Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur la lutte contre le chômage des jeunes, Paris le 28 janvier 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Foyer International d'Accueil de Paris (FIAP) Jean Monnet à Paris le 28 janvier 2006

Texte intégral

Mesdemoiselles et Messieurs les Secrétaires,
Chers membres du CNJ,
Comme je vous l'avais indiqué lors de ma venue, jeudi, nous voilà réunis aujourd'hui pour discuter de l'accès à l'emploi des jeunes.
Vous le savez toutes et tous, depuis 2002, les Gouvernements de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin ont fait de l'emploi la priorité absolue de leur action.
La France ne pouvait plus se résigner au chômage de masse, qui est nuisible au moral, à la confiance et au dynamisme de notre société.
La première étape a été la mise en place par Jean-Louis Borloo du plan de cohésion sociale comprenant notamment la création des Contrats d'Accompagnement dans l'Emploi, du Contrat Jeune en Entreprise et du contrat d'avenir.
Depuis huit mois Dominique de Villepin a donné un second souffle à cette guerre au chômage avec l'engagement de « la bataille pour l'emploi ».
Tout d'abord le Contrat Nouvelle embauche, opérationnel depuis l'automne dernier, est un vrai succès contre le chômage.
Une étude récente montre qu'un tiers des embauches en CNE n'auraient pas eu lieu sans l'existence ce contrat et seuls 10% des CNE ont été rompus, dont la moitié sur l'initiative du salarié : ce n'est pas le contrat précaire que certains voulaient décrire. Il s'agit bien d'un Contrat à durée indéterminée.
Le Gouvernement vient de lancer une nouvelle étape de la bataille pour l'emploi en concentrant son action sur ceux qui ont l'accès le plus difficile au marché du travail, en particulier vous, les jeunes. L'objectif est d'accroître l'activité de tous, partout où c'est possible.
Dans ce domaine, il faut parler vrai et ne pas se voiler la face en s'abritant derrière des positions de principe.
Quelle est la réalité ? Pour les jeunes, trouver un emploi stable aujourd'hui « c'est galère ». Le taux de chômage des jeunes atteint 23% et un jeune met en moyenne 8 à 11 ans avant de trouver un emploi stable, ce qui est deux fois plus que chez nos voisins européens.
Trop de jeunes enchaînent, pendant cette longue période, des stages, souvent non rémunérés, des CDD, souvent de très courte durée et, bien sûr, des périodes de chômage peu ou pas indemnisées. Pour ces jeunes, cette situation est trop souvent source d'angoisse, de frustrations et surtout de précarité.
L'objectif du gouvernement c'est de sortir les jeunes de la « trappe à précarité » par un vrai parcours d'embauche.
Fort du succès du CNE, le Gouvernement a décidé de créer un nouveau contrat pour aider les jeunes à accéder à un emploi stable : le Contrat Première Embauche.
Ce Contrat première embauche est ouvert aux jeunes de moins de 26 ans dans les entreprises de plus de 20 salariés.
Ce contrat première embauche prévoit des garanties spécifiques, adaptées aux besoins des jeunes :
Une période de consolidation de l'emploi de 2 ans maximum. Les stages et les CDD déjà réalisés par le jeune dans l'entreprise seront décomptés de cette période de consolidation. Un jeune qui aurait déjà fait 6 mois de stage et 6 mois de CDD dans l'entreprise n'aurait plus que 12 mois de période de consolidation.
La rémunération est garantie : en aucun cas, les rémunérations ne pourront être inférieures au régime commun des salariés. Il est donc absurde de parler, comme certains le font, de « Smic jeunes ».
Le droit individuel à la formation sera ouvert dès la fin du 1er mois, contrairement aux autres contrats, pour lesquels le droit à la formation ne s'ouvre qu'au bout d'un an.
La protection sera renforcée en cas de licenciement. En cas de rupture du CPE après 4 mois, une allocation forfaitaire spécifique de 490 euros par mois, financée par l'État, sera versée pendant 2 mois au jeune. En cas de licenciement, une indemnité de rupture égale à 8% des salaires versés depuis le début du contrat sera perçue.
Pour faciliter l'accès au logement, les possibilités offertes par Locapass seront systématiquement proposées aux titulaires de contrat première embauche. D'ores et déjà, les banques considèrent le CNE comme un CDI, le Gouvernement s'assurera que ce soit également le cas pour le contrat première embauche.
Je le redis avec force, le CPE n'est pas un contrat au rabais, c'est un vrai CDI.
Second axe de la lutte pour l'emploi des jeunes : la formation en alternance, qui est un des meilleurs passeports pour l'emploi
Le contrat de professionnalisation l'a montré, 3 mois après la sortie du dispositif, 80 % des jeunes trouvent un emploi stable.
Les objectifs fixés doivent être tenus : 500.000 apprentis en 2009 et 200.000 contrats de professionnalisation par an dès 2007.
Pour aller plus loin dans cette voie, le Gouvernement a décidé de fixer des objectifs chiffrés de jeunes en alternance dans les entreprises de plus de 250 salariés :
1% des effectifs au 1er janvier 2007
2% au 1er janvier 2008
3% au 1er janvier 2009.
Les entreprises paieront plus ou moins de taxe d'apprentissage, en fonction de la réalisation de cet objectif.
Troisième axe, le combat contre les « faux » stages, il faut leur rendre leur caractère pédagogique, en mettant fin aux abus.
Vous le savez, un stage c'est bien sûr un moyen pour vous de découvrir le milieu professionnel et de se former, mais c'est aussi une chance pour les entreprises. Tout le monde doit jouer « gagnant - gagnant » !
Une Charte des stages sera rédigée pour définir les bonnes pratiques et mettre fin aux abus. Les conventions de stages devront s'y référer.
Parallèlement, trois mesures concrètes seront prises pour mieux valoriser les expériences de stage.
1) une indemnité sera obligatoire pour les stages de plus de 3 mois ; elle sera associée à une franchise de cotisations sociales, à hauteur de 360 euros d'indemnité mensuelle.
2) Les stages longs seront reconnus comme un élément du cursus universitaire. Aujourd'hui les stages sont insuffisamment pris en compte dans les cursus universitaires, ce qui pénalise les étudiants dans leur recherche d'emploi, faute d'expérience en entreprise. Cela ne sera plus les cas dès la rentrée prochaine : à l'instar de ce qui se pratique dans les grandes écoles, les stages seront intégrés au cursus universitaire.
3) Les stages seront pris en compte dans l'ancienneté professionnelle. Sur ce point, le Premier ministre a appelé les partenaires sociaux à ouvrir rapidement des négociations au sein des branches.
Le quatrième axe du plan pour l'emploi est de faciliter l'accès au CDI pour les jeunes chômeurs les plus en difficulté
Entre mi-juin et fin septembre, 57.000 jeunes au chômage depuis plus d'un an ont été reçus individuellement et une fois par mois par l'ANPE. A la fin de l'année, ces entretiens deviendront la règle. C'est un pas de plus vers un véritable accompagnement personnalisé des demandeurs d'emploi.
Pour aller plus loin dans cette action contre la précarité, le contrat jeune entreprise, destiné aux jeunes sans qualification, sera étendu aux 240.000 jeunes qui sont au chômage depuis plus de 6 mois au 16 janvier 2006. Les entreprises qui les embaucheront en CDI avant fin 2006 seront totalement exonérées de charges patronales pour 3 ans.
Quelques mots enfin pour vous rappeler l'effort considérable qui a été fait parallèlement pour l'emploi aidé dans le secteur non marchand.
Fin 2005, ce sont 140 000 contrats aidés qui avaient été signés, dont 23 000 avec les associations de mon champ de compétence. Naturellement, cet effort se poursuivra tout au long de l'année 2006. Après le mouvement sportif, Jacques HENRARD président de la Conférence permanente des coordinations associatives, Jacques DEMEULIER, président du CNAJEP, Jean-Marc ROIRANT, secrétaire général de la Ligue de l'enseignement m'ont tous fait part de leur disponibilité pour travailler en ce sens.
Dans cet esprit, je viens d'annoncer le lancement du « Parcours Animation et Sport ». Le PAS permettra, dès 2006, d'offrir à 2 500 jeunes repérés dans les associations sportives, de jeunesse et d'éducation populaire un parcours de formation en alternance conduisant à un diplôme professionnel du champ jeunesse et sport. Ces jeunes bénéficieront d'un contrat aidé dans une association et d'un tutorat par les établissements du ministère.
Voilà, mes chers conseillers, en quelques mots, le plan du gouvernement.
Qu'est ce qui est le plus insultant pour les jeunes :
- vivre des aides de l'Etat ?
- aller de stage en stage ?
- mettre plus de 10 ans pour s'insérer professionnellement ?
- ne pas pouvoir se loger ?
Assez de mensonges, la seule réponse est celle de l'emploi. Depuis 8 mois les chiffres du chômage sont en baisse constante, c'est une vérité.
Je comprendre aussi que cela donne de l'espoir aux Français. D'autant que ces emplois sont créés en majorité, par le secteur marchand.
Je souhaite discuter avec vous, aller au fond des choses. Vos réflexions, votre vécu nourriront notre action. Bien sûr, je ferai passer la teneur de nos échanges à mes collègues du Gouvernement.
Alors allons-y ! Discutons de votre présent et de votre avenir !Source http://www.conseilsdelajeunesse.org, le 10 avril 2006