Déclaration de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, sur la vie associative et le bénévolat, Paris le 20 février 1999.

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Circonstance : Réunion des Assises nationales de la vie associative, à Paris le 20 février 1999

Texte intégral

Assises Nationales de la Vie Associative
Intervention de Madame Buffet, le 20 février 1999
Mesdames, Messieurs,
Lorsque le Premier Ministre ma confié une mission de réflexion sur le bénévolat, il ma semblé naturel de faire dabord appel à vos expériences et à vos propositions.
Les multiples rencontres que jai eues dans le pays mont, en effet, permis de dialoguer avec des milliers de bénévoles. Ils mont fait part de leurs attentes et de leurs besoins.
Depuis longtemps déjà, vous réfléchissez et vous proposez des solutions pour améliorer la situation des bénévoles.
Dans le cadre des forums départementaux, les associations, les coordinations, le comité national olympique et le Conseil National de la vie associative ont beaucoup apporté à cette réflexion. Vous avez abouti à des propositions concrètes sur le bénévolat qui seront débattues cet après midi.
Comme la confirmé lenquête du CREDOC qui vient de vous être présentée, pour 96 % des Français : associations et bénévolat sont indissociables.
Le bénévolat cest dabord, la liberté dadhérer à un projet collectif, mais cest aussi la gratuité du don et du geste vers autrui.
Dans le contexte social que nous connaissons, il permet lexercice concret et volontaire de responsabilités au contact des réalités humaines. Ils donne un sens fort à lengagement personnel.
Il est une affirmation politique, une force daccompagnement et de transformation de la réalité ; il est un acte majeur de la citoyenneté.
Certes, il ny a pas de réponse unique au renforcement du lien social. Mais ladhésion et la participation à une association en qualité de bénévole sont génératrices de compétences, de reconnaissance, de démocratie et de convivialité.
Le militant, la militante bénévoles dans la société ne sont pas seulement des administrés, des usagers ou des clients, ils se veulent un citoyen, une citoyenne actifs, acteur, actrice de sa propre vie, participant à une construction collective.
En mobilisant les énergies bénévoles, lassociation permet à des femmes et des hommes de concrétiser ensemble un projet commun et daméliorer ainsi lefficacité de leur action.
Cest un engagement dans la vie publique, que lon pourrait illustrer par cette formule : « vivre ensemble », « vivre pour ». Cet engagement ignore la rentabilité et le carriérisme.
Certains parlent de crise du bénévolat. Ne faut-il pas plutôt parler dobstacles, de contraintes et dévolution des formes dengagement ? Il peut être de longue ou de courte durée, global ou limité à un projet précis, ou à un aspect de la vie de lassociation. Tout bénévole souhaite trouver un équilibre légitime entre ses temps familiaux, professionnels et associatifs.
Bien sûr, les réalités sont multiples selon les responsabilités occupées par chacun ou chacune. Nous y reviendrons certainement cet après-midi.
Mais nous allons surtout travailler aux propositions qui peuvent faciliter lactivité et la prise de responsabilité bénévole.
Que demandent concrètement les bénévoles ?
Être informés de leurs droits et de leurs devoirs.
Il existe déjà de multiples structures chargées de renseigner les bénévoles et les associations. Mais il convient de faciliter et simplifier les démarches administratives.
Les bureaux des associations des préfectures sont les premiers guichets que franchissent les bénévoles. Ils doivent mieux les informer et les diriger vers des structures de conseil quelles soient publiques ou associatives.
Que veulent les bénévoles ? Avoir du temps pour pouvoir agir, du temps pour pouvoir représenter leur association dans des instances de consultation, ou pour aller exposer leur projet à leurs partenaires : élus, administrations, etc...
Il faut rapidement aboutir à lextension du congé pour représentation. Il serait si simple que chaque ministère fasse la liste des organismes et des lieux de concertation dans lesquels il est important que siègent les responsables associatifs, sans que cela leur pose de problèmes par rapport à leurs employeurs. Bien sûr, nous devons nous situer dans le contexte nouveau, créé par la loi sur la réduction du temps de travail et par les accords dentreprises.
Des pistes existent pour concrétiser « le crédit épargne temps ».
La seule négociation entre partenaires sociaux ne pourra suffire. Il me semble, que nous devons, au gouvernement, être porteur de ce besoin. Des solutions complémentaires peuvent être envisagées, par exemple, en élargissant le mécénat dentreprises. Celui-ci pourrait permettre de financer du temps pour le bénévolat.
Que demandent les bénévoles ?
Que leurs compétences soient reconnues. Laction associative permet à chacun et chacune de construire des compétences, dacquérir des connaissances, et une expérience. Celles-ci sont trop peu reconnues, voire ignorées dans le fonctionnement de nos institutions. Ne devraient-elles pas être validées dans le cursus professionnel et universitaire ?
La réforme de la formation professionnelle devrait prendre en compte cet aspect.
Pour ce qui est du cursus universitaire, il nous faut certainement nous inspirer dexemples dautres pays qui valident la responsabilité associative comme unité de valeur.
Que demandent les bénévoles ?
Que chacun et surtout chacune puissent avoir des responsabilités associatives sans que cela ne gêne leur vie familiale. De nombreuses femmes hésitent à prendre des responsabilités parce que rien ne le facilite.
LEtat a le devoir dinciter et de donner les moyens aux femmes daccéder aux responsabilités.
La création dun titre associatif qui puisse prendre en charge les frais de garde des parents responsables dassociations serait une piste à travailler.
Que demandent les bénévoles ?
Pouvoir être formés.
A mon avis, la réponse est un élargissement des congés, et des moyens de formation. Le congé formation pourrait être ouvert à tous les cadres associatifs. Cela naura un sens quavec un accroissement significatif du montant du Fonds National de Développement de la Vie Associative.
Je souhaite que le nouveau décret portant sur la gestion et les objectifs du FNDVA soit connu dans les meilleurs délais.
Que souhaitent les bénévoles ?
Être rassurés quant à lexercice de la responsabilité associative.
Pour ce faire, il convient que le fait associatif soit mieux connu et reconnu par le droit.
Et que demandent les jeunes bénévoles ?
Ils connaissent encore un certain nombre de freins à lengagement associatif. Plus que dautres, ils ont besoin dinformation, daccompagnement. Il nous faut aider à la structuration des associations créées par les jeunes, en généralisant le parrainage par les associations plus expérimentées.
Cela peut se faire dans le cadre des conventions dobjectifs. De même, il conviendrait quà lécole, il soit fait référence à lengagement associatif.
Mais, il faut également ouvrir plus grandes les portes de la formation à ces jeunes bénévoles. Cela pose la question du coût et des contenus de ces formations. Nous ny répondrons que par un dialogue entre les organismes formateurs et le gouvernement.
Vous comprendrez bien que je nai fait ici que lancer quelques pistes, qui reprennent pour lessentiel vos réflexions. Les travaux de latelier animé par Mme Jacqueline MANGIN, cet après-midi, permettront de préciser, voire de corriger des propositions, douvrir dautres pistes...
Monsieur le Premier Ministre, en clôture de nos travaux, vous présentera, demain, les propositions du gouvernement sur cette question du bénévolat comme sur les autres aspects de la vie associative.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 mars 1999)