Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la convention de reconversion de personnels de l'armée de l'air au sein de l'aviation civile, Paris le 11 février 1999.

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Circonstance : Signature de la convention Air-France - Armée de l'Air à Paris le 11 février 1999

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mon Général,
Mesdames, Messieurs
La signature de cette convention, entre la société Air France et larmée de lair, me paraît être un exemple de partenariat moderne entre dune part, une entreprise de transport aérien ouverte à la concurrence, et dautre part une armée bientôt professionnalisée, ouverte nécessairement sur le monde économique comme sur lensemble des secteurs civils.
Jai tenu à marquer cet événement en proposant aux deux partenaires de sceller cet engagement à lhôtel de Brienne, je les remercie davoir répondu favorablement à cette demande.
Comme lont rappelé Monsieur SPINETTA et le Général RANNOU, cette convention sinscrit dans la lignée de la précédente en élargissant le domaine daccès à la reconversion pour des spécialités très variées. Elle a valeur dexemple pour les différentes composantes de notre Défense.
Un tel processus est viable sous deux conditions :
· premièrement, la qualité du personnel recruté doit être pleinement reconnue. On sait que ce personnel dispose dune solide expérience adossée à un état desprit volontaire et dynamique. Le personnel militaire, formé sur le terrain et pour nombre dentre eux sur de difficiles théâtres dopérations, répond majoritairement à ces critères de sélection. Mais sans doute faut-il aller plus loin, en faisant reconnaître leurs qualifications par un diplôme à léchelon européen - ce sera dailleurs le cas dans un proche avenir pour le personnel navigant.
· deuxièmement, chaque partenaire doit trouver dans ce dispositif un intérêt économique évident : quil sagisse de la gestion des flux de personnel, ou de la mise en place dune politique globale et moderne de formation - reconversion.
Dans ce domaine, pour enrichir cette démarche innovante, je ne peux que vous encourager à poursuivre votre rapprochement sur la mise en place de formations croisées. Demain, des techniciens civils ou des personnels navigants seront peut-être formés au sein même de larmée de lair. Des études prometteuses sont en cours, et jaurai plaisir à prendre connaissance des principales conclusions dès quelles auront été tirées.
Cette convention sintègre donc complètement dans une logique nouvelle du type « gagnant - gagnant « , probablement le seul type de relation pérenne.
Gagnante, la société Air France qui renforcera indirectement sa compétitivité en Europe et dans le monde par lapport de personnels expérimentés et bien formés ; gagnante, larmée de lair qui créera une vraie progression et une perspective de carrière ouverte pour son personnel.
Mais surtout, gagnante, la Défense, qui favorisera, grâce à de telles conventions, les échanges entre militaires et civils. Car larmée professionnalisée, qui devra fidéliser son personnel, pourra le faire non seulement par lattrait du métier exercé, mais aussi par lintérêt dune reconversion sinon systématique, tout au moins, facilitée dans les esprits et dans les faits. Ancrer larmée dans la nation, cest dabord provoquer une évolution culturelle où la logique dentreprise ouverte sur le monde trouve sa place dans la dynamique sociale et humaine au cur des préoccupations de nos armées.
La relation relativement passive entre larmée et la nation qui prévalait du temps de la conscription est désormais changée en un processus interactif, enrichi par chacun des partenaires. Ce mode daction est seul garant du long terme, qui est lhorizon habituel de ce Ministère. Notre réflexion stratégique, mais aussi sociale, doit nécessairement être menée avec cette profondeur. De nos actions présentes dépendra la vigueur de nos armées futures et la nature du lien qui les uniront à la société du XXIème siècle.
Dans les mutations en cours, une autre réflexion densemble me paraît fondamentale :
cest celle qui concerne la formation de nos cadres, en particulier des cadres de haut niveau. Une étude est en cours dans ce domaine afin de dégager les pistes nécessaires pour former les futurs responsables de la Défense. Aptes à gérer la complexité, compétents, au fait des contraintes imposées par la « chose publique « , ouverts aux problèmes posés par une société façonnée par linformation, ces officiers devront également posséder nombre des qualités du chef dentreprise.
La mobilité externe répond en partie à la formation de ces officiers à fort potentiel. Je ne doute pas quun détachement au sein dune société comme Air France - cest lune des idées avancées dans cette étude - enrichirait leur approche des problèmes auxquels ils seront confrontés dans des postes de direction futurs.
Après la convention conclue sur le personnel réserviste en décembre 1997, partenariat auquel je suis très attaché et quil conviendra de faire évoluer avec pragmatisme en temps utile ; après celle sur la reconversion des pilotes, signée en janvier 98, cette convention entre Air France et lArmée de lAir, ouverte à dautres spécialités, est un symbole très fort quil convenait de marquer.
Pour toutes ces raisons, il convenait de donner tout léclat quil mérite à cet événement. Lavenir appartient à ceux qui le construisent ; je vous encourage donc à poursuivre cette réflexion commune, qui ouvre la voie à dautres initiatives de ce type, et souhaite à ce partenariat prometteur un succès durable.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 17 février 1999)