Texte intégral
Monsieur le Ministre de la Coopération,
Mesdames et Messieurs les Membres du gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour formaliser avec vous les priorités de notre coopération en faveur du développement de la Guinée, avec la signature de ce document-cadre de partenariat (DCP).
Le moment choisi pour cette signature me paraît particulièrement opportun : il illustre en effet le choix de la France de s'engager résolument à vos côtés, alors même que votre pays doit affronter des difficultés croissantes. Cet engagement de la France est important, puisqu'il représente une enveloppe financière de l'ordre de 100 millions d'euros pour la période 2006-2010. La France entend ainsi conforter sa place de premier partenaire de la Guinée, dont environ 30 % de l'aide internationale qu'elle perçoit provient de notre pays.
Pour la France, ce document-cadre de partenariat est aussi le nouvel instrument privilégié de sa politique de coopération, à la suite de la réforme de notre aide au développement. Par cette réforme, il s'agit pour nous d'améliorer notre capacité d'initiative et notre efficacité, en veillant notamment à une programmation plus sélective de nos interventions et à un soutien accru à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Il s'agit aussi de clarifier les rôles entre nos différents intervenants que sont les services de coopération et d'action culturelle et les agences locales de l'AFD. Enfin et peut-être surtout, il s'agit de privilégier désormais un véritable dialogue avec les pays-partenaires, gage d'un partenariat moderne. C'est d'ailleurs de ce dialogue avec vous qu'est issu le document-cadre de partenariat que nous allons signer dans quelques instants.
Monsieur le Ministre de la Coopération,
Vous êtes bien placés, vous-même et vos collaborateurs, pour apprécier la qualité des échanges qui ont eu lieu tout au long de la préparation de ce document. Vous avez su mobiliser l'ensemble des autres départements ministériels concernés, et vous avez assuré la synthèse des nombreuses contributions recueillies. De notre côté, notre ambassadeur et ses services ont veillé à prendre en compte tout à la fois vos propositions, le contexte général du pays, mais aussi ma volonté de faire du DCP un réel outil de programmation, mieux à même de rendre l'aide française plus lisible, plus partenariale, plus prévisible et plus efficace.
Au total, le document que nous allons signer traduit bien l'ambition commune à nos deux pays d'inscrire nos actions dans la durée, en tenant compte des priorités définies par votre gouvernement, mais aussi des interventions des autres bailleurs de fonds internationaux.
Ce document servira dorénavant de référence à l'ensemble de nos projets de coopération pour les cinq prochaines années. Il définit les secteurs dans lesquels notre partenariat va se concentrer, et il s'accompagne d'une liste de projets qui constituent autant d'actions concrètes de notre coopération.
A ce titre, il prévoit la concentration de 80 % de notre aide sur trois secteurs prioritaires qui ont été choisis en fonction de vos besoins, et en accord avec vous. En évitant ainsi le saupoudrage, il s'agit de rendre notre aide plus efficace et plus visible.
Ces trois secteurs prioritaires sont l'éducation, l'agriculture, et enfin l'eau et l'assainissement :
- en matière d'éducation, nous souhaitons vous appuyer pour améliorer l'accès à l'école, à la fois par la création ou la rénovation de vos infrastructures, mais aussi en veillant à mieux former vos enseignants et à mieux gérer vos personnels ;
- dans le secteur de l'agriculture, nous vous aiderons notamment à professionnaliser vos principales filières, mais aussi à accroître votre potentiel hydro-agricole, dans une logique de développement durable ;
- enfin dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, nous souhaitons contribuer à améliorer l'accès à l'eau potable notamment au profit des populations villageoises, et développer par ailleurs l'assainissement de vos principales agglomérations.
Sur ce dernier point, je me rendrai d'ailleurs demain matin à Kindia pour inaugurer un important projet d'adduction d'eau réalisé et financé par la France à hauteur de 4 millions d'euros.
En complément de ces trois secteurs de concentration, la France entend aussi poursuivre des actions dites transversales dans trois domaines :
- d'abord dans le domaine de la gouvernance, notamment pour mieux structurer les professions judiciaires, appuyer votre processus de décentralisation, ou encore améliorer votre circuit de la dépense publique ;
- ensuite, dans le domaine de l'enseignement supérieur et la recherche ;
- et enfin, dans le domaine de la diversité culturelle et de la francophonie, avec - notamment un accompagnement de votre politique de libéralisation des ondes, et un appui au désenclavement numérique pour favoriser l'accès à l'information et l'ouverture sur le monde extérieur.
Monsieur le Ministre de l'enseignement supérieur et de la Recherche scientifique,
Au moment de formaliser notre nouveau cadre de coopération avec la Guinée, il m'est particulièrement agréable de pouvoir immédiatement en donner avec vous une première illustration concrète, par la signature aujourd'hui d'un projet du Fonds de solidarité prioritaire intitulé : "appui à la modernisation de l'enseignement supérieur".
D'un montant de 750 000 euros, ce projet a un triple objectif :
- D'abord, adapter l'université guinéenne aux nouvelles normes internationales, en favorisant la mise en place de cursus conformes au modèle "L.M.D" (Licence, Master, Doctorat) ;
- Ensuite, créer trois nouvelles formations de licences professionnelles à Conakry, Kankan et Mamou, en impliquant les partenaires sociaux dans le contenu de ces formations ;
- Enfin, renforcer le pilotage des institutions de l'enseignement supérieur et mettre en place des modules de français sur objectifs spécifiques, qui permettront aux étudiants d'aborder leurs cursus d'études dans de bonnes conditions.
Six universités françaises apporteront leur concours à ce projet, que ce soit pour contribuer à l'élaboration des cursus, à la formation des formateurs - localement et en France -, ou encore pour mettre à disposition une documentation adaptée, ou pour aménager et équiper sept laboratoires dans les domaines de la cartographie, de la maintenance industrielle, de l'informatique, de la physique, de l'électronique et de l'instrumentation.
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Ce nouveau partenariat souhaité par la France est révélateur de la confiance qu'elle place dans la Guinée, mais il est aussi à la hauteur de ses fortes attentes en matière de réformes politiques et économiques, indispensables au développement durable de votre pays.
Je tiens d'ailleurs à souligner que l'effort ainsi consenti par la France est appelé à s'accroître davantage encore, du moins lorsque la Guinée aura atteint son point d'achèvement dans le cadre de l'initiative PPTE. En effet, la France augmentera alors son volume d'aide à la Guinée, au titre d'un effort additionnel bilatéral qui prendra la forme d'un contrat de désendettement et de développement (C2D).
Enfin, je souhaite indiquer que deux autres projets de coopération devraient pouvoir être signés entre nos deux pays d'ici à la fin de l'année : d'abord, un projet d'appui au secteur judiciaire pour un montant de 1 500 000 euros ; ensuite, un projet du Fonds social de développement à hauteur de 800 000 euros. Toutes ces actions s'inscrivent évidemment dans les orientations retenues par le document-cadre de partenariat.
Aujourd'hui, nous franchissons donc ensemble un pas important de notre relation bilatérale. C'est tout le sens de ma présence parmi vous en Guinée : vous redire l'estime et l'amitié de la France, et surtout sa détermination à poursuivre son engagement à vos côtés.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juin 2006