Texte intégral
Q- Pas facile d'être ministre en ce moment. Vous étiez hier à l'Assemblée nationale, vous avez entendu le Premier ministre, et ses propos un peu énigmatiques : "Je serai au rendez-vous, je ne laisserai à personne le soin de tirer les conclusions qui s'imposent. Ce n'est pas un rendez-vous des mots, c'est un rendez-vous des actes". Comment avez-vous compris cela ?
R- Moi, j'ai le sentiment que le Premier ministre veut moderniser notre pays, et il sent bien que le pays se cabre contre les réformes nécessaires. Mais il est résolu à poursuivre son action, il l'a dit - [d'où] ces mots importants : "l'intérêt général". Il est au service de l'intérêt général. Peut-être que cela lui en coûte, à lui, personnellement, mais il souhaite continuer dans cette oeuvre, parce qu'il faut le faire. Regardons un peu ce qui se passe à l'étranger. Moi, j'aimerais bien que les Français comparent la France avec d'autres pays, où partout on a mis en place des contrats de travail comme le CPE, et où cela n'a pas posé de problèmes.
Q- Mais donc, pour rester sur ces propos du Premier ministre, pour vous, cela ne présage absolument pas une démission ?
R- Absolument pas. Je crois que le Premier ministre, aujourd'hui, a une feuille de route que lui a fixée le président de la République, qui est assez claire, et qui passe par de la négociation, de la discussion ; elle est en cours. Le CPE continue sa vie, une vie un peu mouvementée, il faut bien en convenir, mais néanmoins, une vie.
Q- Mais, pardonnez-moi, vous êtes ministre délégué aux PME, vous connaissez bien l'entreprise. Que fait un chef d'entreprise lorsque son directeur général met le bazar dans son entreprise ? Que doit faire le président de la République lorsque le Premier ministre met le désordre dans "l'entreprise France" ?
R- Le problème, ce n'est pas "le désordre" ...
Q- Trois millions de personnes dans la rue, c'est pas mal...
R- Le problème c'est de moderniser notre pays. Trois millions de personnes, mais quel est le but que nous recherchons ? C'est que les jeunes aient un emploi. Est-ce que ce but est condamnable ? Est-ce que c'est un mauvais but ? Est-ce que nous devrions cesser de nous battre pour que les jeunes trouvent un emploi ? Est-ce que vous savez qu'à l'heure actuelle, un jeune, quand il sort du système scolaire, on lui offre de l'intérim, en moyenne, c'est 15 jours de travail ! On lui offre desCDD. En moyenne, c'est un mois de travail. On lui offre des stages à répétition ! Est-ce que c'est cela que veulent les jeunes aujourd'hui ? Est-ce qu'ils défilent pour avoir à perpétuité ce cercle de la précarité ? Non. Donc, il y a plutôt, je crois, un malentendu, qu'il faut dissiper par de l'explication et de la pédagogie.
Q- Il y a un malentendu, vous le reconnaissez. Le Premier ministre a été dessaisi du dossier.
Absolument pas, absolument pas...
Q- Ce n'est pas lui qui va gérer la proposition de loi ?
R- Le Premier ministre suit, minute par minute, le déroulement des négociations.
Q- Mais non, attendez, il ne faut pas se raconter d'histoires. Ce n'est pas lui qui est aux manettes sur ce dossier !
R- Je ne crois pas que vous puissiez dire cela. Nous sommes maintenant dans une action collective. Collective, cela ne veut pas dire que le premier ministre en soit exclu. Cela ne veut pas dire non plus qu'il est le seul à la manoeuvre. C'est collectif. Mais, tout repose sur ce qu'a dit le président de la République, le week-end dernier. Il a dit : au fond, ce CPE, il a été mal compris, il y a deux pièces défectueuses, eh bien on ramène le CPE à l'atelier, on modernise le CPE en changeant les deux pièces, et après, il repart sur la route, le CPE.
Q- "On ramène le CPE, pour le moment, à l'atelier" des deux présidents des groupes UMP à l'Assemblée nationale...
R- Avec les deux ministres qui, évidemment, représentent le Gouvernement, et donc le Premier ministre, J.-L. Borloo et G. Larcher ne sont là que par la volonté du Premier ministre.
Q- Très franchement, tout à l'heure, le Premier ministre va faire une conférence de presse pour annoncer ses chantiers à l'avenir. Est-ce que vous croyez vraiment que, n'ayant plus barre sur le CPE, il va pouvoir relancer son action avec un décret, par exemple, sur le tabac ?!
R- Sortons un peu des cas personnels. Est-ce qu'aujourd'hui, la France peut s'arrêter et ne plus se moderniser ? Est-ce qu'aujourd'hui, on peut mettre en péril les études de ces étudiants, parce que, on a l'air de faire comme si la grève c'était un grand sport national et un plaisir partagé. En réalité, il y a un très grand nombre d'étudiants, aujourd'hui, qui sont en train de compromettre toute une année d'études. Parce que les examens devront être tenus, sinon c'est une année ratée. Donc, aujourd'hui que faut-il faire ? Il faut, comme disait M. Thorez : "il y a un moment où il faut savoir arrêter une grève". Je pense que le moment est venu. Le président de la République a ouvert le jeu, il a donné la possibilité à ceux qui discutaient des points précis - n'oubliez pas qu'à l'origine, on discutait des points précis, on disait : "deux ans, c'est trop, il faudrait un an" ; on disait qu'il faut expliquer pourquoi quelqu'un est licencié...
Q- Soyons clairs. Aujourd'hui, les organisations syndicales disent : on est prêts à négocier, à la condition qu'il y ait abrogation, dans un premier temps, du CPE. Elles sont même plus précises : elles voudraient que ce soit fait d'ici au 17 avril, début des vacances parlementaires. Pensez-vous qu'il est encore possible d'aménager le CPE, ou est-ce que la seule solution pour revenir au calme et pour reprendre les négociations, c'est l'abrogation du CPE ?
R- Moi, je pense qu'il est tout à fait possible aujourd'hui de revenir à
l'origine du mécontentement, qui reposait sur deux points : on trouvait
que la période de deux ans était trop longue, que ce n'était pas normal,
et c'est vrai, il faut le reconnaître...
Q- Donc, l'aménagement est encore possible ?
R- Je pense que l'aménagement de ce contrat, est tout à fait possible, il est nécessaire, il est souhaité par le président de la République. En revanche, il y a quelque chose qui n'est pas acceptable. Moi, je suis un républicain, un démocrate, je vis dans un pays libre, qui a des institutions, et qui repose sur la démocratie. Je ne peux pas accepter l'ultimatum. Je trouve cela vraiment très choquant. Que l'on soit de gauche ou de droite, on doit convenir que, lorsqu'un groupe de pression, quel qu'il soit, aussi honorable soit-il, pose un ultimatum pour retirer une loi, ce n'est pas acceptable ! Faisons attention de ne pas ébranler les deux piliers sur lesquels repose notre société.
Q- C'est aussi votre responsabilité, comme Gouvernement.
R- Bien entendu. Mais nous, nous écoutons, nous ouvrons, nous proposons
des changements...
Q- Maintenant.
R- ...Mais il ne faut pas non plus aller au-delà du cercle de la démocratie. Si nous le franchissons, c'est toute notre société qui est en péril. Donc, je dis, attention. Les syndicats doivent être aussi responsables ; ils ne peuvent pas poser d'ultimatum à un Gouvernement légitime et à une majorité élue démocratiquement. Enfin, dans quel pays sommes-nous !
Q- Attendez, si il n'y a pas abrogation, si les organisations syndicales continuent la lutte, si les arrêts dans les lycées et dans les universités, les coups de force dans la rue, la manifestation à nouveau au début du mois de mai, se poursuivent, est-ce que vous croyez que le Gouvernement va pouvoir durer longtemps comme cela ?
R- Le Gouvernement, bien sûr. Il est légitime le Gouvernement, il s'appuie
sur une majorité parlementaire...
Q- N'est-il pas paralysé ?
R- Mais vous avez l'air de penser qu'en fait, nous sommes dans une situation insurrectionnelle, avec un pouvoir qui appartient à ceux qui manifestent dans la rue. Ca n'est pas acceptable. Nous sommes dans une démocratie, une démocratie parlementaire, avec des gens qui expriment des mécontentements. Nous écoutons ces mécontentements, nous en tirons des conséquences. Mais de là à abandonner tous les principes sur lesquels nous reposons, c'est-à-dire le fait qu'il y a un Gouvernement légitime, ce Gouvernement a cinq ans pour gouverner, 2002-2007, et puis après il y a les élections, et les gens votent. Donc, c'est cela la démocratie. Il faut aussi remettre les choses à l'heure.
Q- Je suis chef d'entreprise, j'embauche quatre ou cinq jeunes en CPE aujourd'hui. Est-ce que je suis ou non dans l'illégalité ?
R- L'ensemble des organisations patronales a recommandé, avec sagesse...
Q- Mais, est-ce que je suis dans l'illégalité ?
R- Je ne suis pas sûr qu'on soit dans l'illégalité, mais on est dans le risque et dans l'incertitude. Or, les chefs d'entreprises n'aiment pas cela, l'incertitude et le risque. Et la plupart du temps ils demandent un environnement stable. Là, ils ne l'ont pas pour l'instant, il faut le dire.
Q- Je suis dans la légalité, et si dans deux ou trois semaines, toujours chef d'entreprise, conscient d'être dans la légalité, je débauche ces quatre ou cinq jeunes, sans donner de motivation, est-ce que ces quatre ou cinq jeunes bénéficieront de tous les avantages que prévoit le CPE ?
R- A l'heure actuelle, ce cas ne se produit pas. Pourquoi ? Parce que, les chefs d'entreprise sont des gens raisonnables. C'est-à-dire que le chef d'entreprise, qui va se dire : "Tiens ! Je vais jouer au laboratoire, je vais faire l'expérimentation juridique pour essayer de voir ce que cela donne après, dans une tribunal, dans quelques mois...". Vous n'allez pas en trouver beaucoup des chefs d'entreprises comme ceux-là.
Q- Donc, une loi votée, mais il ne faut surtout pas l'appliquer.
R- Ils ont du bon sens ! La loi elle est aujourd'hui... Elle est remise... On va la réviser...
Q- Elle est promulguée mais on ne l'applique pas.
R- On va la réviser, sur ce point seul : l'article 8. Mais il ne faut pas oublier que tous les autres articles s'appliquent, et ils s'appliquent depuis la promulgation. Et on a trop souvent oublié ces dispositions très intéressantes - je vais vous en donner une - beaucoup plus importantes que le CPE, en termes d'ouverture des emplois sur les jeunes, plus importantes : l'obligation pour les grandes entreprises d'accueillir des jeune en formation en alternance, une obligation, sous peine de pénalités financières. C'est très neuf cela, on devrait en parler davantage.
Q- Une question personnelle : vous avez été élu délégué UMP de la première circonscription de la Marne. Est-ce que c'est un point marqué contre C. Vautrin, dans l'accession à la mairie de Reims, dans deux ans ?
R- Je me bats pour développer Reims, c'est une ville qui connaît des difficultés, et j'appuie cet engagement personnel et ce risque personnel sur la démocratie. Eh bien aujourd'hui, je peux m'appuyer sur un résultat très clair : 64% des adhérents de l'UMP qui ont dit : oui, ok, on suit Dutreil !
Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 avril 2006
R- Moi, j'ai le sentiment que le Premier ministre veut moderniser notre pays, et il sent bien que le pays se cabre contre les réformes nécessaires. Mais il est résolu à poursuivre son action, il l'a dit - [d'où] ces mots importants : "l'intérêt général". Il est au service de l'intérêt général. Peut-être que cela lui en coûte, à lui, personnellement, mais il souhaite continuer dans cette oeuvre, parce qu'il faut le faire. Regardons un peu ce qui se passe à l'étranger. Moi, j'aimerais bien que les Français comparent la France avec d'autres pays, où partout on a mis en place des contrats de travail comme le CPE, et où cela n'a pas posé de problèmes.
Q- Mais donc, pour rester sur ces propos du Premier ministre, pour vous, cela ne présage absolument pas une démission ?
R- Absolument pas. Je crois que le Premier ministre, aujourd'hui, a une feuille de route que lui a fixée le président de la République, qui est assez claire, et qui passe par de la négociation, de la discussion ; elle est en cours. Le CPE continue sa vie, une vie un peu mouvementée, il faut bien en convenir, mais néanmoins, une vie.
Q- Mais, pardonnez-moi, vous êtes ministre délégué aux PME, vous connaissez bien l'entreprise. Que fait un chef d'entreprise lorsque son directeur général met le bazar dans son entreprise ? Que doit faire le président de la République lorsque le Premier ministre met le désordre dans "l'entreprise France" ?
R- Le problème, ce n'est pas "le désordre" ...
Q- Trois millions de personnes dans la rue, c'est pas mal...
R- Le problème c'est de moderniser notre pays. Trois millions de personnes, mais quel est le but que nous recherchons ? C'est que les jeunes aient un emploi. Est-ce que ce but est condamnable ? Est-ce que c'est un mauvais but ? Est-ce que nous devrions cesser de nous battre pour que les jeunes trouvent un emploi ? Est-ce que vous savez qu'à l'heure actuelle, un jeune, quand il sort du système scolaire, on lui offre de l'intérim, en moyenne, c'est 15 jours de travail ! On lui offre desCDD. En moyenne, c'est un mois de travail. On lui offre des stages à répétition ! Est-ce que c'est cela que veulent les jeunes aujourd'hui ? Est-ce qu'ils défilent pour avoir à perpétuité ce cercle de la précarité ? Non. Donc, il y a plutôt, je crois, un malentendu, qu'il faut dissiper par de l'explication et de la pédagogie.
Q- Il y a un malentendu, vous le reconnaissez. Le Premier ministre a été dessaisi du dossier.
Absolument pas, absolument pas...
Q- Ce n'est pas lui qui va gérer la proposition de loi ?
R- Le Premier ministre suit, minute par minute, le déroulement des négociations.
Q- Mais non, attendez, il ne faut pas se raconter d'histoires. Ce n'est pas lui qui est aux manettes sur ce dossier !
R- Je ne crois pas que vous puissiez dire cela. Nous sommes maintenant dans une action collective. Collective, cela ne veut pas dire que le premier ministre en soit exclu. Cela ne veut pas dire non plus qu'il est le seul à la manoeuvre. C'est collectif. Mais, tout repose sur ce qu'a dit le président de la République, le week-end dernier. Il a dit : au fond, ce CPE, il a été mal compris, il y a deux pièces défectueuses, eh bien on ramène le CPE à l'atelier, on modernise le CPE en changeant les deux pièces, et après, il repart sur la route, le CPE.
Q- "On ramène le CPE, pour le moment, à l'atelier" des deux présidents des groupes UMP à l'Assemblée nationale...
R- Avec les deux ministres qui, évidemment, représentent le Gouvernement, et donc le Premier ministre, J.-L. Borloo et G. Larcher ne sont là que par la volonté du Premier ministre.
Q- Très franchement, tout à l'heure, le Premier ministre va faire une conférence de presse pour annoncer ses chantiers à l'avenir. Est-ce que vous croyez vraiment que, n'ayant plus barre sur le CPE, il va pouvoir relancer son action avec un décret, par exemple, sur le tabac ?!
R- Sortons un peu des cas personnels. Est-ce qu'aujourd'hui, la France peut s'arrêter et ne plus se moderniser ? Est-ce qu'aujourd'hui, on peut mettre en péril les études de ces étudiants, parce que, on a l'air de faire comme si la grève c'était un grand sport national et un plaisir partagé. En réalité, il y a un très grand nombre d'étudiants, aujourd'hui, qui sont en train de compromettre toute une année d'études. Parce que les examens devront être tenus, sinon c'est une année ratée. Donc, aujourd'hui que faut-il faire ? Il faut, comme disait M. Thorez : "il y a un moment où il faut savoir arrêter une grève". Je pense que le moment est venu. Le président de la République a ouvert le jeu, il a donné la possibilité à ceux qui discutaient des points précis - n'oubliez pas qu'à l'origine, on discutait des points précis, on disait : "deux ans, c'est trop, il faudrait un an" ; on disait qu'il faut expliquer pourquoi quelqu'un est licencié...
Q- Soyons clairs. Aujourd'hui, les organisations syndicales disent : on est prêts à négocier, à la condition qu'il y ait abrogation, dans un premier temps, du CPE. Elles sont même plus précises : elles voudraient que ce soit fait d'ici au 17 avril, début des vacances parlementaires. Pensez-vous qu'il est encore possible d'aménager le CPE, ou est-ce que la seule solution pour revenir au calme et pour reprendre les négociations, c'est l'abrogation du CPE ?
R- Moi, je pense qu'il est tout à fait possible aujourd'hui de revenir à
l'origine du mécontentement, qui reposait sur deux points : on trouvait
que la période de deux ans était trop longue, que ce n'était pas normal,
et c'est vrai, il faut le reconnaître...
Q- Donc, l'aménagement est encore possible ?
R- Je pense que l'aménagement de ce contrat, est tout à fait possible, il est nécessaire, il est souhaité par le président de la République. En revanche, il y a quelque chose qui n'est pas acceptable. Moi, je suis un républicain, un démocrate, je vis dans un pays libre, qui a des institutions, et qui repose sur la démocratie. Je ne peux pas accepter l'ultimatum. Je trouve cela vraiment très choquant. Que l'on soit de gauche ou de droite, on doit convenir que, lorsqu'un groupe de pression, quel qu'il soit, aussi honorable soit-il, pose un ultimatum pour retirer une loi, ce n'est pas acceptable ! Faisons attention de ne pas ébranler les deux piliers sur lesquels repose notre société.
Q- C'est aussi votre responsabilité, comme Gouvernement.
R- Bien entendu. Mais nous, nous écoutons, nous ouvrons, nous proposons
des changements...
Q- Maintenant.
R- ...Mais il ne faut pas non plus aller au-delà du cercle de la démocratie. Si nous le franchissons, c'est toute notre société qui est en péril. Donc, je dis, attention. Les syndicats doivent être aussi responsables ; ils ne peuvent pas poser d'ultimatum à un Gouvernement légitime et à une majorité élue démocratiquement. Enfin, dans quel pays sommes-nous !
Q- Attendez, si il n'y a pas abrogation, si les organisations syndicales continuent la lutte, si les arrêts dans les lycées et dans les universités, les coups de force dans la rue, la manifestation à nouveau au début du mois de mai, se poursuivent, est-ce que vous croyez que le Gouvernement va pouvoir durer longtemps comme cela ?
R- Le Gouvernement, bien sûr. Il est légitime le Gouvernement, il s'appuie
sur une majorité parlementaire...
Q- N'est-il pas paralysé ?
R- Mais vous avez l'air de penser qu'en fait, nous sommes dans une situation insurrectionnelle, avec un pouvoir qui appartient à ceux qui manifestent dans la rue. Ca n'est pas acceptable. Nous sommes dans une démocratie, une démocratie parlementaire, avec des gens qui expriment des mécontentements. Nous écoutons ces mécontentements, nous en tirons des conséquences. Mais de là à abandonner tous les principes sur lesquels nous reposons, c'est-à-dire le fait qu'il y a un Gouvernement légitime, ce Gouvernement a cinq ans pour gouverner, 2002-2007, et puis après il y a les élections, et les gens votent. Donc, c'est cela la démocratie. Il faut aussi remettre les choses à l'heure.
Q- Je suis chef d'entreprise, j'embauche quatre ou cinq jeunes en CPE aujourd'hui. Est-ce que je suis ou non dans l'illégalité ?
R- L'ensemble des organisations patronales a recommandé, avec sagesse...
Q- Mais, est-ce que je suis dans l'illégalité ?
R- Je ne suis pas sûr qu'on soit dans l'illégalité, mais on est dans le risque et dans l'incertitude. Or, les chefs d'entreprises n'aiment pas cela, l'incertitude et le risque. Et la plupart du temps ils demandent un environnement stable. Là, ils ne l'ont pas pour l'instant, il faut le dire.
Q- Je suis dans la légalité, et si dans deux ou trois semaines, toujours chef d'entreprise, conscient d'être dans la légalité, je débauche ces quatre ou cinq jeunes, sans donner de motivation, est-ce que ces quatre ou cinq jeunes bénéficieront de tous les avantages que prévoit le CPE ?
R- A l'heure actuelle, ce cas ne se produit pas. Pourquoi ? Parce que, les chefs d'entreprise sont des gens raisonnables. C'est-à-dire que le chef d'entreprise, qui va se dire : "Tiens ! Je vais jouer au laboratoire, je vais faire l'expérimentation juridique pour essayer de voir ce que cela donne après, dans une tribunal, dans quelques mois...". Vous n'allez pas en trouver beaucoup des chefs d'entreprises comme ceux-là.
Q- Donc, une loi votée, mais il ne faut surtout pas l'appliquer.
R- Ils ont du bon sens ! La loi elle est aujourd'hui... Elle est remise... On va la réviser...
Q- Elle est promulguée mais on ne l'applique pas.
R- On va la réviser, sur ce point seul : l'article 8. Mais il ne faut pas oublier que tous les autres articles s'appliquent, et ils s'appliquent depuis la promulgation. Et on a trop souvent oublié ces dispositions très intéressantes - je vais vous en donner une - beaucoup plus importantes que le CPE, en termes d'ouverture des emplois sur les jeunes, plus importantes : l'obligation pour les grandes entreprises d'accueillir des jeune en formation en alternance, une obligation, sous peine de pénalités financières. C'est très neuf cela, on devrait en parler davantage.
Q- Une question personnelle : vous avez été élu délégué UMP de la première circonscription de la Marne. Est-ce que c'est un point marqué contre C. Vautrin, dans l'accession à la mairie de Reims, dans deux ans ?
R- Je me bats pour développer Reims, c'est une ville qui connaît des difficultés, et j'appuie cet engagement personnel et ce risque personnel sur la démocratie. Eh bien aujourd'hui, je peux m'appuyer sur un résultat très clair : 64% des adhérents de l'UMP qui ont dit : oui, ok, on suit Dutreil !
Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 avril 2006