Texte intégral
Madame,
Monsieur l'Ambassadeur,
Chers Compatriotes et Chers Amis,
Permettez-moi, pour commencer, de saluer chaleureusement chacune et chacun d'entre vous. C'est un grand plaisir pour moi d'être parmi vous ce soir, dans les jardins de notre ambassade, au coeur de Kaboul, dans cet Afghanistan qui partage avec notre pays une longue histoire d'amitié et de solidarité. Vous en êtes aujourd'hui les acteurs et les témoins privilégiés.
Dans de multiples domaines, la France a engagé avec les autorités afghanes une coopération active, et cet engagement a vocation à s'inscrire dans la durée. Nous allons inaugurer, demain matin, l'Institut médical français pour l'enfant de Kaboul, un projet à bien des égards exemplaire de cet engagement.
Il a été lancé il y a trois ans par une ONG française, "La chaîne de l'espoir", et a reçu le soutien immédiat de Madame Bernadette Chirac, qui a posé la première pierre de l'Institut en mai 2003. Et c'est pour moi un réel plaisir et un grand honneur d'être à vos côtés lors de cette inauguration, car je sais combien ce projet vous doit. Il représente une réponse concrète à la maladie et la souffrance des enfants et des mères afghanes, population vulnérable parmi les vulnérables, dont vous connaissez, parce que vous les fréquentez au quotidien, les espoirs et les difficultés.
Je tiens ici à saluer votre dévouement à une cause qui nous concerne tous : celle de la renaissance de l'Afghanistan. Sans doute votre existence ici n'est-elle pas toujours facile tant demeure encore instable l'environnement sécuritaire, économique et social. Mais je sais combien est profond votre attrait pour ce pays si particulier et votre attachement à y vivre et y travailler. Soyez-en assurés : la France vous soutient dans cet engagement et l'estime à sa juste valeur.
Je pense tout d'abord à la famille humanitaire, à ces ONG, dont la plupart oeuvrent ici depuis longtemps, solidaires des Afghans dans les pires moments de l'histoire tragique du pays, et elles-mêmes parfois victimes des violences. Nous avons ainsi rendu hommage ce matin à notre compatriote, Bettina Goislard, qui a payé de sa vie cet engagement. Leur action a été et reste déterminante, notamment dans le domaine de la santé, mais aussi de l'éducation, du développement, de l'agriculture ou de l'assistance aux plus démunis. Le travail que vous avez accompli, les compétences que vous avez déployées sont admirables, et votre détermination vous permet aujourd'hui d'en récolter de premiers fruits. Le taux de scolarisation a considérablement progressé, y compris pour les petites filles ; l'accès aux soins est devenu moins aléatoire. Le développement, en particulier dans le domaine agricole, commence à s'affirmer. L'action énergique que vous menez à Kaboul, mais aussi dans de nombreuses provinces loin d'être toujours sûres ou faciles d'accès, est à l'image de tous ces progrès. Je sais aussi combien le travail que vous réalisez auprès de la société civile est apprécié. Ce sont, à mes yeux, autant d'éléments concrets sur lesquels fonder notre confiance dans l'avenir de l'Afghanistan.
Active, dynamique, notre communauté s'affirme aussi et de plus en plus dans les secteurs économique et commercial. Ses représentants apportent tout leur savoir-faire dans le redémarrage du pays, que ce soit dans le domaine de la communication, des télécoms, ou encore de l'aménagement du territoire et des services.
Dans cette démarche, je sais les difficultés que beaucoup d'entre vous ont affrontées, aussi permettez-moi de rendre hommage à votre curiosité et à votre esprit d'initiative. Votre "pari" fondateur de l'Afghanistan séduit : prometteur, il témoigne de la volonté d'intensifier nos relations économiques et nos échanges commerciaux sur la base d'un partenariat solide et durable que je souhaite ici encourager.
Chers Compatriotes, vous le savez naturellement mieux que quiconque, l'avenir de l'Afghanistan nous concerne tous.
Au sortir d'une longue nuit, les Afghanes et les Afghans aspirent à entrer dans une ère nouvelle et à retrouver une vie normale. Ils espèrent notre aide ; plus encore, ils la méritent. La communauté internationale partage cette conviction, et je le dis d'autant plus volontiers que nombre de compatriotes dirigent ou animent en Afghanistan des agences ou des institutions relevant de la famille des Nations unies ou de l'Union européenne.
Les femmes afghanes commencent enfin à être reconnues pour leurs mérites et leur courage. Elles sont entrées au Parlement, elles réapparaissent dans l'économie, elles enseignent, elles soignent, et contribuent même à la défense nationale ! Leur rôle est essentiel pour panser des plaies à peine cicatrisées et contribuer au renouveau politique, économique et social du pays.
L'Afghanistan a désormais passé l'étape de sa reconstruction institutionnelle. Il entame aujourd'hui un délicat processus de réconciliation nationale et de consolidation démocratique que nous voulons soutenir et encourager. Mais n'oublions pas non plus les nombreux fléaux que ce pays doit encore affronter, au premier rang desquels la drogue et la violence, dont il faut venir à bout ; faute de quoi, bien des efforts resteront fragiles et inachevés.
Lors de la Conférence de Londres, il y a quelques semaines, j'ai réaffirmé, à la demande du président de la République, au nom de la France, notre engagement au service de la stabilité et du développement de l'Afghanistan, un pays inscrit au coeur d'une région stratégique pour la paix du monde.
Je voudrais, à cette occasion, souligner combien les troupes françaises présentes en Afghanistan dans le cadre de la FIAS ou de l'opération "liberté immuable", remplissent une mission essentielle. Leur présence contribue à renforcer chaque jour la sécurité de l'environnement. Chaque jour, elles se mobilisent contre le terrorisme, qui, de New York à Madrid, de Londres à Casablanca, de Kaboul à Kandahar, est une atteinte à la dignité humaine. Je souhaite rendre hommage ici aux soldats français tombés pour défendre la sécurité en Afghanistan et contribuer, ainsi, à une reconstruction solide et durable. Leur sacrifice ne sera pas oublié.
Monsieur l'Ambassadeur, permettez-moi enfin d'avoir une pensée pour l'ensemble des agents de l'Etat présents ici aujourd'hui.
Vous êtes professeurs, archéologues, assistants techniques, recrutés locaux : chacun d'entre vous porte haut les couleurs de la France, de ses valeurs, de sa vision du monde et de sa culture. Dans ce pays avec lequel nous entretenons depuis des décennies une relation particulière, vous travaillez chaque jour à renforcer un capital de sympathie et une intimité réelle que beaucoup nous envient ! Je sais la qualité de votre engagement et je vous en remercie. Continuez de porter notre message : la consolidation de la paix et d'un avenir plus confiant sur ce territoire est aussi votre oeuvre !
Enfin, je suis heureux de vous annoncer que d'ici la fin de l'année, nos compatriotes auront l'occasion de découvrir sous un nouveau jour à Paris les trésors archéologiques afghans. Nous devons cette exposition à l'excellente coopération de notre délégation archéologique, du musée Guimet et des autorités afghanes. Le président de la République s'en était entretenu en octobre dernier avec le président Karzai, que nous rencontrerons demain. Les choses sont aujourd'hui bien avancées. Je me réjouis de cet événement qui mettra à la portée du plus grand nombre un patrimoine inestimable, et qui représente, à mes yeux, un nouveau témoignage d'amitié entre nos deux pays.
Mes chers compatriotes, que vous soyez résidents à Kaboul, Mazar i Sharif, Hérat ou Djalalabad, votre responsabilité est grande sur la voie de la stabilisation en Afghanistan. Sans doute beaucoup reste à faire pour que les plaies d'hier soient définitivement cicatrisées. Mais, au regard du chemin parcouru, je veux réaffirmer devant vous ma confiance. Avec l'appui d'Etats partenaires comme la France, l'Afghanistan s'est engagé avec conviction sur la voie de la paix et de la renaissance. C'est ce renouveau que vous contribuez à construire, avec une remarquable persévérance, par la force de votre engagement. Et c'est bien cette mobilisation que la France, par mon intermédiaire, entend saluer aujourd'hui, en vous rendant hommage.
Je vous remercie toutes et tous de votre attention.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 avril 2006