Texte intégral
Q- Les premières rencontres entre les parlementaires UMP et les syndicats ont commencé hier. Les syndicats réclament l'abrogation du CPE avant le 17 avril... Vous avez rencontré les parlementaires UMP hier et vous avez dit "Il faut porter le coup de grâce au CPE". Vous avez l'impression que les élus UMP y sont prêts ?
R- Attendez, ils nous ont surtout écoutés. L'avantage c'est que pour la première fois - parce que dans cette affaire, depuis deux mois, il n'y a pas beaucoup de dialogue, c'est le moins que l'on puisse dire - pour la première fois, on a pu leur expliquer les raisons de fond pour lesquelles nous étions opposés au CPE. Leur expliquer, y compris que ce n'était pas un problème franco français, que c'était un problème, on était soutenu dans cette affaire par tous les syndicats européens, au-delà
même de l'Europe.
Q- Et qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
R- Ils ont été attentifs. Je les ai trouvés attentifs, pour autant ils ne nous ont rien dit, rien. Ils nous ont demandé une ou deux précisions sur un ou deux chiffres. Ils nous ont dit : est-ce que vous avez des idées ? Mais bien sûr qu'on en a des idées, mais pour pouvoir discuter, il faut d'abord que vous retiriez ce texte, on n'en veut plus, il faut le zapper, il faut l'abroger. On ne peut pas dire ce qu'ils vont décider, puisqu'ils ne nous ont rien dit de particulier. C'était je dirais ce que j'appelle une phase d'écoute. Je leur ai confirmé - que mes autres camarades aussi ont fait -qu'il fallait que tout cela soit abrogé avant le 17 avril, avant qu'ils partent en vacances.
Q- Est-ce que les parlementaires UMP vous ont dit quand sera prêt le nouveau texte de loi ?
R- Non, non, non, ils nous ont dit qu'ils ne s'exprimeraient qu'après avoir reçu tout le monde. Cela devrait se terminer demain midi, si j'ai bien compris, puisqu'il y a encore aujourd'hui des organisations syndicales, les jeunes, le patronat. Donc il y aurait une expression, attendons-nous à une expression à la fin de la semaine.
Q- Mais vous allez les revoir ?
R- Pour le moment ce n'est pas prévu. Il y a les Parlementaires - c'est " surréaliste ", vous voyez j'écoute A. Rey, ce n'est pas surréaliste - ; on est, avec en face de nous des Parlementaires, qui ont toute la légitimité, ce n'est pas ça que je veux contester bien entendu. Il y a deux ministres qui sont là pour écouter, mais que pense le Gouvernement ? Pour le moment c'est cacophonique.
Q- Les ministres ils ont dit quelque chose ?N
R- on, non quasiment rien, c'est surtout les Parlementaires qui nous ont écoutés, posé des questions. Les ministres étaient présents, mais...
Q- Quels genres de questions ?
R- Parce que j'ai contesté certains chiffres que le Gouvernement balance depuis deux mois, alors ils me disent : pourquoi vous les contestez ? Je veux bien rentrer dans la technique, j'ai dit, mais attendez, vous parlez d'un taux de chômage de 22,7 %, c'est un élément, on peut voir les choses autrement : c'est différent selon les catégories, etc. Et j'ai insisté sur la gravité de la situation, que c'était une crise grave et j'en suis resté, moi au terrain syndical, après chacun son problème.
Q- Maintenant, en attendant, qu'allez-vous faire ? Vous voulez d'autres manifestations, d'autres grèves ? Ce n'est pas facile de maintenir la pression, les gens ne peuvent pas se mettre en grève tout le temps, cela coûte des journées de salaire. Et puis les examens approchent pour les lycéens, pour les étudiants. Pensez-vous que peut-être les parlementaires UMP y pensent, à un essoufflement ?
R- Vous avez raison de dire que les grèves cela coûte cher. Quelqu'un qui a fait grève, par exemple 3 jours ce mois-ci, pour ses idées, pour défendre l'avenir de ses enfants, il y a laissé 10 % de son salaire.
Q- Alors qu'est-ce que vous allez faire ?
R- Il n'y a pas beaucoup d'actionnaires qui laissent 10 % de leur salaire, c'est quand même quelque chose, il ne faut jamais l'oublier ce genre de chose.
Q- Et maintenant ?
R- Donc ce que nous avons décidé dans l'intersyndicale, dans l'immédiat, c'est de dire à douze - puisque nous sommes avec les jeunes etc. : "Allons voir les députés et sénateurs dans leur circonscription et allons leur poser la question ; qu'est-ce que c'est votre position, vous, personnelle ? Et on rendra publiques les choses dans les jours à venir. On se retrouve lundi en intersyndicale. Et j'ai expliqué moi - je ne sais pas si mes collègues ont fait la même chose - aux députés, sénateurs : "Ne vous y trompez pas, ce mouvement est profond, ce mouvement est ancré". J'ai dit, pour me faire comprendre, ce n'est pas le cas : "on peut même se permettre, ensemble, le luxe de dire qu'on le suspend trois jours et qu'on le reprend", pour bien montrer que c'est un mouvement profond. Et je leur ai dit à partir de là, si vous aviez l'idée de dire, on va traîner, parce que, le 17 avril on part en vacances 15 jours, on voit ça au 1er mai, eh bien cela continuera mais plus cela continuera, plus cela sera profond. Et ça, il faut qu'ils en prennent conscience.
Q- Très franchement hier, lors de cette rencontre avec les parlementaires UMP, est-ce qu'il n'a pas été question de négocier un nouveau contrat jeune ? Est-ce que vous êtes prêt, vous à remplacer le CPE par quelque chose de mieux, inventer autre chose ? Est-ce que vous avez évoqué cette hypothèse hier avec les parlementaires UMP, dans la presse on parle de cela.
R- C'est plus les déclarations publiques des uns et des autres. Vous savez, il y a en gros, si je prends du côté de la majorité actuelle, ceux qui sont - pardonnez-moi, cela va être peut-être un peu abrupte comme catégorisations - mais ceux qui sont conscients et qui disent "il faut abroger rapidement le CPE", il y a ceux qui disent "il faut l'abroger, mais il faut le remplacer par quelque chose" et puis il y a ceux qui disent "il ne faut pas toucher".
Q- Mais hier, ceux qui sont aux commandes, hier, qu'est-ce qu'ils vous ont dit là-dessus, rien ?
R- Ils ne nous ont rien dit là-dessus, non franchement, ils ne nous ont rien dit, puisqu'ils ne veulent pas s'exprimer avant d'avoir reçu tout le monde. Mais si c'est pour remplacer le CPE par un autre contrat de travail aussi précaire, ce n'est pas la peine. Moi je leur ai dit que ce n'est pas un problème de contrat de travail, c'est un problème de formation, c'est un problème d'insertion professionnelle, c'est un problème de création d'emploi, mais ce n'est pas un problème de contrat de travail.
Q- Justement, je voudrais connaître ce matin, quelle est la proposition précise, concrète de J.-C. Mailly pour lutter contre le chômage des jeunes ?
R- Mais il n'y en a pas qu'une ! Pourquoi ? Parce que d'abord le premier problème c'est de créer des emplois. Je ne vais pas développer ici, mais cela passe, ce que je leur ai dit d'ailleurs, politique économique, politique budgétaire.
Q- Non mais je parle de la précarité des jeunes.
R- Oui, mais attendez, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, si vous n'avez pas de création d'emploi, il n'y aura pas de création d'emploi. Ensuite il faut regarder selon les catégories. On n'a pas la même situation pour quelqu'un qui est diplômé de l'enseignement supérieur, qui pourra, pas facilement être confronté à des CDD et là il y a même des employeurs qui reconnaissent publiquement qu'ils détournent la loi sur les CDD, qu'ils embauchent des CDD...
Q- Mais vous ne répondez pas, je voudrais des propositions précises, Monsieur Mailly ?
R- Mais laissez-moi finir. Attendez, moi je ne m'appelle de Villepin, je suis syndicaliste.
Q- Mais les syndicats ils servent aussi à proposer.
R- Oui bien sûr, mais il ne faut pas confondre les choses. Quand je dis, il ne faut pas confondre les choses. D'abord on aurait du nous consulter, on a expliqué certaines choses, vous ne me le laissez pas finir. Pour les jeunes qui sont diplômés, il y a le problème des stages ; ils commencent à aborder la situation sur les stagiaires, mais ce n'est pas suffisant ce qu'ils disent sur les stagiaires. Si je prends à l'autre bout, ceux qui n'ont aucune formation, eux ce n'est pas un problème de contrat de travail, parce que ceux là, ils n'ont pas de CDI, ils n'ont pas de CDE, ils n'ont pas de CNE, ils n'ont rien ceux-là. Eh bien ceux-là c'est un problème de qualification. Cela veut dire que ceux-là, il faut qu'ils aient un contrat de travail, mais qu'ils aient aussi, type apprentissage par exemple, ou comme on a fait sur l'UNEDIC. C'est nous qui avons poussé pour qu'il y a 80.000 contrats de professionnalisation en plus par exemple. Il faut qu'ils aient la possibilité d'avoir le contrat dans l'entreprise et une vraie formation. Quand je dis "des formations", mais cela existe !
Q- Quel type de contrat, CDI pour tout le monde ?
R- Non, mais attendez, si vous n'avez pas de diplôme, vous n'avez rien aujourd'hui, ceux qui sont dans les banlieues, où il y a 30 ou 40 % de chômage, vous croyez qu'ils ont un CDI, vous croyez qu'ils ont un CDD, vous croyez qu'ils ont un CNE ? Ils n'ont rien, ceux-là il faut quoi, il faut qu'ils aient un diplôme pour pouvoir avoir un boulot. Ce diplôme, il faut une formation et la formation elle doit être faite en dehors de l'entreprise, sinon elle n'a jamais lieu. J'ai des cas précis aujourd'hui de gens qui sont en contrat d'avenir pour l'emploi. Une personne qui a 43 ans, qui est pionne dans un lycée à mi-temps, vous croyez qu'elle est formée ? A rien du tout !
Q- Mais vous ne parlez pas du droit du travail là ?
Eh bien non, parce qu'attendez, si c'est pour nous dire, on va remplacer le CPE par un truc encore plus flexible ou je ne sais quoi, eh bien ils vont se replanter, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, ils ont l'habitude en ce moment !
Q- Donc un CDI ?
R- Mais le CDI, vous savez combien cela représente de contrats de travail dans le privé aujourd'hui ? 87 % des contrats de travail. Alors si l'objectif est de dire - c'était ça au départ, le gouvernement, maintenant, n'en parle plus, c'était, la troisième étape - "on flingue le CDI", c'était ça la troisième étape, même s'ils ne le disent plus aujourd'hui, tout le monde a bien compris, il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Tout le monde a bien compris que dans cette affaire, il y a eu même des ministres qui ont eu le courage de le dire - Dutreil, il ne l'a pas fait exprès, mais il a dit à un moment donné : "on propose un contrat flexible aux patrons et ils n'ont même pas le courage de dire que c'est bien".
Q- Donc, vous voulez un CDI pour les jeunes ?
R- L'objectif est que tous les salariés aient un CDI. Maintenant, ceux qui n'ont pas de qualification, il faut les aider à avoir une qualification, c'est ça le problème de fond.
Q- J.-C. Mailly, souhaitez-vous la démission de D. de Villepin qui a dit hier, qu'il tirera toutes les conclusions nécessaires des discussions des syndicats ?
R- Ce n'est pas mon problème, mais tout le monde a bien conscience aujourd'hui, qu'à la limite, pour certains le CPE ce n'est plus leur problème ; c'est qui veut être roi à la place du roi ? Mais ça ce n'est pas notre affaire. C'est une image de la politique qui n'est pas nouvelle, mais qui, je le crois, finit par porter préjudice à la démocratie. Ce n'est pas mon problème, moi.
Q- Je pose ma question autrement : est-ce que vous le regretterez s'il démissionne ?
R- Franchement, ce n'est pas mon problème.
Q- Vous ne lui en voulez pas de ne pas vous avoir consulté... ?
R- Vous savez très bien qu'il tient une conférence de presse ce matin. Qu'il soit un peu humble, qu'il reconnaisse qu'il s'est planté et qu'il dise "Oui, il faut abroger le CPE". Voilà, ce serait bien ça.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 avril 2006
R- Attendez, ils nous ont surtout écoutés. L'avantage c'est que pour la première fois - parce que dans cette affaire, depuis deux mois, il n'y a pas beaucoup de dialogue, c'est le moins que l'on puisse dire - pour la première fois, on a pu leur expliquer les raisons de fond pour lesquelles nous étions opposés au CPE. Leur expliquer, y compris que ce n'était pas un problème franco français, que c'était un problème, on était soutenu dans cette affaire par tous les syndicats européens, au-delà
même de l'Europe.
Q- Et qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
R- Ils ont été attentifs. Je les ai trouvés attentifs, pour autant ils ne nous ont rien dit, rien. Ils nous ont demandé une ou deux précisions sur un ou deux chiffres. Ils nous ont dit : est-ce que vous avez des idées ? Mais bien sûr qu'on en a des idées, mais pour pouvoir discuter, il faut d'abord que vous retiriez ce texte, on n'en veut plus, il faut le zapper, il faut l'abroger. On ne peut pas dire ce qu'ils vont décider, puisqu'ils ne nous ont rien dit de particulier. C'était je dirais ce que j'appelle une phase d'écoute. Je leur ai confirmé - que mes autres camarades aussi ont fait -qu'il fallait que tout cela soit abrogé avant le 17 avril, avant qu'ils partent en vacances.
Q- Est-ce que les parlementaires UMP vous ont dit quand sera prêt le nouveau texte de loi ?
R- Non, non, non, ils nous ont dit qu'ils ne s'exprimeraient qu'après avoir reçu tout le monde. Cela devrait se terminer demain midi, si j'ai bien compris, puisqu'il y a encore aujourd'hui des organisations syndicales, les jeunes, le patronat. Donc il y aurait une expression, attendons-nous à une expression à la fin de la semaine.
Q- Mais vous allez les revoir ?
R- Pour le moment ce n'est pas prévu. Il y a les Parlementaires - c'est " surréaliste ", vous voyez j'écoute A. Rey, ce n'est pas surréaliste - ; on est, avec en face de nous des Parlementaires, qui ont toute la légitimité, ce n'est pas ça que je veux contester bien entendu. Il y a deux ministres qui sont là pour écouter, mais que pense le Gouvernement ? Pour le moment c'est cacophonique.
Q- Les ministres ils ont dit quelque chose ?N
R- on, non quasiment rien, c'est surtout les Parlementaires qui nous ont écoutés, posé des questions. Les ministres étaient présents, mais...
Q- Quels genres de questions ?
R- Parce que j'ai contesté certains chiffres que le Gouvernement balance depuis deux mois, alors ils me disent : pourquoi vous les contestez ? Je veux bien rentrer dans la technique, j'ai dit, mais attendez, vous parlez d'un taux de chômage de 22,7 %, c'est un élément, on peut voir les choses autrement : c'est différent selon les catégories, etc. Et j'ai insisté sur la gravité de la situation, que c'était une crise grave et j'en suis resté, moi au terrain syndical, après chacun son problème.
Q- Maintenant, en attendant, qu'allez-vous faire ? Vous voulez d'autres manifestations, d'autres grèves ? Ce n'est pas facile de maintenir la pression, les gens ne peuvent pas se mettre en grève tout le temps, cela coûte des journées de salaire. Et puis les examens approchent pour les lycéens, pour les étudiants. Pensez-vous que peut-être les parlementaires UMP y pensent, à un essoufflement ?
R- Vous avez raison de dire que les grèves cela coûte cher. Quelqu'un qui a fait grève, par exemple 3 jours ce mois-ci, pour ses idées, pour défendre l'avenir de ses enfants, il y a laissé 10 % de son salaire.
Q- Alors qu'est-ce que vous allez faire ?
R- Il n'y a pas beaucoup d'actionnaires qui laissent 10 % de leur salaire, c'est quand même quelque chose, il ne faut jamais l'oublier ce genre de chose.
Q- Et maintenant ?
R- Donc ce que nous avons décidé dans l'intersyndicale, dans l'immédiat, c'est de dire à douze - puisque nous sommes avec les jeunes etc. : "Allons voir les députés et sénateurs dans leur circonscription et allons leur poser la question ; qu'est-ce que c'est votre position, vous, personnelle ? Et on rendra publiques les choses dans les jours à venir. On se retrouve lundi en intersyndicale. Et j'ai expliqué moi - je ne sais pas si mes collègues ont fait la même chose - aux députés, sénateurs : "Ne vous y trompez pas, ce mouvement est profond, ce mouvement est ancré". J'ai dit, pour me faire comprendre, ce n'est pas le cas : "on peut même se permettre, ensemble, le luxe de dire qu'on le suspend trois jours et qu'on le reprend", pour bien montrer que c'est un mouvement profond. Et je leur ai dit à partir de là, si vous aviez l'idée de dire, on va traîner, parce que, le 17 avril on part en vacances 15 jours, on voit ça au 1er mai, eh bien cela continuera mais plus cela continuera, plus cela sera profond. Et ça, il faut qu'ils en prennent conscience.
Q- Très franchement hier, lors de cette rencontre avec les parlementaires UMP, est-ce qu'il n'a pas été question de négocier un nouveau contrat jeune ? Est-ce que vous êtes prêt, vous à remplacer le CPE par quelque chose de mieux, inventer autre chose ? Est-ce que vous avez évoqué cette hypothèse hier avec les parlementaires UMP, dans la presse on parle de cela.
R- C'est plus les déclarations publiques des uns et des autres. Vous savez, il y a en gros, si je prends du côté de la majorité actuelle, ceux qui sont - pardonnez-moi, cela va être peut-être un peu abrupte comme catégorisations - mais ceux qui sont conscients et qui disent "il faut abroger rapidement le CPE", il y a ceux qui disent "il faut l'abroger, mais il faut le remplacer par quelque chose" et puis il y a ceux qui disent "il ne faut pas toucher".
Q- Mais hier, ceux qui sont aux commandes, hier, qu'est-ce qu'ils vous ont dit là-dessus, rien ?
R- Ils ne nous ont rien dit là-dessus, non franchement, ils ne nous ont rien dit, puisqu'ils ne veulent pas s'exprimer avant d'avoir reçu tout le monde. Mais si c'est pour remplacer le CPE par un autre contrat de travail aussi précaire, ce n'est pas la peine. Moi je leur ai dit que ce n'est pas un problème de contrat de travail, c'est un problème de formation, c'est un problème d'insertion professionnelle, c'est un problème de création d'emploi, mais ce n'est pas un problème de contrat de travail.
Q- Justement, je voudrais connaître ce matin, quelle est la proposition précise, concrète de J.-C. Mailly pour lutter contre le chômage des jeunes ?
R- Mais il n'y en a pas qu'une ! Pourquoi ? Parce que d'abord le premier problème c'est de créer des emplois. Je ne vais pas développer ici, mais cela passe, ce que je leur ai dit d'ailleurs, politique économique, politique budgétaire.
Q- Non mais je parle de la précarité des jeunes.
R- Oui, mais attendez, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, si vous n'avez pas de création d'emploi, il n'y aura pas de création d'emploi. Ensuite il faut regarder selon les catégories. On n'a pas la même situation pour quelqu'un qui est diplômé de l'enseignement supérieur, qui pourra, pas facilement être confronté à des CDD et là il y a même des employeurs qui reconnaissent publiquement qu'ils détournent la loi sur les CDD, qu'ils embauchent des CDD...
Q- Mais vous ne répondez pas, je voudrais des propositions précises, Monsieur Mailly ?
R- Mais laissez-moi finir. Attendez, moi je ne m'appelle de Villepin, je suis syndicaliste.
Q- Mais les syndicats ils servent aussi à proposer.
R- Oui bien sûr, mais il ne faut pas confondre les choses. Quand je dis, il ne faut pas confondre les choses. D'abord on aurait du nous consulter, on a expliqué certaines choses, vous ne me le laissez pas finir. Pour les jeunes qui sont diplômés, il y a le problème des stages ; ils commencent à aborder la situation sur les stagiaires, mais ce n'est pas suffisant ce qu'ils disent sur les stagiaires. Si je prends à l'autre bout, ceux qui n'ont aucune formation, eux ce n'est pas un problème de contrat de travail, parce que ceux là, ils n'ont pas de CDI, ils n'ont pas de CDE, ils n'ont pas de CNE, ils n'ont rien ceux-là. Eh bien ceux-là c'est un problème de qualification. Cela veut dire que ceux-là, il faut qu'ils aient un contrat de travail, mais qu'ils aient aussi, type apprentissage par exemple, ou comme on a fait sur l'UNEDIC. C'est nous qui avons poussé pour qu'il y a 80.000 contrats de professionnalisation en plus par exemple. Il faut qu'ils aient la possibilité d'avoir le contrat dans l'entreprise et une vraie formation. Quand je dis "des formations", mais cela existe !
Q- Quel type de contrat, CDI pour tout le monde ?
R- Non, mais attendez, si vous n'avez pas de diplôme, vous n'avez rien aujourd'hui, ceux qui sont dans les banlieues, où il y a 30 ou 40 % de chômage, vous croyez qu'ils ont un CDI, vous croyez qu'ils ont un CDD, vous croyez qu'ils ont un CNE ? Ils n'ont rien, ceux-là il faut quoi, il faut qu'ils aient un diplôme pour pouvoir avoir un boulot. Ce diplôme, il faut une formation et la formation elle doit être faite en dehors de l'entreprise, sinon elle n'a jamais lieu. J'ai des cas précis aujourd'hui de gens qui sont en contrat d'avenir pour l'emploi. Une personne qui a 43 ans, qui est pionne dans un lycée à mi-temps, vous croyez qu'elle est formée ? A rien du tout !
Q- Mais vous ne parlez pas du droit du travail là ?
Eh bien non, parce qu'attendez, si c'est pour nous dire, on va remplacer le CPE par un truc encore plus flexible ou je ne sais quoi, eh bien ils vont se replanter, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, ils ont l'habitude en ce moment !
Q- Donc un CDI ?
R- Mais le CDI, vous savez combien cela représente de contrats de travail dans le privé aujourd'hui ? 87 % des contrats de travail. Alors si l'objectif est de dire - c'était ça au départ, le gouvernement, maintenant, n'en parle plus, c'était, la troisième étape - "on flingue le CDI", c'était ça la troisième étape, même s'ils ne le disent plus aujourd'hui, tout le monde a bien compris, il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Tout le monde a bien compris que dans cette affaire, il y a eu même des ministres qui ont eu le courage de le dire - Dutreil, il ne l'a pas fait exprès, mais il a dit à un moment donné : "on propose un contrat flexible aux patrons et ils n'ont même pas le courage de dire que c'est bien".
Q- Donc, vous voulez un CDI pour les jeunes ?
R- L'objectif est que tous les salariés aient un CDI. Maintenant, ceux qui n'ont pas de qualification, il faut les aider à avoir une qualification, c'est ça le problème de fond.
Q- J.-C. Mailly, souhaitez-vous la démission de D. de Villepin qui a dit hier, qu'il tirera toutes les conclusions nécessaires des discussions des syndicats ?
R- Ce n'est pas mon problème, mais tout le monde a bien conscience aujourd'hui, qu'à la limite, pour certains le CPE ce n'est plus leur problème ; c'est qui veut être roi à la place du roi ? Mais ça ce n'est pas notre affaire. C'est une image de la politique qui n'est pas nouvelle, mais qui, je le crois, finit par porter préjudice à la démocratie. Ce n'est pas mon problème, moi.
Q- Je pose ma question autrement : est-ce que vous le regretterez s'il démissionne ?
R- Franchement, ce n'est pas mon problème.
Q- Vous ne lui en voulez pas de ne pas vous avoir consulté... ?
R- Vous savez très bien qu'il tient une conférence de presse ce matin. Qu'il soit un peu humble, qu'il reconnaisse qu'il s'est planté et qu'il dise "Oui, il faut abroger le CPE". Voilà, ce serait bien ça.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 avril 2006