Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur la place des femmes dans les activités touristiques, Paris, le 8 mars 2006.

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Circonstance : Journée de la femme à Paris le 8 mars 2006

Texte intégral

Monsieur le Président, Cher Bernard DIDELOT
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

A peine quelques heures après avoir participé à un petit-déjeuner débat très animé consacré à la « place des femmes dans les entreprises du tourisme », je suis très heureux de vous retrouver pour ce déjeuner amical.
Comme vous venez de le rappeler très aimablement, Monsieur le Président, nous avions l'an dernier organisé une rencontre à la Sorbonne entre des professionnelles du tourisme et des étudiantes pour démontrer que ces métiers offrent de belles perspectives de carrières aux femmes.
De cette manifestation est né le 1er réseau de femmes dans le Tourisme, qui compte aujourd'hui 17 membres.
Placé sous mon amical patronage, « Femmes du Tourisme » s'est fixé un double-objectif : contribuer à une plus grande visibilité du secteur dans l'économie en regroupant l'ensemble des professions touristiques mais aussi, et surtout, agir en faveur d'un plus grand accès des femmes aux postes de responsabilité.
C'est d'ailleurs la fonction première d'un réseau : constituer un vivier naturel de talents et de relations pour favoriser les progressions de carrière.
C'est précisément parce que les femmes sont moins nombreuses que les hommes à fréquenter ces antichambres du pouvoir qu'elles se privent de la possibilité d'être cooptés par leurs pairs.
Car si en France, comme aux Etats-Unis, près de 2/3 des postes de cadre ne font jamais l'objet d'une publication, ni d'une annonce dans la presse ou sur internet, c'est à cause ou grâce aux réseaux.
Aussi votre idée d'organiser aujourd'hui ce déjeuner pour mettre en relation les nombreuses professionnelles qui occupent, dans le monde du voyage, des postes clé ou des fonctions dirigeantes doit être saluée.
Je vous remercie donc pour cette brillante initiative ainsi que pour l'enquête interne que vous avez réalisée. Il est intéressant de savoir que 35 % de vos adhérentes sont des femmes alors que celles-ci représentent plus de 70 % des effectifs des agences de voyages et des Tour-opérateurs.
On peut se livrer à deux lectures différentes : soit considérer, comme Richard VAINOPOULOS qui nous a transmis un chiffre de 40 % de directeurs d'agences dans le réseau Tourcom, que nous sommes proches de la parité et s'en réjouir.
Soit se demander pourquoi, en grimpant dans la hiérarchie, nous perdons subitement 50 % des effectifs. Alors même que les femmes possèdent de nombreuses qualités naturelles pour diriger une agence de voyages.
Au cours du débat qui s'est engagé ce matin, de nombreux arguments ont été avancés pour expliquer la persistance d'inégalités professionnelles et salariales dans le monde du tourisme, comme dans de nombreux autres secteurs de l'économie.

Moins attirées par le pouvoir, les femmes seraient, semble-il, plus enclines à sacrifier leur carrière pour préserver celle de leur mari. La difficulté de mener de front une carrière, une vie de couple sereine et une vie de famille épanouissante constituent encore des freins puissants.
Moins mobiles géographiquement, moins sures d'elles-mêmes, de leurs talents et de leurs compétences, les femmes pratiquent aussi encore une forme d'auto-censure et cultivent les stéréo-types de genre.
Une femmes est carriériste quand est homme est simplement ambitieux. Féminité et autorité ne font pas bon ménage. « Think manager, think male ». L'inconscient collectif voit la femme en mère/épouse plutôt qu'en travailleuse et a fortiori plutôt qu'en dirigeante.
Pourtant la mixité dans les postes clés, l'égalité professionnelle ne sont pas seulement des exigences sociétales ou démocratiques, qui s'inscrivent dans une tendance lourde en faveur de l'égalité des chances, ce sont aussi des impératifs d'ordre économique.
C'est encore plus vrai dans le tourisme comme l'indiquait un rapport réalisé pour l'Inspection générale du Tourisme en 2003.
Le tourisme est en effet un secteur dans lequel les femmes jouent un rôle déterminant comme prescriptrices et consommatrices. Leur sous-représentation dans la prise de décision a donc des conséquences plus dommageables qu'ailleurs.

N'oublions pas enfin qu'en raison du départ en retraite de la génération du baby-boom dans les 10 prochaines années, notre économie sera confrontée à une pénurie structurelle de cadres. Dans ce contexte, se priver du vivier des femmes serait un non-sens.
Et j'ajoute, comme le disait Françoise GIROUD si justement, que si « être une femme n'est pas une compétence, ce n'est pas non plus une incompétence ».
C'est sur cette réflexion, Mesdames, que je vous propose d'achever ce propos.
Je vous souhaite un excellent déjeuner et j'espère avoir le plaisir de vous croiser prochainement dans les nombreuses réunions où vous ne manquerez plus désormais d'afficher votre présence.
Je vous remercie.

Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 20 mars 2006