Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'aide française à Madagascar, à Antananarivo le 11 mai 2006.

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  • Brigitte Girardin - Ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie

Circonstance : Déplacement à Madagascar, les 11 et 12 mai-signature du document-cadre de partenariat entre la France et Madagascar, à Antananarivo le 11 mai 2006

Texte intégral

Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Ministres,
Chers Amis,

Je suis particulièrement heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour formaliser ensemble le cadre de notre coopération en faveur du développement de Madagascar, avec la signature de ce Document-Cadre de Partenariat (DCP).
Monsieur le Premier Ministre,
Vous le savez, la France est à vos côtés, la France soutient l'action de votre gouvernement, la France croit au succès de Madagascar.
La France veut cependant être plus qu'un bailleur de fonds, un avocat et un ami de Madagascar. Elle veut être un véritable partenaire de votre pays, et la signature de ce Document-Cadre de Partenariat en est la meilleure illustration.
Le gouvernement malgache a une vision claire et ambitieuse de l'avenir de ce pays. Le Plan d'action pour Madagascar, dont l'élaboration fait l'objet d'une large consultation, porte cette ambition en définissant des priorités et des "engagements". Logiquement, la France souhaite inscrire son action dans cette dynamique.
Pour ce faire, le Document-Cadre de Partenariat constitue le nouvel instrument de notre coopération bilatérale : c'est ce document qui servira dorénavant de référence à l'ensemble de nos actions de coopération pour les cinq prochaines années. Pour ce faire, il définit les secteurs dans lesquels notre partenariat va se concentrer, et il s'accompagne d'une liste précise de projets qui constituent autant d'actions concrètes de notre coopération.
Mais la signature de ce Document-Cadre de Partenariat répond également à un souci de cohérence et de complémentarité avec les interventions des autres partenaires extérieurs et à une volonté de prévisibilité. A ce titre, il prévoit la concentration de notre aide sur des secteurs qui contribuent à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement : 80 % de notre aide publique au développement bilatérale - uniquement sous forme de dons à Madagascar - doit ainsi être consacrée à des secteurs, choisis en fonction de vos besoins. En évitant ainsi le saupoudrage, il s'agit de rendre notre aide plus efficace.

Au-delà de la concentration, c'est également notre méthode de travail qui se trouve modernisée par ce DCP :

  • d'abord parce qu'il s'agit d'un exercice de programmation pluriannuelle, qui doit favoriser la mise en oeuvre d'une véritable stratégie de développement sur le moyen terme, en privilégiant l'action dans la durée et en favorisant la prévisibilité de nos concours financiers ;
  • ensuite parce qu'il s'agit d'un document négocié entre les autorités malgaches et françaises, et donc fondé sur vos attentes et sur les besoins prioritaires des populations.

Ces secteurs d'intervention prioritaire couvrent quatre des huit engagements figurant dans le projet de Plan d'action pour Madagascar : il s'agit de l'éducation, du développement rural, de la santé et des infrastructures. Ce dernier secteur des infrastructures est prioritaire pour plusieurs des partenaires au développement de Madagascar : je pense en particulier à l'Union européenne qui y consacre près de 40 % de ses interventions, et à la Banque mondiale qui y affecte le tiers des siennes. C'est pourquoi nous sommes convenus que la France diminuera progressivement ses propres interventions dans ce secteur. Mais dans le même temps, elle prévoit d'accroître ses interventions dans le secteur de la santé, qui constitue une autre priorité de votre gouvernement mais mobilise moins de soutiens extérieurs.
L'Agence française de Développement sera le principal opérateur de notre coopération dans les secteurs de concentration. Pour la période 2006-2010, les financements affectés à ces secteurs représenteront entre 171 et 197 millions d'euros.

Au-delà de ces secteurs de concentration, la France entend aussi poursuivre des actions dites transversales dans trois domaines :

  • la gouvernance et l'Etat de droit, qui recouvrent la formation du personnel juridique, l'appui aux administrations, à la décentralisation et à la société civile ;
  • le renforcement des capacités par l'enseignement supérieur et la recherche, avec notamment un appui à la réforme de l'enseignement supérieur ;
  • enfin, et vous savez combien j'y suis attachée, la diversité culturelle et la francophonie.

Le ministère des Affaires étrangères est l'opérateur principal de la mise en oeuvre de ces actions transversales, pour lesquelles il prévoit d'affecter entre 78 et 81 millions d'euros.
Ces interventions hors des secteurs de concentration incluent également l'aide budgétaire globale non affectée octroyée dans le cadre du Contrat de Désendettement-Développement (C2D) par lequel la France a décidé d'annuler la totalité de la dette bilatérale au-delà de ses obligations résultant de la mise en oeuvre de l'initiative en faveur des "Pays pauvres très endettés".
Au total, l'APD française bilatérale au bénéfice de Madagascar pour les cinq ans à venir s'inscrira donc dans une fourchette comprise entre 249 et 278 millions d'euros.
Mais notre appui ne se limite pas à cet engagement bilatéral, et la France poursuivra naturellement son action dans le cadre du Fonds européen de Développement, qui représente 415 millions d'euros pour Madagascar au titre du 9ème FED, dont vous savez que la France est le premier contributeur.
Monsieur le Premier Ministre,
Il y aurait encore beaucoup à dire, au-delà des chiffres et des priorités, sur l'action de la France en faveur du développement de votre pays, pour rendre compte de nos ambitions et de nos projets. Il faudrait notamment évoquer le développement de la coopération décentralisée qui fait actuellement l'objet d'assises bilatérales auxquelles j'ai eu le plaisir de participer. Il faudrait également citer la coopération régionale, le renouveau que connaissent vos relations avec La Réunion voisine, et la montée en puissance de la Commission de l'Océan Indien.
Madagascar bouge. Madagascar change. Madagascar est en chantier. La France est heureuse de constater qu'il existe une réelle dynamique à Madagascar.
Dans le même temps, nos relations bilatérales doivent aussi évoluer et notre coopération doit s'adapter à votre action pour être plus efficace. Aujourd'hui, nous faisons ensemble un pas important dans cette direction. Et je veux vous redire à cette occasion combien la France est déterminée à poursuivre son engagement à vos côtés.
Je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mai 2006