Texte intégral
Monsieur le Premier ministre, Madame,
Madame le Ministre d'Etat, chère Simone Veil,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Permettez-moi d'abord de vous dire le plaisir et surtout l'honneur qui est le nôtre de vous accueillir ce soir, Monsieur le Premier ministre, au Quai d'Orsay.
Que vous ayez choisi la France pour votre première visite officielle en Europe depuis que vous avez repris en charge les destinées de Maurice, est une marque renouvelée des liens étroits qui unissent nos deux pays depuis si longtemps. Je sais la part personnelle qui vous revient dans ce choix, et je voudrais ce soir vous en remercier très sincèrement.
J'ajoute que je suis particulièrement heureux d'accueillir ce soir par la même occasion un confrère médecin ayant choisi comme moi la carrière politique, ce qui nous éloigne tous deux quelque peu de notre domaine d'origine.
La relation entre Maurice et la France est marquée bien sûr par une complicité de langue et de culture qui plonge ses racines dans une histoire commune. Mais elle illustre surtout la conviction partagée de l'importance et du lien entre développement économique, démocratie et Droits de l'Homme.
Permettez-moi de saluer ici la mémoire de votre père, Sir Seewoosagur Ramgoolam, qui a conduit votre pays à l'indépendance en 1968 et oeuvré à l'enracinement de la démocratie mauricienne, laquelle entame aujourd'hui sa quatrième alternance du pouvoir.
Cette exemplarité démocratique, Monsieur le Premier ministre, mérite d'être soulignée. Elle va de pair avec une réussite économique et commerciale exceptionnelle qui, en une trentaine d'années, a fait de Maurice un acteur et un partenaire de premier plan dans la région.
De fait, votre pays illustre de façon emblématique une conviction essentielle des autorités françaises. L'aide seule ne peut suffire à assurer le développement durable d'un pays. C'est au contraire en confortant en priorité ses facteurs humains et financiers qu'on peut espérer favoriser une croissance économique autonome, et surtout assurer une intégration réussie dans les circuits financiers et commerciaux du monde.
C'est pourquoi, aujourd'hui, la France est particulièrement attentive à l'évolution de la situation économique de votre pays.
Confronté à la fois à la hausse du cours du baril et à l'érosion des préférences commerciales qui avaient facilité son décollage économique - suppression effective pour les textiles et annoncée pour le sucre -, Maurice entre désormais dans une phase nouvelle de son développement.
Là encore, il vous revient de montrer l'exemple. Nous sommes convaincus de votre réussite. La restructuration économique dans laquelle vous entendez engager votre pays repose, Monsieur le Premier ministre, en effet sur de solides atouts, une grande capacité d'adaptation et d'ouverture, et surtout une volonté politique irremplaçable.
Partenaire des temps difficiles, la France reste aujourd'hui encore votre partenaire privilégié dans le domaine économique : premier investisseur, premier pays de provenance des touristes, premier pays enfin, et c'est pour moi essentiel, de destination de vos étudiants. Ce sont là des réalités qui témoignent de la solidité de nos liens.
Au-delà de ce bilan, vous pouvez être assuré pour l'avenir de notre volonté de poursuivre cette relation privilégiée qui se fonde sur des intérêts mutuels et partagés. Ce soutien de la France est déjà une réalité auprès des institutions européennes. Sachez que nous y sommes particulièrement actifs pour préserver, en particulier, les intérêts de votre pays dans le cadre de la baisse progressive des prix garantis sur le sucre.
Sur le plan bilatéral, votre délégation présentera vendredi à ma collègue Brigitte Girardin, ainsi qu'aux principaux responsables de l'Agence française de Développement, un plan de restructuration globale de votre économie. Sachez que je suivrai avec la plus grande attention les résultats de cette réunion.
Vous rencontrerez également pendant votre séjour en France de nombreux représentants du secteur privé. Beaucoup sont présents ici ce soir et je les en remercie. Ils sont en effet les premiers acteurs de cette croissance économique qui est indispensable. Je sais l'intérêt qu'éprouvent depuis longtemps pour votre pays, comme aujourd'hui d'ailleurs pour l'ensemble du continent africain, ces grands partenaires que sont en particulier l'Inde et la Chine. C'est bien le signe évident du potentiel considérable que représente désormais, au début du XXIème siècle, le continent africain.
Je salue donc l'attention que vous portez aux investisseurs dans votre pays, et en particulier bien sûr aux investisseurs français. C'est une marque de confiance qui contribue à conforter l'intérêt qui, mieux que tout, fonde une relation durable parce que mutuellement et je dis bien mutuellement satisfaisante.
Vous serez dans deux jours à Toulouse, à l'invitation de la société Airbus et à l'invitation du maire de Toulouse et du président de l'agglomération du grand Toulouse. Chacun connaît les liens qui me rattachent à cette ville et je suis évidemment très heureux que cette étape jalonne votre déplacement en France, comme je suis très heureux de vous y accueillir personnellement, afin que vous soyez l'un des tous premiers visiteurs de la maquette de l'A350, inaugurée seulement la semaine dernière.
Je salue aussi l'aboutissement d'accords entre la Mauritius Broadcasting Corporation et les deux radios françaises RFI et France Inter. Je souhaite rappeler ici que Maurice est l'un des membres fondateurs de la Francophonie. Votre implication pour conforter cette communauté d'appartenance et votre soutien à la promotion de la diversité culturelle sont essentiels et ce que vous m'avez annoncé, en arrivant, sur votre choix concernant la diversité culturelle à l'UNESCO me touche profondément.
Enfin, votre pays exerce depuis quelques jours la présidence annuelle de la Commission de l'Océan Indien, organisation dont vous hébergez également, de manière permanente, le Secrétariat général.
Là encore, cet instrument de coopération entre pays francophones du sud de l'Océan Indien illustre une autre de nos convictions. Dans un monde soumis à la fois au défi de la globalisation mais aussi à la tentation du repli identitaire, tout ce qui concourt à l'intégration régionale est de nature à favoriser à la fois le développement économique et social et à prévenir les risques de conflits.
Marc Twain disait de l'Ile Maurice "qu'elle avait été créée en premier et que le paradis n'en avait été qu'une copie". Au-delà de la beauté de Maurice, célébrée par tant d'artistes renommés, je voudrais saluer ce soir, la vitalité et l'ouverture dont Maurice et les Mauriciens ont toujours fait preuve. Je veux surtout souligner votre capacité de tracer des perspectives, qui fondent durablement votre politique et notre partenariat.
Monsieur le Premier ministre, il y a quelques jours, à Paris, à la demande du président Chirac et du président Lula, nous avions une réunion ministérielle concernant les financements innovants. Des financements qui nous permettront, je l'espère, de trouver ce qu'il faut pour que la globalisation n'entraîne pas toujours plus de pauvreté dans les pays pauvres et toujours plus de richesse dans les pays riches. Nous sommes particulièrement touchés d'avoir appris, lors de cette réunion de Paris, que l'île Maurice faisait partie des treize pays qui avaient immédiatement décidé de contribuer à ces financements innovants, par l'intermédiaire d'une contribution sur les billets d'avion. Nous voudrions vous en remercier chaleureusement.
Monsieur le Premier ministre, Madame le ministre d'Etat, chère Simone Veil, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, chers Amis, permettez-moi de conclure en levant mon verre à la réussite de Maurice, au partenariat exemplaire entre nos deux pays, et à l'amitié sincère qui unit si profondément Maurice à la France.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 2006