Texte intégral
Le Monde. Le groupe de travail des parlementaires UMP, que vous avez rencontré mercredi 5 avril, a-t-il évoqué l'abrogation du contrat première embauche (CPE) ?
François Chérèque. Le rendez-vous a été consacré à l'écoute de ce que la CFDT propose. Mais le président du groupe UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a fait une courte introduction dans laquelle il a dit que, pendant la période de concertation et jusqu'au dépôt de la nouvelle proposition de loi, le CPE était suspendu.
Le Monde. Cette suspension peut-elle conduire la CFDT à négocier ?
François Chérèque. Non, évidemment. Parce que la CFDT continue de demander le retrait du CPE avant de rentrer dans une phase de négociation.
Le Monde. À quelle échéance envisagez-vous de commencer à négocier ?
François Chérèque. Il faut d'abord une proposition de loi qui retire le CPE, l'abroge ou le remplace. Elle peut d'ailleurs fixer un délai pour négocier certains sujets, à condition qu'il soit acceptable. Il nous faut ce texte dans les jours qui viennent, c'est-à-dire avant les vacances parlementaires de la mi-avril.
Le reste relève d'un processus plus long, dont il faut définir les modalités. Certains chantiers, comme la sécurisation des parcours professionnels, appartiennent aux partenaires sociaux qui ont aussi prévu de conduire des discussions sur la remise à plat du régime de l'assurance-chômage, l'Unédic. Les partenaires sociaux et le gouvernement peuvent aussi trouver matière à concertation sur d'autres thèmes, comme, par exemple, le recours aux emplois aidés.
Le Monde. Faut-il de nouveaux contrats pour remplacer le CPE ?
François Chérèque. Il n'est pas utile de créer de nouveaux contrats. Il n'est pas non plus question de réserver le CPE aux jeunes en difficulté, comme certains le proposent. Il faut aider les jeunes à entrer dans l'entreprise, mais avec des contrats qui respectent les éléments essentiels du droit du travail. Nous sommes contre le CPE parce qu'il fait des moins de 26 ans une catégorie à part et prétend apporter une réponse globale sans tenir compte de la diversité des situations.
La CFDT propose que chaque jeune arrivant sur le marché du travail puisse être reçu par le service public de l'emploi (ANPE...). Et qu'on lui propose un parcours d'accès à la vie active, avec des régimes différenciés : ceux qui ont un diplôme correspondant à des emplois disponibles bénéficieront d'un simple accompagnement. Ceux qui ont un diplôme ou une formation mal adaptés pourraient se voir proposer des contrats de professionnalisation ou l'apprentissage. Pour les plus en difficulté - souvent des non-qualifiés - il faudra créer un parcours différencié de type Civis, contrats jeunes en entreprise ou autres.
Le Monde. La CFDT est-elle prête à négocier la flexibilité ?
François Chérèque. Ce n'est pas la flexibilité que nous voulons négocier, mais la sécurisation des parcours professionnels. Ce que, dans d'autres pays, on appelle la « flexisécurité », c'est-à-dire des garanties fortes pour les salariés dans un marché du travail plus souple.
Le Monde. La crise ne donne-t-elle pas raison à ceux qui privilégient la contestation ?
François Chérèque. Au contraire, tout le monde reconnaît que la meilleure méthode pour réformer consiste à passer par une concertation préalable, un diagnostic commun puis par une négociation. Et que chacun doit assumer ses responsabilités dans le cadre d'un compromis, c'est-à-dire tout ce que n'a pas fait le Premier ministre.
Propos recueillis par Rémi Barroux source http://www.cfdt.fr, le 7 avril 2006
François Chérèque. Le rendez-vous a été consacré à l'écoute de ce que la CFDT propose. Mais le président du groupe UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a fait une courte introduction dans laquelle il a dit que, pendant la période de concertation et jusqu'au dépôt de la nouvelle proposition de loi, le CPE était suspendu.
Le Monde. Cette suspension peut-elle conduire la CFDT à négocier ?
François Chérèque. Non, évidemment. Parce que la CFDT continue de demander le retrait du CPE avant de rentrer dans une phase de négociation.
Le Monde. À quelle échéance envisagez-vous de commencer à négocier ?
François Chérèque. Il faut d'abord une proposition de loi qui retire le CPE, l'abroge ou le remplace. Elle peut d'ailleurs fixer un délai pour négocier certains sujets, à condition qu'il soit acceptable. Il nous faut ce texte dans les jours qui viennent, c'est-à-dire avant les vacances parlementaires de la mi-avril.
Le reste relève d'un processus plus long, dont il faut définir les modalités. Certains chantiers, comme la sécurisation des parcours professionnels, appartiennent aux partenaires sociaux qui ont aussi prévu de conduire des discussions sur la remise à plat du régime de l'assurance-chômage, l'Unédic. Les partenaires sociaux et le gouvernement peuvent aussi trouver matière à concertation sur d'autres thèmes, comme, par exemple, le recours aux emplois aidés.
Le Monde. Faut-il de nouveaux contrats pour remplacer le CPE ?
François Chérèque. Il n'est pas utile de créer de nouveaux contrats. Il n'est pas non plus question de réserver le CPE aux jeunes en difficulté, comme certains le proposent. Il faut aider les jeunes à entrer dans l'entreprise, mais avec des contrats qui respectent les éléments essentiels du droit du travail. Nous sommes contre le CPE parce qu'il fait des moins de 26 ans une catégorie à part et prétend apporter une réponse globale sans tenir compte de la diversité des situations.
La CFDT propose que chaque jeune arrivant sur le marché du travail puisse être reçu par le service public de l'emploi (ANPE...). Et qu'on lui propose un parcours d'accès à la vie active, avec des régimes différenciés : ceux qui ont un diplôme correspondant à des emplois disponibles bénéficieront d'un simple accompagnement. Ceux qui ont un diplôme ou une formation mal adaptés pourraient se voir proposer des contrats de professionnalisation ou l'apprentissage. Pour les plus en difficulté - souvent des non-qualifiés - il faudra créer un parcours différencié de type Civis, contrats jeunes en entreprise ou autres.
Le Monde. La CFDT est-elle prête à négocier la flexibilité ?
François Chérèque. Ce n'est pas la flexibilité que nous voulons négocier, mais la sécurisation des parcours professionnels. Ce que, dans d'autres pays, on appelle la « flexisécurité », c'est-à-dire des garanties fortes pour les salariés dans un marché du travail plus souple.
Le Monde. La crise ne donne-t-elle pas raison à ceux qui privilégient la contestation ?
François Chérèque. Au contraire, tout le monde reconnaît que la meilleure méthode pour réformer consiste à passer par une concertation préalable, un diagnostic commun puis par une négociation. Et que chacun doit assumer ses responsabilités dans le cadre d'un compromis, c'est-à-dire tout ce que n'a pas fait le Premier ministre.
Propos recueillis par Rémi Barroux source http://www.cfdt.fr, le 7 avril 2006