Texte intégral
Radio Classique
Le 22/03/2006
Gilles Moreau : Au sommaire des ?Grands débats? : ? quel avenir pour le Contrat Première Embauche dans la situation de blocage qui est celle d'aujourd'hui ?
Arnaud Fleury : Jean-François Veysset, vice-président de la CGPME et Bernard van Craeynest, président de la CFE-CGC, pour un débat sans concession, organisation syndicale contre organisation patronale. Alors, qu'est-ce que vous pensez, quand même, l'un et l'autre, des propositions qui auraient pu émerger, semble-t-il ?c'est ce qu'on avait cru comprendre hier lorsque le Premier ministre avait rencontré un certain nombre de patrons? qui aurait été, si c'était englobé, dans le Contrat de Première Embauche, de possibles propositions, cela aurait été une justification du licenciement d'une part et d'autre part, d'abaisser la période d'essai de deux à un an. Est-ce que, avec cela, monsieur van Craeynest, vous auriez pu vous déclarer satisfait ou vous êtes toujours dans cette logique, quoi qu'il en soit, de retirer le CPE ?
Bernard van Craeynest : Ecoutez, pour être clair, je crois que nous en sommes arrivés à une situation d'opposition frontale et je rejoins Jean-François Veysset sur les graves conséquences de ces affrontements. Il est bien évident que lorsque l'on voit les voitures brûler, des gens qui s'affrontent, des blessés de part et d'autre, et des commerces détruits, cela n'est pas une situation satisfaisante et durable. Mais quand on est dans cette situation de blocage qui n'est pas de notre fait, il faut que nous trouvions des terrains d'entente ! Une troisième voie ! Et c'est pour cela que j'ai proposé que nous puissions nous retrouver au Conseil économique et social, qui est la représentation de la société civile, les entreprises privées, les entreprises publiques, les représentants des salariés, les associations, l'artisanat, de manière à ce que nous approfondissions ce que vous qualifiiez tout à l'heure, à propos du rapport sur l'insertion des jeunes issus de l'enseignement supérieur, de ? mesures qui ne répondent pas à la situation actuelle ?? Si ! il y a un constat qui est fait qui est que les jeunes, aujourd'hui, souffrent de ne pas connaître le monde de l'entreprise, ils ont peur de rentrer dans la vie active, ils ne connaissent pas bien les vrais débouchés qu'offrent les différentes filières et là aussi, je rejoins tout à fait Jean-François Veysset, sur la nécessité de professionnaliser nos jeunes, de les orienter vers les bonnes pistes qui peuvent les conduire à l'emploi. Mais cela se travaille entre spécialistes, entre gens qui connaissent le terrain, et non pas, là, on peut dire, le gouvernement propose mais ce sont les entreprises qui disposent ! Et il faut que nous reprenions ce débat entre partenaires sociaux !
Arnaud Fleury : Je vous écoutais attentivement, effectivement on a bien compris votre argumentaire l'un et l'autre, que le CPE est mort, quelque part, et qu'il a été donc mal conçu, mal préparé, mal vendu par le Premier ministre, mais est-ce qu'il faut, quand même, comme cela se fait en Allemagne, comme cela se fait en Italie, des contrats avec une forte période d'essai ? Est-ce que, quand même, il faut prévoir cela aujourd'hui, dans l'arsenal législatif social français ?
Bernard van Craeynest : Je crois que les différents systèmes mis en oeuvre, que ce soit les CDD, l'intérim, voire le CDI avec la période d'essai renouvelable, permettent quand même de se faire une idée, pour un chef d'entreprise, sur la qualité du jeune qu'il recrute, son savoir-faire, son savoir être ! Et je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut systématiquement copier sur ce qui se fait à l'étranger. Il faut analyser la culture, l'état des lieux dans notre pays et je crois que nous avons, quand même, un long chemin à parcourir pour faire en sorte que les mentalités évoluent ! il ne s'agit pas d'appliquer, de plaquer du jour au lendemain, un modèle pour le plaisir de dire ? Tiens, cela marche à tel endroit, cela doit forcément marcher chez nous ??
Arnaud Fleury : Alors Jean-François Veysset, qu'est-ce que vous pensez de ce que dit Bernard van Craeynest ? Quand il dit qu'on n'a pas besoin de contrats spécifiquement souples, que ce soit pour les jeunes ou pour les autres, vous avez vu qu'en Italie, il y a, par exemple, ce qu'on appelle ? les contrats liés à un projet de l'entreprise ?, c'est-à-dire que c'est avec ou sans durée fixe à l'avance et cela peut être interrompu par l'employeur ou reconduit plusieurs fois de suite sans limitation, en gros selon la conjoncture? Pour vous, la CGPME, il faut des contrats souples ?
Jean-François Veysset : Il faut des contrats souples, ils existent ! Je voudrais rappeler, là, que nous avons négocié entre partenaires sociaux un certain nombre de contrats atypiques, dont les contrats à durée déterminée qui permettent de faire face à des remplacements, à des périodes heureuses de surcroît de travail, on a également les contrats saisonniers. De nombreux jeunes connaissent la valeur de ces contrats, à tel point d'ailleurs, que très souvent ces contrats débouchent, par la suite, sur des contrats à durée indéterminée. De même, dans les grandes entreprises, ceux qui ont déjà effectué des stages, ces stages ont quand même permis de juger ces jeunes, quelque part, d'avoir déjà une première période d'essai, ce n'est pas pour autant qu'on a à reconduire une période longue. Il existe, à travers les conventions collectives, un certain nombre d'accords qui fixent des périodes d'essai renouvelables, je crois qu'il faut les faire fonctionner de manière correcte, pour que dans ces entreprises, déjà, d'un certain volume, on évite d'avoir recours aux prud'hommes ou aux juridictions d'appel. Ne mélangeons pas ce qui était attendu dans les plus petites entreprises et la manière dont les ressources humaines sont gérées dans des entreprises d'une dimension plus importante.
source http://www.cfecgc.org, le 24 mars 2006BFM
Le 22/03/2006
Fabrice Lundy : C'est toujours le blocage autour du CPE, Nicolas Sarkozy assure qu'il ne quittera pas le gouvernement, si la crise du Contrat Première Embauche devait s'aggraver. Mais le président de l'UMP préconise tout de même une expérimentation sur six mois de ce contrat, solution de sagesse dit-il qui permettra à chacun de ne pas perdre la face. Dominique de Villepin, cet après-midi à l'Assemblée, dit comprendre ce que ressentent et ce que disent les jeunes dans notre pays et il affirme vouloir avancer avec les partenaires sociaux sans à priori sur le CPE, comment vous interprétez ces propos, c'est un pas en avant vers vous ?
Bernard van Craeynest : Il serait tant, nous l'interprétons avec une certaine circonspection parce que vous savez nous sommes soumis au régime à la douche écossaise, depuis un certain nombre de jours, pour ne pas dire de semaine, tantôt, on a le sentiment qu'il y a quelques avancées, comme c'était le cas lundi, on voulait ramener la période d'essai à un an. On voulait expliquer l'éventuel rupture du contrat et puis hier soir, on découvre qu'il n'est pas question de supprimer, de suspendre ou de dénaturer le CPE. Donc face à tout cela, pour notre part, nous restons sur nos positions. Je vous rappelle que le 12 mars, suite à son intervention sur TF1, nous avions indiqué que d'une part, ces propositions nous semblaient peu crédibles et plutôt floues. Et qu'en tout état de cause, si nous voulions avancer dans ce dossier, il fallait que nous puissions y voir clair avec des documents écrits et étayés, nous attendons toujours.
FL : Donc une fois que vous serez un petit peu plus fixé, une fois que vous aurez retrouvé confiance, qu'est-ce qu'il faudrait justement, pour que vous vous asseyez autour de la table de Dominique de Villepin ? Qu'est-ce que vous lui demandez justement ? Est-ce que vous êtes prêt à discuter justement, d'une période expérimentale de six mois, comme le propose Nicolas Sarkozy ou d'une réduction de la période d'essai de deux à un an, par exemple, la motivation des causes de licenciements, qu'est-ce que vous demandez précisément en premier, sachant que Dominique de Villepin, évidemment, vous avez compris le gouvernement veut maintenir le principe du CPE ?
BVC : Oui alors déjà, ce qui est très regrettable dans cette affaire, c'est que la CFE-CGC, dès le 16 janvier avait fait preuve d'ouverture, en ne rejetant pas à priori, le CPE mais en proposant au Premier ministre un certain nombre d'aménagements. Nous constatons que nous avons perdu plus de deux mois et que nous sommes face à une crise sociale majeure. Donc vous avez raison, il va bien falloir en sortir, ce que nous voulons faire observer ou tout au moins rappeler parce que nous l'avons largement formulé, c'est que le CPE, ça a d'ailleurs été confirmé par les prises de positions des uns et des autres, ne s'adressent aux grandes entreprises, s'adressent plutôt aux très petites, petites entreprises, dès lors c'est avec ces représentants qu'il faut voir dans quel état d'esprit ils sont. Comment il compte y recourir, et il faut que nous obtenions un certain nombre de garanties quant à son utilisation. Pour ce qui est de la période d'expérimentation de six mois, c'est une proposition parmi tant d'autre, elle a le mérite d'exister, mais six mois, objectivement, ça nous semble un peu juste pour avoir suffisamment de recul. Mais enfin, après tout, comme monsieur de Villepin nous dit que cela va contribuer à créer beaucoup d'emplois, il est clair que nous pourrions sur ce point en six mois, déjà y voir, voir ce que cela apporte dans le dispositif et l'arsenal des contrats de travail.
FL : Oui alors justement, ça c'est le CPE, mais depuis le mois d'août, je rappelle que vous êtes le président de la CGC, existe le Contrat Nouvelle Embauche, avec 355 000 intentions d'embauches qui ont déjà été recensées donc jusqu'au mois de février. Quand on lit Le Monde, cet après-midi on apprend que la chancellerie, donc le ministère de la Justice donne instruction au Procureur s'assurer un suivi des procédures engagées devant les Prud'hommes. On voit finalement, le Parquet, le Parquet Civil des Prud'hommes, se transformer un petit peu en avocat, un avocat du Contrat Nouvelle Embauche. Est-ce que vous avez entendu parler de ces instructions qui ont été données dans les Prud'hommes ?
BVC : Non, à ma connaissance pour l'heure, je n'ai pas d'information précise sur ce sujet, mais il est clair que cela démontre, que chacun craint que les ruptures de? il en serait de même évidemment avec le CPE, conduisent à des contentieux, ce qui, nous le savons tous est un des obstacles, un des freins psychologiques des employeurs pour créer de l'emploi. Donc ça signifie bien qu'il est indispensable que nous clarifions cette situation, que nous, nous mettions autour d'une table pour voir comment on peut agir. Mais n'oublions jamais une chose, monsieur de Villepin veut démontrer qu'il est très volontariste pour résoudre les problèmes de l'emploi en France, ce qu'on n'a pas toujours su faire depuis tant d'années. N'oublions jamais que le gouvernement éventuellement propose, mais ce sont les entreprises qui disposent et nous sommes face à une vraie crise de confiance dans ce pays et il est indispensable à notre sens, de faire en sorte que les partenaires sociaux, ceux qui sont les acteurs de terrain quotidien puissent se mettre autour d'une table pour faire en sorte qu'on définisse dans quelles conditions on travaille dans notre pays.
FL : En un mot, l'ampleur de la manif, de la mobilisation de mardi prochain ?
BVC : Tels que les événements se déroulent et en particulier avec ses volte-face de Matignon, on peut s'attendre quand même à ce que le mouvement aille en s'amplifiant, ce que nous avons constaté au fil des différentes manifestations, notamment depuis le 7 mars, et là je crois qu'effectivement, si on veut en particulier créer les conditions, renouer le dialogue et rétablir un climat de confiance, il est indispensable qu'on s'y mette rapidement. Parce que sinon ça risque de dégénérer. Source http://www.cfecgc.org, le 28 mars 2006
Le 22/03/2006
Gilles Moreau : Au sommaire des ?Grands débats? : ? quel avenir pour le Contrat Première Embauche dans la situation de blocage qui est celle d'aujourd'hui ?
Arnaud Fleury : Jean-François Veysset, vice-président de la CGPME et Bernard van Craeynest, président de la CFE-CGC, pour un débat sans concession, organisation syndicale contre organisation patronale. Alors, qu'est-ce que vous pensez, quand même, l'un et l'autre, des propositions qui auraient pu émerger, semble-t-il ?c'est ce qu'on avait cru comprendre hier lorsque le Premier ministre avait rencontré un certain nombre de patrons? qui aurait été, si c'était englobé, dans le Contrat de Première Embauche, de possibles propositions, cela aurait été une justification du licenciement d'une part et d'autre part, d'abaisser la période d'essai de deux à un an. Est-ce que, avec cela, monsieur van Craeynest, vous auriez pu vous déclarer satisfait ou vous êtes toujours dans cette logique, quoi qu'il en soit, de retirer le CPE ?
Bernard van Craeynest : Ecoutez, pour être clair, je crois que nous en sommes arrivés à une situation d'opposition frontale et je rejoins Jean-François Veysset sur les graves conséquences de ces affrontements. Il est bien évident que lorsque l'on voit les voitures brûler, des gens qui s'affrontent, des blessés de part et d'autre, et des commerces détruits, cela n'est pas une situation satisfaisante et durable. Mais quand on est dans cette situation de blocage qui n'est pas de notre fait, il faut que nous trouvions des terrains d'entente ! Une troisième voie ! Et c'est pour cela que j'ai proposé que nous puissions nous retrouver au Conseil économique et social, qui est la représentation de la société civile, les entreprises privées, les entreprises publiques, les représentants des salariés, les associations, l'artisanat, de manière à ce que nous approfondissions ce que vous qualifiiez tout à l'heure, à propos du rapport sur l'insertion des jeunes issus de l'enseignement supérieur, de ? mesures qui ne répondent pas à la situation actuelle ?? Si ! il y a un constat qui est fait qui est que les jeunes, aujourd'hui, souffrent de ne pas connaître le monde de l'entreprise, ils ont peur de rentrer dans la vie active, ils ne connaissent pas bien les vrais débouchés qu'offrent les différentes filières et là aussi, je rejoins tout à fait Jean-François Veysset, sur la nécessité de professionnaliser nos jeunes, de les orienter vers les bonnes pistes qui peuvent les conduire à l'emploi. Mais cela se travaille entre spécialistes, entre gens qui connaissent le terrain, et non pas, là, on peut dire, le gouvernement propose mais ce sont les entreprises qui disposent ! Et il faut que nous reprenions ce débat entre partenaires sociaux !
Arnaud Fleury : Je vous écoutais attentivement, effectivement on a bien compris votre argumentaire l'un et l'autre, que le CPE est mort, quelque part, et qu'il a été donc mal conçu, mal préparé, mal vendu par le Premier ministre, mais est-ce qu'il faut, quand même, comme cela se fait en Allemagne, comme cela se fait en Italie, des contrats avec une forte période d'essai ? Est-ce que, quand même, il faut prévoir cela aujourd'hui, dans l'arsenal législatif social français ?
Bernard van Craeynest : Je crois que les différents systèmes mis en oeuvre, que ce soit les CDD, l'intérim, voire le CDI avec la période d'essai renouvelable, permettent quand même de se faire une idée, pour un chef d'entreprise, sur la qualité du jeune qu'il recrute, son savoir-faire, son savoir être ! Et je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut systématiquement copier sur ce qui se fait à l'étranger. Il faut analyser la culture, l'état des lieux dans notre pays et je crois que nous avons, quand même, un long chemin à parcourir pour faire en sorte que les mentalités évoluent ! il ne s'agit pas d'appliquer, de plaquer du jour au lendemain, un modèle pour le plaisir de dire ? Tiens, cela marche à tel endroit, cela doit forcément marcher chez nous ??
Arnaud Fleury : Alors Jean-François Veysset, qu'est-ce que vous pensez de ce que dit Bernard van Craeynest ? Quand il dit qu'on n'a pas besoin de contrats spécifiquement souples, que ce soit pour les jeunes ou pour les autres, vous avez vu qu'en Italie, il y a, par exemple, ce qu'on appelle ? les contrats liés à un projet de l'entreprise ?, c'est-à-dire que c'est avec ou sans durée fixe à l'avance et cela peut être interrompu par l'employeur ou reconduit plusieurs fois de suite sans limitation, en gros selon la conjoncture? Pour vous, la CGPME, il faut des contrats souples ?
Jean-François Veysset : Il faut des contrats souples, ils existent ! Je voudrais rappeler, là, que nous avons négocié entre partenaires sociaux un certain nombre de contrats atypiques, dont les contrats à durée déterminée qui permettent de faire face à des remplacements, à des périodes heureuses de surcroît de travail, on a également les contrats saisonniers. De nombreux jeunes connaissent la valeur de ces contrats, à tel point d'ailleurs, que très souvent ces contrats débouchent, par la suite, sur des contrats à durée indéterminée. De même, dans les grandes entreprises, ceux qui ont déjà effectué des stages, ces stages ont quand même permis de juger ces jeunes, quelque part, d'avoir déjà une première période d'essai, ce n'est pas pour autant qu'on a à reconduire une période longue. Il existe, à travers les conventions collectives, un certain nombre d'accords qui fixent des périodes d'essai renouvelables, je crois qu'il faut les faire fonctionner de manière correcte, pour que dans ces entreprises, déjà, d'un certain volume, on évite d'avoir recours aux prud'hommes ou aux juridictions d'appel. Ne mélangeons pas ce qui était attendu dans les plus petites entreprises et la manière dont les ressources humaines sont gérées dans des entreprises d'une dimension plus importante.
source http://www.cfecgc.org, le 24 mars 2006BFM
Le 22/03/2006
Fabrice Lundy : C'est toujours le blocage autour du CPE, Nicolas Sarkozy assure qu'il ne quittera pas le gouvernement, si la crise du Contrat Première Embauche devait s'aggraver. Mais le président de l'UMP préconise tout de même une expérimentation sur six mois de ce contrat, solution de sagesse dit-il qui permettra à chacun de ne pas perdre la face. Dominique de Villepin, cet après-midi à l'Assemblée, dit comprendre ce que ressentent et ce que disent les jeunes dans notre pays et il affirme vouloir avancer avec les partenaires sociaux sans à priori sur le CPE, comment vous interprétez ces propos, c'est un pas en avant vers vous ?
Bernard van Craeynest : Il serait tant, nous l'interprétons avec une certaine circonspection parce que vous savez nous sommes soumis au régime à la douche écossaise, depuis un certain nombre de jours, pour ne pas dire de semaine, tantôt, on a le sentiment qu'il y a quelques avancées, comme c'était le cas lundi, on voulait ramener la période d'essai à un an. On voulait expliquer l'éventuel rupture du contrat et puis hier soir, on découvre qu'il n'est pas question de supprimer, de suspendre ou de dénaturer le CPE. Donc face à tout cela, pour notre part, nous restons sur nos positions. Je vous rappelle que le 12 mars, suite à son intervention sur TF1, nous avions indiqué que d'une part, ces propositions nous semblaient peu crédibles et plutôt floues. Et qu'en tout état de cause, si nous voulions avancer dans ce dossier, il fallait que nous puissions y voir clair avec des documents écrits et étayés, nous attendons toujours.
FL : Donc une fois que vous serez un petit peu plus fixé, une fois que vous aurez retrouvé confiance, qu'est-ce qu'il faudrait justement, pour que vous vous asseyez autour de la table de Dominique de Villepin ? Qu'est-ce que vous lui demandez justement ? Est-ce que vous êtes prêt à discuter justement, d'une période expérimentale de six mois, comme le propose Nicolas Sarkozy ou d'une réduction de la période d'essai de deux à un an, par exemple, la motivation des causes de licenciements, qu'est-ce que vous demandez précisément en premier, sachant que Dominique de Villepin, évidemment, vous avez compris le gouvernement veut maintenir le principe du CPE ?
BVC : Oui alors déjà, ce qui est très regrettable dans cette affaire, c'est que la CFE-CGC, dès le 16 janvier avait fait preuve d'ouverture, en ne rejetant pas à priori, le CPE mais en proposant au Premier ministre un certain nombre d'aménagements. Nous constatons que nous avons perdu plus de deux mois et que nous sommes face à une crise sociale majeure. Donc vous avez raison, il va bien falloir en sortir, ce que nous voulons faire observer ou tout au moins rappeler parce que nous l'avons largement formulé, c'est que le CPE, ça a d'ailleurs été confirmé par les prises de positions des uns et des autres, ne s'adressent aux grandes entreprises, s'adressent plutôt aux très petites, petites entreprises, dès lors c'est avec ces représentants qu'il faut voir dans quel état d'esprit ils sont. Comment il compte y recourir, et il faut que nous obtenions un certain nombre de garanties quant à son utilisation. Pour ce qui est de la période d'expérimentation de six mois, c'est une proposition parmi tant d'autre, elle a le mérite d'exister, mais six mois, objectivement, ça nous semble un peu juste pour avoir suffisamment de recul. Mais enfin, après tout, comme monsieur de Villepin nous dit que cela va contribuer à créer beaucoup d'emplois, il est clair que nous pourrions sur ce point en six mois, déjà y voir, voir ce que cela apporte dans le dispositif et l'arsenal des contrats de travail.
FL : Oui alors justement, ça c'est le CPE, mais depuis le mois d'août, je rappelle que vous êtes le président de la CGC, existe le Contrat Nouvelle Embauche, avec 355 000 intentions d'embauches qui ont déjà été recensées donc jusqu'au mois de février. Quand on lit Le Monde, cet après-midi on apprend que la chancellerie, donc le ministère de la Justice donne instruction au Procureur s'assurer un suivi des procédures engagées devant les Prud'hommes. On voit finalement, le Parquet, le Parquet Civil des Prud'hommes, se transformer un petit peu en avocat, un avocat du Contrat Nouvelle Embauche. Est-ce que vous avez entendu parler de ces instructions qui ont été données dans les Prud'hommes ?
BVC : Non, à ma connaissance pour l'heure, je n'ai pas d'information précise sur ce sujet, mais il est clair que cela démontre, que chacun craint que les ruptures de? il en serait de même évidemment avec le CPE, conduisent à des contentieux, ce qui, nous le savons tous est un des obstacles, un des freins psychologiques des employeurs pour créer de l'emploi. Donc ça signifie bien qu'il est indispensable que nous clarifions cette situation, que nous, nous mettions autour d'une table pour voir comment on peut agir. Mais n'oublions jamais une chose, monsieur de Villepin veut démontrer qu'il est très volontariste pour résoudre les problèmes de l'emploi en France, ce qu'on n'a pas toujours su faire depuis tant d'années. N'oublions jamais que le gouvernement éventuellement propose, mais ce sont les entreprises qui disposent et nous sommes face à une vraie crise de confiance dans ce pays et il est indispensable à notre sens, de faire en sorte que les partenaires sociaux, ceux qui sont les acteurs de terrain quotidien puissent se mettre autour d'une table pour faire en sorte qu'on définisse dans quelles conditions on travaille dans notre pays.
FL : En un mot, l'ampleur de la manif, de la mobilisation de mardi prochain ?
BVC : Tels que les événements se déroulent et en particulier avec ses volte-face de Matignon, on peut s'attendre quand même à ce que le mouvement aille en s'amplifiant, ce que nous avons constaté au fil des différentes manifestations, notamment depuis le 7 mars, et là je crois qu'effectivement, si on veut en particulier créer les conditions, renouer le dialogue et rétablir un climat de confiance, il est indispensable qu'on s'y mette rapidement. Parce que sinon ça risque de dégénérer. Source http://www.cfecgc.org, le 28 mars 2006