Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Chers Amis,
Monsieur le Premier Ministre, vous avez bien voulu, malgré une actualité chargée, conclure les travaux de notre 60ème congrès : le congrès de nos trois fois 20 ans. Au nom de tous, je vous en remercie.
Vous avez devant vous des agricultrices et des agriculteurs venus de toutes les régions de France, qui représentent toutes les productions, tous les systèmes d'exploitation.
Vous avez devant vous toute l'agriculture française.
[Soixante ans : anniversaire de la FNSEA]
Chaque paysan ici présent, chaque responsable professionnel sait qu'il est dépositaire de l'histoire du syndicalisme agricole français qu'incarne la FNSEA.
En effet, il y a 60 ans, en 1946, Eugène Forget, Président de la FNSEA, clôturait notre premier congrès et prononçait le Serment de l'Unité paysanne. Je veux aussi rappeler qu'il y a cinquante ans se créait la commission des agricultrices. Avant bien d'autres, nous avons reconnu la place des femmes dans l'agriculture.
Depuis, que de chemin parcouru ! Que de combats menés ! Que de progrès accomplis !
Le statut du fermage, l'agriculture de groupe, le congé maternité, le statut de conjoint collaborateur ou encore la retraite complémentaire et bien d'autres avancées que je n'ai pas le temps de citer : autant de progrès pour lesquels nous nous sommes battus.
Nous avons accompli la révolution silencieuse des campagnes françaises, pour faire des agriculteurs des citoyens à part entière, pour faire de l'agriculture un secteur économique et social de premier ordre, pour gagner la bataille de l'indépendance alimentaire !
Depuis soixante ans, la FNSEA remplit avec fermeté et constance sa mission de corps intermédiaire. Elle veille à la préservation des grands équilibres sociaux et économiques.
Elle est un des maillons essentiels de la démocratie. Elle sait s'engager et prendre ses responsabilités.
Sans la mobilisation de la FNSEA aurait-il été possible d'organiser l'opération de solidarité, au moment de la sécheresse 2003 ? Sans notre implication sur le terrain, serait-il possible de gérer la mise en oeuvre des DPU ? Sans nos propositions, la loi d'orientation agricole aurait-elle pu être enrichie ?
Monsieur le Premier ministre, la politique agricole ne peut pas se faire sans nous !
Mais cet anniversaire, nous aurions eu plus de coeur à le célébrer si l'ambiance n'était pas aussi morose dans les campagnes. Les crises, les baisses de revenu, les incertitudes de l'OMC nous plongent dans le désarroi.
Les paysans attendent des solutions, des perspectives, de l'espoir.
[Le patriotisme économique]
Vous avez lancé, monsieur le Premier ministre, l'idée du patriotisme économique.
Votre propos a surpris car le mot de patriotisme peut sembler anachronique.
Pour ma part, je trouve plutôt rafraîchissant de sortir des sentiers battus. Le patriotisme économique ce n'est ni le chauvinisme borné, ni le repli identitaire.
Comme vous l'avez souligné, il s'agit de rassembler nos forces et de valoriser le fait de défendre la France et ce qui est français.
Nous sommes profondément européens et l'agriculture est la première des politiques intégrées de l'Europe. Mais cela ne doit pas nous empêcher de faire valoir nos atouts et de tirer parti de toutes nos potentialités.
Dans une Europe qui abandonne ses outils de gestion de marché, et dans laquelle certains voudraient ringardiser l'agriculture, la France doit conserver une agriculture forte, exportatrice, avec ses 3 millions d'emplois directs et indirects présents sur tout le territoire.
[Aider les filières en crise]
Monsieur le Premier ministre, le patriotisme économique doit vous conduire en premier lieu à venir au secours des filières en détresse.
[Aviculture]
L'aviculture traverse une crise qui nous renvoie aux épisodes les plus sombres de la crise de l'ESB : des médias qui affolent les consommateurs et une Commission européenne aux abonnés absents.
Tous les ingrédients sont réunis pour détruire cette filière, pousser des milliers d'exploitants et de salariés à la faillite ou au chômage.
Monsieur le Premier ministre, je me suis permis, comme on dit de vous mettre la pression. Vous avez commencé à répondre à notre demande en faisant jouer la solidarité nationale.
Il faudra compléter les enveloppes en tant que de besoin, comme vous vous y êtes vous-même engagé. Cet effort est nécessaire afin qu'on en se retrouve pas au sortir de la crise avec une filière totalement décimée.
Mais ça ne suffit pas. La crise est européenne. Le Gouvernement est intervenu auprès de la Commission mais celle-ci tergiverse, nous renvoyant de l'Europe l'image que nous ne voulons pas. Il faut impérativement alléger le marché et déplafonner les aides aux éleveurs. Après avoir abandonné la gestion des marchés, l'Europe doit au moins s'investir dans la gestion des crises. C'est bien le minimum que nous sommes en droit de lui demander.
Au lieu de nous infliger une amende extravagante parce que nous avons commis le crime, en 2001, de vouloir défendre les éleveurs, la commission ferait mieux de tirer les leçons de sa gestion désastreuse de la crise de l'ESB.
[Arboriculture]
Le secteur de l'arboriculture traverse également une crise sans précédent. Toutes les productions sont touchées. Les mécanismes régulateurs ne fonctionnent plus et la Grande Distribution, avec la complicité de la Commission européenne, a ouvert tout grand les vannes aux importations.
Il faut d'urgence venir en aide aux arboriculteurs pour leur permettre de faire face à leurs difficultés de trésorerie. Ensuite, un plan de restructuration et de réorganisation est à mettre en place avec la profession.
Mais tout cela ne servira à rien si aucune solution n'est apportée à l'explosion du coût du travail : le SMIC a augmenté de 25 % en 5 ans alors que la main d'oeuvre représente jusqu'à 70 % du prix de revient en arboriculture.
Et le paradoxe, c'est que cette main d'oeuvre de plus en plus chère est aussi de plus en plus rare.
Monsieur le Premier ministre, comme je vous en ai fait la demande, faites en sorte que les ressortissants des nouveaux pays de l'Union puissent, dès cet été, venir travailler sur nos exploitations, sans la lourdeur des procédures OMI .
Au-delà, une grande réflexion doit être engagée pour maintenir la compétitivité des secteurs employeurs de main d'oeuvre. Les mesures d'allégement de charges sont de bien faible effet quand, à l'exemple de la Chine, le différentiel du coût du travail va de 1 à 30 .
[Viticulture]
Monsieur le Premier ministre, il faut aussi que vous entendiez le cri d'alarme des viticulteurs. Il y a quelques semaines, ils sont descendus dans la rue, par milliers, avec leurs familles, rejoints par la population locale, accompagnés par les élus de toute tendance, inquiets de voir disparaître une activité inséparable de l'identité et de la culture de leur région.
Ils sont venus exprimer la souffrance d'une filière à l'agonie.
Pourtant, les viticulteurs sont prêts à rebondir, à adapter leurs produits, à restructurer leurs outils.
Mais l'État ne doit pas rester spectateur.
Il doit accompagner les exploitations les plus en difficulté, favoriser les restructurations nécessaires, jouer son rôle d'ambassadeur de l'économie nationale comme il sait le faire pour vendre des Airbus ou des TGV.
L'État doit aussi freiner les ardeurs de ceux qui passent leur temps à diaboliser le vin.
Pourquoi la moindre publicité sur le vin est-elle devenue un crime contre la santé publique ?
Entre l'alcoolisme et l'abstinence, il n'y aurait donc pas de juste milieu ?
Qui nous protégera de ces "pères-la-vertu" qui confondent modération et prohibition ?
[Grandes Cultures]
En faisant le tour, bien incomplet, des productions en crise, je ne peux pas passer sous silence le marasme dans lequel s'enfoncent les grandes cultures. Elles restent de grandes productions, organisées et inventives, un grand secteur d'exportation. Mais elles ont un genou à terre.
Quand la Commission comprendra-t-elle qu'une bonne gestion des restitutions et même tout simplement des certifications d'exportation, est garante du bon déroulement d'une campagne ?
Pour que les producteurs continuent de croire à l'avenir mettez rapidement en oeuvre le plan végétal que vous avez annoncé au SPACE et pérennisez les engagements fiscaux du plan biocarburant.
Enfin, si nous voulons garder nos marges de compétitivité, ne laissons pas les bénéfices de nos progrès technologiques à nos concurrents.
[Donner les moyens d'aborder la compétition économique]
Monsieur le Premier ministre, le patriotisme économique doit aussi vous conduire à donner à nos exploitations les moyens d'aborder la compétition économique à égalité de chance avec nos concurrents.
Les agriculteurs sont emportés dans une spirale délirante de réglementation, de charges et de contraintes en tout genre.
On étouffe les trésoreries,
On étouffe la liberté d'entreprendre,
On étouffe l'innovation.
[L'eau : éviter une charge supplémentaire]
Alléger les charges, oui ! Et d'abord ne pas en créer de nouvelles.
Depuis quelques semaines, j'entends parler d'une taxe azote qui viendrait se glisser dans le projet de loi sur l'eau.
J'espère que j'ai mal entendu et que sur ce point, on s'en tiendra aux engagements du Président de la République et au texte voté par le Sénat.
S'il s'agit de financer les agences de bassin, les agriculteurs y participent déjà.
S'il s'agit d'une mesure environnementale, les agriculteurs sont déjà engagés dans des programmes de respect de la ressource en eau.
Mais sur ce sujet, comme sur tout ce qui touche à l'environnement, les agriculteurs sont présumés coupables.
Quand un malfrat est inculpé, il bénéficie d'une présomption d'innocence. Quand un agriculteur fait son métier, il bénéficie d'une présomption de culpabilité.
Il faut quand même arrêter de dire que l'agriculture assèche le pays. Un peu de bon sens : les plantes sont des êtres vivants, elles ont besoin d'eau pour pousser !
Ou alors, lançons-nous dans la monoculture du cactus !
Toutes les activités humaines consomment de l'eau.
Chaque être vivant est un consommateur d'eau.
Et la France ne manque pas d'eau. Sur 175 milliards de m3 de précipitations annuelles, seuls 33 milliards sont consommés.
Le problème c'est que nous la regardons filer vers la mer en refusant de la stocker.
Il y a quelques décennies, l'État donnait l'impulsion à des ouvrages hydrauliques gigantesques comme l'aménagement du Bas-Rhône ou celui des coteaux de Gascogne.
Il y avait un véritable enthousiasme créateur. Aujourd'hui, vous ne pouvez pas faire une modeste retenue collinaire sans qu'un quarteron d'écologistes viennent vous mettre des bâtons dans les roues : vous allez soit disant modifier le climat, porter préjudice à un couple de coléoptères, noyer une touffe de pâquerettes, etc., etc.
J'ai l'impression qu'il y a dans ce pays des gens dont la seule activité est de décourager ceux qui ont encore envie de travailler.
[Le principe de précaution]
Et que dire du principe de précaution, qu'il faudrait baptiser principe d'immobilisme car c'est le parfait alibi pour ne rien décider.
Pendant que des pays avancent à pas de géant, chez nous la moindre innovation devient suspecte.
Et quand, au nom de ce principe de précaution, on en vient à stopper la recherche, à détruire le bien d'autrui, alors ce principe n'est plus qu'un paravent derrière lequel s'avance le pire des obscurantismes.
[L'énergie : alléger une charge de plus en plus lourde]
Parmi toutes les charges que nous subissons, je ne peux pas passer sous silence le coût de l'énergie qui a atteint des niveaux insupportables.
Tous les exploitants sont pénalisés, les serristes plus encore que les autres. Cette charge est d'autant plus lourde que nous ne pouvons pas la répercuter sur le prix de vente de nos produits.
L'an dernier le Gouvernement avait répondu favorablement à nos demandes sur le remboursement des taxations nationales sur le gas-oil, le fuel et le gaz.
Hélas, le prix de l'énergie n'a pas baissé.
Monsieur le Premier ministre, je vous demande solennellement de maintenir en 2006 les mêmes dispositifs que l'an dernier.
Ces derniers jours, je lis çà et là que pour maintenir un haut niveau de compétitivité, l'entreprise Gaz de France procéderait à des augmentations très substantielles. Nous ne pourrons pas les supporter : usez de votre autorité pour que nos tarifs n'incorporent pas de telles hausses.
[La TVA sociale]
Le patriotisme économique, monsieur le Premier ministre, c'est tout faire pour réduire les avantages des produits importés.
À cet égard, la piste ouverte par la TVA sociale offre des solutions. Elle peut favoriser les entreprises qui emploient en France, au détriment de celles qui délocalisent.
Elle améliore notre compétitivité à l'export, tout en faisant participer les importations au financement de notre protection sociale. Elle n'ampute pas le pouvoir d'achat du consommateur.
Aujourd'hui, aucune contrainte communautaire ne s'oppose à la création de la TVA sociale.
Sa mise en place relève d'une décision politique : voulons-nous favoriser le maintien de l'emploi en France en conservant un tissu économique et social vivant ?
La FNSEA propose d'avancer dans cette voie depuis de nombreuses années. En la matière, on ne peut pas se contenter de demi-mesures.
[Simplifier]
Nous donner des armes pour affronter la compétition économique, c'est aussi arrêter ce délire réglementaire qui plombe nos initiatives.
Il faut des formulaires pour les terres, les animaux, les aides, les bâtiments, les salariés, les carburants, les combustibles, sans parler des déclarations comptables, des boucles pour les animaux, des tracés cartographiques, j'en passe et des meilleures.
Bientôt, il n'y aura plus que les déclarations d'amour qui n'auront pas besoin de formulaire. Encore que ... !
[DPU]
Avec la mise en place des DPU, on a atteint des sommets.
Chaque agriculteur est un cas particulier et des petits malins profitent de ce maquis pour spéculer sur le dos de leurs voisins.
Il faut tout faire pour rendre le dispositif plus transparent, plus compréhensible, et pour casser la spéculation.
Pour nous, les DPU demeurent des compensations de baisse de prix. Tous les exploitants en activité doivent pouvoir en bénéficier.
Le revenu des agriculteurs est déjà très bas. Ne pas mobiliser tous les DPU disponibles, c'est les priver d'un revenu qui leur revient de plein droit. Il ne doit pas y avoir un seul DPU dormant en 2006 . Vous avez sur ce dossier une obligation de résultat.
[Les prix agricoles et la distribution]
Monsieur le Premier ministre, vous savez combien je suis attaché au triptyque :
- Pas de pays sans paysans
- Pas de paysans sans revenu
- Pas de revenu sans prix.
Nous voulons vivre de notre métier grâce à des prix rémunérateurs.
Aujourd'hui, la grande Distribution n'applique qu'une seule politique : la politique des prix bas. Surtout pour ses fournisseurs.
Aucun texte de loi n'a permis de mettre un terme aux pratiques déloyales de la Grande distribution. Elle déploie toujours des trésors d'imagination pour contourner toutes les règles et pressurer toujours plus les agriculteurs et les PME.
Il faudra aussi que les consommateurs finissent par comprendre que la qualité a un prix.
Le sujet est difficile : vos prédécesseurs en savent quelque chose.
Pour vous attaquer au sujet, n'attendez pas qu'il n'y ait plus qu'un seul distributeur en France, et que, cerise sur le gâteau, ce soit un américain !
[Défendre à l'OMC et dans l'Union européenne]
Le patriotisme économique, Monsieur le Premier ministre, c'est donner la chance aux productions françaises de tenir leur place sur le marché européen et sur le marché international.
Après Hongkong, les négociations de l'OMC continuent à Genève, loin des micros et des caméras. Les discussions n'intéressent qu'une poignée de spécialistes et les alter mondialistes ont rangé leurs banderoles pour se tourner vers des combats plus médiatiques.
Et pourtant, c'est le sort de millions d'agriculteurs qui se joue.
Car l'objectif de l'OMC c'est d'ouvrir encore plus les frontières européennes, c'est d'abaisser les quelques protections qui nous restent, c'est d'aller plus loin encore dans la voie du libre échange planétaire.
Pour justifier cette politique, on met en avant les pays pauvres et les consommateurs, qui auraient tout à y gagner.
Mais à qui peut-on faire croire que c'est l'intérêt des pays en développement de nous vendre leurs matières premières pour pouvoir payer leurs achats de biens industriels ? L'urgence, pour les pays pauvres, c'est de produire ce qu'ils mangent. Pas d'aller se briser les ailes sur un marché mondial qui est un marché de dupes.
Quant aux consommateurs européens, c'est une illusion de croire qu'ils pourront durablement s'approvisionner à l'extérieur à des prix toujours plus bas sans remettre en cause leur propre niveau de vie.
Pour consommer, il faut d'abord avoir un travail.
Or, ce sont les produits qui contiennent beaucoup d'emplois qu'on importe. Et s'ils coûtent moins cher, c'est parce qu'ils viennent de pays où le coût du travail est très bas.
Baisser la garde sur l'accès aux marchés, c'est engager l'Europe vers la régression sociale, c'est prendre le risque de perdre notre indépendance alimentaire si patiemment construite depuis cinquante ans.
L'Europe que nous défendons, c'est une Europe souveraine, économiquement et politiquement.
La sauvegarde de cette Europe est la condition incontournable de tout accord équilibré à l'OMC. Nous en appelons à votre extrême vigilance dans les discussions à venir.
[Mémorandum]
Le ministre de l'agriculture, au nom du Gouvernement vient de présenter au Conseil des ministres de l'Union européenne un mémorandum sur la PAC.
Ce mémorandum a l'ambition d'affirmer notre projet agricole, de nourrir le débat et de répondre aux positions caricaturales de certains pourfendeurs de la PAC.
Ce mémorandum a été précédé d'une large concertation et reprend certaines de nos propositions.
Il a reçu le soutien de quatorze autres États de l'Union. Cela prouve que la France n'est pas isolée quand elle défend l'agriculture.
En 2002, la France a obtenu de ses partenaires le maintien jusqu'en 2013 des dépenses consacrées au premier pilier.
Mais les perspectives budgétaires 2007/2013 ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées.
Notre secteur s'en trouve directement touché par une baisse de plus de 25 % des dépenses du deuxième pilier.
Monsieur le Premier ministre, les politiques structurelles sont indispensables au renouvellement des générations, à l'investissement coopératif, à la pérennité de l'agriculture dans les zones difficiles.
Aussi, l'État et les collectivités territoriales doivent veiller au maintien de cette politique dans toutes ses dimensions.
Et ne croyez surtout pas que ce désengagement public pourra être remplacé par une modulation qui déshabillerait l'un pour habiller l'autre ?
Ce rapiéçage, nous n'en voulons à aucun prix !
[Conclusion : Donner des perspectives]
Monsieur le Premier ministre, notre rapport d'orientation, était consacré cette année aux productions non alimentaires.
Du tourisme aux biocarburants, il montre que de nouveaux marchés sont à conquérir.
Ces nouveaux marchés sont stratégiques pour notre pays.
Les agriculteurs savent qu'ils s'en sortiront par le haut, en continuant d'améliorer leur compétitivité, en relevant les défis des bio-technologies, en valorisant la qualité, en adaptant leur offre à des marchés qui évoluent sans cesse.
L'agriculture a apporté à la France son indépendance alimentaire. Pour peu qu'on lui en donne les moyens, elle sera capable, demain, de lui apporter son indépendance énergétique.
C'est cela aussi le patriotisme économique.
Je vous remercie.Source http://www.fnsea.fr, le 26 mars 2006
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Chers Amis,
Monsieur le Premier Ministre, vous avez bien voulu, malgré une actualité chargée, conclure les travaux de notre 60ème congrès : le congrès de nos trois fois 20 ans. Au nom de tous, je vous en remercie.
Vous avez devant vous des agricultrices et des agriculteurs venus de toutes les régions de France, qui représentent toutes les productions, tous les systèmes d'exploitation.
Vous avez devant vous toute l'agriculture française.
[Soixante ans : anniversaire de la FNSEA]
Chaque paysan ici présent, chaque responsable professionnel sait qu'il est dépositaire de l'histoire du syndicalisme agricole français qu'incarne la FNSEA.
En effet, il y a 60 ans, en 1946, Eugène Forget, Président de la FNSEA, clôturait notre premier congrès et prononçait le Serment de l'Unité paysanne. Je veux aussi rappeler qu'il y a cinquante ans se créait la commission des agricultrices. Avant bien d'autres, nous avons reconnu la place des femmes dans l'agriculture.
Depuis, que de chemin parcouru ! Que de combats menés ! Que de progrès accomplis !
Le statut du fermage, l'agriculture de groupe, le congé maternité, le statut de conjoint collaborateur ou encore la retraite complémentaire et bien d'autres avancées que je n'ai pas le temps de citer : autant de progrès pour lesquels nous nous sommes battus.
Nous avons accompli la révolution silencieuse des campagnes françaises, pour faire des agriculteurs des citoyens à part entière, pour faire de l'agriculture un secteur économique et social de premier ordre, pour gagner la bataille de l'indépendance alimentaire !
Depuis soixante ans, la FNSEA remplit avec fermeté et constance sa mission de corps intermédiaire. Elle veille à la préservation des grands équilibres sociaux et économiques.
Elle est un des maillons essentiels de la démocratie. Elle sait s'engager et prendre ses responsabilités.
Sans la mobilisation de la FNSEA aurait-il été possible d'organiser l'opération de solidarité, au moment de la sécheresse 2003 ? Sans notre implication sur le terrain, serait-il possible de gérer la mise en oeuvre des DPU ? Sans nos propositions, la loi d'orientation agricole aurait-elle pu être enrichie ?
Monsieur le Premier ministre, la politique agricole ne peut pas se faire sans nous !
Mais cet anniversaire, nous aurions eu plus de coeur à le célébrer si l'ambiance n'était pas aussi morose dans les campagnes. Les crises, les baisses de revenu, les incertitudes de l'OMC nous plongent dans le désarroi.
Les paysans attendent des solutions, des perspectives, de l'espoir.
[Le patriotisme économique]
Vous avez lancé, monsieur le Premier ministre, l'idée du patriotisme économique.
Votre propos a surpris car le mot de patriotisme peut sembler anachronique.
Pour ma part, je trouve plutôt rafraîchissant de sortir des sentiers battus. Le patriotisme économique ce n'est ni le chauvinisme borné, ni le repli identitaire.
Comme vous l'avez souligné, il s'agit de rassembler nos forces et de valoriser le fait de défendre la France et ce qui est français.
Nous sommes profondément européens et l'agriculture est la première des politiques intégrées de l'Europe. Mais cela ne doit pas nous empêcher de faire valoir nos atouts et de tirer parti de toutes nos potentialités.
Dans une Europe qui abandonne ses outils de gestion de marché, et dans laquelle certains voudraient ringardiser l'agriculture, la France doit conserver une agriculture forte, exportatrice, avec ses 3 millions d'emplois directs et indirects présents sur tout le territoire.
[Aider les filières en crise]
Monsieur le Premier ministre, le patriotisme économique doit vous conduire en premier lieu à venir au secours des filières en détresse.
[Aviculture]
L'aviculture traverse une crise qui nous renvoie aux épisodes les plus sombres de la crise de l'ESB : des médias qui affolent les consommateurs et une Commission européenne aux abonnés absents.
Tous les ingrédients sont réunis pour détruire cette filière, pousser des milliers d'exploitants et de salariés à la faillite ou au chômage.
Monsieur le Premier ministre, je me suis permis, comme on dit de vous mettre la pression. Vous avez commencé à répondre à notre demande en faisant jouer la solidarité nationale.
Il faudra compléter les enveloppes en tant que de besoin, comme vous vous y êtes vous-même engagé. Cet effort est nécessaire afin qu'on en se retrouve pas au sortir de la crise avec une filière totalement décimée.
Mais ça ne suffit pas. La crise est européenne. Le Gouvernement est intervenu auprès de la Commission mais celle-ci tergiverse, nous renvoyant de l'Europe l'image que nous ne voulons pas. Il faut impérativement alléger le marché et déplafonner les aides aux éleveurs. Après avoir abandonné la gestion des marchés, l'Europe doit au moins s'investir dans la gestion des crises. C'est bien le minimum que nous sommes en droit de lui demander.
Au lieu de nous infliger une amende extravagante parce que nous avons commis le crime, en 2001, de vouloir défendre les éleveurs, la commission ferait mieux de tirer les leçons de sa gestion désastreuse de la crise de l'ESB.
[Arboriculture]
Le secteur de l'arboriculture traverse également une crise sans précédent. Toutes les productions sont touchées. Les mécanismes régulateurs ne fonctionnent plus et la Grande Distribution, avec la complicité de la Commission européenne, a ouvert tout grand les vannes aux importations.
Il faut d'urgence venir en aide aux arboriculteurs pour leur permettre de faire face à leurs difficultés de trésorerie. Ensuite, un plan de restructuration et de réorganisation est à mettre en place avec la profession.
Mais tout cela ne servira à rien si aucune solution n'est apportée à l'explosion du coût du travail : le SMIC a augmenté de 25 % en 5 ans alors que la main d'oeuvre représente jusqu'à 70 % du prix de revient en arboriculture.
Et le paradoxe, c'est que cette main d'oeuvre de plus en plus chère est aussi de plus en plus rare.
Monsieur le Premier ministre, comme je vous en ai fait la demande, faites en sorte que les ressortissants des nouveaux pays de l'Union puissent, dès cet été, venir travailler sur nos exploitations, sans la lourdeur des procédures OMI .
Au-delà, une grande réflexion doit être engagée pour maintenir la compétitivité des secteurs employeurs de main d'oeuvre. Les mesures d'allégement de charges sont de bien faible effet quand, à l'exemple de la Chine, le différentiel du coût du travail va de 1 à 30 .
[Viticulture]
Monsieur le Premier ministre, il faut aussi que vous entendiez le cri d'alarme des viticulteurs. Il y a quelques semaines, ils sont descendus dans la rue, par milliers, avec leurs familles, rejoints par la population locale, accompagnés par les élus de toute tendance, inquiets de voir disparaître une activité inséparable de l'identité et de la culture de leur région.
Ils sont venus exprimer la souffrance d'une filière à l'agonie.
Pourtant, les viticulteurs sont prêts à rebondir, à adapter leurs produits, à restructurer leurs outils.
Mais l'État ne doit pas rester spectateur.
Il doit accompagner les exploitations les plus en difficulté, favoriser les restructurations nécessaires, jouer son rôle d'ambassadeur de l'économie nationale comme il sait le faire pour vendre des Airbus ou des TGV.
L'État doit aussi freiner les ardeurs de ceux qui passent leur temps à diaboliser le vin.
Pourquoi la moindre publicité sur le vin est-elle devenue un crime contre la santé publique ?
Entre l'alcoolisme et l'abstinence, il n'y aurait donc pas de juste milieu ?
Qui nous protégera de ces "pères-la-vertu" qui confondent modération et prohibition ?
[Grandes Cultures]
En faisant le tour, bien incomplet, des productions en crise, je ne peux pas passer sous silence le marasme dans lequel s'enfoncent les grandes cultures. Elles restent de grandes productions, organisées et inventives, un grand secteur d'exportation. Mais elles ont un genou à terre.
Quand la Commission comprendra-t-elle qu'une bonne gestion des restitutions et même tout simplement des certifications d'exportation, est garante du bon déroulement d'une campagne ?
Pour que les producteurs continuent de croire à l'avenir mettez rapidement en oeuvre le plan végétal que vous avez annoncé au SPACE et pérennisez les engagements fiscaux du plan biocarburant.
Enfin, si nous voulons garder nos marges de compétitivité, ne laissons pas les bénéfices de nos progrès technologiques à nos concurrents.
[Donner les moyens d'aborder la compétition économique]
Monsieur le Premier ministre, le patriotisme économique doit aussi vous conduire à donner à nos exploitations les moyens d'aborder la compétition économique à égalité de chance avec nos concurrents.
Les agriculteurs sont emportés dans une spirale délirante de réglementation, de charges et de contraintes en tout genre.
On étouffe les trésoreries,
On étouffe la liberté d'entreprendre,
On étouffe l'innovation.
[L'eau : éviter une charge supplémentaire]
Alléger les charges, oui ! Et d'abord ne pas en créer de nouvelles.
Depuis quelques semaines, j'entends parler d'une taxe azote qui viendrait se glisser dans le projet de loi sur l'eau.
J'espère que j'ai mal entendu et que sur ce point, on s'en tiendra aux engagements du Président de la République et au texte voté par le Sénat.
S'il s'agit de financer les agences de bassin, les agriculteurs y participent déjà.
S'il s'agit d'une mesure environnementale, les agriculteurs sont déjà engagés dans des programmes de respect de la ressource en eau.
Mais sur ce sujet, comme sur tout ce qui touche à l'environnement, les agriculteurs sont présumés coupables.
Quand un malfrat est inculpé, il bénéficie d'une présomption d'innocence. Quand un agriculteur fait son métier, il bénéficie d'une présomption de culpabilité.
Il faut quand même arrêter de dire que l'agriculture assèche le pays. Un peu de bon sens : les plantes sont des êtres vivants, elles ont besoin d'eau pour pousser !
Ou alors, lançons-nous dans la monoculture du cactus !
Toutes les activités humaines consomment de l'eau.
Chaque être vivant est un consommateur d'eau.
Et la France ne manque pas d'eau. Sur 175 milliards de m3 de précipitations annuelles, seuls 33 milliards sont consommés.
Le problème c'est que nous la regardons filer vers la mer en refusant de la stocker.
Il y a quelques décennies, l'État donnait l'impulsion à des ouvrages hydrauliques gigantesques comme l'aménagement du Bas-Rhône ou celui des coteaux de Gascogne.
Il y avait un véritable enthousiasme créateur. Aujourd'hui, vous ne pouvez pas faire une modeste retenue collinaire sans qu'un quarteron d'écologistes viennent vous mettre des bâtons dans les roues : vous allez soit disant modifier le climat, porter préjudice à un couple de coléoptères, noyer une touffe de pâquerettes, etc., etc.
J'ai l'impression qu'il y a dans ce pays des gens dont la seule activité est de décourager ceux qui ont encore envie de travailler.
[Le principe de précaution]
Et que dire du principe de précaution, qu'il faudrait baptiser principe d'immobilisme car c'est le parfait alibi pour ne rien décider.
Pendant que des pays avancent à pas de géant, chez nous la moindre innovation devient suspecte.
Et quand, au nom de ce principe de précaution, on en vient à stopper la recherche, à détruire le bien d'autrui, alors ce principe n'est plus qu'un paravent derrière lequel s'avance le pire des obscurantismes.
[L'énergie : alléger une charge de plus en plus lourde]
Parmi toutes les charges que nous subissons, je ne peux pas passer sous silence le coût de l'énergie qui a atteint des niveaux insupportables.
Tous les exploitants sont pénalisés, les serristes plus encore que les autres. Cette charge est d'autant plus lourde que nous ne pouvons pas la répercuter sur le prix de vente de nos produits.
L'an dernier le Gouvernement avait répondu favorablement à nos demandes sur le remboursement des taxations nationales sur le gas-oil, le fuel et le gaz.
Hélas, le prix de l'énergie n'a pas baissé.
Monsieur le Premier ministre, je vous demande solennellement de maintenir en 2006 les mêmes dispositifs que l'an dernier.
Ces derniers jours, je lis çà et là que pour maintenir un haut niveau de compétitivité, l'entreprise Gaz de France procéderait à des augmentations très substantielles. Nous ne pourrons pas les supporter : usez de votre autorité pour que nos tarifs n'incorporent pas de telles hausses.
[La TVA sociale]
Le patriotisme économique, monsieur le Premier ministre, c'est tout faire pour réduire les avantages des produits importés.
À cet égard, la piste ouverte par la TVA sociale offre des solutions. Elle peut favoriser les entreprises qui emploient en France, au détriment de celles qui délocalisent.
Elle améliore notre compétitivité à l'export, tout en faisant participer les importations au financement de notre protection sociale. Elle n'ampute pas le pouvoir d'achat du consommateur.
Aujourd'hui, aucune contrainte communautaire ne s'oppose à la création de la TVA sociale.
Sa mise en place relève d'une décision politique : voulons-nous favoriser le maintien de l'emploi en France en conservant un tissu économique et social vivant ?
La FNSEA propose d'avancer dans cette voie depuis de nombreuses années. En la matière, on ne peut pas se contenter de demi-mesures.
[Simplifier]
Nous donner des armes pour affronter la compétition économique, c'est aussi arrêter ce délire réglementaire qui plombe nos initiatives.
Il faut des formulaires pour les terres, les animaux, les aides, les bâtiments, les salariés, les carburants, les combustibles, sans parler des déclarations comptables, des boucles pour les animaux, des tracés cartographiques, j'en passe et des meilleures.
Bientôt, il n'y aura plus que les déclarations d'amour qui n'auront pas besoin de formulaire. Encore que ... !
[DPU]
Avec la mise en place des DPU, on a atteint des sommets.
Chaque agriculteur est un cas particulier et des petits malins profitent de ce maquis pour spéculer sur le dos de leurs voisins.
Il faut tout faire pour rendre le dispositif plus transparent, plus compréhensible, et pour casser la spéculation.
Pour nous, les DPU demeurent des compensations de baisse de prix. Tous les exploitants en activité doivent pouvoir en bénéficier.
Le revenu des agriculteurs est déjà très bas. Ne pas mobiliser tous les DPU disponibles, c'est les priver d'un revenu qui leur revient de plein droit. Il ne doit pas y avoir un seul DPU dormant en 2006 . Vous avez sur ce dossier une obligation de résultat.
[Les prix agricoles et la distribution]
Monsieur le Premier ministre, vous savez combien je suis attaché au triptyque :
- Pas de pays sans paysans
- Pas de paysans sans revenu
- Pas de revenu sans prix.
Nous voulons vivre de notre métier grâce à des prix rémunérateurs.
Aujourd'hui, la grande Distribution n'applique qu'une seule politique : la politique des prix bas. Surtout pour ses fournisseurs.
Aucun texte de loi n'a permis de mettre un terme aux pratiques déloyales de la Grande distribution. Elle déploie toujours des trésors d'imagination pour contourner toutes les règles et pressurer toujours plus les agriculteurs et les PME.
Il faudra aussi que les consommateurs finissent par comprendre que la qualité a un prix.
Le sujet est difficile : vos prédécesseurs en savent quelque chose.
Pour vous attaquer au sujet, n'attendez pas qu'il n'y ait plus qu'un seul distributeur en France, et que, cerise sur le gâteau, ce soit un américain !
[Défendre à l'OMC et dans l'Union européenne]
Le patriotisme économique, Monsieur le Premier ministre, c'est donner la chance aux productions françaises de tenir leur place sur le marché européen et sur le marché international.
Après Hongkong, les négociations de l'OMC continuent à Genève, loin des micros et des caméras. Les discussions n'intéressent qu'une poignée de spécialistes et les alter mondialistes ont rangé leurs banderoles pour se tourner vers des combats plus médiatiques.
Et pourtant, c'est le sort de millions d'agriculteurs qui se joue.
Car l'objectif de l'OMC c'est d'ouvrir encore plus les frontières européennes, c'est d'abaisser les quelques protections qui nous restent, c'est d'aller plus loin encore dans la voie du libre échange planétaire.
Pour justifier cette politique, on met en avant les pays pauvres et les consommateurs, qui auraient tout à y gagner.
Mais à qui peut-on faire croire que c'est l'intérêt des pays en développement de nous vendre leurs matières premières pour pouvoir payer leurs achats de biens industriels ? L'urgence, pour les pays pauvres, c'est de produire ce qu'ils mangent. Pas d'aller se briser les ailes sur un marché mondial qui est un marché de dupes.
Quant aux consommateurs européens, c'est une illusion de croire qu'ils pourront durablement s'approvisionner à l'extérieur à des prix toujours plus bas sans remettre en cause leur propre niveau de vie.
Pour consommer, il faut d'abord avoir un travail.
Or, ce sont les produits qui contiennent beaucoup d'emplois qu'on importe. Et s'ils coûtent moins cher, c'est parce qu'ils viennent de pays où le coût du travail est très bas.
Baisser la garde sur l'accès aux marchés, c'est engager l'Europe vers la régression sociale, c'est prendre le risque de perdre notre indépendance alimentaire si patiemment construite depuis cinquante ans.
L'Europe que nous défendons, c'est une Europe souveraine, économiquement et politiquement.
La sauvegarde de cette Europe est la condition incontournable de tout accord équilibré à l'OMC. Nous en appelons à votre extrême vigilance dans les discussions à venir.
[Mémorandum]
Le ministre de l'agriculture, au nom du Gouvernement vient de présenter au Conseil des ministres de l'Union européenne un mémorandum sur la PAC.
Ce mémorandum a l'ambition d'affirmer notre projet agricole, de nourrir le débat et de répondre aux positions caricaturales de certains pourfendeurs de la PAC.
Ce mémorandum a été précédé d'une large concertation et reprend certaines de nos propositions.
Il a reçu le soutien de quatorze autres États de l'Union. Cela prouve que la France n'est pas isolée quand elle défend l'agriculture.
En 2002, la France a obtenu de ses partenaires le maintien jusqu'en 2013 des dépenses consacrées au premier pilier.
Mais les perspectives budgétaires 2007/2013 ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées.
Notre secteur s'en trouve directement touché par une baisse de plus de 25 % des dépenses du deuxième pilier.
Monsieur le Premier ministre, les politiques structurelles sont indispensables au renouvellement des générations, à l'investissement coopératif, à la pérennité de l'agriculture dans les zones difficiles.
Aussi, l'État et les collectivités territoriales doivent veiller au maintien de cette politique dans toutes ses dimensions.
Et ne croyez surtout pas que ce désengagement public pourra être remplacé par une modulation qui déshabillerait l'un pour habiller l'autre ?
Ce rapiéçage, nous n'en voulons à aucun prix !
[Conclusion : Donner des perspectives]
Monsieur le Premier ministre, notre rapport d'orientation, était consacré cette année aux productions non alimentaires.
Du tourisme aux biocarburants, il montre que de nouveaux marchés sont à conquérir.
Ces nouveaux marchés sont stratégiques pour notre pays.
Les agriculteurs savent qu'ils s'en sortiront par le haut, en continuant d'améliorer leur compétitivité, en relevant les défis des bio-technologies, en valorisant la qualité, en adaptant leur offre à des marchés qui évoluent sans cesse.
L'agriculture a apporté à la France son indépendance alimentaire. Pour peu qu'on lui en donne les moyens, elle sera capable, demain, de lui apporter son indépendance énergétique.
C'est cela aussi le patriotisme économique.
Je vous remercie.Source http://www.fnsea.fr, le 26 mars 2006