Texte intégral
Madame la Ministre, Chère Catherine Tasca
Monsieur le Ministre, Cher Jack Ralite
Monsieur le Président de la Commission des Affaires culturelles su Sénat, Cher Jacques Valade
Monsieur le Directeur, Cher Georges Lavaudant,
Monsieur l'Architecte en chef des Monuments Historiques, Cher Alain-Charles Perrot,
Mesdames, Messieurs,
Ouvrir un théâtre, le voir renaître, le faire revivre, permettre au public, aux artistes, aux techniciens, de l'habiter à nouveau, c'est sans doute l'un des moments d'émotion les plus forts, les plus intenses, l'un des actes les plus riches de sens pour un ministre de la culture.
C'est aussi l'un des moments les plus émouvants depuis que j'exerce cette responsabilité.
En cet instant, en ce lieu paré à nouveau de toutes ses couleurs, de toutes ses lumières, dans cette salle qui fut, plusieurs fois au cours de ses 224 années d'histoire, la proie des flammes, me revient aussi en mémoire un autre moment d'émotion, mais d'émotion douloureuse et de stupeur : c'était il y a quelques mois, à quelques kilomètres d'ici, un mercredi soir, dans le froid de novembre, aux côtés de Jean-Joël Le Chapelain, de ses équipes et de certains des artistes accueillis, entouré d'habitants et d'élus de la ville de Pontoise et de l'agglomération de Cergy-Pontoise. Nous étions tous stupéfaits que le Théâtre des Louvrais ait subi l'assaut des flammes, de la rage et du désespoir, victime de la flambée de violence qui n'avait pas épargné ce lieu de culture. Ce fut le seul théâtre de France à brûler pendant « la crise des banlieues ». Ma présence sur place allait de soi et je n'ai pas voulu qu'elle soit médiatisée. Mais si je vous en parle aujourd'hui, ici et maintenant, c'est que j'ai vécu la destruction de cette scène nationale, tout comme la renaissance de ce magnifique théâtre national, où nous nous trouvons aujourd'hui rassemblés, comme un moment d'une exceptionnelle et forte intensité. Car c'est un véritable défi, difficile, permanent, nécessaire, lancé à notre énergie collective, à notre volonté commune, que de réaffirmer et réinterroger la place et la fonction du théâtre, la place et la fonction de l'art, la place et la fonction des artistes et des techniciens du spectacle vivant dans la cité, dans notre société, aux moments où elle s'inquiète - et l'exprime avec violence, par la violence, sur son devenir et sur le sens du vivre ensemble.
Et cette salle, plus que d'autres, en est le symbole : oui, l'Odéon, ce lieu de mémoire de l'histoire du théâtre et de l'histoire de France, successivement Théâtre-Français, Théâtre de la Nation, Théâtre de l'Egalité, Théâtre de l'Odéon, Théâtre de Sa Majesté, Théâtre de France, Théâtre de l'Europe, cette salle sans cesse métamorphosée, toujours sous les feux de l'actualité, riche de grands projets que vous venez de rappeler, cher Georges Lavaudant, cette salle, ce monument, redevient enfin ce qu'elle n'a jamais cessé d'être: un théâtre au coeur de la cité !
Depuis que je suis ministre de la culture, je n'ai cessé d'agir afin de défendre cette même vocation, de reconquérir cette même mission, d'affirmer cette même ambition : l'art et le spectacle vivant sont indissociables de la cité. Oui, on le sait, ici à l'Odéon et depuis la Grèce, au sens de la cité responsable, le théâtre est politique, il est civique, il est le frère jumeau de la démocratie.
Les travaux qui ont été accomplis ici par l'EMOC portent la marque éclatante de l'engagement de l'Etat, de la collectivité nationale, envers ce lieu unique de patrimoine, qui est aussi un lieu de création, de représentation, de présence réelle des acteurs sur la scène, face au public.
Je n'oublie pas que ce lieu fut celui du triomphe de Beaumarchais, mais aussi, plus près de nous, de Jean Genet, contre tous les despotismes, tous les privilèges, tous les conformismes, tous les cynismes et tous les pouvoirs. Beaumarchais disait du Mariage de Figaro créé ici-même, cette phrase qui était proprement révolutionnaire : « Le roi ne veut pas qu'on la joue, donc on la jouera ». A force d'activité, d'énergie, de persévérance, de résistance, d'effervescence, d'insolence, d'impudence parfois, Beaumarchais nous légua, en plus de son oeuvre et de son esprit, un autre acquis révolutionnaire : le droit d'auteur.
Un droit que j'ai défendu ces dernières semaines à l'Assemblée nationale et que je m'apprête à défendre à nouveau à deux pas d'ici, au Sénat où, il y a quarante ans, André Malraux défendait Les Paravents. Je continuerai donc à me battre pour faire reconnaître les droits, et notamment le droit à une juste rémunération du travail, comme les libertés des auteurs qui sont à la source de toute création. A l'ère numérique comme au temps de Beaumarchais.
Et c'est dans ce même esprit de défense des créateurs, des artistes, des techniciens, dans leur fonction éminente pour toute société, de défense de leurs talents, de leurs emplois, de leurs activités, que j'ai obtenu, vous le savez, la validation par l'Union européenne de notre système de soutien au cinéma. Une victoire remportée le jour même où le conseil des ministres validait le projet de loi de ratification de la convention pour la diversité culturelle, adoptée le 21 octobre dernier par la conférence générale de l'Unesco, voulue par la France, et par laquelle la communauté internationale reconnaît que les oeuvres de l'esprit ne sont pas des marchandises comme les autres et que les Etats sont fondés à les soutenir par des règles et des dispositifs qui ne peuvent obéir aux seules lois du marché ou de la rentabilité.
Il s'agit toujours pour moi de la même mission, du même objectif : faire reconnaître les droits et les talents des créateurs et des artistes, à qui nous devons le rayonnement de notre culture dans notre société, dans notre pays comme à l'échelle internationale, sur les plateaux de nos théâtres comme dans l'espace public. Partout et peut-être surtout là où les craquements, les intolérances, les désespérances et les intégrismes sévissent.
Oui, depuis deux ans, je n'ai de cesse de promouvoir une véritable politique de l'emploi pour le secteur du spectacle vivant et enregistré. La négociation en cours de l'assurance chômage des artistes et des techniciens en est l'aspect essentiel, au sein d'un tout cohérent, d'une politique de l'emploi qui est structurée d'abord, à côté du soutien à l'activité, par les conventions collectives, dont c'est le rôle naturel, par la lutte contre les abus, par l'exercice nécessaire de la solidarité nationale au bénéfice des artistes et des techniciens, pour compléter la solidarité interprofessionnelle et pour éviter le développement d'une précarité insupportable pour un pays développé comme le nôtre et indigne de nous, qui défendons, partout dans le monde, la diversité culturelle, la place de la culture dans la société et l'économie, et le rôle de régulation de l'Etat. Tel est le sens des propositions précises et concrètes que j'ai présentées la semaine dernière devant les commissions des affaires culturelles de l'Assemblée nationale et du Sénat et sur lesquelles j'ai consulté, ces derniers jours, chacune des organisations syndicales du secteur.
Tel est le sens de mon engagement constant en faveur du dialogue social, auquel je veux toujours donner toutes les chances, de se tenir d'abord, de vivre ensuite, d'aboutir enfin. Tel est le sens du combat que je mène pour le respect d'un statut spécifique pour les artistes et les techniciens.
Je crois et je me bats pour un rôle accru de l'Etat et des collectivités territoriales pour conjuguer tous leurs efforts, avec ceux des partenaires sociaux et de tous les partenaires du secteur, afin de construire et de mettre en oeuvre ensemble une véritable politique de l'emploi culturel.
Au moment où la négociation du régime spécifique de l'assurance chômage des artistes et des techniciens, ainsi placé dans le cadre d'une politique d'ensemble de l'emploi dans le spectacle, doit arriver prochainement à son terme, j'appelle avec gravité, ici, devant vous, chacun à prendre toutes ses responsabilités comme je prendrai toutes les miennes. Il y a le temps de l'expertise. Celui de la négociation qui est en cours et que je respecte. Il y a maintenant le temps nécessaire du passage à l'acte. Les artistes et les techniciens, leurs employeurs, leurs organisations représentatives, les confédérations interprofessionnelles d'employeurs et de salariés qui ont la responsabilité éminente de définir un nouveau régime d'assurance chômage pour les artistes et les techniciens, les élus de la nation et des collectivités territoriales savent que je suis un homme d'engagement. Je réaffirme devant vous l'engagement solennel du Gouvernement de Dominique de Villepin pour un système équitable et pérenne de soutien à l'emploi dans le spectacle et pour la part que doit y prendre l'Etat. Pour l'emploi, pour la création, pour la culture, pour la France. Avec le souci de la situation individuelle et des spécificités de chaque secteur artistique. A ce jour, grâce aux dispositions que j'ai mises en place, 23528 artistes et techniciens ont été réintégrés dans leurs droits.
Je tenais à vous le dire dans ce lieu emblématique et exemplaire de ma politique culturelle.
Pour conclure, je suis particulièrement heureux et fier de souligner au moment où il s'anime à nouveau, que ce théâtre vivant, que ce lieu de création bénéficie désormais de deux salles dédiées à des formats artistiques très variés. Avec cette salle historique et grâce à l'attribution des ateliers Berthier à l'Odéon que j'ai décidé, cher Georges Lavaudant, ce théâtre national pourra programmer pour de longues séries, les grands spectacles du théâtre européen et international, accueillir en résidence la compagnie d'André Engel, et ouvrir plus largement ses portes aux compagnies indépendantes et aux théâtres de la décentralisation, centres dramatiques nationaux ou scènes nationales. Une manifestation annuelle du Jeune Théâtre National, y trouvera également sa place et un jeune artiste y sera chaque année associé.
L'association de l'Odéon « historique et rayonnant d'un éclat particulier » - au coeur de ce quartier du centre de Paris - avec les ateliers Berthier aura également un effet très bénéfique sur la recherche et l'accueil de nouveaux publics, comme sur la mixité des spectateurs, quelle que soit leur origine et à quelque génération qu'ils appartiennent - et je salue particulièrement les jeunes collégiens que vous avez invités aujourd'hui.
A son ouverture, cette salle avait 1913 places. « Les sourds disent qu'on n'y entend pas ; les cacochymes, qu'il y fait froid ; les jolies femmes, qu'on n'y voit goutte ; les jeunes gens, que le parquet y est trop cher ; ce sont les seuls qui ont raison. » Ainsi Métra décrivait cette salle, le 2 janvier 1783, dans sa Correspondance secrète, politique et littéraire.
Chers spectateurs de l'Odéon, ce théâtre restauré, avec ses deux salles et ses ateliers, concilie enfin les exigences patrimoniales, les exigences scénographiques contemporaines, et le confort moderne qui permettront à tous les publics d'aller avec bonheur à la rencontre de la création française et européenne.
Comme l'écrit le grand dramaturge anglais Edward Bond, que je rencontrerai bientôt avec le Ministre de l'Education nationale afin de lui témoigner mon admiration et ma reconnaissance pour son engagement dans de nombreux projets d'éducation artistique et culturelle, autre facette essentielle de l'action des théâtres publics et autre priorité de l'Etat :
« Il n'y a pas de médicament, de traitement pour devenir humain : nous devons en permanence recréer notre humanité et le théâtre est le lieu où se recrée cette humanité. »
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 avril 2006
Monsieur le Ministre, Cher Jack Ralite
Monsieur le Président de la Commission des Affaires culturelles su Sénat, Cher Jacques Valade
Monsieur le Directeur, Cher Georges Lavaudant,
Monsieur l'Architecte en chef des Monuments Historiques, Cher Alain-Charles Perrot,
Mesdames, Messieurs,
Ouvrir un théâtre, le voir renaître, le faire revivre, permettre au public, aux artistes, aux techniciens, de l'habiter à nouveau, c'est sans doute l'un des moments d'émotion les plus forts, les plus intenses, l'un des actes les plus riches de sens pour un ministre de la culture.
C'est aussi l'un des moments les plus émouvants depuis que j'exerce cette responsabilité.
En cet instant, en ce lieu paré à nouveau de toutes ses couleurs, de toutes ses lumières, dans cette salle qui fut, plusieurs fois au cours de ses 224 années d'histoire, la proie des flammes, me revient aussi en mémoire un autre moment d'émotion, mais d'émotion douloureuse et de stupeur : c'était il y a quelques mois, à quelques kilomètres d'ici, un mercredi soir, dans le froid de novembre, aux côtés de Jean-Joël Le Chapelain, de ses équipes et de certains des artistes accueillis, entouré d'habitants et d'élus de la ville de Pontoise et de l'agglomération de Cergy-Pontoise. Nous étions tous stupéfaits que le Théâtre des Louvrais ait subi l'assaut des flammes, de la rage et du désespoir, victime de la flambée de violence qui n'avait pas épargné ce lieu de culture. Ce fut le seul théâtre de France à brûler pendant « la crise des banlieues ». Ma présence sur place allait de soi et je n'ai pas voulu qu'elle soit médiatisée. Mais si je vous en parle aujourd'hui, ici et maintenant, c'est que j'ai vécu la destruction de cette scène nationale, tout comme la renaissance de ce magnifique théâtre national, où nous nous trouvons aujourd'hui rassemblés, comme un moment d'une exceptionnelle et forte intensité. Car c'est un véritable défi, difficile, permanent, nécessaire, lancé à notre énergie collective, à notre volonté commune, que de réaffirmer et réinterroger la place et la fonction du théâtre, la place et la fonction de l'art, la place et la fonction des artistes et des techniciens du spectacle vivant dans la cité, dans notre société, aux moments où elle s'inquiète - et l'exprime avec violence, par la violence, sur son devenir et sur le sens du vivre ensemble.
Et cette salle, plus que d'autres, en est le symbole : oui, l'Odéon, ce lieu de mémoire de l'histoire du théâtre et de l'histoire de France, successivement Théâtre-Français, Théâtre de la Nation, Théâtre de l'Egalité, Théâtre de l'Odéon, Théâtre de Sa Majesté, Théâtre de France, Théâtre de l'Europe, cette salle sans cesse métamorphosée, toujours sous les feux de l'actualité, riche de grands projets que vous venez de rappeler, cher Georges Lavaudant, cette salle, ce monument, redevient enfin ce qu'elle n'a jamais cessé d'être: un théâtre au coeur de la cité !
Depuis que je suis ministre de la culture, je n'ai cessé d'agir afin de défendre cette même vocation, de reconquérir cette même mission, d'affirmer cette même ambition : l'art et le spectacle vivant sont indissociables de la cité. Oui, on le sait, ici à l'Odéon et depuis la Grèce, au sens de la cité responsable, le théâtre est politique, il est civique, il est le frère jumeau de la démocratie.
Les travaux qui ont été accomplis ici par l'EMOC portent la marque éclatante de l'engagement de l'Etat, de la collectivité nationale, envers ce lieu unique de patrimoine, qui est aussi un lieu de création, de représentation, de présence réelle des acteurs sur la scène, face au public.
Je n'oublie pas que ce lieu fut celui du triomphe de Beaumarchais, mais aussi, plus près de nous, de Jean Genet, contre tous les despotismes, tous les privilèges, tous les conformismes, tous les cynismes et tous les pouvoirs. Beaumarchais disait du Mariage de Figaro créé ici-même, cette phrase qui était proprement révolutionnaire : « Le roi ne veut pas qu'on la joue, donc on la jouera ». A force d'activité, d'énergie, de persévérance, de résistance, d'effervescence, d'insolence, d'impudence parfois, Beaumarchais nous légua, en plus de son oeuvre et de son esprit, un autre acquis révolutionnaire : le droit d'auteur.
Un droit que j'ai défendu ces dernières semaines à l'Assemblée nationale et que je m'apprête à défendre à nouveau à deux pas d'ici, au Sénat où, il y a quarante ans, André Malraux défendait Les Paravents. Je continuerai donc à me battre pour faire reconnaître les droits, et notamment le droit à une juste rémunération du travail, comme les libertés des auteurs qui sont à la source de toute création. A l'ère numérique comme au temps de Beaumarchais.
Et c'est dans ce même esprit de défense des créateurs, des artistes, des techniciens, dans leur fonction éminente pour toute société, de défense de leurs talents, de leurs emplois, de leurs activités, que j'ai obtenu, vous le savez, la validation par l'Union européenne de notre système de soutien au cinéma. Une victoire remportée le jour même où le conseil des ministres validait le projet de loi de ratification de la convention pour la diversité culturelle, adoptée le 21 octobre dernier par la conférence générale de l'Unesco, voulue par la France, et par laquelle la communauté internationale reconnaît que les oeuvres de l'esprit ne sont pas des marchandises comme les autres et que les Etats sont fondés à les soutenir par des règles et des dispositifs qui ne peuvent obéir aux seules lois du marché ou de la rentabilité.
Il s'agit toujours pour moi de la même mission, du même objectif : faire reconnaître les droits et les talents des créateurs et des artistes, à qui nous devons le rayonnement de notre culture dans notre société, dans notre pays comme à l'échelle internationale, sur les plateaux de nos théâtres comme dans l'espace public. Partout et peut-être surtout là où les craquements, les intolérances, les désespérances et les intégrismes sévissent.
Oui, depuis deux ans, je n'ai de cesse de promouvoir une véritable politique de l'emploi pour le secteur du spectacle vivant et enregistré. La négociation en cours de l'assurance chômage des artistes et des techniciens en est l'aspect essentiel, au sein d'un tout cohérent, d'une politique de l'emploi qui est structurée d'abord, à côté du soutien à l'activité, par les conventions collectives, dont c'est le rôle naturel, par la lutte contre les abus, par l'exercice nécessaire de la solidarité nationale au bénéfice des artistes et des techniciens, pour compléter la solidarité interprofessionnelle et pour éviter le développement d'une précarité insupportable pour un pays développé comme le nôtre et indigne de nous, qui défendons, partout dans le monde, la diversité culturelle, la place de la culture dans la société et l'économie, et le rôle de régulation de l'Etat. Tel est le sens des propositions précises et concrètes que j'ai présentées la semaine dernière devant les commissions des affaires culturelles de l'Assemblée nationale et du Sénat et sur lesquelles j'ai consulté, ces derniers jours, chacune des organisations syndicales du secteur.
Tel est le sens de mon engagement constant en faveur du dialogue social, auquel je veux toujours donner toutes les chances, de se tenir d'abord, de vivre ensuite, d'aboutir enfin. Tel est le sens du combat que je mène pour le respect d'un statut spécifique pour les artistes et les techniciens.
Je crois et je me bats pour un rôle accru de l'Etat et des collectivités territoriales pour conjuguer tous leurs efforts, avec ceux des partenaires sociaux et de tous les partenaires du secteur, afin de construire et de mettre en oeuvre ensemble une véritable politique de l'emploi culturel.
Au moment où la négociation du régime spécifique de l'assurance chômage des artistes et des techniciens, ainsi placé dans le cadre d'une politique d'ensemble de l'emploi dans le spectacle, doit arriver prochainement à son terme, j'appelle avec gravité, ici, devant vous, chacun à prendre toutes ses responsabilités comme je prendrai toutes les miennes. Il y a le temps de l'expertise. Celui de la négociation qui est en cours et que je respecte. Il y a maintenant le temps nécessaire du passage à l'acte. Les artistes et les techniciens, leurs employeurs, leurs organisations représentatives, les confédérations interprofessionnelles d'employeurs et de salariés qui ont la responsabilité éminente de définir un nouveau régime d'assurance chômage pour les artistes et les techniciens, les élus de la nation et des collectivités territoriales savent que je suis un homme d'engagement. Je réaffirme devant vous l'engagement solennel du Gouvernement de Dominique de Villepin pour un système équitable et pérenne de soutien à l'emploi dans le spectacle et pour la part que doit y prendre l'Etat. Pour l'emploi, pour la création, pour la culture, pour la France. Avec le souci de la situation individuelle et des spécificités de chaque secteur artistique. A ce jour, grâce aux dispositions que j'ai mises en place, 23528 artistes et techniciens ont été réintégrés dans leurs droits.
Je tenais à vous le dire dans ce lieu emblématique et exemplaire de ma politique culturelle.
Pour conclure, je suis particulièrement heureux et fier de souligner au moment où il s'anime à nouveau, que ce théâtre vivant, que ce lieu de création bénéficie désormais de deux salles dédiées à des formats artistiques très variés. Avec cette salle historique et grâce à l'attribution des ateliers Berthier à l'Odéon que j'ai décidé, cher Georges Lavaudant, ce théâtre national pourra programmer pour de longues séries, les grands spectacles du théâtre européen et international, accueillir en résidence la compagnie d'André Engel, et ouvrir plus largement ses portes aux compagnies indépendantes et aux théâtres de la décentralisation, centres dramatiques nationaux ou scènes nationales. Une manifestation annuelle du Jeune Théâtre National, y trouvera également sa place et un jeune artiste y sera chaque année associé.
L'association de l'Odéon « historique et rayonnant d'un éclat particulier » - au coeur de ce quartier du centre de Paris - avec les ateliers Berthier aura également un effet très bénéfique sur la recherche et l'accueil de nouveaux publics, comme sur la mixité des spectateurs, quelle que soit leur origine et à quelque génération qu'ils appartiennent - et je salue particulièrement les jeunes collégiens que vous avez invités aujourd'hui.
A son ouverture, cette salle avait 1913 places. « Les sourds disent qu'on n'y entend pas ; les cacochymes, qu'il y fait froid ; les jolies femmes, qu'on n'y voit goutte ; les jeunes gens, que le parquet y est trop cher ; ce sont les seuls qui ont raison. » Ainsi Métra décrivait cette salle, le 2 janvier 1783, dans sa Correspondance secrète, politique et littéraire.
Chers spectateurs de l'Odéon, ce théâtre restauré, avec ses deux salles et ses ateliers, concilie enfin les exigences patrimoniales, les exigences scénographiques contemporaines, et le confort moderne qui permettront à tous les publics d'aller avec bonheur à la rencontre de la création française et européenne.
Comme l'écrit le grand dramaturge anglais Edward Bond, que je rencontrerai bientôt avec le Ministre de l'Education nationale afin de lui témoigner mon admiration et ma reconnaissance pour son engagement dans de nombreux projets d'éducation artistique et culturelle, autre facette essentielle de l'action des théâtres publics et autre priorité de l'Etat :
« Il n'y a pas de médicament, de traitement pour devenir humain : nous devons en permanence recréer notre humanité et le théâtre est le lieu où se recrée cette humanité. »
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 avril 2006