Texte intégral
O. de Lagarde - C'est un congrès de rêve qui se déroule pour vous ! Pas de contestation interne, les autres représentants syndicaux sont venus vous applaudir, tout cela, quand même, grâce au contrat "première embauche". Allez-vous envoyer un petit mot de remerciement à D. de Villepin ?
R - Non. Vous imaginez bien que nous n'avons pas de raison particulière de remercier le Premier ministre actuel. Au contraire, nous sommes plutôt mécontents, vous le savez, de son action. Et d'ailleurs, aujourd'hui même, il trouve le moyen de mettre en place officiellement une commission nationale sur un débat nous intéressant, "le rapport entre l'université et l'emploi", l'emploi des jeunes en l'occurrence, la semaine même où une organisation syndicale tient son congrès. Cela veut dire que le Gouvernement continue de peu se soucier du calendrier des organisations syndicales et n'en tient pas compte pour ses propres initiatives.
Q - Après le CPE, cela ne vous suffit pas, vous vous attaquez maintenant au contrat "nouvelles embauches". N'est-ce pas un combat qui intervient un peu tard ?
R - Ce n'est pas nouveau...
Q - ...Vous aviez peu mobilisé quand même.
R - Nous étions plus d'un million de personnes le 4 octobre, on l'a peut-être oublié. C'est d'ailleurs après cette grande manifestation, qui était déjà unitaire à l'époque, que le Premier ministre avait mis très longtemps d'ailleurs pour recevoir les organisations syndicales, les unes après les autres. Il avait mis plus de six semaines à les recevoir. Les vacances d'hiver sont passées dessus et après, nous avons eu l'annonce du CPE qui, là, est apparue encore plus brutale encore. Mais toutes les organisations syndicales avaient dit leur refus de cette disposition ; cette position n'a pas changé. D'où, ma suggestion que nous fassions le point dans les prochains jours sur la situation concernant les CNE. Il n'y a aucune raison que nous acceptions, dans le droit social français, d'avoir un contrat de travail qui maintienne les deux dispositions qui étaient les plus critiquées dans le CPE, c'est-à-dire, l'absence de justification pour le licenciement et la période d'essai portée à deux ans, c'est-à-dire, une période beaucoup plus longue que les périodes arrêtées en convention collective, au motif que les salariés sont utilisés dans des entreprises de moins de vingt salariés.
Q - Tout de même, le Gouvernement annonce 400.000 emplois créés grâce à ce CNE.
R - C'est totalement faux. Il s'agit de prévisions, de promesses d'embauches. Et ce que le Gouvernement ne dit pas, c'est maintenant le nombre important de licenciés en CNE. Nous sommes aujourd'hui sollicités - toutes les organisation le sont -, notamment par ces salariés qui se trouvent abusés par des employeurs qui profitent des largesses offertes par le CNE, puisqu'ils licencient pour des motifs futiles, ils n'ont pas de motif à présenter. Et nous nous apercevons que, dès lors que les salariés réclament, ne serait-ce que l'application du droit, c'est-à-dire le paiement des heures de travail effectuées, le respect d'un certain nombre de conventions collectives, là où ils sont embauchés, il n'y a parfois pas d'autre réponse que le licenciement brutal. C'est donc une situation que nous ne pouvons laisser en l'état.
Q - Vous avez fait applaudir les représentants des syndicats étudiants, hier. Allez-vous faire applaudir F. Chérèque, le leader de la CFDT, qui sera dans vos murs aujourd'hui ?
R - Mais tous nos invités syndicaux, qu'ils soient français ou internationaux - nous avons 80 invités venant des différents continents - ont été applaudis, F. Chérèque est déjà venu à un congrès de la CGT, dans un autre contexte ; il revient en fin d'après-midi et je pense que l'accueil sera chaleureux.
Q - La hache de guerre est-elle enterrée avec la CFDT ?
R - La période actuelle est intéressante pour le syndicaliste, puisqu'en France, nous sommes plutôt réputés pour être divisés, pour être éparpillés. Et l'un des grands enseignements de cette période, c'est, justement, de déboucher sur un conflit victorieux, parce qu'il y a eu unité. Il y a eu unité entre tous les syndicats, unité entre les syndicats de salariés, et les étudiants et les lycéens. C'est ce qui nous fait aussi réfléchir à la prétention que l'unité, pourquoi pas, puisse, non seulement, résister à des mauvaises mesures quand il en existe - et il en existe -, mais être porteurs de revendications communes. Ce n'est pas faire preuve, aujourd'hui, d'une utopie démesurée que de travailler à ce que le syndicalisme français soit porteur de revendications partagées, même si nous savons qu'entre nos organisations il peut y avoir, sur tel ou tel sujet, des points de différences.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2006
R - Non. Vous imaginez bien que nous n'avons pas de raison particulière de remercier le Premier ministre actuel. Au contraire, nous sommes plutôt mécontents, vous le savez, de son action. Et d'ailleurs, aujourd'hui même, il trouve le moyen de mettre en place officiellement une commission nationale sur un débat nous intéressant, "le rapport entre l'université et l'emploi", l'emploi des jeunes en l'occurrence, la semaine même où une organisation syndicale tient son congrès. Cela veut dire que le Gouvernement continue de peu se soucier du calendrier des organisations syndicales et n'en tient pas compte pour ses propres initiatives.
Q - Après le CPE, cela ne vous suffit pas, vous vous attaquez maintenant au contrat "nouvelles embauches". N'est-ce pas un combat qui intervient un peu tard ?
R - Ce n'est pas nouveau...
Q - ...Vous aviez peu mobilisé quand même.
R - Nous étions plus d'un million de personnes le 4 octobre, on l'a peut-être oublié. C'est d'ailleurs après cette grande manifestation, qui était déjà unitaire à l'époque, que le Premier ministre avait mis très longtemps d'ailleurs pour recevoir les organisations syndicales, les unes après les autres. Il avait mis plus de six semaines à les recevoir. Les vacances d'hiver sont passées dessus et après, nous avons eu l'annonce du CPE qui, là, est apparue encore plus brutale encore. Mais toutes les organisations syndicales avaient dit leur refus de cette disposition ; cette position n'a pas changé. D'où, ma suggestion que nous fassions le point dans les prochains jours sur la situation concernant les CNE. Il n'y a aucune raison que nous acceptions, dans le droit social français, d'avoir un contrat de travail qui maintienne les deux dispositions qui étaient les plus critiquées dans le CPE, c'est-à-dire, l'absence de justification pour le licenciement et la période d'essai portée à deux ans, c'est-à-dire, une période beaucoup plus longue que les périodes arrêtées en convention collective, au motif que les salariés sont utilisés dans des entreprises de moins de vingt salariés.
Q - Tout de même, le Gouvernement annonce 400.000 emplois créés grâce à ce CNE.
R - C'est totalement faux. Il s'agit de prévisions, de promesses d'embauches. Et ce que le Gouvernement ne dit pas, c'est maintenant le nombre important de licenciés en CNE. Nous sommes aujourd'hui sollicités - toutes les organisation le sont -, notamment par ces salariés qui se trouvent abusés par des employeurs qui profitent des largesses offertes par le CNE, puisqu'ils licencient pour des motifs futiles, ils n'ont pas de motif à présenter. Et nous nous apercevons que, dès lors que les salariés réclament, ne serait-ce que l'application du droit, c'est-à-dire le paiement des heures de travail effectuées, le respect d'un certain nombre de conventions collectives, là où ils sont embauchés, il n'y a parfois pas d'autre réponse que le licenciement brutal. C'est donc une situation que nous ne pouvons laisser en l'état.
Q - Vous avez fait applaudir les représentants des syndicats étudiants, hier. Allez-vous faire applaudir F. Chérèque, le leader de la CFDT, qui sera dans vos murs aujourd'hui ?
R - Mais tous nos invités syndicaux, qu'ils soient français ou internationaux - nous avons 80 invités venant des différents continents - ont été applaudis, F. Chérèque est déjà venu à un congrès de la CGT, dans un autre contexte ; il revient en fin d'après-midi et je pense que l'accueil sera chaleureux.
Q - La hache de guerre est-elle enterrée avec la CFDT ?
R - La période actuelle est intéressante pour le syndicaliste, puisqu'en France, nous sommes plutôt réputés pour être divisés, pour être éparpillés. Et l'un des grands enseignements de cette période, c'est, justement, de déboucher sur un conflit victorieux, parce qu'il y a eu unité. Il y a eu unité entre tous les syndicats, unité entre les syndicats de salariés, et les étudiants et les lycéens. C'est ce qui nous fait aussi réfléchir à la prétention que l'unité, pourquoi pas, puisse, non seulement, résister à des mauvaises mesures quand il en existe - et il en existe -, mais être porteurs de revendications communes. Ce n'est pas faire preuve, aujourd'hui, d'une utopie démesurée que de travailler à ce que le syndicalisme français soit porteur de revendications partagées, même si nous savons qu'entre nos organisations il peut y avoir, sur tel ou tel sujet, des points de différences.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2006