutôt que
de tout déréglementer, agissons au plan européen pour qu'une protection sociale soit renforcée au
niveau continental, et non pour que se détricote, pays par pays, les droits.
Il nous faut aussi combattre ceux qui distillent dans les facs que les étudiants ne seraient pas
les premiers touchés par la précarité, ou encore que tout ayant été essayé en matière d'emploi
des jeunes, pourquoi ne pas essayer le CPE. Je l'ai entendu, à Bordeaux, il y a quelques jours,
de la bouche même d'un prof qui expliquait cela doctement à une salle d'étudiants de science po.
La mobilisation des jeunes dans toute la France, qui bouent de colère face à un gouvernement qui
les insulte en leur expliquant que leur avenir c'est la précarité contractuelle, donne espoir à
toutes celles et tous ceux qui croyaient que ce gouvernement allait pouvoir continuer à agir
brutalement. Tous, qu'ils soient lycéens ou étudiants, ont dorénavant comme alternative le
chômage ou le CPE. Car en réalité, les chiffres sont inquiétants : la massification de la
précarité des jeunes salariés, ballottés de stages (souvent non rémunérés) en CDD, de chômage en
job sans lendemain. Avec le CPE, il n'y aura pas plus de jeunes qui auront des emplois...
simplement, ceux qui pouvaient espérer la stabilité d'un CDI n'auront que le CPE avec son cortège
de peurs et d'inquiétudes au quotidien. Car le point clef de ce contrat, c'est le licenciement
rapide et sans motifs, au mépris des conventions internationales sur le droit du travail. En
terme clair, la conséquence directe de cela, c'est l'impossibilité de faire des projets et la
crainte de se syndiquer. Comment un gouvernement ose-t-il parler de politique de l'emploi en
sacrifiant toute une génération sur l'autel des revendications les plus libérales de son
électorat.
Permettez-moi simplement d'ajouter que j'ai été informé par Fac Verte, aujourd'hui, que le
ministère de l'éducation a maintenu les élections pour les CROUS alors que de très nombreuses FAC
seront dans l'incapacité de procéder aux votes. Ceci est bien évidemment au profit des
organisations étudiantes de droite car les étudiants de gauche sont aujourd'hui dans la rue et
bloquent leurs universités.
Les présidents d'Université ont demandé au Premier ministre la suspension pendant 6 mois du CPE
et de nouvelles discussions. Prenons garde à cela. Car dans 6 mois, l'année universitaire sera
finie, et un semblant de discussion pour calmer et étouffer la mobilisation, et mieux imposer le
contrat pendant l'été serait un leurre dans lequel personne ne doit tomber. C'est bien le retrait
que le Premier ministre doit annoncer pour rassurer tous ceux qui vont manifester dans la rue
tout à l'heure car nous sommes résolument opposés au principe que sous-tendent le CPE et le CNE :
on n'augmente pas l'emploi en diminuant les droits.
Face à ce Contrat Premier Esclavage, les Verts veulent proposer en priorité d'étendre le droit
aux 35 heures à l'ensemble des salariés, notamment ceux des PME, pour réduire les inégalités
devant le temps de travail et favoriser les embauches compensatrices. Il faut également reprendre
le mouvement de réduction du temps de travail vers les 32 heures. Le Contrat à durée indéterminée
(CDI) doit rester la référence. Il faut soutenir un droit permanent à la formation qualifiante.
Nous pensons également que la piste du soutien aux emplois d'utilité écologique et sociale est
très prometteuse. Les emplois de demain sont ceux qui répondront aux enjeux de demain. En
particulier, les Verts veulent soutenir le développement des emplois au service du lien social et
de l'utilité écologique (bâtiment, énergies renouvelables, éco-activités...).
À côté de cette actualité brûlante, bien d'autres sujets ont attiré notre attention et je
pourrais en faire une longue liste. Je n'en citerai que trois au risque d'en oublier beaucoup,
mais le temps qui m'est donné est contraint.
La lutte contre les OGM d'abord
Je voudrais rappeler ici notre plein et entier soutien aux faucheurs qui continuent d'être
harcelés par la justice. Ainsi, Gilles Lemaire a eu la médiatique visite d'un huissier. La
démonstration de soutien qui lui a été apportée par de très nombreux militants et élus montre à
quel point ce combat nous tient à coeur, car il est symbolique de notre conception de l'intérêt
général et du principe de précaution. Le droit est avec nous. Et nos recours, j'en suis sûr, nous
donneront raison. En attendant, c'est la solidarité qui doit jouer. Celle du parti bien sûr, mais
aussi celle des individus qui, un peu partout, font et feront des gestes.
Autre sujet, de grande importance, l'eau.
Se déroule, en ce moment même, le quatrième forum mondial de l'eau, à Mexico. Le sujet est
colossal car le principe d'une « eau potable pour tous », éternel objectif, est aujourd'hui de
plus en plus menacé. Des millions de personnes n'ont aujourd'hui pas ou plus accès à l'eau
potable. 40% de la population mondiale n'a qu'un accès restreint à l'eau. La consommation d'eau a
été multipliée par 6 au vingtième siècle et dans 20 ans, avec 8 milliards d'êtres humains sur
terre, les ressources disponibles par personne seront divisées par trois. Alors, une fois de
plus, les efforts s'imposent, notamment de la part des pays riches. Il faut débloquer 40
milliards d'euros par an jusqu'en 2015 pour permettre à tout le monde un accès à l'eau. C'est le
budget de la défense en France. À quoi est prêt notre pays dans cet effort ?
Et je ne peux m'empêcher de rappeler aussi que la France ne donne pas l'exemple. Alors que nous
nous connaissons une sécheresse sévère, que les nappes ne se sont pas rechargées, la ministre de
l'écologie en appelle au civisme des particuliers alors que de 70% de la ressource est prise par
l'agriculture à qui on ne veut rien imposer. À quand l'interdiction de l'irrigation du maïs en
été. On attend toujours !
Et enfin, la manifestation contre l'EPR qui aura lieu le 15 avril prochain à Cherbourg. Contre
l'EPR bien sûr... mais contre le nucléaire en fait. Beaucoup de manifestants sont attendus pour
dire que cet EPR n'est pas utile et coûteux. Alors que le pays n'en a pas besoin, le gouvernement
se comporte comme un VRP du nucléaire car en réalité l'EPR n'est rien d'autre qu'un appartement
témoin de l'industrie nucléaire française qui veut exporter une technologie énergétique pourtant
impossible à généraliser à l'échelle de la planète. Nous irons massivement dire non à l'EPR, mais
aussi redire que si les Français rejettent massivement les déchets près de chez eux ou encore les
lignes THT, c'est bien le nucléaire qu'ils rejettent. À l'approche des échéances de 2007, il sera
des plus utile que cette manifestation soit d'ampleur pour qu'elle pèse sur les choix et les
débats électoraux. Cette mobilisation nous sera d'autant plus utile dans les discussions avec nos
partenaires de gauche car, vous le savez tous, nous devons encore convaincre !
Après ce rapide tour d'horizon de quelques questions d'actualité, je me dois évidemment d'évoquer
ici, notre propre actualité interne.
La campagne pour désigner notre candidate ou notre candidat à la présidentielle a commencé depuis
le 14 février dernier. Vous le savez tous, ils sont 5. Jeudi soir, avait lieu la seconde réunion
de présentation des candidats des Verts à la présidentielle à Toulouse, après Paris, lundi
dernier.
Dans le paysage politique, nous commençons le bal les premiers. Les Verts ont choisi de se tenir
prêts rapidement. C'est vrai pour la présidentielle, c'est vrai pour le programme. Car nous
n'aurons pas trop des quelques mois qui nous séparent des échéances de 2007 pour battre la
campagne et marteler nos idées.
Bien sûr, la présidentielle n'est pas une élection aimée des verts ? Personnalisation à outrance
et effacement de la couleur politique au profit de la couleur des yeux des candidats ! Un pouvoir
trop important détenu par un seul homme au détriment de certains ministres et surtout au
détriment du Parlement, ... et puis, un calendrier qui fut jadis inversé et qui fait de la
présidentielle et non les législatives, l'élection majeure au plan national.
Mais ce qui fait la force des Verts, c'est notre projet. Nous l'avons défendu sans relâche à tous
les scrutins. Peu à peu, l'écologie politique, dans toute sa nuance, est de mieux en mieux
comprise. C'est pour cela que nous irons à la présidentielle, aux législatives, aux municipales
et tous les scrutins qui suivront.
Car évidemment, je ne veux pas faire l'impasse sur cette fréquente interpellation qui nous est
faite : Pourquoi présenter un candidat vert ?
Au regard de ce que je viens de dire sur la prééminence du projet, Si nous devions encore nous
poser la question de savoir pourquoi nous devons présenter un candidat, cela reviendrait à se
demander pourquoi nous sommes tous dans ce parti ? :
Pourquoi aurions-nous fondé ce parti il y a plus de 20 ans ? Serait-ce pour oublier, maintenant,
que nos idées sont les bonnes. Elles n'ont d'ailleurs jamais été aussi partagées par nos
concitoyens ? Les réalités confirment nos analyses depuis plus de 30 ans. Jamais l'écologie
politique n'a eu à ce point besoin d'être présente à cette échéance qui est, qu'on l'apprécie ou
non, structurante de la vie politique française. Alors, je veux le dire sans lyrisme : « les
Verts c'est bien ». Nous sommes peut-être un des rares partis à proposer de vraies idées
nouvelles. Pour l'heure, c'est bien d'audace dont a besoin notre pays pour relever les défis
environnementaux et sociaux. Voyez-vous autant d'audace ailleurs que chez nous ? Alors, si la
présence au premier tour de la présidentielle devait se mesurer à l'originalité du projet
politique, les Verts sont parmi les rares à pouvoir prétendre à entrer dans la course !
En conséquence de quoi, pour le premier tour, nous n'avons pas besoin de chercher l'homme ou la
femme providentielle pour défendre un projet qui n'est pas le nôtre.
Je sais néanmoins que certains parmi nous ne partagent pas cette option de présenter un candidat
vert à la présidentielle. Du débat sur ce point, il y en a déjà. La question revient dans chaque
meeting de présentation des candidats et ils y répondent sans faux-fuyant. L'un d'entre eux a
même fondé sa candidature pour susciter un débat sur l'idée de primaire. Aujourd'hui, et au cours
de ce week-end, cette assemblée qui est notre instance nationale de débat, ne manquera pas d'y
revenir. Le CE en débat régulièrement. Une demande de référendum a été lancée. Alors à ceux qui
disent qu'on n'en discute pas, je crois que c'est un peu exagéré de dire cela. Mais la réalité,
celle que je me dois de défendre et mettre en application, c'est celle que le parti a décidé très
clairement et très majoritairement, à Reims, et confirmé au CNIR de juin 2005. Je reste donc
persuadé que si nous avons voté à l'AG, à plus de 90 %, que nous allions présenter un candidat
vert, et que ce choix a été confirmé par une très large majorité à chaque fois que la question a
été posée, j'ai un vague doute sur un avis contraire du mouvement aujourd'hui !
La convergence de vue que nous avons avec les organisations syndicales et de jeunesse sur le CPE,
nous la partageons également avec toute la gauche. La construction d'une alternative à la droite
en 2007, que nous appelons de nos voeux, si elle ne peut se limiter à des manifestations
d'opposition, elle ne peut non plus s'en passer.
Depuis le dernier CNIR, nous avons également avancé sur les discussions avec les partis de
gauche. Aussi difficiles que furent les préparatifs de la réunion du 8 février, il n'y a pour
notre part aucun double jeu. Notre stratégie est claire : engager les discussions pour faire
gagner la gauche et les Verts en 2007, mais faire tout notre possible pour que cette victoire ne
soit pas hypothéquée par d'artificielles divisions d'une gauche contre une autre, alors que la
gauche, nous le répétons partout est multiple. Dans l'intervention que je faisais au nom des
Verts lors de la réunion du 8 février, je refusais l'idée de deux gauches et j'ai insisté pour
dire qu'il y avait des gauches. C'est cette diversité à gauche qu'il faut faire vivre dans les
mois à venir, non pour justifier des divisions, mais pour nourrir un projet qui ne soit pas celui
d'un seul parti, mais d'une gauche composée de plusieurs partis, riche et inventive grâce,
précisément, à sa diversité.
Bien sûr, il faut rester prudent. Chaque parti cherche à faire valoir son identité et son poids.
Il arrive même que certains continuent assez inutilement à vouloir être rassembleur pour tous.
Or, il n y aura de rassemblement que dans le respect les uns des autres. C'est la raison pour
laquelle nous continuons d'insister auprès de nos partenaires pour que la marque de fabrique de
nos initiatives soit, à tout moment le multipartisme et la co-organisation dans les initiatives
communes.
Répondre ensemble aux mesures gouvernementales, débattre ensemble lors de forums nationaux et
locaux, c'est une première réponse que nous mettons en oeuvre depuis le 8 février. Mais il faut
bien entendu aller plus loin. Il faut un troisième niveau d'engagement dans la discussion. Dès le
lendemain de ce CNIR qui aura adopté le projet des Verts pour la mandature 2007-2012, la
négociation électorale et programmatique devra démarrer, avec tous ceux qui le veulent à gauche.
Nous la proposerons à nos partenaires dès lundi.
Mais place maintenant au débat, et rendez-vous donc, tout à l'heure, à la sortie du CNIR pour
aller ensemble au départ de la manifestation, à Denfert Rochereau.
Je vous remercie.Source http://lesverts.fr, le 28 mars 2006