Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur la place de la gendarmerie au coeur du dispositif de sécurité et de défense français, à Marseille le 7 avril 2006.

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Circonstance : Journée Visite dans les forces de l'Armée de Terre et de la Gendarmerie-visite de la Caserne de gendarmerie Beauveau, à Marseille (Bouches-du-Rhône)le 7 avril 2006<br>

Texte intégral

Plus que jamais, les gendarmes bénéficient de la confiance et de l'estime des Français.
Leur professionnalisme, leur sens du contact et de l'écoute, sont largement reconnus et appréciés.
Nos concitoyens savent l'importance de leurs missions, pour lutter contre l'insécurité au quotidien, mais également face à de nombreux autres défis, à l'intérieur comme à l'extérieur de notre territoire.
J'ai en cet instant une pensée toute particulière pour les huit gendarmes victimes du devoir ou décédés en service depuis le début de l'année 2006.
Ils ont payé de leur vie leur engagement au service de la sécurité de nos concitoyens en métropole et outre-mer.
Je m'incline devant l'engagement exceptionnel de ces hommes, qui n'ont pas hésité entre leur devoir et leur propre sécurité.
La réaffirmation de la place de la gendarmerie, au coeur du dispositif de sécurité et de défense français, est une des dimensions de la politique ambitieuse menée ces dernières années par le gouvernement.
L'identité militaire de la gendarmerie, porteuse de valeurs essentielles, loyauté, disponibilité, neutralité, a été réaffirmée.
Des moyens importants ont été identifiés en termes d'effectifs, de crédits de fonctionnement et d'investissement.
Les structures de la gendarmerie ont également évolué.
J'ai décidé l'an passé la réorganisation du commandement territorial, réforme mise en oeuvre depuis le 1er juillet 2005.
J'avais annoncé que je viendrai sur le terrain pour évaluer les bénéfices de cette réforme.
J'ai pu aujourd'hui à Marseille avoir les premiers retours d'expérience sur cette mesure.
Après les échanges avec celles et ceux qui, au sein de l'Etat-major régional, sont les acteurs de cette réforme, je relève avec satisfaction que le raccourcissement de la chaîne décisionnelle permet davantage de réactivité.
Les niveaux de décisions sont mieux adaptés aux défis actuels, aux enjeux régionaux de la sécurité et de la lutte contre la délinquance et la criminalité organisée.
Ce dispositif unifie les chaînes organiques et opérationnelles.
Il apparaît ainsi plus lisible pour les interlocuteurs externes et les autorités d'emploi, que sont les préfets et l'autorité judiciaire.
Sur ce dernier point, la création récente à Marseille d'une juridiction inter régionale spécialisée, dédiée à la lutte contre la criminalité organisée, témoigne de la recherche de la cohérence indispensable entre les différents services de l'Etat.
Je sais pouvoir compter sur chacun et chacune d'entre vous pour vous approprier cette réforme et assurer ainsi sa réussite.
Pouvoir s'engager sur la voie des réformes, pouvoir offrir le visage d'une institution moderne, performante, à l'écoute des préoccupations des Français, cela suppose des hommes et des femmes bien dans leur métier, bien dans leur vie.
C'est pour cette raison que le logement des militaires de la gendarmerie exige une attention toute particulière.
Parce qu'il est indissociable du métier de gendarme, j'ai souhaité mener une politique déterminée en faveur de l'immobilier de la gendarmerie.
Le logement est un élément à part entière de l'identité de la gendarmerie nationale.
Ma présence sur le terrain, mes échanges avec l'ensemble des personnels militaires et des familles, me permettent de prendre régulièrement la mesure de leurs attentes.
L'immobilier est une préoccupation constante des militaires, et cela est particulièrement vrai en gendarmerie.
Les bâtiments que vous occupez par nécessité de service sont à la fois lieu de travail et lieu de vie.
La vie en caserne est un gage de disponibilité et de réactivité. Elle est justifiée par les missions de sécurité publique que vous menez.
Elle permet d'assurer une présence permanente sur tout le territoire.
C'est aussi un moyen d'immersion dans la vie locale. Elle garantit une proximité indispensable avec nos concitoyens, et le meilleur service.
Cette situation s'applique aussi à vos familles, et je m'adresse aujourd'hui tout autant à vos conjointes et conjoints ainsi qu'à vos enfants. Eux aussi, indirectement, font partie du système gendarmerie !
Car la vie en caserne, si elle est pour eux source de sécurité et de convivialité, est aussi une contrainte. Il faut, au quotidien, s'efforcer d'y concilier, dans la meilleure harmonie possible, le travail et la vie privée.
Je sais que de la qualité des installations dépendent votre équilibre familial, votre motivation, et donc bien évidemment votre totale implication dans l'exécution de vos missions.
Se préoccuper du logement de nos gendarmes, ce n'est donc pas seulement veiller à leur confort et celui de leurs familles.
C'est aussi une condition de l'efficacité des missions qu'ils mènent pour l'Etat.
La situation actuelle de l'immobilier de la gendarmerie n'est pas aussi satisfaisante qu'on pourrait le souhaiter.
Le parc domanial est ancien, il n'a pas été entretenu du fait de longues années d'indifférence et de négligence.
Le parc locatif compte également de nombreuses faiblesses.
Je ne me satisfais pas de cette situation.
Je suis déterminée à poursuivre ma politique en faveur de l'amélioration du logement des gendarmes.
Cette politique suppose d'abord un effort important au profit du casernement domanial.
Sur le plan budgétaire, 200 millions d'euros sont consacrés en 2006 à l'immobilier de la gendarmerie.
L'effort budgétaire sera poursuivi au-delà de 2006 pour permettre à la gendarmerie de redresser durablement l'état de son parc immobilier.
La caserne de Beauvau à Marseille doit être un projet de référence. En cela, elle préfigure ce que nous ambitionnons pour d'autres sites et ce que nous ferons.
C'est un lieu qui correspond en effet pleinement aux attentes d'aujourd'hui, un programme de grande qualité au plan technique et fonctionnel.
C'est une véritable résidence, un lieu de vie moderne, qui intègre parfaitement la gestion des espaces et qui est pleinement ouvert sur l'extérieur.
Parallèlement aux efforts de construction, je souhaite que la gestion et l'entretien du parc domanial bénéficie d'une plus grande qualité de prestations.
C'est dans ce souci d'améliorer l'état du parc que doit être expérimentée la première étape de l'externalisation de la gestion et de l'entretien de l'immobilier.
Cela doit être fait de manière pragmatique, en mettant d'abord l'accent sur les écoles et sur les sites les plus dégradés.
Au-delà des opérations domaniales, le recours aux procédures innovantes prévues par la LOPSI - bail emphytéotique administratif (BEA) et autorisation d'occupation temporaire du domaine public (AOT) - permet aujourd'hui de lancer de nombreux projets immobiliers.
Ce système a deux avantages majeurs.
Ce sont des projets qui peuvent être rapidement mis en oeuvre.
Ils associent les acteurs locaux, et sont donc de nature à renforcer encore le lien essentiel entre la gendarmerie et les collectivités territoriales.
Soyez assurés que je reste attentive à vos attentes.
Vous avez choisi un métier exigeant, au service de nos compatriotes.
En retour, vous devez bénéficier de bonnes conditions de travail et de vie.
Je sais qu'il y a encore beaucoup à faire et qu'il s'agit d'une action de longue haleine.
Je suis déterminée à répondre à vos préoccupations, tout comme le sont, j'en suis sûre, les collectivités locales dans de nombreuses communes de France.
La visite que j'ai effectuée aujourd'hui à Marseille est encourageante.
Elle témoigne de la qualité de ce qui peut être accompli par l'Etat en matière de logement et de casernement.
Cette visite a aussi confirmé mon estime pour l'excellent travail que vous accomplissez.
Ensemble, nous ferons en sorte que votre cadre de travail et de vie soit toujours à la hauteur de votre engagement, et de l'image que la gendarmerie donne de la France.

Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 avril 2006