Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur les grandes tendances du marché du voyage et sur le décret rendant obligatoire l'information des passagers sur l'identité des transporteurs aériens, Paris le 16 mars 2006.

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Circonstance : Salon mondiale du tourisme à Paris le 16 mars 2006

Texte intégral

Madame la Présidente, Chère Annette MASSON,
Messieurs les Présidents,
Madame le Directeur (Elyane LONDINO),
Mesdames et Messieurs,
Chers Ami(e)s,
Je suis très heureux de vous retrouver pour inaugurer la 31ème édition du Salon Mondial du Tourisme, une vénérable institution qui accueille chaque année plus de 100 000 visiteurs et constitue un rendez-vous incontournable pour l'ensemble des professionnels de « l'out-going ».
J'aimerai rappeler à cet égard quelques chiffres significatifs pour situer les enjeux de ce marché : 25 % des Français qui prennent des vacances au moins une fois par an partent aujourd'hui à l'étranger, soit un peu plus de 6 millions de personnes.
450 tour-Opérateurs se partagent ce marché, dont le chiffre d'affaires s'élève à plus de 4 milliards d'euros. Ces chiffres montrent que ce secteur de notre économie, parfois méconnu, pèse de plus en plus lourd.
Comme le montre le barème OPODO 2006 publié la semaine dernière, si les Français sont un peu moins partis en 2005, ils ont privilégié toujours un peu plus les séjours à l'étranger, en raison d'un rapport qualité-prix qu'ils jugent globalement plus favorable.
Une réalité que j'ai souhaité prendre en compte dans la mise en oeuvre de notre politique touristique nationale avec le Plan Qualité Tourisme qui regroupe aujourd'hui près de 7 000 entreprises engagées dans le respect d'une démarche qualité définie au plan national.
Cette montée en gamme est devenue indispensable si l'on se penche aujourd'hui sur les grandes tendances du marché du voyage :
Le milieu de gamme perd de son attrait au profit de tarifs serrés ou, au contraire de séjours haut de gamme.
La segmentation traditionnelle entre les clientèles s'estompe au profit d'une segmentation dans le temps :
Un même client peut acheter une prestation basique sur internet et s'offrir un séjour de rêve, construit sur mesure par une agence spécialisée.
Cette planète en miniature qu'il nous est donné de visiter aujourd'hui est donc riche d'enseignements pour nos professionnels hexagonaux : les clients sont prêts à valoriser la qualité et à sacrifier un peu de leur budget loisirs à condition d'obtenir l'assurance d'un voyage différent.
Ils sont également prêts à passer par une agence de voyage pour acheter la France, comme le montrent les agences des enseignes de la grande distribution comme Carrefour Voyages : c'est le signe qu'un service nouveau ? la proximité, la facilité, le gain de temps ? créé toujours une demande.
Parmi les autres enseignements de ce Salon 2006, qui constitue, Chère Annette, un véritable laboratoire d'idée nouvelles, on retrouve quelques thèmes qui me sont chers et sur lesquels je souhaiterais m'arrêter quelques instants.
Si le touriste a aujourd'hui intégré les paramètres des grandes perturbations mondiales, crises sanitaires, attentats, catastrophes climatiques, il n'est pas pour autant prêt à marchander sa sécurité.
Nous avons connu pendant l'été 2005 une période particulièrement dramatique sur le plan de la sécurité aérienne et les leçons en ont été tirées. Une liste noire européenne, réactualisée tous les 3 mois , sera dévoilée en mai au grand public.
Parallèlement, nous avons décidé de publier très prochainement un décret dit « transparence » qui rendra obligatoire l'information des passagers sur l'identité de leur transporteur.
Ce texte permettra d'anticiper l'entrée en vigueur des dispositions du règlement européen, publié le 27 décembre 2005, mais dont les dispositions seront applicables entre 6 mois et 1 an après cette date.
Autre préoccupation grandissante pour les amateurs d'exotisme, la volonté de ne pas contribuer à la destruction des sites qu'ils viennent visiter.
Le respect des populations, la possibilité pour les résidents de bénéficier directement des revenus procurés par le tourisme, la volonté d'offrir au plus grand nombre un accès privilégié aux sites touristiques sont aujourd'hui des valeurs partagées par le plus grand nombre.
Avec le concours « dire non », qui permet à de futurs diplômés du tourisme de s'impliquer dans la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme, le Salon mondial du Tourisme apporte une contribution précieuse qui touche les futures générations.
Je présenterai d'ailleurs le 29 mars prochain, au Conseil des Ministres, une série de mesures impliquant 6 ministères pour nous engager plus résolument dans cette lutte aux côtés des ONG comme ECPAT.
Le tourisme solidaire gagne également du terrain. De nombreux voyagistes sont engagés aujourd'hui auprès d'associations humanitaires pour financer des infrastructures comme des écoles ou des dispensaires.
Avec Tourism for Development, je propose à ceux qui n'ont pas encore rejoint cette démarche de participer au co-financement de micro-projets, dont j'ai pu constater la validité récemment lors d'un déplacement au Maroc.
Et bien que peu d'entre vous soient convaincus par cette idée, je souhaite vous redire ici que la taxe sur les billets, qui sera effective au 1er juillet, participe de ce même élan de solidarité et de générosité, un élan qui s'est manifesté avec une rare intensité lors de la tragédie du tsunami.
Les zones les plus touchées, la Thaïlande, les Maldives, le Sri Lanka ont retrouvé aujourd'hui leurs touristes tandis que de nouvelles installations hôtelières sont en cours de construction.
Et à ce titre là, j'aimerais pouvoir revenir l'année prochaine et constater que l'île de la Réunion, qui traverse avec le Chikungunya, une crise majeure, a bénéficié de la même solidarité que ces contrées lointaines.
Un plan de relance de la destination sera mis en oeuvre dès que possible. J'espère alors pouvoir compter sur votre mobilisation pour aider le tourisme réunionnais à retrouver un niveau de fréquentation digne de ses merveilleux attraits et du courage de ses habitants.
Je vous remercie.


source http://www.tourisme.gouv.fr, le 20 mars 2006