Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur le retrait du CPE par le gouvernement, suite à la mobilisation des étudiants, des syndicats et des partis d'opposition, Paris le 10 avril 2006.

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Circonstance : Suite à la déclaration de Dominique de Villepin retirant le CPE à Paris le 10 avril 2006

Texte intégral

« Enfin, le CPE est retiré. Et, au-delà des mots, c'est bien d'abrogation qu'il s'agit. C'est un recul du pouvoir. Un succès pour la jeunesse, une victoire de l'unité syndicale. Je salue l'immense mobilisation populaire qui a eu raison du CPE et de l'acharnement de la droite à en décider coûte que coûte le maintien.
Les socialistes, qui ont pris leur part dans ce mouvement -et notamment au Parlement, se félicitent de cette issue, même si nous restons vigilants par rapport à la nouvelle proposition de loi, afin que les dispositions abrogées ne soient pas réintroduites subrepticement.
Mais, la triste aventure du CPE est également un immense gâchis dont Jacques Chirac, Dominique De Villepin et Nicolas Sarkozy portent l'entière responsabilité. L'entêtement de l'exécutif et les rivalités au sein de l'UMP auront coûté cher à la France, puisque notre pays a connu pendant près de trois mois une crise dont elle aurait pu faire l'économie.
Il faut tirer toutes les leçons du conflit qui s'achève :
. Est d'abord sanctionnée une méthode : celle qui a consisté pour le gouvernement et l'UMP à passer en force. Au Parlement comme dans le pays. Nul ne pourra, à l'avenir, prendre le risque d'ignorer les partenaires sociaux, mépriser la jeunesse et ses représentants, froisser les droits du Parlement. La démocratie sociale comme politique doit en sortir renforcée. C'est un engagement qui est au coeur de notre projet.
. Est ensuite refusée une politique : celle qui fait de la précarité le mode d'entrée des jeunes sur le marché de l'emploi et du démantèlement du code du travail un instrument de la lutte contre le chômage. La mécanique du contrat unique, dont Nicolas Sarkozy était le promoteur et dont le CPE -après le CNE- était la première étape, est aujourd'hui enrayée. Et l'alternative en 2007 sera entre la précarisation et la sécurisation des parcours professionnels.
. Est enfin condamné un pouvoir : celui qui a installé la confusion au sommet de l'Etat avec un Président absent, un Premier ministre désavoué et une majorité UMP divisée. Celui qui a divisé les Français et engager une rupture avec la jeunesse.
Cette crise laissera des traces profondes.
Il appartient aux socialistes de fournir les réponses attendues et d'apaiser le pays tout entier en offrant un projet qui donne une place à la jeunesse, la priorité à l'Education et l'entrée dans la vie active sur la base du CDI.
Mais, l'issue de la crise offre aussi des raisons d'espérer. Lorsque le combat est juste, que l'unité et le rassemblement sont au rendez-vous, que la mobilisation est forte, la victoire est possible.
La leçon vaut aussi pour les échéances futures.
Source http://www.parti-socialiste.fr, le 14 avril 2006