Texte intégral
Monsieur le Député-maire, cher Daniel,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie pour cet échange. Les thèmes que vous avez abordés constituent des enjeux majeurs pour notre société.
Aujourd'hui, il y a une réalité que nous ne pouvons pas ignorer : le nombre de personnes de plus de 85 ans va doubler d'ici 2020.
C'est une évolution dont nous pouvons nous réjouir, parce qu'elle signifie que nos concitoyens vivent mieux et plus longtemps.
Mais c'est aussi une situation à laquelle nous devons nous préparer.
Nous avons tous en mémoire la canicule de l'été 2003 et ses conséquences dramatiques. Depuis cette date, nous nous sommes mobilisés pour renforcer la solidarité entre les générations et lutter contre l'isolement et la précarité que connaissent trop souvent les personnes âgées. Une étape majeure a été franchie avec le plan "vieillissement et solidarité" depuis fin 2003.
En invitant les Français et les Françaises à travailler un jour de plus chaque année au profit des personnes dépendantes, du fait d'un handicap ou de l'âge, le gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN a permis une amélioration notable de la prise en charge médico-sociale des personnes âgées.
En créant la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, elle a apporté une nouvelle pierre à notre édifice social, qui a permis de sécuriser et de pérenniser le financement de l'allocation personnalisée d'autonomie. Je tiens à saluer le travail de cet organisme qui gère dans une parfaite transparence les ressources financières issues de la journée de solidarité et qui assure l'égalité de traitement sur l'ensemble du territoire.
Aujourd'hui, nous devons aller plus loin. Nous devons adapter notre modèle social pour apporter des améliorations concrètes dans la vie des personnes âgées et de leur famille. C'est l'objectif du plan quinquennal « solidarité grand âge » que nous allons mettre en oeuvre. Il a été élaboré avec conviction et détermination par Philippe BAS, en concertation avec tous les professionnels et les responsables associatifs compétents, avec quatre exigences.
1. La première exigence, c'est d'investir massivement pour lutter contre les maladies du grand âge.
Nous devons nous concentrer sur les maladies neurodégénératives.
En France, elles touchent environ 12 % de la population de plus de 70 ans, qu'il s'agisse d'Alzheimer, de Parkinson ou des autres maladies liées au vieillissement. Chaque année, il y a 225 000 nouveaux cas. Il y en aura probablement trois fois plus d'ici 2020. Plus d'un Français sur quatre a au moins un parent atteint par une maladie du cerveau.
Aujourd'hui, ces maladies sont à l'origine de 70 % des placements en institution et de 72 % des demandes d'allocation personnalisée à l'autonomie.
Pour les personnes qui en sont atteintes, c'est une épreuve de tous les instants. Pour leur famille, c'est bien sûr la douleur de voir un proche perdre chaque jour un peu de ses facultés, un peu de son indépendance. C'est aussi une lourde responsabilité qui bouleverse l'équilibre de leur vie personnelle et familiale. Nous devons tenir compte de cette angoisse et de cette charge.
Pour lutter contre ces maladies, les efforts que nous avons déjà engagés doivent être poursuivis.
Le plan Alzheimer 2004-2007 a d'ores et déjà permis un meilleur accès au diagnostic et aux soins.
Désormais, 307 consultations mémoire sont ouvertes aux personnes âgées.
Par ailleurs, 25 centres mémoire de ressource et de recherche coordonnent la recherche clinique, l'innovation en matière de prise en charge et la formation de tous les professionnels. Ils travaillent en étroite collaboration avec les unités de l'INSERM, du CNRS et des Universités et avec le réseau européen de recherche sur la maladie d'Alzheimer développé à l'initiative de l'équipe toulousaine.
Pour répondre aux besoins de formation des médecins et des professionnels de santé, nous avons mis en oeuvre le plan gériatrique universitaire. Nous poursuivrons les efforts réalisés en 2006, avec la création de 15 postes de professeurs des universités-praticiens hospitaliers, de professeurs associés, de maîtres de conférence des universités-praticiens hospitaliers et de chefs de clinique. C'est indispensable si nous voulons que le système hospitalo-universitaire français puisse répondre aux enjeux démographiques de demain.
Dans le domaine de la recherche, enfin, nous devons intensifier nos efforts en utilisant tous les nouveaux outils du pacte pour la recherche.
Les Pôles de recherche et d'enseignement supérieur, les réseaux thématiques de recherche avancée et les Centres thématiques de recherche et de soins, d'abord. Ils doivent nous permettre de donner un nouvel essor à la recherche en nous appuyant sur une démarche pluridisciplinaire, rassemblant les grands centres de neuro-imagerie, les sciences cognitives, les sciences biologiques et médicales, et en assurant une continuité entre recherche fondamentale et recherche clinique. Les neurosciences ont connu des avancées spectaculaires ces dernières années. Nous devons nous donner les moyens de progresser encore dans la connaissance des maladies du cerveau afin d'élaborer des thérapies innovantes.
L'Agence nationale pour la recherche, ensuite. Les dépenses de recherche consacrées aux neurosciences en France représentent 20% du budget en "sciences de la vie" de nos organismes publics de recherche (INSERM, CNRS, CEA), soit environ 200 millions d'euros par an. L'ANR consacrera plus de 20 millions d'euros supplémentaires à cet effort. En 2005, elle a déjà distribué 8 millions d'euros pour des programmes de recherche consacrés au "vieillissement".
Au-delà de ces mesures, nous devons, comme nous l'avons fait pour le cancer grâce à l'impulsion donnée par le Président de la République, créer une dynamique nouvelle, pour changer d'échelle dans le domaine de la recherche et de la prise en charge de ces maladies.
Aujourd'hui, nous devons faire pour la recherche contre les maladies neurodégénératives ce que nous avons fait dans la lutte contre le cancer. C'est le sens du "plan national sur le cerveau et les maladies du système nerveux" que je veux lancer, avec trois objectifs :
Associer plus étroitement recherche et prise en charge des malades ;
Structurer la communauté scientifique afin de faire émerger de nouveaux projets de recherche de qualité et d'assurer leur financement ;
Couvrir tous les champs d'étude, qu'ils soient fondamentaux, cliniques ou épidémiologiques.
Je demande à François GOULARD, Xavier BERTRAND et Philippe BAS de mettre rapidement en place une mission interministérielle chargée de l'élaboration de ce plan.
Elle aura pour objectif de dresser l'état des lieux de notre dispositif de recherche, afin de définir une véritable stratégie nationale de lutte contre les pathologies cérébrales. Elle évaluera les moyens nécessaires pour mettre en oeuvre cette stratégie et développer des thérapeutiques permettant d'améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients.
Je souhaite qu'elle me fasse des propositions d'ici la fin de l'année pour le lancement de ce plan.
2. La deuxième exigence, c'est de permettre aux personnes âgées de rester aussi longtemps qu'elles le souhaitent à leur domicile.
Cela répond aux désirs de bon nombre d'entre elles, qui souhaitent préserver leur cadre familial.
Nous mettrons tout en oeuvre pour y parvenir.
D'abord, nous voulons développer l'offre de soins à domicile.
Nous en avons parlé ce matin : l'hospitalisation à domicile et les services de soins infirmiers à domicile permettent à la fois de répondre au souhait des personnes âgées de rester chez elles et de libérer des lits en unités de soins pour les personnes qui en ont vraiment besoin.
Nous accroîtrons de 40% en cinq ans le nombre de places de services de soins infirmiers à domicile, qui est aujourd'hui de 80 000. Nous renforcerons également les liens entre ces services et les établissements pour personnes âgées afin de mieux préparer l'arrivée en institution. Enfin, le nombre de places en hospitalisation à domicile, qui a été porté de 5 000 à 8 000 entre 2003 et 2005, atteindra 15 000 dès 2010.
Nous voulons aussi renforcer les aides à domicile pour les personnes isolées.
Le développement des services à la personne, notamment grâce au chèque emploi service universel, permet aux personnes âgées de bénéficier de services plus diversifiés : aides ménagères, bricolages ou encore livraison de repas à domicile.
Je sais que des craintes se sont exprimées en ce qui concerne l'aide ménagère. Dans le cadre du plan « solidarité grand âge », l'enveloppe d'heures d'aide ménagère financées par la Caisse nationale d'assurance vieillesse sera maintenue à un niveau suffisamment élevé.
Enfin, nous voulons permettre aux familles de mieux aider leurs parents âgés dans leur vie quotidienne.
Je présiderai le 3 juillet une conférence de la famille consacrée aux solidarités intergénérationnelles. Sur la base du rapport remis par Alain CORDIER à Philippe BAS, nous examinerons les mesures permettant de mieux reconnaître la contribution des familles et de mieux valoriser les « aidants familiaux », y compris sur le plan professionnel.
Je souhaite également que le rythme des créations de places d'hébergement temporaire et d'accueil de jour pour les personnes âgées soit maintenu afin de répondre aux besoins des familles. Dans cet esprit, nous devons également leur offrir un véritable "droit au relais", pour leur permettre de souffler et de reprendre des forces.
3. La troisième exigence, c'est d'adapter notre système de santé pour les personnes âgées malades.
Aujourd'hui, nous le savons, la situation n'est pas satisfaisante.
Les personnes âgées représentent déjà 70% des admissions non programmées à l'hôpital. Il faut en tenir compte en construisant une véritable filière gériatrique.
L'organisation des soins ne prend pas suffisamment en compte les besoins des personnes âgées fragiles. Trop souvent, les patients âgés sont contraints d'attendre aux urgences. A l'hôpital, ils sont souvent mal orientés, faute de prise en charge gériatrique spécifique.
Par ailleurs, les établissements de santé et les institutions d'accueil pour les personnes âgées ne sont pas suffisamment coordonnés. Cela conduit parfois à des durées d'hospitalisation trop longues dans des services de court séjour de médecine ou de chirurgie, faute de trouver rapidement une place dans une maison de retraite ou une institution spécialisée.
Le plan grand âge nous permettra de répondre à ces difficultés.
Je souhaite que tous les établissements disposant d'un service d'urgences soient en mesure d'accueillir les personnes âgées dans les meilleures conditions. Pour cela, ils doivent disposer des équipements et des unités nécessaires : 1 000 places de court séjour gériatrique et 3 000 places de soins de suite et de réadaptation seront créées en cinq ans et réparties sur le territoire en fonction des besoins. Un label "filière gériatrique" sera attribué aux établissements qui atteignent les normes fixées au plan national. Un contrat-relais assurera le lien entre chaque établissement d'hébergement et chaque hôpital.
Enfin, nous devons mieux adapter les médicaments aux personnes de plus de 85 ans, comme nous sommes en train de le faire pour les bébés et les enfants.
4. La quatrième exigence, c'est de mieux accueillir les personnes dépendantes.
Nous devons pour cela rénover profondément nos maisons de retraite, en faire des institutions plus médicalisées et plus humaines, des maisons où l'on puisse faire de courts séjours, recevoir des soins ponctuels et bénéficier d'un cadre de vie agréable.
La priorité, c'est bien sûr d'améliorer la prise en charge des personnes très dépendantes dans les établissements. Nous le savons, cela passe par un renforcement du taux d'encadrement. Un aide-soignant ou un agent de service en plus, c'est plus d'attention et de soin pour une personne âgée, pendant le repas ou pour sa toilette. Nous avons depuis cinq ans enclenché un mouvement de médicalisation des établissements. Nous devons encore l'accélérer : l'objectif, c'est que d'ici 2012, il y ait dans les établissements accueillant des personnes âgées très dépendantes le même taux d'encadrement que dans les foyers d'accueil médicalisé pour personnes handicapées, c'est-à-dire environ un professionnel pour une personne très dépendante Nous devons aussi adapter la tarification de l'assurance-maladie pour qu'elle évolue au même rythme que les soins dont les patients ont besoin, en fonction de leur dépendance et de leurs pathologies.
L'humanisation des maisons de retraite passe aussi par la modernisation de leurs équipements. Il nous faut bâtir un véritable partenariat avec les conseils généraux pour rénover le patrimoine existant. Je veux agir sur le cadre de vie : dès cette année, nous investissons 500 millions d'euros pour la rénovation des établissements, sans compter la participation des collectivités locales.
Par ailleurs, nous devons développer le nombre de places dans les établissements hébergeant des personnes âgées. Dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes, 5000 places seront créées chaque année d'ici 2012.
Enfin, nous devons renforcer l'attractivité des métiers de la prise en charge des personnes âgées.
On estime à 400 000 le nombre d'emplois à pourvoir dans les dix prochaines années.
L'Etat s'engagera pour développer toutes les voies de recrutement, en particulier la valorisation des acquis de l'expérience, qui vient d'être ouverte pour l'ensemble des métiers de la filière sanitaire et sociale, et la formation en alternance. L'objectif, c'est de doubler le nombre de professionnels ainsi recrutés chaque année pour atteindre 40 000.
Nous devons également permettre aux professionnels de construire de vrais parcours de carrière en construisant des passerelles entre secteurs d'activité, entre métiers, entre domicile et établissement.
Mesdames, Messieurs,
Aujourd'hui, nous avons un immense défi à relever : entretenir le lien entre les générations et permettre à toutes les personnes âgées de vivre dans de bonnes conditions. C'est essentiel si nous voulons construire une société solidaire qui fasse une place à chacun.
Je sais qu'ici, à Bergerac, vous vous engagez sans relâche pour améliorer le quotidien des personnes âgées et de leur famille. Soyez assurés de la mobilisation du gouvernement pour répondre aux attentes des Français dans ce domaine.
Je vous remercie.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 mai 2006
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie pour cet échange. Les thèmes que vous avez abordés constituent des enjeux majeurs pour notre société.
Aujourd'hui, il y a une réalité que nous ne pouvons pas ignorer : le nombre de personnes de plus de 85 ans va doubler d'ici 2020.
C'est une évolution dont nous pouvons nous réjouir, parce qu'elle signifie que nos concitoyens vivent mieux et plus longtemps.
Mais c'est aussi une situation à laquelle nous devons nous préparer.
Nous avons tous en mémoire la canicule de l'été 2003 et ses conséquences dramatiques. Depuis cette date, nous nous sommes mobilisés pour renforcer la solidarité entre les générations et lutter contre l'isolement et la précarité que connaissent trop souvent les personnes âgées. Une étape majeure a été franchie avec le plan "vieillissement et solidarité" depuis fin 2003.
En invitant les Français et les Françaises à travailler un jour de plus chaque année au profit des personnes dépendantes, du fait d'un handicap ou de l'âge, le gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN a permis une amélioration notable de la prise en charge médico-sociale des personnes âgées.
En créant la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, elle a apporté une nouvelle pierre à notre édifice social, qui a permis de sécuriser et de pérenniser le financement de l'allocation personnalisée d'autonomie. Je tiens à saluer le travail de cet organisme qui gère dans une parfaite transparence les ressources financières issues de la journée de solidarité et qui assure l'égalité de traitement sur l'ensemble du territoire.
Aujourd'hui, nous devons aller plus loin. Nous devons adapter notre modèle social pour apporter des améliorations concrètes dans la vie des personnes âgées et de leur famille. C'est l'objectif du plan quinquennal « solidarité grand âge » que nous allons mettre en oeuvre. Il a été élaboré avec conviction et détermination par Philippe BAS, en concertation avec tous les professionnels et les responsables associatifs compétents, avec quatre exigences.
1. La première exigence, c'est d'investir massivement pour lutter contre les maladies du grand âge.
Nous devons nous concentrer sur les maladies neurodégénératives.
En France, elles touchent environ 12 % de la population de plus de 70 ans, qu'il s'agisse d'Alzheimer, de Parkinson ou des autres maladies liées au vieillissement. Chaque année, il y a 225 000 nouveaux cas. Il y en aura probablement trois fois plus d'ici 2020. Plus d'un Français sur quatre a au moins un parent atteint par une maladie du cerveau.
Aujourd'hui, ces maladies sont à l'origine de 70 % des placements en institution et de 72 % des demandes d'allocation personnalisée à l'autonomie.
Pour les personnes qui en sont atteintes, c'est une épreuve de tous les instants. Pour leur famille, c'est bien sûr la douleur de voir un proche perdre chaque jour un peu de ses facultés, un peu de son indépendance. C'est aussi une lourde responsabilité qui bouleverse l'équilibre de leur vie personnelle et familiale. Nous devons tenir compte de cette angoisse et de cette charge.
Pour lutter contre ces maladies, les efforts que nous avons déjà engagés doivent être poursuivis.
Le plan Alzheimer 2004-2007 a d'ores et déjà permis un meilleur accès au diagnostic et aux soins.
Désormais, 307 consultations mémoire sont ouvertes aux personnes âgées.
Par ailleurs, 25 centres mémoire de ressource et de recherche coordonnent la recherche clinique, l'innovation en matière de prise en charge et la formation de tous les professionnels. Ils travaillent en étroite collaboration avec les unités de l'INSERM, du CNRS et des Universités et avec le réseau européen de recherche sur la maladie d'Alzheimer développé à l'initiative de l'équipe toulousaine.
Pour répondre aux besoins de formation des médecins et des professionnels de santé, nous avons mis en oeuvre le plan gériatrique universitaire. Nous poursuivrons les efforts réalisés en 2006, avec la création de 15 postes de professeurs des universités-praticiens hospitaliers, de professeurs associés, de maîtres de conférence des universités-praticiens hospitaliers et de chefs de clinique. C'est indispensable si nous voulons que le système hospitalo-universitaire français puisse répondre aux enjeux démographiques de demain.
Dans le domaine de la recherche, enfin, nous devons intensifier nos efforts en utilisant tous les nouveaux outils du pacte pour la recherche.
Les Pôles de recherche et d'enseignement supérieur, les réseaux thématiques de recherche avancée et les Centres thématiques de recherche et de soins, d'abord. Ils doivent nous permettre de donner un nouvel essor à la recherche en nous appuyant sur une démarche pluridisciplinaire, rassemblant les grands centres de neuro-imagerie, les sciences cognitives, les sciences biologiques et médicales, et en assurant une continuité entre recherche fondamentale et recherche clinique. Les neurosciences ont connu des avancées spectaculaires ces dernières années. Nous devons nous donner les moyens de progresser encore dans la connaissance des maladies du cerveau afin d'élaborer des thérapies innovantes.
L'Agence nationale pour la recherche, ensuite. Les dépenses de recherche consacrées aux neurosciences en France représentent 20% du budget en "sciences de la vie" de nos organismes publics de recherche (INSERM, CNRS, CEA), soit environ 200 millions d'euros par an. L'ANR consacrera plus de 20 millions d'euros supplémentaires à cet effort. En 2005, elle a déjà distribué 8 millions d'euros pour des programmes de recherche consacrés au "vieillissement".
Au-delà de ces mesures, nous devons, comme nous l'avons fait pour le cancer grâce à l'impulsion donnée par le Président de la République, créer une dynamique nouvelle, pour changer d'échelle dans le domaine de la recherche et de la prise en charge de ces maladies.
Aujourd'hui, nous devons faire pour la recherche contre les maladies neurodégénératives ce que nous avons fait dans la lutte contre le cancer. C'est le sens du "plan national sur le cerveau et les maladies du système nerveux" que je veux lancer, avec trois objectifs :
Associer plus étroitement recherche et prise en charge des malades ;
Structurer la communauté scientifique afin de faire émerger de nouveaux projets de recherche de qualité et d'assurer leur financement ;
Couvrir tous les champs d'étude, qu'ils soient fondamentaux, cliniques ou épidémiologiques.
Je demande à François GOULARD, Xavier BERTRAND et Philippe BAS de mettre rapidement en place une mission interministérielle chargée de l'élaboration de ce plan.
Elle aura pour objectif de dresser l'état des lieux de notre dispositif de recherche, afin de définir une véritable stratégie nationale de lutte contre les pathologies cérébrales. Elle évaluera les moyens nécessaires pour mettre en oeuvre cette stratégie et développer des thérapeutiques permettant d'améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients.
Je souhaite qu'elle me fasse des propositions d'ici la fin de l'année pour le lancement de ce plan.
2. La deuxième exigence, c'est de permettre aux personnes âgées de rester aussi longtemps qu'elles le souhaitent à leur domicile.
Cela répond aux désirs de bon nombre d'entre elles, qui souhaitent préserver leur cadre familial.
Nous mettrons tout en oeuvre pour y parvenir.
D'abord, nous voulons développer l'offre de soins à domicile.
Nous en avons parlé ce matin : l'hospitalisation à domicile et les services de soins infirmiers à domicile permettent à la fois de répondre au souhait des personnes âgées de rester chez elles et de libérer des lits en unités de soins pour les personnes qui en ont vraiment besoin.
Nous accroîtrons de 40% en cinq ans le nombre de places de services de soins infirmiers à domicile, qui est aujourd'hui de 80 000. Nous renforcerons également les liens entre ces services et les établissements pour personnes âgées afin de mieux préparer l'arrivée en institution. Enfin, le nombre de places en hospitalisation à domicile, qui a été porté de 5 000 à 8 000 entre 2003 et 2005, atteindra 15 000 dès 2010.
Nous voulons aussi renforcer les aides à domicile pour les personnes isolées.
Le développement des services à la personne, notamment grâce au chèque emploi service universel, permet aux personnes âgées de bénéficier de services plus diversifiés : aides ménagères, bricolages ou encore livraison de repas à domicile.
Je sais que des craintes se sont exprimées en ce qui concerne l'aide ménagère. Dans le cadre du plan « solidarité grand âge », l'enveloppe d'heures d'aide ménagère financées par la Caisse nationale d'assurance vieillesse sera maintenue à un niveau suffisamment élevé.
Enfin, nous voulons permettre aux familles de mieux aider leurs parents âgés dans leur vie quotidienne.
Je présiderai le 3 juillet une conférence de la famille consacrée aux solidarités intergénérationnelles. Sur la base du rapport remis par Alain CORDIER à Philippe BAS, nous examinerons les mesures permettant de mieux reconnaître la contribution des familles et de mieux valoriser les « aidants familiaux », y compris sur le plan professionnel.
Je souhaite également que le rythme des créations de places d'hébergement temporaire et d'accueil de jour pour les personnes âgées soit maintenu afin de répondre aux besoins des familles. Dans cet esprit, nous devons également leur offrir un véritable "droit au relais", pour leur permettre de souffler et de reprendre des forces.
3. La troisième exigence, c'est d'adapter notre système de santé pour les personnes âgées malades.
Aujourd'hui, nous le savons, la situation n'est pas satisfaisante.
Les personnes âgées représentent déjà 70% des admissions non programmées à l'hôpital. Il faut en tenir compte en construisant une véritable filière gériatrique.
L'organisation des soins ne prend pas suffisamment en compte les besoins des personnes âgées fragiles. Trop souvent, les patients âgés sont contraints d'attendre aux urgences. A l'hôpital, ils sont souvent mal orientés, faute de prise en charge gériatrique spécifique.
Par ailleurs, les établissements de santé et les institutions d'accueil pour les personnes âgées ne sont pas suffisamment coordonnés. Cela conduit parfois à des durées d'hospitalisation trop longues dans des services de court séjour de médecine ou de chirurgie, faute de trouver rapidement une place dans une maison de retraite ou une institution spécialisée.
Le plan grand âge nous permettra de répondre à ces difficultés.
Je souhaite que tous les établissements disposant d'un service d'urgences soient en mesure d'accueillir les personnes âgées dans les meilleures conditions. Pour cela, ils doivent disposer des équipements et des unités nécessaires : 1 000 places de court séjour gériatrique et 3 000 places de soins de suite et de réadaptation seront créées en cinq ans et réparties sur le territoire en fonction des besoins. Un label "filière gériatrique" sera attribué aux établissements qui atteignent les normes fixées au plan national. Un contrat-relais assurera le lien entre chaque établissement d'hébergement et chaque hôpital.
Enfin, nous devons mieux adapter les médicaments aux personnes de plus de 85 ans, comme nous sommes en train de le faire pour les bébés et les enfants.
4. La quatrième exigence, c'est de mieux accueillir les personnes dépendantes.
Nous devons pour cela rénover profondément nos maisons de retraite, en faire des institutions plus médicalisées et plus humaines, des maisons où l'on puisse faire de courts séjours, recevoir des soins ponctuels et bénéficier d'un cadre de vie agréable.
La priorité, c'est bien sûr d'améliorer la prise en charge des personnes très dépendantes dans les établissements. Nous le savons, cela passe par un renforcement du taux d'encadrement. Un aide-soignant ou un agent de service en plus, c'est plus d'attention et de soin pour une personne âgée, pendant le repas ou pour sa toilette. Nous avons depuis cinq ans enclenché un mouvement de médicalisation des établissements. Nous devons encore l'accélérer : l'objectif, c'est que d'ici 2012, il y ait dans les établissements accueillant des personnes âgées très dépendantes le même taux d'encadrement que dans les foyers d'accueil médicalisé pour personnes handicapées, c'est-à-dire environ un professionnel pour une personne très dépendante Nous devons aussi adapter la tarification de l'assurance-maladie pour qu'elle évolue au même rythme que les soins dont les patients ont besoin, en fonction de leur dépendance et de leurs pathologies.
L'humanisation des maisons de retraite passe aussi par la modernisation de leurs équipements. Il nous faut bâtir un véritable partenariat avec les conseils généraux pour rénover le patrimoine existant. Je veux agir sur le cadre de vie : dès cette année, nous investissons 500 millions d'euros pour la rénovation des établissements, sans compter la participation des collectivités locales.
Par ailleurs, nous devons développer le nombre de places dans les établissements hébergeant des personnes âgées. Dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes, 5000 places seront créées chaque année d'ici 2012.
Enfin, nous devons renforcer l'attractivité des métiers de la prise en charge des personnes âgées.
On estime à 400 000 le nombre d'emplois à pourvoir dans les dix prochaines années.
L'Etat s'engagera pour développer toutes les voies de recrutement, en particulier la valorisation des acquis de l'expérience, qui vient d'être ouverte pour l'ensemble des métiers de la filière sanitaire et sociale, et la formation en alternance. L'objectif, c'est de doubler le nombre de professionnels ainsi recrutés chaque année pour atteindre 40 000.
Nous devons également permettre aux professionnels de construire de vrais parcours de carrière en construisant des passerelles entre secteurs d'activité, entre métiers, entre domicile et établissement.
Mesdames, Messieurs,
Aujourd'hui, nous avons un immense défi à relever : entretenir le lien entre les générations et permettre à toutes les personnes âgées de vivre dans de bonnes conditions. C'est essentiel si nous voulons construire une société solidaire qui fasse une place à chacun.
Je sais qu'ici, à Bergerac, vous vous engagez sans relâche pour améliorer le quotidien des personnes âgées et de leur famille. Soyez assurés de la mobilisation du gouvernement pour répondre aux attentes des Français dans ce domaine.
Je vous remercie.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 mai 2006